lundi 18 novembre 2019

Opéra - Y avait-il une vie avant Pavarotti? Franco Corelli

Certains, beaucoup, considèrent Franco Corelli comme le plus grand ténor de la deuxième partie du XXème siècle.
Interrogé un jour sur le si bémol de la fin de l’aria « Celeste Aida », Nikolaus Harnoncourt déclara que la nuance ‘’diminuando morendo’’ (diminué en mourant) indiquée par Verdi relevait d’un sadisme de compositeur et que les chefs d’orchestre devaient admettre que cette nuance était, en pratique, impossible à exécuter pour la majorité des ténors. Franco Corelli n’appartenait pas à cette majorité. Son  morendo est non seulement parfait techniquement, mais il est expressif : il justifie la demande de Verdi.  
 Dieu sait pourtant si l’on moqua, en son temps, les effets vocaux de Corelli. Les « smorzandi » ( synonyme de diminuando) qu’il avait tendance à faire valoir sur l’aigu, ne se comparaient qu’à sa propension à tenir pendant treize secondes des notes qui pouvaient aussi bien n’en durer que trois. Et cela sans même parler des fameux « sanglots » qu’il saupoudrait un peu partout comme pour ajouter au pathos des situations. Tout cela est parfaitement illustré dans ‘’E lucevan le stelle’’ de Tosca.
Les critiques, de moins en moins nombreux avec le temps, faisaient la fine bouche devant ces excès vocaux. Mais Franco Corelli enthousiasmait les foules. Dans ‘’E lucevan le stelle’’ je vous fais grâce des 4 minutes d’applaudissements qui suivent,,,
Longtemps, ces prouesses techniques mêlées d’accommodements avec le solfège tempérèrent l’exemplarité de Corelli. Peut-être ces limites imposées à son rayonnement furent-elles aussi, pour les doctes observateurs, l’expression d’une pudeur. Pudeur face à l’évidence presque gênante, presque indécente, presque obscène : quand Corelli parut, il devint aussitôt indispensable.

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