mardi 29 octobre 2019

Incipit 80 - Prix Goncourt 1912 - André Savignon



Journaliste, romancier, collaborateur de plusieurs journaux anglais, André Savignon partageait sa vie entre la France et l'Angleterre, où il est décédé, et doit sa célébrité à son roman ‘’Les filles de la pluie’’ (Grasset 1912), scènes de la vie ouessantine, qui lui valut le prix Goncourt.

Un roman de mœurs prenant
Ce roman publié en 1912 et récompensé par le prix Goncourt, suscita à cette époque, quelques polémiques. Il lui était reproché des généralisations un peu hâtives, lorsqu'il décrivait les mœurs des Ouessantines. Il faut y voir une protestation contre un état des choses que l'auteur jugeait funeste à l'île lointaine et si belle : la présence d'hommes de troupe lâchés sans contrôle au milieu de filles innocentes, avec les conséquences que l'on devine.

  "L 'auteur l’aperçut pour la première fois du haut de la pointe Saint-Mathieu. C'était à l’époque où les constructions massives du sémaphore et du poste de la télégraphie sans fil n'avaient pas encore défiguré cet endroit unique. Le roc, dominant les eaux, bardé de la frêle architecture de son abbaye en ruines, s'élançait vers l'Océan comme un chevalier du moyen âge, dans un vain et prestigieux défi. Il y avait là, sous le soleil encore vibrant de la fin d'une après-midi d'été, une équipe de terrassiers qui entamaient devant l'antique édifice les premiers travaux de profanation. La chapelle, derrière laquelle se détachait la crudité blanche du phare, apparaissait comme un gîte délicieux de silence et d'ombre. Dans les allées de sa nef ajourée, le temps avait fait croître un tapis de gazon. Sous le porche, on entr'ouvrit une grille et trois adolescentes sortirent à pas lents, portant des cruches qu'elles allèrent emplir à la fontaine voisine. Des châles aux couleurs vives, orange, violet et carmin, couvraient leurs épaules sur lesquelles tombaient en masse leurs cheveux flottants."

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