mardi 19 juin 2018

Le livre de poche - Petite histoire - 1


Tout le monde dans sa vie a acheté, ou lu, au moins un livre de poche. Créée en 1953 cette collection a été une véritable révolution commerciale et intellectuelle.
A la sortie de la guerre, à la fin des années 40, le livre est un produit cher. Et on assiste à une forte demande populaire et estudiantine d'un livre bon marché. En 1949 le prix du papier explose. Henri Filipacchi, alors secrétaire général de la librairie Hachette, flaire le bon coup. Il réussit à convaincre ses amis éditeurs Albin-Michel, Calmann-Levy, Grasset et Gallimard de devenir les pères fondateurs du ’’Livre de Poche’’.
Grâce à un papier en bobines peu coûteux, à une nouvelle machine, le perfect binder, qui fabrique un brochage résistant avec le dos du volume collé et non plus cousu, et à une couverture recouverte d'un vernis transparent qui la rend résistante, un livre désacralisé donc, présenté sous des couvertures attractives, rappelant les affiches de cinéma, mais néanmoins véhicule d'une littérature de qualité.
Avec toutes ces modifications en 1953, Le Livre de poche est six fois moins cher qu'un ouvrage grand format.
C’est en février 1953 que paraissent les premiers « Livre de Poche », Koenigsmark de Pierre Benoit (le n°1), L’Ingénue libertine de Colette, Les Clefs du royaume d’A.J. Cronin, Pour qui sonne le glas d’Hemingway… Ils valent alors deux francs, soit à peine plus que le prix d’un quotidien, un peu moins que celui d’un magazine. Les débuts de cette nouvelle collection – qui deviendra une nouvelle manière de lire, démocratique et décontractée – sont modestes, et l’accueil du public, réticent : ne « braderait »-on pas la littérature ?
Les réactions négatives ne manquent pas ; à commencer par les libraires qui voient d’un mauvais œil ces livres en tourniquet en libre service à l’entrée de leur magasin… Des intellectuels, certains , s’en mêlent. Ils y voient une sous-culture, parlent d’une ‘’culture de poche’’, d’une ‘’entreprise mystificatrice puisqu'elle revient à placer entre toutes les mains les substituts symboliques de privilèges éducatifs et culturels’’… Même J.P. Sartre s’interroge «Les livres de poche sont-ils de vrais livres ? Leurs lecteurs sont-ils de vrais lecteurs?».
Autant en emporte le vent, le succès est là ! Les chiffres s’emballent :
- Plus de 8 000 titres au catalogue ( avec les déclinaisons des différentes collections)
- 400 nouveautés par an
- 1 000 titres réimprimés chaque année
- Plus de 15 millions d’exemplaires vendus chaque année aujourd’hui
- Plus d’un milliard de volumes vendus depuis 1953.
L’ouvrage le plus vendu est Le Grand Meaulnes d’Alain-Fournier (5 millions d’exemplaires) suivi de Vipère au poing (plus de 4 millions). L’auteur le plus vendu est Agatha Christie (40 millions de volumes) suivie d’Emile Zola (22 millions). Et l’on dit que les français ne lisent plus… Alors qu’on nous laisse tranquille avec la simplification de l’orthographe et l’écriture inclusive.
Je me suis amusé à regarder ce que cache, ou révèle cette institution. Je me suis limité aux 1000 premiers numéros. Du n°1 Koenigsmark au n°1000 Le Grand Meaulnes.


 










L’étude n’est pas universitaire. C’est juste le plaisir de fouiller dans mes chers livres.
Donc à demain : Le livre de poche du N°1 au N° 1000

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire