Le nom de la Rose
Lu par François Berland
20/53
troisième jour De laudes à prime
Où l’on trouve un linge souillé de sang dans la cellule de Bérenger disparu, et c’est tout.
Tandis que je vais écrivant, je me sens las, comme je me sentais fatigué cette nuit-là, ou plutôt ce matin-là. Que dire ? Après l’office, l’Abbé invita la plupart des moines, désormais en alarme, à chercher partout, sans résultat. Vers laudes, en fouillant la cellule de Bérenger, un moine trouva sous la paillasse un linge blanc souillé de sang. Ils le montrèrent à l’Abbé qui en tira de sinistres augures. Jorge était présent qui, à peine informé, dit : « Du sang ? » comme si la chose lui semblait invraisemblable. Ils le dirent à Alinardo, qui branla du chef et dit :
« Non, non, à la troisième trompette la mort vient par l’eau… »
Guillaume observa le linge et puis il dit :
« Maintenant tout est clair.
— Alors où est Bérenger ? lui demandèrent-ils.
— Je l’ignore », répondit-il.
Aymaro l’entendit et leva les yeux au ciel en murmurant à Pierre de Sant’Albano :
« Les Anglais sont comme ça. »
Vers prime, quand le soleil déjà se levait, des servants furent envoyés en exploration au pied de l’à-pic, tout autour des murailles. Ils revinrent à tierce, bredouilles. Guillaume me dit que nous n’aurions pu faire mieux. Il fallait attendre les événements. Et il se rendit aux forges, s’entretenant en une conversation serrée avec Nicolas, le maître verrier. Moi je m’assis dans l’église, près du portail central, tandis que se célébraient les messes. Ainsi pieusement je m’endormis, et un long temps, car il paraît que les jeunes ont besoin de sommeil plus que les vieux, qui pour leur part ont déjà tant dormi et s’apprêtent à dormir pour l'éternité.
Demain Le nom de la Rose – 21 – 3ème jour Tierce
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