lundi 13 août 2018

Le Visage sur le mur - suite et fin

 
 
L’enfant se réveilla de son sommeil pour tomber dans son rêve. Tout était si réel. Le Visage était sorti du mur et s’avançait vers lui en flottant dans l’espace de la chambre. Mais il n’était pas seul. Tous les autres visages s’étaient détachés du papier peint et planaient au-dessus de son lit. La peur lui plombait le corps, bras et jambes immobilisées ! Seule sa tête pouvait encore bouger. Pour dire non en se balançant de façon désespérée de droite à gauche, mais sa bouche était muette. Le visage était maintenant au-dessus du sien à quelques centimètres, et tous ses frères étaient autour de lui ! Ses yeux jaunes n’étaient plus que deux fentes et sa bouche aux dents pointues s’ouvrait sur un gouffre noir. L’enfant tétanisé avait le sentiment qu’il étouffait. L’air ne pouvait plus entrer dans ses poumons. Seul un cri aurait pu le sauver et il ne pouvait pas crier. Ses poumons allaient exploser. Il eut le sentiment de mourir.
La mère entendit le cri de l’enfant. Quinze secondes après elle était dans sa chambre. Il était assis dans son lit en larmes, trempé de sueur, haletant et le souffle court. La mère le prit dans ses bras et le consola. ‘’ Ce n’était qu’un mauvais rêve mon chéri. Là, tout va bien c’est fini. Rendors-toi. Je reste à côté de toi.’’ L’enfant, apaisé, se rendormit. La présence de la mère tint le Visage éloigné de l’enfant pour le reste de la nuit.
Le lendemain, c’est vers le milieu de l’après-midi que l’angoisse prit possession de l’enfant. Elle ne le quitta pas une seconde jusqu’au moment de son coucher. L’enfant ne demanda pas à la mère de venir l’embrasser dans son lit. Cela était inutile. Il aurait fallu qu’elle dormît avec lui, ce qu’elle n’aurait jamais accepté. Il se résigna donc à affronter seul le Visage. Son combat fut aussi vain que la veille. La cohorte des visages était au rendez-vous. Mais lui, le Visage, avait encore grandi. Il avait maintenant des bras immenses, des mains larges aux doigts épais, terminés par des ongles longs comme des poignards et affutés comme des rasoirs. L’enfant le voyait avancer vers lui les bras tendus comme pour une embrassade mortelle. Mais cette fois l’enfant put se lever de son lit et se mettre à courir, mais comme on court dans un rêve. Les jambes engluées dans de la vase, les pieds avalés comme dans des sables mouvants. Le torse tendu vers l’avant, il tirait sur ses bras pour tenter de se dégager. Il s’épuisait en vain. Le Visage gagnait du terrain. Bientôt il eut son souffle sur sa nuque. Il vit son bras se détendre et ressentit les griffes le frapper aux reins. La douleur, terrible, le réveilla.
Il était couché sur le dos, les bras en croix, les couvertures repoussées au pied du lit. Il haletait et avait le souffle court. Mais rien de comparable aux nuits précédentes. Il éprouvait une sorte de bien-être inconnu. Il resta un moment immobile pour savourer cet instant si particulier. En se tournant pour allumer la veilleuse il sentit que son pantalon de pyjama était mouillé. Il y glissa sa main. Son sexe et son bas-ventre étaient humides. Mais ce n’était pas du pipi. Ca ressemblait plutôt à quelque chose comme de la crème liquide, légèrement visqueuse. Il sentit ses doigts ; ça avait une odeur un peu saumâtre. Son sexe était brûlant. Il ne savait pas ce qui venait de se passer, mais il sentait bien que c’était important, qu’il était au bord d’un grand mystère. Il retira son pantalon et se mit à essuyer son ventre et son sexe. La douceur du contact du tissu sur son sexe sensible lui fit ralentir les mouvements. Il sentit peu à peu son sexe grossir et se durcir. Ça lui était déjà arrivé, mais jamais à ce point-là. Maintenant il fallait aller au-delà. Son intuition lui fit rejeter le pyjama et saisir son membre à pleine main. Ses mouvements s’accélérèrent. Il sentit rapidement qu’il se passait quelque chose au fin fond de son bas-ventre. Ses jambes étaient tétanisées, les muscles de son ventre tendus à l’extrême. Ses mouvements étaient de plus en plus rapides. Et brusquement ce fut comme si une digue avait lâché. Un torrent brûlant venant de l’intérieur avait jailli de son sexe en longues giclées. Trois, quatre, cinq. Chacune suivie d’un spasme lui tordant le corps. Il se retint de crier. C’était trop intime, ça ne regardait que lui. Les yeux clos, il reprit peu à peu son souffle essayant de comprendre ce qui venait de lui arriver. Ca ne ressemblait à rien de ce qu’il connaissait, il ne savait pas si c’était bien ou mal, mais c’était…génial. Il se promit d’en parler demain à son ami Pierre. Il avait quelques mois de plus que lui et il savait qu’il pouvait lui faire confiance. Ils avaient déjà fait des ‘’choses’’ ensemble deux fois ! Il ramassa parterre le pantalon de pyjama pour s’essuyer à nouveau. Puis il se glissa doucement dans la salle bain pour mettre le vêtement taché dans la machine à laver à moitié pleine. Demain la mère ne s’apercevrait de rien. Puis il retourna se coucher les jambes un peu molles. Il ramena les couvertures sur lui. Il jeta un coup d’œil sur le mur en face de lui. Le Visage s’était fondu à nouveau dans les motifs du papier peint. L’enfant éteignît la veilleuse sans crainte et la main sur le sexe s’endormît pour une fin de nuit sans rêve !
Le lendemain il ne parla de rien à personne, mais il passa plus d’une heure plongé dans le grand Larousse illustré où de mot en mot d’article en article il apprit le minimum de ce qu’il devait savoir ; et c’était déjà énorme. Le soir la mère n’eut pas besoin de lui dire de monter se coucher. Il monta dans sa chambre après un détour dans la cuisine pour prendre un rouleau de sopalin. Il n’eut pas un regard pour le mur en face de son lit.

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