lundi 17 août 2020

Un poème/un jour - 6 - Jean Racine - Phèdre / Bérénice

 

PHÈDRE

Je le vis : je rougis, je pâlis à sa vue ;

Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;

Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;

Je sentis tout mon corps et transir et brûler…

Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachée :

C’est Vénus tout entière à sa proie attachée. 

 

BERENICE


Je n’écoute plus rien, et pour jamais, adieu.  

Pour jamais ! Ah ! Seigneur, songez-vous en vous-même

Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ? Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,

Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ; Que le jour recommence et que le jour finisse

Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,

Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ?

Mais quelle est mon erreur et que de soins perdus ! L’ingrat, de mon départ consolé par avance, 

Daignera-t-il compter les jours de mon absence ? 

Ces jours, si longs pour moi, lui sembleront trop courts.

 

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