jeudi 4 août 2016

Mon film de la semaine - Tables séparées - Delbert Mann - 1958

Je gardais de ce film, un souvenir doux, mélancolique, un peu triste. Je l'ai revu ces jours-ci et il tient le coup, son charme s'est à peine évaporé.
Cela tient à son histoire, qui comme dans notre théâtre classique respecte la règle des trois unités de lieu, de temps et d'action., ce qui renforce le drame.
Dans une station balnéaire du sud de l'Angleterre, quelques pensionnaires ont élu résidence dans une pension de famille qui l'espace d'une journée va devenir un huis-clos étouffant de non-dits et de frustrations.
En effet ce film sent son théâtre à plein nez. Son auteur, Terence Rattigan, a été considéré comme un des auteurs dramatiques britannique le plus important du XXème siécle et a été un temps le scénariste le mieux payé d'Hollywood. Burt Lancaster, qui avait racheté les droits de la piéce lui a d'ailleurs demandé d'écrire le scénario.
Au départ le film devait être réalisé par Laurence Olivier, Burt Lancaster jouant le rôle du major anglais et Vivien Leigh celui de la vieille fille frustrée. A la suite de brouilles multiples les cartes sont redistribuées. Delbert Mann réalisera et les rôles principaux seront tenus par un carré d'as somptueux David Niven, Deborah Kerr, Burt Lancaster et Rita Hayworth.
David Niven gagnera un oscar, impeccable en vieux major retraité, probablement puceau, dont les mensonges et la révélation des attouchements sexuels pitoyables dans les cinémas vont faire voler en éclats une assurance un peu vaine.
Au grand dam de Sybil, une jeune fille timide, vierge absolument vierge, frustrée et dominée par une mère castratrice, désespérément amoureuse du major et détruite par la révélation du scandale.
En face d'eux, le couple Burt Lancaster - Rita Hayworth.
Burt Lancaster, écrivain à la dérive, s'est réfugié dans cette maison de famille pour oublier ses souvenirs dans l'alcool et au près de la maîtresse de maison, mais son passé va resurgir avec l'apparition son ex femme, qui effrayée par la solitude, la fuite du temps, l'approche de la vieillesse, vient tenter de retrouver l'amour de son mari. Sublime Rita Hayworth. Courageuse et terrible mise en abîme pour celle qui voit venir le déclin de sa carrière et les premières attaques de la maladie d'Alzheimer.
Le film se termine par une très belle scène au petit déjeuner dans la salle à manger où chacun à sa table séparée et où peu à peu les tabous tombent, les mots impossibles à évoquer se libèrent. Tout a peut-être une chance de prendre un cours normal. Et Rita Hayworth repartira seule vers son destin londonien...
Si vous avez l'occasion de voir ou revoir ce film n'hésitez pas une seconde...

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