Du
fond de ma nuit grise
Je
repense à Venise
A
cette ombre marchant le long du grand Canal
Travestie
et masquée. Un soir de carnaval.
Je
suivais à deux pas
De
calle en piazza
Elle
dansait en marchant
Entraînant
son amant
Dans
une tarentelle
Légère
et sensuelle
Le
jeu lui plaisait bien et j'étais consentant.
Elle
se réfugia au fond d'une encoignure
Tandis
que j'approchais elle se colla à moi
et
me dit d'une voix trop grave''embrasse moi''
Je
baisais cette bouche rouge comme une blessure
Dans
un accès de fièvre
J'ai
eu le sentiment en embrassant ces lèvres
De
baiser celles
De
tous ceux, toutes celles
Que
je n'ai jamais eus
Et
que je n'aurais plus
Colombine
masculine
Arlequin
féminin
Marquise
ou bien marquis
Peu
m'importe qui est qui
''Mon
masque tient
Garde
le tien
Car
j'aimerais demain ne pas te reconnaître
Dans
Venise ce soir seul l'amour règne en maître
Alors
qui que tu sois
Aime
moi''
Un
sombre spadassin une dague à la main
Sorti
de nulle part lui transperça le cœur
''Non !
Tu n'aimeras plus ni ce soir ni demain''
Et
partit en courant en criant sa douleur.
Elle
se détacha tout doucement de moi
Et
tomba sur le sol dans un froissement de soie...
Immobile
En
haut du Campanile
La
lune s'est noyée dans ce sang qui se fige
Au
bord du grand Canal je fus pris d'un vertige
Une
ombre me saisit par la main
''Non
pas ce soir
Viens
chanter aimer et boire
Tu
pleureras demain''
Et
j'entrais dans la farandole
Au
loin une gondole
Glissait
dans la nuit noire de Venise la folle.
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