dimanche 29 mai 2016

Toute la musique que j'aime


Orchestre symphonique bolivien de la jeunesse.
L'Orchestre Simón Bolívar exerce une activité sociale et solidaire dans le cadre d'une fondation, dont le but est d'initier les enfants les plus démunis à la pratique de la musique classique dès l'âge de 2 ans. Chaque enfant désireux d'apprendre à jouer reçoit un instrument, se voit affecter un tuteur et peut commencer une formation musicale.
Voilà ce que ça donne 20 ans après...
La musique est une fête ou comment en donner le goût aux enfants...





Puzzle Roi joyeux rêve d'un film impossible...

peintures de Chris Consani

samedi 21 mai 2016

Les panards de Camille suite ! Panard vous avez dit panard...


Panard ! Panard ! Vous avez dit panard ? Comme c’est panard !!
Ce nom argotique ou populaire du soulier puis du pied est d’origine obscure. Certains veulent voir dans ce mot le représentant de dérivés dialectaux du latin pes, pedis (pied) tel que penas « grand pied » d’où panard « qui a de grands pieds ». D’autres y voient le dérivé de l’adjectif panard, arde qui signifiait au 18ème siècle un cheval puis par extension un animal, voire un homme dont les pieds de devant sont tournés vers l’extérieur. Un panard serait donc un pied plat. En provençal, Mistral l’utilise dans le sens de boiteux. Panard boiteux. Je dis bien Panard boiteux…
Le sens de panard « soulier » serait une extension métonymique* du sens premier de « pied ». Le mot partage les emplois figurés de pied « part » puis « jouissance, bonheur » assimilé, on ne sait pourquoi, à « la partie inférieure du corps ». D’où prendre son panard, quel panard !
*Métonymie : C’est la réfection savante au 17ème siècle de méthonomie (1521) , emprunt au bas latin metonymia, calque du grec metônumia, formé de meta et de onoma (nom) qui est représenté en français dans de nombreux mots en –onyme ainsi que dans onomatopée.
Métonymie signifie proprement « changement de nom », le procédé consistant en effet à prendre un mot pour un autre auquel il est lié par un rapport logique. Depuis les formalistes russes et spécialement Jakobson (v.1935) il désigne toute figure par laquelle le sens est transféré d’un signifié à un autre, lié par un rapport de contiguïté ou de dépendance logique.
J’espère que, sachant cela, comme moi vous vivez maintenant de manière plus sereine !!
Faudra aussi expliquer au beau Camille quel est son rapport avec la métonymie !!

Les panards de camille


Dimanche 30 octobre 2014. Gare de Lyon. TGV Paris Avignon. WE de la Toussaint. Trains bondés. Il ne restait que des places en première. Mais quand on doit, on doit. Je suis donc assis plutôt confortablement du côté de la travée où il n’ y a qu’un siège. Pas de vis-à-vis. Parfait. Je peux étendre mes jambes. De l’autre côté de l’allée, quatre places, deux fois deux en face à face, encore libres. J’essaye de me concentrer sur un mauvais polar acheté à la va-vite. Quelques minutes avant le départ du train, trois géants déboulent dans la travée centrale et remontent vers moi. 1 mètre 90 mini.Des épaules de déménageurs. Un torse en V majuscule. Des hanches minces. Des jambes immenses. Des cheveux en bataille pour deux d’entre eux. Le crâne rasé pour le troisième. Tee-shirt, jean, baskets, sac de sport en bandoulière. Bref un rêve de midinettes de tous sexes ! Ils s’installent sur les sièges à ma gauche. Je reconnais immédiatement l’un des trois. Pas difficile ! Ce champion de natation multi médaillé a fait la une de tous les magazines sportifs et people. C’est le beau Camille qui a fait chavirer le cœur de toutes les jeunes filles et de quelques mecs aussi… Statut de star oblige-t-il ? Il s’installe d’office sur deux sièges. Ses copains se partagent le reste. Le train démarre. Et ça discute. Coach, entrainement, potes d’autres disciplines sportives, filles, non, nanas. Je n’écoute pas mais je tends l’oreille pour mieux entendre. Parfois mon regard quitte mon polar, sur lequel j’ai de plus en plus de mal à me concentrer, et glisse, vide et sans expression sur la vitre opposée. Glisse ? Disons qu’il balaye lentement sans s’apesantir sur les trois voyageurs, l’air de rien ou l’air de celui qui en a vu d’autres ! J’essaye bien de regarder mon nageur dans le reflet de ma vitre ; mais c’est moyen moyen because le paysage qui défile et le double vitrage qui trouble l’image. Au bout d’une heure, ces grands enfants se mettent en place pour un petit roupillon. C’est un vrai plaisir de voir notre Camille essayer de caser son quasi double-mètre sur deux sièges SNCF, même standard 1ère classe ! Sa tête sur son sac de sport, il a croisé ses bras sur la poitrine. Ses mains sous les aisselles font ressortir les muscles de ses bras. Ses contorsions ont fait remonter un peu son tee-shirt laissant apparaître, au niveau de la taille, quelques centimètres carrés d’une peau qu’on dirait de pêche, le duvet en moins, et où il n’y a pas plus de graisse que sur un galet poli par la mer ! Ce fut plus difficile pour les jambes. Même repliées y en a trop. Rien à faire, ça dépasse ! Il a enlevé ses baskets. Il a un pied posé sur l’accoudoir et laisse l’autre s’alanguir dans l’allée. Mon coude posé sur le bras du siège je tiens mon front avec ma main, les doigts déployés en éventail devant mes yeux. Je fais semblant de lire mais j’ai totalement déconnecté de l’intrigue. Ses pieds sont là, à moins d’un mètre de moi, habillés de mini chaussettes blanches siglées d’une célèbre marque sportive. Elles laissent l’astragale découverte et font comme une deuxième peau au pied. Le talon rond et charnu, la cambrure juste ce qu’il faut, ni trop ni trop peu. Le renflement de chair sous le gros orteil et le petit coussinet sous les doigts de pied. Ces doigts je les imagine comme ceux de sa main. Longs, aux phalanges un peu marquées, aux ongles plats et larges aux cuticules parfaites. Il a le pied grec ! J’espère seulement qu’ils ne sentent pas trop le chlore !!! L’arrivée trop rapide du contrôleur va bouleverser tout ce bel agencement. J’ai définitivement abandonné mon polar. Et j’ai commencé à penser au post que j’écrirai dès mon retour. Je suis descendu à Avignon. Il a continué sur Marseille… Cela étant, les yeux d’Elsa, d’accord. Le con d’Irène, sans doute. Les mamelles de Tirésias, pourquoi pas. Mais alors, les panards de Camille!!!

mercredi 18 mai 2016

Le Mans - Georgette ''pète en soie''


Le seul endroit de la maison d'où l'on pouvait voir la cathédrale étaient les toilettes qui se cachaient derrière une porte dérobée dans la courbure de l'escalier entre le premier et le deuxième étage. L'endroit était réservé aux enfants. On ne disait pas toilettes ou petit coin mais :''Bonne maman je vais à la moitié de l'étage...'' C'est là que j'ai appris les premiers rudiments de l'histoire de France. Assis sur la cuvette, les coudes sur les genoux je lisais sur un grand tableau sur le mur d'en face, l'histoire des rois qui ''en mille ans ont fait la France'' des Carolingiens à la chute du second empire''. Depuis ce temps là, ces endroits ont toujours été pour moi des lieux de lecture et de méditation. Mais je m'égare!
Or donc, en montant sur un petit escabeau de 3 marches on pouvait apercevoir la Cathédrale à travers un oeil de boeuf. Perchée sur son promontoire elle dominait la ville et impressionnait par son aspect imposant. Mais l'intérieur, à l'inverse était tout en finesse, élégance, élévation. C'est là que m'est venu le goût du spectacle, du grand spectacle, de la super production...Les grand' messes solennelles, type dimanche de Pâques, étaient grandioses! Je ne parle pas du décor... La mise en scène c'était aussi bien que du Cecil B. de Mille, la figuration que ''Quo vadis'', quand les grandes orgues tonnaient c'était mieux que le Dolby stereo et les costumes n'avaient rien à envier à ceux de Jean-Louis, Edith Head ou Helen Rose... Et puis il y avait l'ordonnateur de ces fastes et de ces pompes, l'évêque-archevêque du Mans: Georges cardinal Grente.

Dans mon souvenir, c'était un homme de petite taille , au visage aigu, pointu, au regard perçant et à la personnalité très forte. Il attirait les regards.
Je le revois descendre la grande nef, précédé de douze enfants de chœur en robe rouge et surplis blanc, balançant leurs encensoirs à grandes volées. Il marchait à petits pas dans sa chasuble dorée, les lèvres pincées, la tête droite sous sa mitre. Même du haut de son mètre soixante il semblait vous toiser. Tenant sa crosse de pasteur de la main gauche, il distribuait des bénédictions de la droite et parfois tendait sa main gantée à une de ses brebis pour qu'elle baisât l'anneau d'améthyste qu'il portait à l'annulaire. J'ai eu ce ''privilège''. J'en ai gardé une éraflure sur le bout du nez pendant une semaine!!! Il était suivi d'une cohorte de curés, de prêtres, de vicaires, de diacres, de sous diacres, une vraie garde prétorienne... Je remarquais, déjà, que certains étaient très beaux et portaient bien la soutane... Bref ça en jetait, ça avait de la gueule. Son éminence savait y faire.
C'était une quasi légende, prince de l'église, cardinal, ami de Pie XII, historien, essayiste, grand voyageur, spécialiste de la question du Proche Orient, membre de l'Académie française, intelligent, brillant, mieux... cynique... Sujet à polémiques pour des écrits et des prises de position parfois contestables.

Mais c'est le revers de cette médaille, que j'ai découvert plus tard, qui m'a amusé.
Nommé évêque du Mans il a installé ses appartements dans un superbe hôtel particulier face à la cathédrale. Cette maison avait appartenu au 17ème siècle à un poète à l'esprit brillantissime, mécréant et libidineux, Paul Scaron, époux de Françoise d'Aubigné marquise de Maintenon, future épouse de Louis XIV. Rien de bien méchant.
Plus savoureux...A son arrivée au Mans le quartier de la cathédrale était très mal famé et des femmes de mauvaise vie et de petite vertu troublaient les fidèles quand ils allaient à l'office et surtout quand ils en revenaient. Il décida alors de racheter ces ''maisons'' pour les détruire. Une fois l'affaire faite les services des monuments historiques s'opposèrent à la destruction et classèrent tout le quartier. Les occupantes de ces maisons continuèrent à verser leurs loyers à l'archevêché, faisant de celui-ci un des grands proxénètes de France!! Paradoxal pour quelqu'un qu'on commençait à appeler ''tata Georgette''.
On raconte également, (mais que ne raconte-t-on pas? Surtout les journalistes du Canard enchainé) que notre éminence, pour préserver la douceur de sa peau, se faisait tailler (sic) des petites culottes en soie par....les petites soeurs de la Visitation! Je n'aurais jamais cru que pendant que je luttais contre mes angoisses nocturnes, juste de l'autre côté de la rue des nonnes cousaient des petites culottes en soie!!
Slip ou short??? Là vous m'en demandez trop!!

dimanche 1 mai 2016

Ca peut pas faire de mal - Baudelaire - Les litanies de Satan




Charles Baudelaire
Les litanies de Satan
Lu par Denis Lavant



Ô toi, le plus savant et le plus beau des Anges,
Dieu trahi par le sort et privé de louanges,


Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Ô Prince de l'exil, à qui l'on a fait tort
Et qui, vaincu, toujours te redresses plus fort,


Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Toi qui sais tout, grand roi des choses souterraines,
Guérisseur familier des angoisses humaines,


Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Toi qui, même aux lépreux, aux parias maudits,
Enseignes par l'amour le goût du Paradis,


Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Ô toi qui de la Mort, ta vieille et forte amante,
Engendras l'Espérance, — une folle charmante!


Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Toi qui fais au proscrit ce regard calme et haut
Qui damne tout un peuple autour d'un échafaud.


Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Toi qui sais en quels coins des terres envieuses
Le Dieu jaloux cacha les pierres précieuses,


Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Toi dont l'oeil clair connaît les profonds arsenaux
Où dort enseveli le peuple des métaux,


Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Toi dont la large main cache les précipices
Au somnambule errant au bord des édifices,


Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Toi qui, magiquement, assouplis les vieux os
De l'ivrogne attardé foulé par les chevaux,


Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Toi qui, pour consoler l'homme frêle qui souffre,
Nous appris à mêler le salpêtre et le soufre,


Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Toi qui poses ta marque, ô complice subtil,
Sur le front du Crésus impitoyable et vil,


Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Toi qui mets dans les yeux et dans le coeur des filles,
Le culte de la plaie et l'amour des guenilles,

Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Bâton des exilés, lampe des inventeurs,
Confesseur des pendus et des conspirateurs,


Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Père adoptif de ceux qu'en sa noire colère
Du paradis terrestre a chassés Dieu le Père,


Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!