mercredi 11 avril 2018

Les films qu'on ne verra jamais - Joseph Losey - A la recherche du temps perdu


Après l’échec du projet Visconti, la productrice Nicole Stéphane ne renonce pas à son projet d’adapter au cinéma ‘’la Recherche… ’’ de Marcel Proust et elle se tourne vers l’autre grand cinéaste de l’époque Joseph Losey.
Dans le projet de Joseph Losey le scénario écrit par Harold Pinter est aux yeux de beaucoup la meilleure adaptation de la Recherche. Harold Pinter qui n’avait jamais lu Proust a considéré quant à lui que l'année qu'il consacra au Scénario Proust fut la meilleure période de travail de sa vie.
Ce fut un autre grand projet avorté dans les années 1970. Comme Visconti, Joseph Losey pensait aborder les sept volumes de la Recherche en un seul long métrage, quitte à sacrifier certains personnages et anecdotes - l'épisode de la madeleine et le personnage du peintre Elstir avaient ainsi été abandonnés, alors que l'évocation de la Vue de Delft, de Vermeer, et de « son petit pan de mur jaune » revenait à plusieurs reprises. Joseph Losey pensait que son film durerait un peu plus de deux heures : à la lecture du superbe scénario de Harold Pinter (publié chez Gallimard), on se dirigeait plutôt vers les trois heures et demie... 
 Malgré une distribution prometteuse (Dirk Bogarde en narrateur, Jeanne Moreau en Verdurin, la Callas en reine de Naples...), le projet ne put se concrétiser, faute de financement (la crise pétrolière était passée par là). Losey évoqua également la réticence d'un certain Valéry Giscard d'Estaing, alors président de la République, qui l'aurait congédié avec cette phrase cinglante: ''Vous êtes Américain, né dans le Middle West, comment pouvez-vous toucher à un chef d'oeuvre de la littérature française?''...
A quoi ça tient.
Il reste quelques adaptations plus ou moins bien réussies (plutôt moins) à la télévision et au cinéma. La série télé de Nina Companeez, ‘’un amour de Swann’’ de Werner Schroeter, ‘’Le Temps retrouvé’’ de Raul Ruiz...
Tout cela prouve en tout cas que Marcel Proust est toujours bien vivant, même si on ne sait pas s'il bande encore. Ou même s'il a jamais bandé. Historiens et exégètes ne sont pas d'accord.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire