mercredi 30 novembre 2016

La semaine prochaine sur votre écran - Blake et Mortimer - La Marque Jaune


Les belles histoires de tonton Charlus - Kirk LeMoyne Billings ‘’Lem’’ ou l’homme qui aimait JFK

Lem et Jack se sont rencontrés en 1933. Lem, 16 ans, était étudiant en 3ème année, Jack, 15 ans, en seconde année au très sélect collège de Choate, où ils partageaient la même chambre. Ils avaient en commun une éducation dans des milieux aisés, très aisé pour Jack, un même sens de l’humour et de la fête, le goût du sport, Lem était la vedette de l’équipe de rugby, et le même rejet de l’environnement strict et étouffant de leur collège. 
Dès le début de leur amitié, Jack a invité Lem chez ses parents dans leur résidence de Palm Beach. Il est vite devenu un familier des lieux, se joignant aux Kennedy pour les vacances ou les évènements familiaux. Ted Kennedy a même révélé que ce n’est qu’à 5 ans qu’il s’est aperçu que Lem n’était pas un de ses frères ainés.
La crise avait ruiné la famille de Lem qui n’a pu rester au collège de Choate que grâce à une bourse. Lem ayant redoublé sa dernière année Jack et lui furent diplômés ensemble en 1935.
A l’été 1937 ils font un voyage de 3 mois en Europe. A Paris ils achètent 5$ un teckel ‘’Offie’’ qu’ils devront abandonner à leur retour à cause des allergies de Jack !
Mais Lem, homosexuel refoulé, succomba au charisme de Jack. Il lui écrivit une lettre lui avouant son attirance. Mais la réponse de Jack, déjà grand collectionneur de flirts, fut sans ambiguïté. ‘’Désolé, je ne suis pas ce genre de garçon’’. Mais cela ne changera rien à l’amitié qu’il gardera pour Lem jusqu’à la fin de sa vie. Truman Capote, qui a connu l'un et l'autre, a un avis totalement différent... Mais c'est Truman Capote...
En 1941, réformé, il pourra néanmoins intégrer l’armée grâce à une intervention de Joseph Kennedy Sr.
En 1946 il participera très activement à la première élection de Jack à la Chambre des représentants. En 1953 il est témoin au mariage de Jack et de Jackie Bouvier. En 1960 il abandonne son poste dans une grosse agence de publicité de Manhattan pour se consacrer à la campagne présidentielle de son ami.
Une fois élu, l’amitié du Président ne se dément pas. Il lui propose la présidence du Corps de la Paix, puis la direction d’une agence gouvernementale de promotion du tourisme… Lem refuse :’’J’ai réalisé que je ne voulais pas travailler pour le président parce que je sentais que cela pouvait changer notre relation’’. Certains pensent que Lem a voulu éviter une enquête sur son compte…
A toute fonction officielle, Lem préférait le statut de ‘’premier ami’’… Il avait une chambre en permanence à la Maison Blanche. A un maître d’hôtel lui parlant de la chambre de Lem au 3ème étage, la Première dame lui aurait répondu :’’ Il est mon hôte depuis que je suis mariée…’’ 
 
Frank Saunders, le chauffeur de Rose Kennedy, a écrit:'' Un jour j'ai demandé à Dora Lawrence, la femme de ménage, qui était ce Lem Billings? Oh lui, m'a-t-elle répondu, il est toujours là. Je pense que Jack dort avec lui plus souvent qu'avec Jackie''
Lorsque la Première dame est absente c’est Lem qui organise les dîners privés du président. Quand le président est en déplacement, c’est lui qui tient compagnie à la First Lady. Certains finissent par croire qu’il fait partie des services secrets… L’historien S. B Smith l’a comparé à Zelig, le personnage du film de Woody Allen qui est toujours derrière les protagonistes des évènements majeurs.
Les collaborateurs de Kennedy n’étaient pas tendres avec lui. Ted Sorensen : ‘’un admirateur servile’’. Arthur Schlessinger : ‘’Il cherchait à éblouir les autres par sa proximité avec le président’’. ‘’Un vieux meuble pratique’’. Ben Bradley , un journaliste ami de Kennedy :’’ Il était d’une jalousie féroce. Il ne voulait pas partager son amitié.’’ Gore Vidal qui a été banni de la Maison Blanche après une altercation avec Lem :’’ Un esclave à vie, le pédé de la cour…’’
Mais beaucoup reconnaissent que Lem a joué un rôle important quand le président était malade et qu’il souffrait. Il avait besoin de Lem pour se déplacer et il faisait ça mieux qu’une infirmière… Rose Kennedy pensait que Lem n’était pas grand-chose mais qu’il était pratique et que son fils avait besoin de lui.
Les relations se sont un peu distendues à l’automne 1963. IL semblerait que Jackie ait essayé de prendre un peu de distance avec lui. En octobre 1963 il n’a passé qu’un WE à la Maison Blanche et la dernière fois qu’il a vu le président c’est le 13 novembre 1963 à l’occasion d’un dîner avec Greta Garbo.
Lem est mort d'une crise cardiaque à l'âge de 65 ans (1981), et est enterré dans le cimetière Allegheny dans sa ville natale de Pittsburgh, en Pennsylvanie. C’était une cohorte de jeunes Kennedy qui portaient le cercueil de Lem à sa dernière demeure.
 À Lem un gars propre et un gentleman gonflé. Vous êtes un as avec moi. Bonne chance maintenant et toujours le cul de votre cheval. Jack, Choate, vers 1933.

mardi 29 novembre 2016

Alison Jackson - Ou le faux plus vrai que le vrai

Ces photos sont évidemment des faux pris avec des sosies mais en disent plus long sur la vérité des personnalités que les cliché officiels...

Poète vos papiers - Jean Cocteau - Plain chant


Je n'aime pas dormir quand ta figure habite,
La nuit, contre mon cou ;
Car je pense à la mort laquelle vient trop vite,
Nous endormir beaucoup.
Je mourrai, tu vivras et c'est ce qui m'éveille!
Est-il une autre peur?
Un jour ne plus entendre auprès de mon oreille
Ton haleine et ton coeur.
Quoi, ce timide oiseau replié par le songe
Déserterait son nid !
Son nid d'où notre corps à deux têtes s'allonge
Par quatre pieds fini.
Puisse durer toujours une si grande joie
Qui cesse le matin,
Et dont l'ange chargé de construire ma voie
Allège mon destin.
Léger, je suis léger sous cette tête lourde
Qui semble de mon bloc,
Et reste en mon abri, muette, aveugle, sourde,
Malgré le chant du coq.
Cette tête coupée, allée en d'autres mondes,
Où règne une autre loi,
Plongeant dans le sommeil des racines profondes,
Loin de moi, près de moi.
Ah ! je voudrais, gardant ton profil sur ma gorge,
Par ta bouche qui dort
Entendre de tes seins la délicate forge
Souffler jusqu'à ma mort.

Extrait de "Plain-Chant",

lundi 28 novembre 2016

Incipit n°14 - Michel Tournier - Le roi des aulnes

8 Janvier 1938. Tu es un ogre, me disait parfois Rachel. Un Ogre? C'est-à-dire un monstre féerique, émergeant de la nuit des temps? Je crois, oui, à ma nature féerique, je veux dire à cette connivence secrète qui mêle en profondeur mon aventure personnelle au cours des choses, et lui permet de l'incliner dans son sens.
Je crois aussi que je suis issu de la nuit des temps. J'ai toujours été scandalisé de la légèreté des hommes qui s'inquiètent passionnément de ce qui les attend après leur mort, et se soucient comme d'une guigne de ce qu'il en était d'eux avant leur naissance. L'en deçà vaut bien l'au-delà, d'autant plus qu'il en détient probablement la clé. Or moi, j'étais là déjà, il y a mille ans, il y a cent mille ans. Quand la terre n'était encore qu'une boule de feu tournoyant dans un ciel d'hélium, l'âme qui la faisait flamber, qui la faisait tourner, c'était la mienne. Et d'ailleurs l'antiquité vertigineuse de mes origines suffit à expliquer mon pouvoir surnaturel: l'être et moi, nous cheminons depuis si longtemps côte à côte, nous sommes de si anciens compagnons que, sans nous affectionner particulièrement, mais en vertu d'une accoutumance réciproque aussi vieille que le monde, nous nous comprenons, nous n'avons rien à nous refuser.
Quant à la monstruosité ...
Et d'abord qu'est-ce qu'un monstre? L'étymologie réserve déjà une surprise un peu effrayante: monstre vient de montrer.

Les petites recettes (faciles) de tatie Chouchoune - Mon boeuf bourguignon de 7 heures...


La cuisine est affaire de lenteur pour ceux qui ont le temps… Mettez vous aux fourneaux 3 jours avant de passer à table...
Voici donc mon ‘’bourguignon’’ pour 5 personnes :
- 1,2 kg de noix de joue de bœuf
- 1 boite de tomates séchées
- 1 bonne poignée de champignons séchés
- 2 champignons de Paris
- 1 oignon
- 100g de lardons fumés
- Laurier, thym, 4 clous de girofle, un chouia de muscade
- 4 c. à s. d’huile d’olive
- farine, sel, poivre
- 1 à 2 l de bourgogne c’est selon (prévoyez 1 ou 2 kirs pour vous…)

Emincez l’oignon et les champignons de Paris.
Coupez la viande en morceaux et passez-les dans la farine.
Faites chauffer l’huile dans une grande cocotte et faites revenir les morceaux de viande pendant une dizaine de minutes. Puis réservez.
Faites revenir dans la cocotte l’oignon, les lardons, les champignons de Paris, les épices et les herbes pendant 3 minutes.
Ajoutez la viande, les champignons séchés et les tomates. Salez et poivrez modérément. Versez le vin jusqu’à ce les morceaux soient presque entièrement recouverts. Portez à ébullition. Couvrez et laissez cuire à frémissements pendant 2h30. Retirez le couvercle et laissez cuire 30’ de plus pour que la sauce épaississe.
Laissez refroidir et conserver au frais une nuit. Le lendemain faites mitonner à feu très doux deux heures. Recommencez l’opération le surlendemain deux heures avant de passer à table.
Et SVP pas de carottes...
Moi je le sers avec des pâtes fraîches…
Si tout se passe bien, et il n’y a aucune raison que ça se passe mal, vous servirez à la tablée admirative une sorte de compote de bœuf aussi délicieuse qu’informe…

Rossignol de mes amours - Yvonne Printemps - 2


J'ai eu comme une sorte de faiblesse il y a deux soirs. Aujourd'hui vous diriez un malaise vagal. Est-ce dû à tous ces souvenirs que j'ai évoqués. Je ne sais! J'ai quand même 77 ans et j'ai beau être encore assez fringant...Nous sommes restés ce soir à la maison; nous dînons de moins en moins en ville. Je suis dans notre chambre. Notre chambre? Enfin c'est plutôt celle d'Yvonne. On la dirait sortie d'un film des années 30. Tout y est blanc avec des touches pastel, un tapis de haute laine, des murs laqués, des voilages, des tentures, un lustre en cristal de Bohème, des miroirs biseautés, des appliques murales en verre soufflé à Murano, son portrait peint par Van Dongen, de la soie, du satin, des broderies et un lit...grand! Un vrai décor de théâtre. Et c'en était un! Certaines nuits je l'ai entendue pousser de superbes vocalises et le plus souvent il fallait que nous bissions, voire trissions la représentation. Ma chambre est juste à côté et sans ressembler à la cellule monacale de Monsieur Vincent elle est un peu moins... un peu plus... austère. Mais notre baiser du soir se donne toujours chez elle.
Je l'entends dans la salle de bains se préparer pour sa nuit. Je pose sur l'électrophone le disque d'Yvonne que vient de rééditer ''la Voix de son maître'' sur lequel on trouve entre autres le pot-pourri d'Alain Gerbault. Sa voix s'élève et le charme opère immédiatement. Elle a toujours eu quelque chose de miraculeux. Moi, si j'apprécie, je n'y connais rien techniquement mais à en croire Reynaldo Hahn (quel délicieux ami) ''elle gâche le métier: personne ne pourra jamais reprendre les rôles qu'elle a créés''. Il se demandait ce qu'il devait le plus admirer : cette articulation exemplaire, la transparence de son timbre, l'émission souvent ''baillée'' mais toujours soutenue, son legato, sa science extraordinaire de la respiration. De ses défauts même elle faisait des qualités. Elle avait paraît-il un goût prononcé pour les notes tenues un peu trop longtemps, pour le ''portamento''. Mais réécoutez-la dans ''Plaisir d'amour'' ou dans l'air de la lettre de ''Mozart''; elle nous offre des performances peu ordinaires. Elle semble ne jamais respirer...On dit même qu'un soir elle a épuisé le souffle d'un clarinettiste en tenant une note si longtemps...Noël Coward qui écrivit pour elle ''Conversation Piece'' raconte que lorsqu'il la vit au premier acte de ''l'Amour masqué'' assise dans son lit chanter ''j'ai deux amants'' elle avait annihilé en lui toute faculté critique.
 De 1919 à 1932 elle fut monopolisée par Sacha Guitry. Elle fut de toutes ses pièces et de ses opérettes. Jusqu'à 3 spectacles par an. En vrac : Faisons un rêve, Mon Père avait raison, l'Amour masqué, Mozart, Désiré, Mariette...Paris leur était une fête. Leurs relations étaient riches, leurs amis spirituels, leurs villas sur la Côte d'Azur ou à Biarritz, leur hôtel particulier dans le parc Monceau, leurs voitures pleines de cylindrées, leurs voyages dans la Cie Int. des Wagons-lits ou en 1ère classe ''luxe'' sur le Normandie, leurs tableaux de Corot et Renoir, leurs engueulades homériques...

Ils étaient formidablement complémentaires et je pense qu'Yvonne a été celle qui a le mieux ''servi'' Sacha. Je ne crois pas que le fameux mot sur leurs supposées froideur et raideur soit authentique. Il me semble de trop mauvais goût pour être de Sacha. Mais je reconnais Yvonne sous certaines de ses ''piques'' :
- Son inconduite ne laissait rien à désirer; elle donnait tout.
- Il faut s'amuser à mentir aux femmes, on a l'impression qu'on se rembourse!
Et ces deux-là qui sont tellement ''elle''.
- Chéri, est ce que tu savais qu'oroscope, idrogène, ipocrite et arpie ne sont pas dans le dictionnaire?
- J'avais trouvé excellente l'idée qui t'était venue d'apprendre l'anglais - mais j'aurais bien aimé aussi te voir apprendre le français.
C'est en 1931 que Sacha Guitry me propose de jouer dans sa pièce ''Franz Hals''. Autour d'Yvonne je joue le mari cocu et lui l'amant. Prémonition? Il me fait payer une faute que je n'ai pas encore commise.
Je sors de la Comédie Française, je commence à me faire un nom au théâtre où je crée ''Marius '' de Pagnol. La version cinématographique me propulse au rang de vedette de l'écran. Je sais que je plais aux femmes, elles devinent que je les aime. Beaucoup. Le coup de foudre fût immédiat et l'on ne pût garder notre liaison secrète très longtemps. Le mot discrétion ne figurait pas non plus dans le dictionnaire d'Yvonne. Ce ne fut pas facile entre Yvonne et Sacha. Bien qu'elle n'en fut pas à son coup d'essai si je puis dire, et que Sacha eut l'esprit, relativement large, il acceptait difficilement d'être cocu, mais ne supportait pas d'être trompé. Et là manifestement Yvonne sortait de sa zone d'influence et semblait ne plus avoir besoin de lui professionnellement. S'ils tombèrent assez rapidement d'accord sur la nécessité de la séparation les négociations furent âpres sur les conditions de cette séparation. C'était du style: ''Tout est à toi! Donc j'ai droit à la moitié plus 15% parce que tu es un galant homme''.

Tout finit par se régler dans les prétoires. Mais le fait que Sacha eut rencontré une délicieuse jeune comédienne, brune aux grands yeux bleus, au petit visage de chat, élégantissime, facilitât grandement les choses. De mon côté, Berthe Bovy, ma femme, qui avait l'âge d'être ma grande sœur fit ce qu'elle put pour retarder l'échéance, mais elle s'aperçut vite qu'elle n'était pas de taille. Nos divorces furent prononcés en 34.
A suivre...

dimanche 27 novembre 2016

Les belles, et chaotiques, histoires de tonton Charlus - Busby Berkeley

 Busby Berkeley a été le maître incontesté, le numéro un, le génie de la comédie musicale hollywoodienne. Il a cassé les règles qui jusque-là contraignaient le genre. Par son imagination délirante il a sorti la comédie musicale du cadre strict de la scène. Ses numéros ont fait exploser le temps et l’espace, il en a fait des fantasmes musicaux surréalistes, voyeuristes, érotiques. Il a élevé la chorégraphie géométrique des girls au niveau d’un art et a sauvé la Warner Bros de la faillite, au cours de la Grande Dépression, grâce à ses mises en scène somptueuses…
Busby, cinéaste de la beauté et du bonheur, était aussi un fils à maman, un alcoolique névrosé qui a causé trois morts dans un accident de voiture et s’est tranché la gorge et les poignets dans une tentative de suicide sanglant…
Bien que marié cinq fois, la grande femme de sa vie a été sa mère Gertrude. Actrice, elle était apparue dans de nombreuses pièces et films en particulier avec sa très proche amie, la légendaire lesbienne Alia Nazimova, star du muet. C’est d’ailleurs avec elle et sa mère qu’il fait ses débuts sur scène  dans La maison de poupée. En 1914 il est diplômé de l’Agence militaire et après l’entrée des EU en guerre, il dirige des exercices de parades militaires en France. On retrouvera cette influence dans ses futures chorégraphies.
En 1923 Busby Berkeley connait son premier succès sur scène dans le rôle de Madame Lucy, un créateur de mode efféminé, dans la comédie musicale Irene avec Irene Dunne. Dans les années 20 il devient un des plus grands metteurs en scène de Broadway sans avoir jamais pris un cours de danse…
En 1930 il est appelé à Hollywood par Samuel Goldwyn pour régler les numéros musicaux de Whopee avec Eddie Cantor, une production de Florenz Ziegfield. Busby qui avait l’œil pour dénicher les talents féminins donna leur premier rôle à Betty Grable, Paulette Godard, Veronica Lake, Lucile Ball. Lorsque Darryl Zanuck demande à Busby de réaliser les séquences musicales de 42nd street, le studio était dans le rouge. Le film connut un tel triomphe qu’il sauva le studio de la faillite. Pour Busby ce fut la gloire et il enchaîna film sur film. Même s’il ne dirigea complètement sa première comédie musicale qu’en 1935 avec Gold Diggers 1935, il fut incontestablement l’’auteur’’ de toutes celles dont il signa les chorégraphies.
 Pendant toutes ces années sa mère fut on mentor et son réconfort. Il l’installa dans un somptueux manoir de Beverly Hills où elle put se livrer à sa manie de collectionner les antiquités.
Mais au plus fort de son succès, la violence et la tragédie apparaissent dans sa vie. Le 8 septembre 1935 il assiste à une réception chez William Koenig, directeur de production à la Warner. Au moment de quitter la soirée il a manifestement trop bu. De plus il est épuisé nerveusement et physiquement. Cette année il a travaillé sur cinq films en même temps et les frères Warner ne sont pas des tendres et savent mettre la pression sur leurs équipes. Quoiqu’il en soit sur l’autoroute Pacific Coast en direction de Santa Monica, il perd le contrôle de son roadster blanc et se retrouve sur l’autre voie, à contre-sens. Il heurte une voiture dont trois des occupants sont tués. Lui-même est gravement blessé. Busby est accusé de meurtre au second degré. Mais pour la Warner c’est secondaire. L’important est que leur réalisateur vedette est engagé dans un calendrier infernal, trois films à réaliser dont deux dans leur intégralité.
Durant le procès, Busby se présente le matin à 9h sur un brancard, à la suite de ses blessures à la tête et aux jambes, mais le studio change les horaires afin que
les films puissent être tournés la nuit… Et au diable la santé physique et mentale de Busby Berkeley.
C’est Jerry Geiler, l’avocat des stars, qui le défendra. Il réussit à convaincre le jury que c’est l’explosion d’un pneu qui est la cause de l’accident. Plusieurs vedettes présentes à la soirée, et toutes sous contrat à la Warner, jurèrent que ce soir-là Busby n’était pas ivre… mais au bout du compte les jurés n’arrivent pas à se mettre d’accord. Un second procès par un vote de 7 contre et de 5 pour l’acquittement. Pas suffisant. Il faudra un troisième procès en septembre 1936 pour que Jerry Geissler obtienne l’acquittement. Il n’en fallait pas plus pour qu’il sombre dans une dépression nerveuse.
Busby a été ensuite au cœur d’un scandale sur ses supposées ‘’relations’’ avec la blonde et sexy Carole Landis. Ils s’étaient rencontrés lors d’une audition dans les studios de la Warner. Il lui avait donné, comme à tant d’autres, son premier petit rôle. Puis il a essayé de lui obtenir un contrat… En 1938, le conjoint de Carole Landis lui réclame un quart de million de $ prétendant qu’il avait attiré Carole Landis dans son lit… La plainte fut rejetée par la Cour qui s’était aperçue que la belle Carole n’était pas difficile à séduire. N’était-elle pas surnommé ‘’la P… des studios’’ ? Et elle était une habituée de l’arrière-salle du bureau de Darryl Zanuck, qui avait besoin d’une fille docile tous les jours ouvrables à 16 heures…
En juin 1946 sa mère meurt d’un cancer laissant Busby désespéré, avec un grave problème d’alcool, une carrière en ruines et un nouveau divorce… Il n’a pas réalisé de film depuis plus de deux ans, depuis le délirant ‘’The gang’s all here’’ avec Carmen Miranda. 
 
Il accepte de mettre en scène une comédie musicale à Broadway ‘’Happy to see you’’ avec Lupe Velez. Mais le spectacle n’arrivera jamais à Broadway. A cause de mauvaises critiques, il s’arrêtera à Philadelphie.
A bout, Busby se tranche la gorge et les poignets. Il est retrouvé dans une mare de sang par son boy japonais Frankie Honda. Sur son lit d’hôpital il déclara :’’ Je suis un has-been et je le sais. Je n’arrive pas à remonter la pente, chaque fois que je me marie c’est un échec, je suis ruiné. Quand ma mère est morte, tout a semblé partir avec elle…’’
Admis à l’hôpital psychiatrique de LA, il y passera 6 semaines. ‘’ C’était un cauchemar. J’ai été jeté avec des créatures sales, hirsutes, débraillées. Par manque de place mon lit avait été placé dans le couloir où ces horribles créatures me côtoyaient jour et nuit. Si je n’avais pas déjà été fou, je le serais devenu…’’
Pour l’aider son ancien patron lui demande de superviser les numéros de Doris Day dans ‘’Romance on the High Seas’’. En 1949 il convainc Arthur Freed de le laisser diriger un film pour la MGM. Ce sera le délicieux ‘’Take me out of the ball of game’’ avec Frank Sinatra et Gene Kelly. Busby n’a rien perdu de ses talents de réalisateur. Ce sera pourtant son dernier film en tant que metteur en scène. Il travaillera sur les numéros musicaux de huit autres films où il réalisera quelques-unes de ses meilleures séquences… les ballets nautiques de ‘’Million dollars mermaid’’’ et ‘’easy to love’’, ‘’Rose-Marie’’ et le ballet aérien de ‘’Jumbo’’ son dernier film en 1962.
 

Mais il ne sombra pas dans l’oubli. De grandes rétrospectives lui furent consacrées par la Cinémathèque de Paris et le New York Cultural Center.
Plusieurs livres furent publiés sur son œuvre, il accorda de nombreuses interviews et fit des conférences dans des universités… et une nouvelle génération fit connaissance avec ses œuvres grâce à la télévision.
En 1970 des producteurs l’engagent pour superviser une reprise de No No Nanette avec Ruby Keller, la star de ses plus grands succès dans les années 30. A 75 ans il remonte sur scène pour auditionner comme au bon vieux temps, 350 paires de ‘’gambettes’’ , pour retenir une ‘’chorus line’ de 20 girls… La première eut lieu le 19 janvier 1971 fut un triomphe. Le dernier pour Busby…
Il est mort le 14 mars 1976 à Palm Springs.   Il semblerait qu'un biopic sur la vie de Busby Berkeley soit en préparation...Avec Ryan Gosling dans le rôle titre...Hummm!!!

Puzzle Roi joyeux et les trois glorieuses du cinéma français

vendredi 25 novembre 2016

Flashmob ou comment redonner le sourire aux gens

La musique, même classique, est le meilleur moyen de redonner le sourire aux gens et de les rendre heureux. La preuve...
 

La dynastie Bugatti - 2 - Rembrandt Bugatti

Il est le plus jeune fils du décorateur et architecte Carlo Bugatti et le frère du constructeur automobile Ettore Bugatti.
En 1903, âgé de 19 ans, Rembrandt s'installe à Paris. Il s'associe à l'éditeur et fondeur d'art Adrien-Aurélien Hébrard. Il dirige une fonderie d'art et une galerie rue Royale à Paris. Il va signer avec lui un contrat d'exclusivité.
Fasciné par le monde animal, il va vivre entre le zoo d'Anvers, considéré comme le plus beau zoo du monde, et la ménagerie du Jardin des Plantes pour étudier leurs comportements, leurs morphologies, leurs attitudes.
De 1907 à 1914, Rembrandt Bugatti va modeler une œuvre complète de faune animale avec un immense talent et un grand succès.
En 1914, tous les animaux du zoo d'Anvers sont tués. Rembrandt s'engage alors dans la Croix pour soutenir les blessés et devient tuberculeux. Pour venir en aide à sa famille il part à Milan et décide de s'engager dans l'armée italienne en août 1915. À Paris, les commandes et ventes de sculptures s'effondrent, la Galerie Hébrard est fermée. Rembrandt Bugatti, réformé, revient à Paris en décembre 1915. Il ne peut plus accepter l'aide financière de son frère Ettore, en difficulté lui aussi. Rembrandt se suicide dans son atelier de Mont parnasse le 8 janvier 1916, à l'âge de 31 ans. 

 












 

jeudi 24 novembre 2016

Grands affichistes de cinéma - Boris Grinsson

C'était l'époque où les affiches de cinéma étaient des oeuvres d'art réalisées par des peintres et non des photos montages. Boris Grinsson a été un de ces artistes. Ses affiches donnaient souvent envie de pousser les portes des salles obscures.Tout amoureux du cinéma a forcément en mémoire ces images... 
Né à Pskov, en Russie, en 1907, Grinsson a traversé un siècle d'histoire et de cinéma. Fuyant la révolution bolchevique, sa famille erre entre la Finlande et les pays Baltes avant de se fixer en Estonie. C'est là que Boris entre à l'Ecole des beaux-arts de Tartu. Faute de débouchés, il part, en 1929, pour Berlin, «où l'art graphique était en pleine explosion», et se perfectionne à l'Ecole des arts appliqués. L'Allemagne prénazie est en pleine crise économique, et le jeune dessinateur doit se débrouiller avec des petits boulots, dont celui de figurant dans les studios de l'UFA à Babelsberg. Grinsson ne fera jamais la carrière d'acteur à laquelle il avait songé, mais le cinéma lui donnera du travail pendant plus de quarante ans. En devenant d'abord l'assistant d'un affichiste d'origine lettone, puis dans les compagnies américaines MGM, Paramount ou Universal.
Les maquettes étaient dessinées à partir de photos du film ou de l'affiche originale. «Nous n'assistions à la projection du film que si nous en avions le temps, se souvient Grinsson, car les délais étaient très courts.» En pleine campagne électorale de 1932, il réalise sur commande une affiche antinazie: «Inspiré par le peintre Reitel, j'avais dessiné la mort avec les traits d'Hitler, la croix gammée en guise de faux.» Arrivés au pouvoir, les nazis font rechercher l'auteur de cette virulente caricature, et Grinsson doit fuir l'Allemagne. Il débarque à Paris avec sa femme allemande en juin 1933. «Heureusement, j'avais emporté quelques maquettes et je pouvais me présenter aux compagnies pour lesquelles j'avais déjà travaillé à Berlin.» Grinsson repart donc d'un bon pied, après s'être familiarisé avec la lithographie, technique alors employée en France pour la fabrication des affiches (elle le sera jusqu'au début des années 60), alors qu'en Allemagne on utilisait déjà l'offset, plus commode mais moins noble aux yeux des puristes. Pendant quarante ans, l'artiste, définitivement installé en France, va produire des affiches pour presque tous les grands distributeurs américains (Universal, MGM, Paramount, Columbia, RKO, Warner, Fox) et européens (Pathé, Gaumont ou ACE, filiale de l'UFA). Une seule parenthèse: la guerre l'oblige à se cacher à Châteauroux, où il gagne sa vie en peignant des décors de dancings, de restaurants et des portraits.
Grinsson fait partie de cette génération de graphistes qui, comme Roger Soubie, Constantin Belinsky ou Jean Mascii, ont su séduire le public par des affiches multicolores, parfois naïves et faciles d'accès. Il leur fallait aussi un talent de portraitiste pour restituer les traits des acteurs. L'utilisation de plus en plus fréquente des montages photo marquera d'une certaine manière le déclin de cette génération. Les affiches de Grinsson et de ses congénères constituent aujourd'hui une oeuvre «cinégraphique», patrimoine indissociable des films pour lesquelles elles ont été créées, sorte de mémoire bis du cinéma de papa.