dimanche 25 septembre 2022

La mort à Venise


 

Du fond de ma nuit grise

Je repense à Venise

A cette ombre marchant le long du grand Canal

Travestie et masquée. Un soir de carnaval.

Je suivais à deux pas

De calle en piazza

Elle dansait en marchant

Entraînant son amant

Dans une tarentelle

Légère et sensuelle

Le jeu lui plaisait bien et j'étais consentant.

 

Elle se réfugia au fond d'une encoignure

Tandis que j'approchais elle se colla à moi

et me dit d'une voix trop grave''embrasse moi''

Je baisais cette bouche rouge comme une blessure

Dans un accès de fièvre

J'ai eu le sentiment en embrassant ces lèvres

De baiser celles

De tous ceux, toutes celles

Que je n'ai jamais eus

Et que je n'aurais plus

Colombine masculine

Arlequin féminin

Marquise ou bien marquis

Peu m'importe qui est qui

''Mon masque tient

Garde le tien

Car j'aimerais demain ne pas te reconnaître

Dans Venise ce soir seul l'amour règne en maître

Alors qui que tu sois

Aime moi''

Un sombre spadassin une dague à la main

Sorti de nulle part  lui transperça le cœur

''Non ! Tu n'aimeras plus  ni ce soir ni demain''

Et partit en courant en criant sa douleur.

Elle se détacha tout doucement de moi

Et tomba sur le sol dans un froissement de soie...

 

Immobile

En haut du Campanile

La lune s'est noyée dans ce sang qui se fige

Au bord du grand Canal je fus pris d'un vertige

Une ombre me saisit par la main

''Non pas ce soir

Viens chanter aimer et boire

Tu pleureras demain''

Et j'entrais dans la farandole

Au loin une gondole

Glissait dans la nuit noire de Venise la folle.

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