mercredi 31 mai 2017

Incipit 35 - Vernon Sullivan (Boris Vian) - J'irai cracher sur vos tombes



Personne ne me connaissait à Buckton. Clem avait choisi la ville à cause de cela ; et d’ailleurs, même si je m’étais dégonflé, il ne me restait pas assez d’essence pour continuer plus haut vers le Nord. À peine cinq litres. Avec mon dollar, la lettre de Clem, c’est tout ce que je possédais. Ma valise, n’en parlons pas. Pour ce qu’elle contenait. J’oublie : j’avais aussi dans le coffre de la voiture le petit revolver du gosse, un malheureux 6,35 bon marché ; il était encore dans sa poche quand le shérif était venu nous dire d’emporter le corps chez nous pour le faire enterrer. Je dois dire que je comptais sur la lettre de Clem plus que sur tout le reste. Cela devait marcher, il fallait que cela marche. Je regardais mes mains sur le volant, mes doigts, mes ongles. Vraiment personne ne pouvait trouver à y redire. Aucun risque de ce côté. Peut-être allais-je m’en sortir.
Mon frère Tom avait connu Clem à l’Université. Clem ne se comportait pas avec lui comme les autres étudiants. Il lui parlait volontiers ; ils buvaient ensemble, sortaient ensemble dans la Caddy de Clem. C’est à cause de Clem qu’on tolérait Tom. Quand il partit remplacer son père à la tête de la fabrique, Tom dut songer à s’en aller aussi. Il revint avec nous. Il avait beaucoup appris et n’eut pas de mal à être nommé instituteur de la nouvelle école. Et puis, l’histoire du gosse flanquait tout par terre. Moi, j’avais assez d’hypocrisie pour ne rien dire, mais pas le gosse. Il n’y voyait aucun mal. Le père et le frère de la fille s’étaient chargés de lui.

Et un Bécaud ! Un - Marianne de ma jeunesse




Marianne de ma jeunesse - Marianne, meine jugendliebe

 
H. Bucholz v/s P. Vaneck



 

















Marianne de ma jeunesse est un film franco-allemand réalisé par Julien Duvivier et sorti en 1955. Deux versions ont été tournées en parallèle.
Dans la version française c’est Pierre Vaneck, dont c’est le premier grand rôle au cinéma, qui incarne Vincent. C’est Horst Bucholz, dont c’est également le premier grand rôle, qui incarne Vincent.
Ce procédé de double tournage était fréquent dans les années 30 et a plus ou moins perduré jusqu’en 1960.

C’est le cas de ce film.

Au bord d'un lac bavarois, le château d'Heiligenstadt abrite un pensionnat pour des adolescents quelque peu délaissés par leur famille. L'arrivée de Vincent Loringer, ’’l’argentin’,’  Français mais vivant en Argentine, apporte un souffle d'exotisme qui tire de sa routine la morne communauté. Il se laisse entraîner un soir dans une expédition de l'autre côté du lac, dans un château prétendument hanté, par les "Brigands", une bande de collégiens avides d'aventures initiatiques et sauvages. Abandonné sur place par le groupe qui a pris peur, Vincent ne rentre à Heiligenstadt que le lendemain, totalement transfiguré. Il avoue à Manfred, son seul véritable confident, avoir rencontré dans le château hanté une merveilleuse jeune femme, Marianne. Elle serait prisonnière du "Chevalier", sinistre barbon, et de son domestique, brute patibulaire flanquée de deux dogues. Vincent ne vit plus que pour sa Belle prisonnière, rejetant aussi bien les rites infantiles des "Brigands" que les avances de Lise, la nièce du directeur. 
Au cours d'une nouvelle escapade, Vincent retrouve Marianne et ce qu'elle lui annonce l'atterre: le Chevalier va l'épouser le soir-même. Assommé et jeté dehors par le valet, il est sauvé par Manfred, mais quand les deux garçons retournent dans le château, celui-ci est désert. Vincent va donc quitter Heiligenstadt car il n'a désormais plus qu'un but dans la vie: retrouver son amour perdu, quitte à aller jusqu'au bout du monde.

Julien Duvivier nous plonge dans un récit d’un romantisme échevelé, propre à enflammer les cœurs et les reins des adolescents. 

On peut y trouver des références au Grand Meaulnes avec le château perdu dans l’ambiance brumeuse des lacs et forêts de Bavière, la mystérieuse fête au village où Vincent aperçoit Marianne sans pouvoir la rejoindre On peut penser aussi aux Disparus de St Agil et surtout à Cocteau et à son château de la Bête. 

Esthétiquement irréprochable avec ses décors grandioses, son cadre bucolique respirant l’innocence et sa photographie chatoyante, le film de Duvivier a su charmer le public de l’époque qui en fit un grand succès.
La belle Marianne Hold a face à elle Pierre Vaneck et Horst Bucholz.
A l’époque j’avais vu les deux versions et mes 10 ans avaient été tétanisés par Horst Bucholz…
Je vous propose ici deux versions d’une même scène.
A vous de juger…