mercredi 20 juillet 2016

Le travail c'est la santé? Hummm ! Qu'en pense notre ami Robert?


Le Robert, dictionnaire historique de la langue française. Mieux et plus qu'un dictionnaire, La Bible, Le livre, La référence absolue pour tous les amoureux des mots et de la langue française. Et il n'y manque pas un accent circonflexe.

Travailler est issu (1080) d'un latin populaire °tripaliare, littéralement « tourmenter, torturer avec le “trepalium” », du bas latin trepalium, nom d'un instrument de torture.
P. Guiraud invoque un croisement entre trepalium et le roman trabiculare de trabicula « petite poutre ». Trabicula a pu désigner le chevalet de la question et °trabiculare signifier « torturer » et « travailler », c'est-à-dire supporter une charge comme le chevalet

En ancien français, et toujours dans l'usage classique, travailler signifie « faire souffrir » physiquement ou moralement, intransitivement « souffrir » (XIIe s.) et se travailler « se tourmenter » (XIIIe s.). Il s'est appliqué spécialement à un condamné que l'on torture (v. 1155), à une femme dans les douleurs de l'enfantement (v. 1165 ), à une personne à l'agonie (v. 1190) .

Par ailleurs le verbe a signifié « molester (qqn) » (1249), puis «endommager (qqch.) » (XVe s.) et encore « battre (qqn) » (XVIIe s. ; 1636, travailler sur qqn) à l'époque classique, d'où travailler les côtes à qqn (1793, travailler les côtelettes) qui pourrait encore se dire, et en boxe travailler (l'adversaire) au corps (XXe s.). 
Le verbe s'est aussi employé pour « agiter (l'eau d'un fleuve, etc.) » (v. 1270), d'où l'intransitif travailler « être agité » (v. 1709), encore représenté avec une valeur abstraite ( travailler du chapeau).

Cependant, dès l'ancien français, plusieurs emplois impliquent l'idée de transformation acquise par l'effort ; se travailler « faire de grands efforts » (v. 1155), avec une valeur concrète et abstraite, se maintient jusqu'au XIXe s., précédant travailler à « exercer une activité qui demande un effort » (v. 1200) ; travailler un cheval « le soumettre à certains exercices » (1373) est encore en usage au XIXe siècle.

Cependant, en moyen français, l'idée de transformation efficace l'emporte sur celle de fatigue ou de peine. Le verbe se répand aux sens de « exercer une activité régulière pour assurer sa
subsistance » (1534), d'où faire travailler « embaucher » (1581). À partir du XVIIIe s., le verbe peut avoir pour sujet le nom d'une force productive ou d'une entreprise en fonctionnement (1723).
Au XVIe s., il a aussi le sens de « rendre plus utilisable », d'abord à propos d'un ouvrage de l'esprit (1559, travailler le style). Travailler à qqch. signifie (fin XVIe s.) « participer à son exécution ». Le verbe, employé absolument, s'est dit en argot pour « voler » (1623), puis « assassiner » (1800) et « se prostituer » (1867), spécialisations de l'idée de travail professionnel dans un contexte d'illégalité.

Dans le même usage populaire, l'idée de « dérangement cérébral » est exprimée par celle de « travail mental » dans des expressions du type travailler du chapeau (1932), suivi par des équivalents (...du canotier, du bigoudi, de la touffe).

Le déverbal  TRAVAIL, TRAVAUX n. m. (v. 1130) présente le même type de développement sémantique que le verbe : jusqu'à l'époque classique, il exprime couramment les idées de tourment (v. 1140), de peine (v. 1130) et de fatigue. Il se dit spécialement des douleurs de l'enfantement (v. 1462) et aujourd'hui dans quelques expressions en médecine comme salle de travail et femme en travail.

Le pluriel travaux s'est spécialisé à l'époque classique (1611) pour parler d'entreprises difficiles et périlleuses.
Ce pluriel entre dans les syntagmes travaux forcés (1795 ; 1768, travail forcé) désignant en droit pénal la sanction qui succède aux galères, et travaux publics, autrefois (1727) « peine correctionnelle », puis spécialisé pour « constructions, travaux de voirie... ».
En français d'Afrique, l'expression travail forcé s'appliquait à l'époque coloniale aux travaux imposés par l'administration coloniale, souvent non rémunérés.
À la même époque, le singulier commence à s'appliquer à l'activité d'une machine, au fonctionnement d'un organe (1790) et à l'action d'une cause naturelle aboutissant à une transformation (1783), développant l'emploi abstrait (av. 1850, le travail du temps) dont procède la valeur du mot en
psychanalyse (XXe s., travail du rêve, travail du deuil, traduction de Freud).
Au XIXe s., le mot désigne l'activité humaine organisée à l'intérieur du groupe social et exercée régulièrement (1803). Par métonymie, le travail est appliqué à l'ensemble des travailleurs (1877) et spécialement aux
travailleurs salariés des secteurs agricole et industriel, alors opposé à capital (pour « ensemble des capitalistes »). On parle ainsi du monde du travail.

Au XIIIè siècle le mot ''travailleur'' signifie ''celui qui fait souffrir'' (mot appliqué au bourreau) et ''celui qui veut du mal à quelqu'un''.

Quant à ''travailleuse'' qui a désigné un petit meuble pour les travaux de dames (1830, Balzac), l'argot l'a repris avec l'un des sens populaires pour « prostituée ».

Ce qui donne tout son sel à l'entame des discours d'Arlette Laguillier ''Travailleurs, travailleuses'' qui n'incite pas vraiment à l'euphorie... Là c'est moi qui cite. Pas Robert...

Alors, le travail c'est vraiment la santé ??? A vous de voir.



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