mercredi 17 mai 2017

Haines d'écrivains




On entend dire qu’aujourd’hui la violence est extrême dans les rapports humains dans les domaines sociaux, professionnels, politiques, intellectuels, littéraires et artistiques… c’est exact. Mais au 18ème, 19 ème et début du 20ème siècle se pratiquait déjà l’envoi de vacheries en tous genres.
C'est ainsi depuis toujours : dans ce cloaque, la haine est tellement naturelle que l'admiration passe pour suspecte. Depuis Gutenberg, il est en effet établi qu'aimer, c'est s'effacer, alors que détester, c'est exister. Et, au pays des belles lettres, on préférera toujours les rodomontades à la modestie, l'ingratitude à la reconnaissance.
Plus encore que le politique, le comédien, le musicien ou le peintre, l'écrivain est bilieux, teigneux, fielleux. Question de physiologie. Il a besoin d'expectorer son ressentiment, de gerber sur ses rivaux et de cracher sur les tombes. Pourquoi tant de haine? Si l'on a l'illusion de croire au débat d'idées et à la bonne foi on se trompe. Pour un écrivain, l'exécration est un stimulant, une drogue, un alcool fort. Elle le fait briller. Elle lui donne du style, qui est son plus précieux allié, et lui offre des ennemis, qui sont à la fois une excellente source d'inspiration et une preuve tangible de notoriété.

Chateaubriand: connu surtout par le beefsteak qui porte son nom.  (Flaubert)
Chateaubriand : un matamore de tragédie (Lamartine).

Cocteau: à sauter dans tous les trains en marche depuis 1906, on comprend que le coeur ait cédé!  (Paul Morand).

Théophile Gautier: c'est l'huître dans une perle.  (Léon Daudet)

Hugo :  sacerdoce, a toujours le front penché  -  trop penché pour rien voir, excepté son nombril.  (Charles Baudelaire)

Lamartine : un esprit eunuque, la couille lui manque, il n'a jamais pissé que de l'eau claire.  (Gustave Flaubert)

Henri de Régnier: quel homme charmant! Courtois, distingué, généreux, affable, décoré, d'une honnêteté scrupuleuse... je sais bien qu'il y a ses poèmes, mais que voulez-vous, personne n'est parfait.  (Laurent Tailhade)

 Voltaire a des patins. Il excelle à glisser sur toutes les surfaces. Il voit le fond, mais sans y pénétrer.  (Joseph Joubert)

Claudel, c'est du music-hall pour archevêque.  (Henri de Montherlant)

 
 Zola : Un incomestible pourceau (Léon Bloy). 

George Sand : Elle est bête, elle est lourde, elle est bavarde, comment quelques hommes ont pu s'amouracher de cette latrine.  Je ne puis penser à cette stupide créature sans un certain frémissement d'horreur. Si je la rencontrais, je ne pourrais m'empêcher de lui jeter un bénitier à la tête.’’ (Baudelaire).


George Sand encore : C'est la vache bretonne de la littérature. (Jules Renard)

Prosper Mérimée : J’ai eu Mérimée hier soir, ce n’est pas grand-chose ( George Sand).

Mérimée réagit aussitôt : ‘’George Sand est une femme débauchée à froid, par curiosité plus que par tempérament’’.

Sur Mérimée encore : ‘’ Il a les jambes d’un paon, il n’en a pas la queue’’ (Barbey d’Aurevilly).

Sainte Beuve traite Hugo de ‘’Cyclope’’ ; ‘’Sainte Bave’’ lui répond Hugo.

Sainte-Beuve Un crapaud qui empoisonne les eaux dans lesquelles il nage. (A. de Vigny)

Bottom of Form
Maxime Du Camp, convié par Lamartine à une lecture dans son salon, ne trouve rien de plus délicat, pour ridiculiser l'«Apollon vieilli», que de faire un gros plan sur le pied du poète, «déformé par un oignon monstrueux qui se soulevait comme une gibbosité latérale».
A l’occasion de l’enterrement d’ Anatole France : ‘’Avez-vous déjà giflé un mort ?’’ (Aragon)

Maupassant : ‘’Sa parfaite stupidité de jouisseur est manifestée par des yeux de chien qui pisse...’’. (Léon Bloy)
Bottom of Form

Balzac : ‘’Quel homme aurait été Balzac s'il eût su écrire’’ (Gustave Flaubert)

Baudelaire : ‘’Le saint Vincent de Paul des croûtes trouvées, une mouche à merde en fait d'art.’’ (E. et J. de Goncourt)
                      Il avait en lui du prêtre, de la vieille femme et du cabotin. C'était surtout un cabotin. (Jules Vallès)

Céline :‘’Ce Gaudissart de l'antisémitisme. M. Céline fait beaucoup penser à une dame qui aurait des difficultés périodiques; ça lui fait mal au ventre, alors elle crie et elle accuse son mari. La force de ses hurlements et la verdeur de son langage amusent la première fois ; la deuxième fois, on bâille un peu; les fois suivantes, on fiche le camp et on la laisse crier toute seule’’ (Jean Renoir)

Gide : ‘’Mort d'A.G. La moralité publique y gagne beaucoup et la littérature n'y perd pas grand-chose.  (Paul Claudel)

Proust (Marcel) : ‘’ A la recherche du temps perdu c’est Toto encule Dédé ‘’ ( L.F. Céline)
Ou encore : ‘’ Cette vieille juive fardée’’ ( Paul Claudel)

Et pour finir, deux appréciations pleines de délicatesse…

Zola (Émile)
‘’Tant qu'il n'aura pas dépeint complètement un pot de chambre plein, il n'aura rien fait.’’ (Victor Hugo)

Jean Paul Sartre : ‘’ l’agité du bocal, la petite fiente, il m'interloque ! Ah, le damné pourri croupion ! [...] Satanée petite saloperie gavée de merde, tu me sors de l'entre-fesse pour me salir au-dehors’’ (L.F. Céline) 

On voit que dans l'invective nos écrivains, nos hommes politiques, nos footballeurs ont moins de talent que ces illustres aînés...

2 commentaires:

  1. Truman Capote à propos de l'autuer des OIseux se Cachent pour MOurir : "J'ai sans doute lu pire, mais je ne me rappelle ce que c'était."

    Récemment, quelqu'un comparait la saveur de Modiano à celle d'un aérosol.

    Yannick


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    Réponses
    1. J'ai un ami, écrivain, qui peut avoir des accents céliniens quand on cite devant lui certains noms... Essayez Joan Crawford, vous verrez.
      Kisses dear K.

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