samedi 31 décembre 2016

La disparition d'Agatha Christie - suite et fin






Le 14 décembre, 11 jours après la disparition, le maître d'hôtel du Swan Hydropathic Hotel de Harrogate, dans le North Yorkshire, reconnut parmi ses clientes la romancière dont tous les journaux publiaient la photo.
Prévenus par la police, le colonel Christie sauta dans le premier train pour Harrogate.

À son arrivée, on lui apprit que sa femme était là depuis 10 jours, qu'elle avait pris une belle chambre au premier étage, et qu'elle semblait normale et heureuse. Elle chantait, dansait, jouait au billard, lisait les journaux qui parlaient de sa disparition, bavardait avec les autres clients de l'hôtel, faisait des promenades.
Agatha était en train de lire un article la concernant lorsque son mari s'approcha d'elle. « On aurait dit qu'il était pour elle une vague connaissance, dont elle ne savait pas exactement qui il était », raconta le directeur de l'hôtel. « Elle souffre d'une perte complète de mémoire, déclara Archibald à la presse, et je crois qu'elle ne sait pas qui elle est. »
Les médecins confirmèrent par la suite qu'elle souffrait d'amnésie. Mais pour Ritchie-Calder, son comportement ne ressemblait guère à celui d'une amnésique : le jour de sa disparition, elle portait une robe de laine verte, une veste grise et un chapeau de velours, et elle n'avait que quelques livres sterling dans son sac. Lorsqu'on la retrouva, elle était élégamment vêtue et elle avait 300 livres sur elle. Elle s'était inscrite sous le nom de Teresa Neele (le nom de la maîtresse de son mari), et elle racontait qu'elle venait d'Afrique du Sud.
L'affaire laissa des traces, certaines déplaisantes, d'autres beaucoup moins. La presse monta en épingle le coût présumé de l'enquête ; 3000 livres selon elle.
Qui allait les payer ? Les contribuables du Surrey rendirent Agatha responsable de la forte augmentation des impôts qu'ils subirent cette année-là.
Son nouveau roman, "Les Quatre", fut accueilli fraîchement par la critique, mais ne s'en vendit pas moins à 9000 exemplaires, deux fois plus que "Le meurtre de Roger Ackroyd".
Et dès lors, les ventes de ces ouvrages n'allaient cesser d'augmenter.
Dans les années 1950, des tirages de ses livres excédaient les 50 000 exemplaires ; son ultime roman avec "Miss Marple", "La Dernière Enigme" (1976), fut tiré d'emblée à 60 000 exemplaires.
Les Christie divorcèrent en 1927, Archibald se remaria avec Nancy Neele, Agatha épousa le professeur sir Max Maalowan en 1930.
Jusqu'à la fin de ses jours, elle refusera de parler de sa disparition, elle n’accordera des interviews qu'à la condition que le sujet ne soit pas abordé.
Sa biographe, Janet Morgan, accepte la thèse d'une dépression nerveuse suivie d'une amnésie. On a pourtant quelques peines à la croire : d'où venait l'argent qu'elle avait à Harrogate ?
Pourquoi s'est-elle inscrite sous le nom de la maîtresse de son mari ? Une personne souffrante d'une amnésie aussi grave peut-elle avoir un comportement en apparence normal, lire les articles concernant sa propre disparition, regarder ses propres photos, sans s'interroger sur son identité ?
Ritchie-Calder, qui l'a bien connue, reste convaincu que « sa disparition avait été soigneusement organisée, comme les intrigues de ses romans policiers ». Un téléfilm produit après sa mort a fait de sa disparition un élément d'un complot visant à assassiner Nancy Neele.
Une chose reste certaine, l'affaire de la romancière disparue a largement contribué à faire d'Agatha Christie l'auteur anglais le plus lu au monde après Shakespeare.
A la fin de sa vie, Agatha écrivit son autobiographie en indiquant qu’elle ne serait publiée qu’après sa mort. Décédée en 1976, c’est l’année suivante que le livre fut publié et tous les amateurs s’attendaient à ce que soit enfin révélé le fameux secret  de sa disparition. Grosse déception ! Pas une ligne pas un mot, rien qui donne la moindre explication. Le mystère restait entier...

1 commentaire:

  1. Hi hi j'adore qu'elle se soit inscrite sous le nom de la maîtresse de son (très beau) mari une preuve de son humour (du moins j'espère) en tous cas une de mes romancières préférées quand j'ai découvert "10 petits nègres" pendant des vacances de mon enfance, mon frère l'avait emprunté à la bibliothèque de son collège pour une raison obscure et j'en ai profité !!

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