mercredi 28 février 2018

Mes 100 films - 100 bandes annonces - 39Burt - Le corsaire rouge

Le corsaire rouge (1953) Robert Siodmak

avec B. Lancaster et B. Lancaster et B. Lancaster

Le muscle saillant, le sourire ravageur, Burt Lancaster

court, saute, voltige et se travestit dans ce fleuron du

film de pirates. Son apparition m’a laissé tétanisé sur

mon fauteuil.

Un chet d’oeuvre, non, mais un vrai film d’aventures. Il a

peut-être un peu vieilli… mais ça vaut encore tous les

''Pirates des Caraïbes’’




Incipit 49 - Caroline chérie - Cecil Saint Laurent



L’emménagement

Que regardes-tu ? demanda Henri qui venait d’entrer

dans la chambre.

Rien, une vieille bonne femme.

Caroline ajouta :

Tu ne trouves pas que l’odeur qui traîne dans cette

maison est vraiment infecte ?

Le jeune garçon huma autour de lui en renifl ant avec

affectation.

Tu as peut-être raison, mais cette odeur ne me

déplaît pas. Elle me rappelle celle de nos

champignonnières.

Il s’interrompit :

Mais regarde-la donc cette gourde ! Elle n’est pas

partie. Elle tourne comme un ours devant la maison.

Il ouvrit la fenêtre. Dans la demi-obscurité de la rue, la

vieille femme, appuyée sur deux bâtons, s’agitait et

grommelait. Elle dut l’apercevoir, car elle lui fi t signe

avec l’un de ses bâtons.

Elle a l’air de me menacer ! dit Henri.

Mais non, idiot ! C’est une folle, ou bien peut-être

connaissait-elle les domestiques de M. de Foissy et

ignore-t-elle que nous avons emménagé aujourd’hui à sa

place. Je la trouve drôle, moi. Elle ressemble à un

faucheux.

Mais, pour le jeune garçon, tout événement insolite était

une aubaine, aussi, malgré sa sœur, se précipita-t-il dans

l’escalier pour tirer au clair l’incident qui l’intriguait.

Caroline, après avoir hésité, se décida à le suivre parce

que, après tout, dans l’ennui de ces obscurs

appartements, encombrés de meubles hostiles, un petit

tour dans la rue ne constituait pas une distraction

négligeable.

Les aventures de Tintin - Le secret de la Licorne - épisode 3


mardi 27 février 2018

Ma boite à chansons - Lucienne Delyle

Lucienne Delyle

C ‘est un gars - 1949 (P. Roche-C. Aznavour)

Meilleure que la version de Piaf


Mes 100 films - 100 bandes annonces - 38- Certains l'aiment chaud

Certains l’aiment chaud (1959) Billy Wilder

M. Monroe, T. Curtis, J. Lemmon

Une des comédies américaines les plus réussies.

Indémodable et qui résiste à la multi vision.

L'intrigue de Certains l’aiment chaud unit le burlesque le

plus échevelé à une cascade de situations assez

audacieuses pourl'époque, le tout placé dans le contexte

violent d'un film de gangsters de la Prohibition.Ce

cocktail original et explosif a ravi le public et la critique.

Marilyn Monroe plus belle, naïve et rouée que jamais

trouve ici un de ses meilleurs rôles. Tony Curtis est

parfait dans son rôle de saxophoniste dragueur, gominé

et un peu veule. Jack Lemmon est génial et son histoire

d’amour avec Osgood ( l’ inénarrable Joe E. Brown) est

irrésistible. Nobody is perfect peut-être mais le film lui

l’est.



Les aventures de Tintin - Le secret de la Licorne - épisode 2



lundi 26 février 2018

Grrrr



'' Les homosexuels pourront donner leur sang à condition d'avoir connu une période d'abstinence de 12 mois...''. Quel est le génial technocrate qui a pondu ce texte ? Qui va se priver de baiser ou de se faire... de gaîté de cœur (sic). Faudra-t-il passer par un guichet qui tamponnera (re sic) un carnet notifiant la date et la pratique sexuelle ? Va y avoir des bouchons (re re sic). Rares sont les personnes qui peuvent se priver pendant un an de rapports.
Les personnes âgées qui n'en ont plus ni l'envie, ni la possibilité. Mais de toute façon leur âge même les exclut du don du sang.
Les ecclésiastiques qui font vœu d'abstinence (encore sic). Mais le secret de la confession empêchant toute révélation et le mensonge étant un péché, ils s'excluent d'eux-mêmes...
Et quid des hétérosexuels ? On sait qu'environ 50% des nouvelles infections se font par voie hétérosexuelle ? Va-t-on leur imposer aussi un an de chasteté ? Alors adieu à l'exception française sur notre taux de naissances. Et pourquoi rajouter une nouvelle discrimination à l'égard des homosexuel(les) en laissant croire qu'ils sont les principaux vecteurs de la transmission du virus.
Encore une fois croyant partir d'une bonne intention on arrive à une aberration. Ce texte est la jouissance malsaine d'une masturbation intellectuelle...
La pénurie de sang a encore de beaux jours devant elle...

Mes 100 films - 100 bandes annonces - 37 - Le Roi et moi

Le Roi et moi (1956) Walter Lang

Y. Brynner, D. Kerr

L‘âge d’or de la comédie musicale. Des décors et des

costumes somptueux, une superbe musique, un couple

charismatique Y. Brynner dans le rôle de sa vie, D. Kerr

toujours aussi brûlante sous la glace… Certains trouvent

que c’est un guimauve… J’assume j’aime la guimauve.

Oubliez les versions plus récentes avec Jodie Foster au

cinéma et S. Eggar dans une série tv malgré la présence

de Y. Brynner. Vous pouvez revoir la version de 1946

Anna et le roi de Siam avec I. Dunne et R. Harrison.
Ah le cinéma de papa...


Les aventures de Tintin - Le secret de la Licorne - 1



dimanche 25 février 2018

La semaine prochaine sur votre écran - Tintin - Le secret de la licorne


L'origine du monde


Facebook a censuré le tableau de Gustave Courbet ''L'origine du monde''! On peut, on doit même, emmener les enfants visiter les musées et en particulier le très beau Musée d'Orsay, où ce tableau s'expose! Enfin disent les uns, honteux disent les autres, de moins en moins nombreux ! Mais on sait que Facebook est un exemple de vertu et de bon goût. Il se rapproche en cela de Philippe Douste Blazy qui, ministre de la Culture à l'époque de la première accroche au Musée d'Orsay, refusa d'être pris en photo devant ce tableau. Sans doute pour ne pas choquer ses électeurs de Lourdes.... Savoureux quand on connait un peu le personnage... Faux culs de tous les pays...
Censurera-t-on le cache demandé par Jacques Lacan, dernier propriétaire du tableau, à son beau-frère André Masson pour masquer cette oeuvre à la charge tellement forte que même lui... Peut-être aurait-il eu besoin lui aussi d'une analyse.  
 Acheter un tableau pour le tenir caché à l'abri du monde, quelle honte !
Notre grand psychanalyste aurait-il eu peur des anagrammes ?
''L'origine du monde'' - ''religion du démon''
''L'origine du monde Gustave Courbet'' - '' Ce vagin où goutte l'ombre du désir''.
Alors imaginez Lacan, seul dans le petit cabinet où il cache le tableau, son appendice caudal à la main,,, C'est lui le honteux.


Le tableau/cache d'André Masson s'appelle ''Terre érotique''. 
 
''L'origine du monde'' étant exposé dans une salle du musée d’Orsay, sans vigile à l’entrée pour demander leur âge aux visiteurs, je me suis dit qu’il n’y avait aucune raison que je ne l’expose pas ici !
C'est en cherchant ici et là que je suis tombé sur Orlan et ''l'Origine de la guerre''.

Orlan est une artiste plasticienne qui s’exprime à travers différents supports peinture, sculpture, photographie… Grande prêtresse de l’art corporel. Toujours provocatrice, souvent scandaleuse comme lorsqu’elle décide de remodeler son visage dans une série d’opérations de chirurgie esthétique filmées et commentées en direct par elle. Si vous voulez en savoir plus sur elle est...
ICI 
Mais elle est également connue pour avoir peint le ‘’pendant’’ (sic) de ‘’L’origine du monde’’, ‘’L’origine de la guerre’’. Œuvre qui n’a pas provoqué le scandale de celle de Courbet… Le con est-il plus scandaleux que le vit?
En fouinant un peu je suis tombé sur cette série d’affiches éditées par Sida Info Service pour l’usage du préservatif. L’utilisation du graffiti est astucieuse pour toute une frange de la population plus sensible à une image qu’à un discours. Mais je n’ai pas le souvenir d’avoir vu cette campagne dans les magazines ni, à fortiori, sur les murs de nos villes, ou les couloirs du métro. Dommage !
 Je pense que Courbet, aujourd’hui, n’aurait pas renié ce détournement de son œuvre. Pas plus qu’Orlan…

Mes 100 films - bandes annonces - 36 - Prince Vaillant

Prince Vaillant (1954) Henry Hathaway

R. Wagner, J. Mason, J. Leigh

Prince Valiant est le film de chevalier classique des 

années 50, qui a son charme. Les acteurs sont plutôt 

bons. 

Avec James Mason, le méchant magnifique que j’ai 

toujours adoré haïr. Robert Wagner au charme un peu 

ambigu dû à la joliesse de son visage, la finesse de son 

physique, et sa coiffure à la Mireille Mathieu, Janet 

Leigh plus blonde que jamais et toujours à sa place dans 

ce genre de films (Les Vikings, Scaramouche...)

L'histoire est simple et efficace, propice à un univers 

chevaleresque et plein d'aventures. Les scènes de combat 

ont un peu vieilli et les costumes ont également pris un 


petit coup de vieux, mais rien de véritablement gênant. 

On ne s'ennuie pas trop. Ça se regarde très bien. 


 

samedi 24 février 2018

Incipit 46 - Michel Déon - Les poneys sauvages


J’ai rencontré Georges Saval dans le train qui nous conduisait de

Londres à Cambridge, l’automne 1937. Nous nous connaissions de

vue sans nous être jamais parlé : même âge à Janson-de-Sailly,

mais des classes différentes. Je me souviens d’un garçon assez

lymphatique qui jouait mal au football et nageait bien. Vers seize

ans, après des vacances en Angleterre, il revint transformé,

étoffé, ayant perdu ses joues rondes d’adolescent et gagné des

muscles. Il boxait déjà et le prévôt le considérait comme un de

ses espoirs pour les championnats universitaires. C’est tout ce

que je savais de lui et il ne devait pas en savoir beaucoup plus de

moi. Le hasard nous réunissait cet automne-là et, après nous

être évités sur le bateau, nous nous parlâmes dans le vieux

compartiment tendu d’un hideux velours rouge. Deux Anglais

caricaturaux étaient montés avec nous, aimables d’abord, puis

silencieux et l’air buté quand ils comprirent que nous étions

français. Saval me plut. On devinait vite en lui une franchise

désabusée qui le faisait paraître plus mûr que son âge. À part

une légère fente de l’arcade gauche — un trait blanc que

recouvrait imparfaitement le sourcil noir et arqué —, la boxe ne

l’avait pas marqué. Ce fut notre premier sujet de conversation.

Il m’avoua tout de suite détester les coups. Il aimait la rigueur

de l’entraînement, les esquives, les feintes, une certaine façon

de jauger un adversaire et de le contrer. En fait, c’était un

garçon dépourvu de toute agressivité au physique comme au

moral, calme, intelligent et, bien plus encore, humain,

respectable et respectueux, un de ces êtres dont on se dit : «

Où est le défaut ? Les apparences sont trop en sa faveur. Il y a

quelque chose qui n’apparaîtra jamais s’il montre assez de

volonté, mais quelque chose est là ! »

Mes 100 films - 100 bandes annonce - 35 - Les 10 Commandements


Les 10 Commandements (1956) Cecil B. de Mille

C. Heston, Y. Brynner et beaucoup d’autres...

Remake de sa première version de 1923, Les dix 

commandements de 1956 peut-être considéré comme le 

testament de Cecil B. de Mille. La Paramount lui signa 

quasiment un chèque en blanc. Le budget s’éleva 

finalement à 13 millions de dollars, montant ‘’pharaonique’’ 

pour l’époque.

Les jeunes d’aujourd’hui habitués aux effets spéciaux de 

Stars War ne sont plus impressionnés par ceux des Dix 

Commandements, Et pourtant la mer Rouge s’ouvrant en 

2, les 7 plaies d’Egypte ( les grelons de feu, l’invasion des 

sauterelles, le nuage mortel, le Nil rouge couleur de 

sang), les tables de la loi au sommet du mont Sinaï etc. 

avaient impressionnés les spectateurs de l’époque et les 

20 000 figurants et 15 000 animaux ne devaient rien aux 

images de synthèses. Et qui peut oublier C. Heston en 

Moïse et Y. Brynner en Ramses ? Le gamin que j’étais en a 

pris plein les yeux...



Les aventures d'Arsène Lupin - Edith au cou de cygne

Il n’y a rien à la télé ? Ecoutez la radio

Les aventures d’Arsène Lupin – Edith au cou de cygne

France Inter avril 1960


vendredi 23 février 2018

Légendes de la mort bretonne - Le pendu - II



Quand, à l'aube du lendemain, Fulupik se trouva au


rendez-vous, ce fut pour voir le corps de son ami se

balancer entre terre et ciel. En ce temps-là, pour rien au

monde on ne se fût permis de toucher à un homme qui

s'était volontairement donné la mort. Fidupik Ann Dû,

fort marri, descendit dans la plaine raconter le malheur

qui était arrivé. Lorsqu'il dit la chose chez les Omnès,

Marguerite se mit à pleurer abondamment. — Ah ! s'écria

le jeune homme, c'est lui que vous aimiez ! - — Tu fais

erreur, camarade, répondit Omnès le vieux, qui fumait sa

pipe dans l'âtre. Margaï- dik, dans l'après-midi d'hier, a

annoncé à Kadô Vraz que, quelque amitié qu'elle eût pour

lui, c'était toi qu'elle épouserait. Ge fut un grand baume

pour le cœur de Fulupik Ann Dû. Séance tenante, le jour

des noces fut fixé. Par exemple, il fut convenu qu'on ne

danserait pas, et qu'il y aurait simplement un repas à

l'auberge, à cause de la triste mort de Kadô Vraz, La

semaine d'après, le fiancé se mit en route, accompagné

d'un autre jeune homme, pour faire la « tournée

d'invitations ». Gomme ils passaient au pied de la Lande-

Haute, le soir, Fulupik se frappa le front tout à coup. —^
J'ai juré à Kadô Vràz que je n'aurais pas à mon mariage

d'autre garçon d'honneur que lui. Il faut que je l'invite.

C'est une formalité super flue, je le sais. Du moins aurai-

je tenu mon ser- ment. Il y va de mon salut dans l'autre

monde. Et il se mit à gravir la pente. Le cadavre, déjà

très endommagé, du pendu oscillait toujours au bout de la

corde. A l'approche de Fulupik, des nuées de corbeaux

s'envolèrent. — Kadô, dit-il, je me marie mercredi matin.

Je t'avais juré de te prendre pour garçon d'honneur. Je

viens t'inviter, afm que tu saches que je suis fidèle à ma

parole. Ton couvert sera mis, à l'auberge du Soleil levant.

Cela dit, Fulupik rejoignit son compagnon qui l'attendait à

quelque distance, et les corbeaux, un moment

effarouchés, achevèrent de dépecer en paix les restes

mortels de Kadô Vraz. Fulupik eût encore volontiers

invité son fdleul, mais le pauvre petit être était mort

dans l'intervalle... Le jour de la noce arriva. Le nouveau

marié, tout à son bonheur, n'avait d'yeux que pour sa

jeune femme qui, sous sa coiffe de fme dentelle, était, il

faut l'avouer, la plus jolie fille qu'on pût voir. Certes,

Fulupik ne pensait plus à Kadô. Au reste, n'avait-il pas

mis sa conscience en règle de ce côté-là ? Donc, la fête

allait bon train. Les mets étaient succulents. Le cidre

dans les verres avait une belle couleur d'or jaune. Les

invités commençaient à bavarder bruyamment. Déjà on

portait les santés et Fulupik s'apprêtait à répondre à ses

hôtes, quand tout à coup, en face de lui, il vit se lever un

bras de squelette, tandis qu'une voix sinistre ricanait : —

A mon meilleur ami ! Horreur ! à la place qui lui avait été

réservée, le fantôme de Kadô Vraz était assis. Le marié

devint pâle. Son verre lui tomba des mains et se brisa sur

la nappe en mille morceaux. Margaïdik, la jeune épousée,

était, elle aussi, plus blanche que cire. Un silence pénible

se fit dans toute la salle. L'aubergiste, surpris de voir

qu'on ne mangeait ni ne buvait plus, bougonna d'un ton

mé- content : — Libre à vous ! Mais les choses sont

préparées. Ce qui n'aura pas été consommé sera payé

tout de même. Personne ne répondit mot. Seul, Kadô

Vraz, s'étant levé, dit en s'adressant à Fulupik Ann Dû :

D'où vient que je parais être de trop ici ? Ne m*as-tu

pas invité ? Ne suis-je pas ton garçon d'honneur ? Et,

comme Fulupik gardait le silence, le nez dans son assiette

: — Je n'ai rien à faire avec ceux qui sont ici, continua le

mort. Je ne veux pas gâter leur plaisir plus longtemps. Je

m'en vais. Mais toi, Fulupik, j'ai le droit de te demander

raison. Je te donne de nouveau rendez-vous à la Lande-

Haute, pour cette nuit, à la douzième heure. Sois exact.

Si tu manques, je ne te manquerai pas La seconde

d'après, le squelette avait disparu. Son départ soulagea

l'assistance, mais la noce finit tout de même tristement.

Les invités se reti- rèrent au plus vite. Fulupik resta seul

avec sa jeune femme. Il ne s'en réjouit nullement ;

comme on dit, il avait des puces dans les bras. — Gaïdik,

prononça-t-il, tu as entendu l'ombre de Kadô Vraz. Que

me conseilles-tu de faire ? Elle pencha la tête et

répondit, après réflexion : — C'est un vilain moment à

passer. Mais mieux vaut savoir tout de suite à quoi s'en

tenir. Va au rendez-vous, Fulupik, et que Dieu te conduise

! Le marié embrassa longuement sa « femme neuve », et,

comme l'heure était avancée, s'en alla, dans la claire nuit.

Il faisait lune blanche. Fulupik Ann Dû marchait, le cœur

navré, l'âme pleine d'un pressentiment sinistre. Il

pensait : « C'est pour la dernière fois que je parcours ce

chemin. Avant qu'il soit longtemps, Marguerite Omnès se

remariera, veuve et vierge ». Il s'a- bandonnait de la

sorte à de pénibles songeries, lorsque, arrivé au pied de

la Lande-Haute, il se trouva nez à nez avec un cavalier

vêtu de blanc. — Bonsoir, Fulupik ! dit le cavalier. — A

vous de même, repartit le jeune homme, quoique je ne

vous connaisse pas aussi bien que je suis connu de vous

Ne VOUS étonnez pas si je sais votre nom. Je pourrais

vous dire encore où vous allez. — Décidément, c'est que

sur toutes choses vous en savez plus long que moi. Car je

vais je ne sais où. — Voiîs allez, en tout cas, au rendez-

vous que vous a donné Kadô Vraz. Montez en croupe. Ma

bête est solide. Elle portera sans peine double faix. Et au

rendez-vous où vous allez, il vaut mieux être à deux que

seul. Tout ceci paraissait bien étrange à Fulupik Ann Dû.

Mais il avait la tête si perdue ! Et puis, le cavalier parlait

d'une voix si tendre ! Il se laissa persuader, sauta sur le

cheval, et, pour s'y maintenir, saisit l'inconnu à bras le

corps. En un clin d'œil, ils furent au sommet de la colline.

Devant eux la potence se découpait en noir sur le ciel

couleur d'argent, et le cadavre du pendu, qui n'était plus

qu'un squelette, se balançait au vent léger de la nuit. —

Descends maintenant, dit à Fulupik le cavalier tout de

blanc vêtu. Va sans peur au squelette de Kadô Vraz, et

touche-lui le pied droit avec ta main droite, en lui disant :

« Kadô, tu m'as appelé, je suis venu. Parle, s'il te plaît.

Que veux-tu de moi ? » Fulupik fit ce qui lui venait d'être

commandé, et proféra les paroles sacramentelles. Le

squelette de Kadô Vraz se mit aussitôt à gigoter avec un

bruit d'ossements qui s'entrechoquent, et une voix

sépulcrale hurla :


Je donne ma malédiction à celui qui t'a en- seigné (1).

Si tu ne l'avais trouvé sur ta route, je serais à cette

heure sur le sentier du Paradis, et tu aurais pris ma place

à ce gibet ! Fulupik s'en retourna sain et sauf vers le

cavalier, et lui rapporta l'imprécation de Kadô Vraz. —

C'est bien, répondit l'homme blanc. Remonte à cheval. Ils

dévalèrent la pente au galop. — C'est ici que je t'ai

rencontré, reprit l'in- connu, ici je te laisse. Va rejoindre

ton épousée. Vis avec elle en bonne intelligence, et ne

refuse jamais ton aide aux pauvres gens qui recourront à

toi. Je suis l'enfant que tu as tenu sur les fonts

baptismaux. Tu vois qu'avec un bâtard le bon Dieu peut

faire un ange. Tu me rendis un grand service en

consentant à être mon parrain, au refus de trois

personnes. Je viens de te rendre un service égal. Nous

sommes quittes. Au revoir, dans les gloires célestes