vendredi 26 juin 2020

Jean Cocteau - La Belle et le Bête -


Pour l'offrir à sa fille, le père de la Belle cueille, sans le savoir, une rose appartenant au jardin de la Bête, qui s'en offense. Afin de sauver son père, la Belle accepte de partir vivre au château de la Bête.
Tout le monde, ou presque, connaît l’argument du film, le meilleur, de Jean Cocteau.
 En pleine mode réaliste, La Belle et la Bête crée la surprise et remporte un immense succès. Jean Cocteau, qui signe ici son film le plus populaire, le définissait lui-même comme "un rêve dormi debout".
Le film se tourna dans l'après-guerre, où les conditions de travail n'étaient pas des plus confortables. L'équipe connut notamment des difficultés à trouver de la pellicule et souffrit de la restriction d'électricité, des pannes de courant ou encore de l'absence de lumière de studio. Elle dépendait le plus souvent de la lumière du jour. Jean Cocteau insistait d'ailleurs pour filmer sous toutes les conditions dans le but d'"évoquer la beauté qui vient par hasard". Lorsque la scène nécessitait plus d'éclairage, on utilisait des torches et des arcs de magnésium.
Le monde de Belle n'est pas photographié de la même façon que celui de la Bête. Les extérieurs du premier sont largement éclairés car réels. Et ses intérieurs sont influencés par les peintures des maîtres flamands et hollandais, surtout celles de Vermeer. Le monde de la Bête, sombre et mystérieux, se réfère quant à lui aux gravures de Gustave Doré, qui illustra notamment les contes de Perrault. "Je faisais mon film sous son signe", déclara Jean Cocteau.
Les scènes de la maison de Belle furent tournées au Manoir de Rochecorbon en Indre-et-Loire, et les extérieurs du château de la Bête au Château de Raray près de Senlis.
Jean Marais était mobilisé à l'époque mais Jean Cocteau obtint du général Leclerc une permission spéciale pour que l'acteur puisse tourner. Jean Marais devait en contrepartie signer toutes les semaines une feuille de présence aux Invalides à Paris. Il rejoignit sa division en Allemagne à la fin du tournage. 
 
Jean Marais imaginait au départ une Bête à tête de cerf mais Christian Bérard, le chef décorateur, lui démontra que la Bête devait effrayer, et ne pouvait être en conséquence un herbivore mais un carnivore. Le masque a été confectionné par un perruquier. Chaque poil était monté sur une toile de tulle divisée en trois parties que l'on collait sur le visage du comédien. Le maquillage, très pénible, prenait cinq heures chaque jour : trois heures pour le visage et une heure pour chaque main. Certaines dents furent recouvertes de vernis noir pour leur donner un aspect pointu, et les canines pourvues de crocs tenus par des crochets en or. Ainsi déguisé, Jean Marais put seulement se nourrir de purées et de compotes durant le tournage.
Jean Cocteau souffrait depuis plusieurs mois de graves affections de la peau qui ne s'arrangèrent pas sur le tournage. La lumière des projecteurs le blessait et il travaillait avec un chapeau sur lequel on fixait un linge noir percé de deux trous pour les yeux. Un médecin exigea qu'on l'hospitalise au plus vite à Pasteur car il pouvait mourir sous quarante-huit heures d'un empoisonnement du sang. Jean Cocteau accepta et fut sauvé par une injection de pénicilline. Elle avait spécialement été importée de New York car il n'y en avait pas en France à cette époque. Cocteau a dit qu’il avait été puni par Dieu pour ce qu’il avait fait supporter à Jean Marais en lui faisant porter ce masque.
Avant d'être mondialement reconnu et d'avoir créé un véritable empire de la mode sous son nom, le couturier Pierre Cardin a fait ses preuves sur le tournage de La Belle et la Bête sous la houlette du chef costumier Christian Bérard et a réalisé pour le film de nombreux costumes et masques. 
Dans la vidéo suivante l'accent est mis sur la Bête avec quelques scènes significatives. On remarquera le fort impact physique, voir sexuel, de la Bête comparé à la ''fadeur'' du prince charmant...

 

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