dimanche 15 juillet 2018

Le roi de fer - 2ème partie - ch 5 - La route de Neauphle

V
LA ROUTE DE NEAUPHLE

  Il fut réveillé par une main qui lui pesait doucement sur l’épaule. Il faillit prendre cette main et la presser contre son visage… Ouvrant l’œil, il vit, au-dessus de lui, l’abondant poitrail et le visage souriant de dame Eliabel. 
  — Avez-vous bien dormi, messire ? 
  Il faisait grand jour. Guccio, un peu embarrassé, assura qu’il avait passé une excellente nuit, et qu’il voulait se hâter maintenant de faire toilette. 
  — C’est honte que d’être ainsi devant vous, dit-il. 
  Dame Eliabel appela le paysan boiteux qui, la veille, avait servi à table ; elle lui commanda de ranimer le feu, et aussi d’apporter un bassin d’eau chaude et des « toiles », c’est-à-dire des serviettes. 
  — Autrefois, nous avions au château une bonne étuve avec une chambre à bains et une chambre à suer. Mais tout y tombait en pièces, car elle datait de l’aïeul de mon défunt, et nous n’avons jamais eu assez pour la remettre en état. Aujourd’hui, elle sert à remiser le bois. Ah ! La vie n’est point aisée pour nous, gens de campagne ! 
  « Elle commence à prêcher pour la créance », pensa Guccio. Il se sentait la tête un peu lourde des boissons du dîner. Il demanda nouvelles de Pierre et Jean de Cressay ; ils étaient partis pour la chasse dès l’aube. Plus hésitant, il s’enquit de Marie. Dame Eliabel répondit que sa fille avait dû se rendre à Neauphle pour quelques achats de ménage.   
  — J’y vais tout à l’heure, dit Guccio. Si j’avais su, j’aurais pu la conduire sur mon cheval et lui éviter la peine du chemin. 
  Il se demanda si la châtelaine n’avait pas fait exprès d’éloigner toute sa famille pour demeurer seule avec lui. D’autant que lorsque le boiteux eut apporté le bassin, dont il répandit un bon quart sur le sol, dame Eliabel resta là, chauffant les toiles devant le feu. Guccio attendait qu’elle se retirât. 
  — Lavez-vous donc, mon jeune messire, dit-elle. Nos servantes sont si balourdes qu’elles vous écorcheraient en vous séchant. Et c’est bien le moins que j’aie soin de vous. 
  Bredouillant un remerciement, Guccio se résolut à se mettre nu jusqu’à la taille ; évitant de regarder la dame, il s’aspergea d’eau tiède la tête et le torse. Il
était assez maigre, comme on l’est à son âge, mais bien tourné dans sa petite taille. « Encore heureux qu’elle ne m’ait point fait porter une cuve où j’aurais dû tout entier me dépouiller sous ses yeux. Ces gens de campagne ont de curieuses façons. » 
  Quand il eut fini, dame Eliabel vint à lui avec les serviettes chaudes, et se mit à l’essuyer. Guccio pensait qu’en partant vite, et en poussant un temps de galop, il aurait des chances de rattraper Marie sur la route de Neauphle ou de la retrouver dans le bourg. 
  — Quelle jolie peau vous avez, messire, dit soudain dame Eliabel d’une voix qui tremblait un peu. Les femmes pourraient être jalouses d’une aussi douce peau… et j’imagine qu’il en est beaucoup qui doivent en être friandes. Cette belle couleur brune doit leur sembler plaisante. En même temps, elle lui caressait le dos, du bout des doigts, tout le long des vertèbres. Cela chatouilla Guccio qui se retourna en riant. Dame Eliabel avait le regard troublé, la poitrine agitée, et un singulier sourire lui modifiait le visage. Guccio enfila prestement sa chemise. 
  — Ah ! Que c’est belle chose, la jeunesse ! reprit dame Eliabel. À vous voir, je gage que vous la goûtez bien, et que vous faites profit de toutes les permissions qu’elle donne. Elle se tut un instant ; puis, du même ton, elle reprit : 
  — Alors, mon gentil messire, qu’allez-vous faire pour notre créance ? « Nous y voici », pensa Guccio. 
  — Vous pouvez bien nous demander ce qu’il vous plaît, continua-t-elle ; vous êtes notre bienfaiteur et nous vous bénissons. Si vous voulez l’or que vous avez fait rendre à ce coquin de prévôt, il est à vous, emportez-le ; cent livres, si vous voulez. Mais vous voyez notre état, et vous nous avez montré que vous aviez du cœur. 
  En même temps, elle le regardait lacer ses chausses. Ce n’était pas, pour Guccio, les bonnes conditions d’une discussion d’affaires. 
  — Celui qui nous sauve va-t-il être celui qui nous perd ? poursuivit-elle. Vous autres, gens de ville, ne savez point comme notre position est malaisée. Si nous n’avons point encore payé votre banque, c’est que nous ne le pouvions pas. Les gens du roi nous grugent ; vous l’avez constaté. Les serfs ne travaillent point comme par le passé. Depuis les ordonnances du roi Philippe, qui les encouragent à se racheter, l’idée de franchise leur travaille en tête ; on n’en obtient plus rien, et ces manants seraient tout près de se considérer de même race que vous et moi. 
  Elle marqua un léger arrêt, afin de permettre au jeune Lombard d’apprécier tout ce que ce « vous et moi » contenait de flatteur pour lui. 
  — Ajoutez à cela que nous avons eu deux mauvaises années pour les champs. 
  Mais il suffit, ce qu’à Dieu plaise, que la prochaine récolte soit bonne… Guccio, qui ne songeait qu’à partir à la recherche de Marie, essaya d’éluder. 
  — Ce n’est point moi ; c’est mon oncle qui décide, dit-il.  
  Mais déjà il se savait vaincu. 
  — Vous pourrez remontrer à votre oncle qu’il fait avec nous sage et sûr placement ; je lui souhaite de n’avoir jamais pires débiteurs. Donnez-nous encore une année ; nous vous payerons bien les intérêts. Faites cela pour moi ; je vous en aurai grandement gré, dit dame Eliabel en lui saisissant les mains. 
  Puis avec une légère confusion, elle ajouta : 
  — Savez-vous, gentil messire, que dès votre venue, hier… peut-être dame ne devrait point dire cela… je me suis senti de l’amitié pour vous, et qu’il n’est chose qui dépende de moi que je ne voudrais faire pour votre contentement ?… 
  Guccio n’eut pas la présence d’esprit de répondre : « Eh bien ! Remboursez donc votre dette et je serai content. » De toute évidence, la veuve paraissait plutôt prête à payer de sa personne, et l’on pouvait juste se demander si elle se disposait au sacrifice pour faire reculer la créance, ou si elle se servait de la créance pour avoir l’occasion de se sacrifier. 
  En bon Italien, Guccio pensa que la chose serait plaisante de séduire à la fois et la fille et la mère. Dame Eliabel avait encore des charmes ; ses mains dodues ne manquaient pas de douceur, et sa gorge, tout abondante qu’elle fût, semblait avoir conservé de la fermeté. Mais ce ne pouvait être qu’un amusement de surcroît, et qui ne valait pas de manquer l’autre proie. Guccio se dégagea des empressements de dame Eliabel, en l’assurant qu’il allait s’efforcer d’arranger l’affaire ; mais il lui fallait courir à Neauphle, et en conférer avec ses commis. Il sortit dans la cour, pressa le boiteux de seller son cheval, et partit pour le bourg. 
  Point de Marie sur le chemin. Tout en galopant, Guccio se demandait si vraiment la jeune fille était aussi belle qu’il l’avait vue la veille, s’il ne s’était pas mépris sur les promesses qu’il avait cru lire dans ses yeux, et si tout cela, qui n’était peut-être qu’illusions de fin de dîner, méritait tant de hâte. Car il existe des femmes qui, lorsqu’elles vous regardent, semblent se donner à vous dans le premier instant ; mais c’est leur air naturel ; elles regardent un meuble, un arbre, de la même façon et, finalement, ne donnent rien du tout… 
  Guccio n’aperçut pas Marie sur la place de Neauphle. Il jeta un coup d’œil sur les rues avoisinantes, entra dans l’église, n’y resta que le temps d’un signe de croix, puis se rendit au comptoir. Là, il accusa les commis de l’avoir mal renseigné. Les Cressay étaient gens de qualité, tout à fait honorables et solvables. Il fallait prolonger leur créance. Quant au prévôt, c’était une franche canaille… 
  Tout en parlant, Guccio ne cessait de regarder par la fenêtre. Les employés hochaient la tête en contemplant ce jeune fou qui se déjugeait du lendemain sur la veille, et ils pensaient que ce serait grande pitié si la banque lui tombait tout à fait entre les mains. 
  — Il se peut que je revienne assez souvent ; ce comptoir a besoin d’être surveillé, leur dit-il en guise d’adieu. 
  Il sauta en selle, et les cailloux volèrent sous les fers de son cheval. « Sans doute a-t-elle emprunté un sentier de raccourci, se disait-il. Je la rejoindrai au château, mais il sera malaisé de la voir seule…» 
  Peu après la sortie du bourg, il distingua une silhouette qui se hâtait vers Cressay, et il reconnut Marie. Alors, brusquement, il entendit que les oiseaux chantaient, il découvrit que le soleil brillait, qu’on était en avril, et que de petites feuilles tendres couvraient les arbres. À cause de cette robe qui avançait entre deux prairies, le printemps, auquel Guccio depuis trois jours n’avait pas accordé attention, venait de lui apparaître. Il ralentit son cheval en arrivant à la hauteur de Marie. Elle le regarda, pas tellement surprise de sa présence, mais comme si elle venait de recevoir le plus beau cadeau du monde. La marche lui avait coloré le visage, et Guccio reconnut qu’elle était plus belle encore qu’il n’en avait jugé la veille. Il s’offrit à l’emmener en croupe. Elle sourit pour acquiescer, et ses lèvres de nouveau s’entrouvrirent comme un fruit. Guccio fit ranger son cheval contre le talus, et se pencha, présentant à Marie son bras et son épaule. La jeune fille était légère ; elle se hissa lestement, et ils partirent au pas. 
  Un moment ils allèrent en silence. La parole manquait à Guccio. Ce hâbleur, soudain, ne trouvait rien à dire. Il sentit que Marie osait à peine se tenir à lui. Il lui demanda si elle était accoutumée à aller ainsi à cheval. 
  — Avec mon père ou mes frères… seulement, répondit-elle. 
  Jamais encore elle n’avait cheminé de la sorte, flanc contre dos, avec un étranger. Elle s’enhardit un peu et assura mieux son étreinte. 
  — Êtes-vous en hâte de rentrer ? demanda-t-il. 
  Elle ne répondit pas, et il engagea son cheval dans un sentier de traverse. 
  — Votre pays est beau, reprit-il après un nouveau silence ; aussi beau que ma Toscane. 
  Ce n’était pas seulement compliment d’amoureux. Guccio découvrait avec ravissement la douceur de l’Ile-de-France, ses collines, brodées de forêts, ses horizons bleutés, ses rideaux de peupliers partageant de grasses prairies, et le vert plus laiteux, plus fragile des seigles récemment levés, et ses haies d’aubépine où s’ouvraient des bourgeons gommeux. 
  Quelles étaient ces tours qu’on apercevait au lointain, noyées dans une brume légère, vers le couchant ? Marie eu beaucoup de peine à répondre que c’étaient les tours de Montfort-l’Amaury. Elle éprouvait un mélange d’angoisse et de bonheur qui l’empêchait de parler, qui l’empêchait de penser. Où conduisait ce sentier ? Elle ne le savait plus. Vers quoi la menait ce cavalier ? Elle ne le savait pas davantage. Elle obéissait à quelque chose qui n’avait pas encore de nom, qui était plus fort que la crainte de l’inconnu, plus fort que les préceptes enseignés et les mises en garde des confesseurs. Elle se sentait livrée entièrement à une volonté étrangère. Ses mains se crispaient un peu plus sur ce manteau, sur ce dos d’homme qui constituait en l’instant, au milieu du chavirement de tout, la seule certitude de l’univers. 
  Le cheval qui allait, rênes longues, s’arrêta de lui-même pour manger une jeune pousse. Guccio descendit, prit Marie dans ses bras et la posa sur le sol. Mais il ne la lâcha point et garda les mains autour de sa taille, qu’il s’étonna de trouver si étroite et si mince. La jeune fille demeurait sans bouger, prisonnière, inquiète, mais consentante, entre ces doigts qui l’enserraient. Guccio sentit qu’il fallait parler ; et ce furent les paroles italiennes pour exprimer l’amour qui lui vinrent aux lèvres :
  — Ti voglio bene, ti voglio tanto bene. 
  Elle parut les comprendre, tellement la voix suffisait à en donner le sens. À contempler ainsi Marie, sous le soleil, Guccio vit que les cils de la jeune fille n’étaient pas dorés comme il l’avait cru, ni ses cheveux vraiment blonds. Elle était une châtaine à reflets roux, avec une carnation de blonde et de grands yeux bleu foncé, largement dessinés sous le sourcil. D’où venait alors cet éclat doré qui émanait d’elle ? 
  D’instant en instant, Marie devenait pour Guccio plus exacte, plus réelle, et elle était parfaitement belle dans cette réalité. Il l’étreignit plus étroitement, glissa la main lentement, doucement le long de la hanche, puis du corsage, continuant d’apprendre la vérité de ce corps. 
  — Non… murmura-t-elle éloignant cette main. Mais comme si elle craignait de le décevoir, elle renversa un peu le visage vers le sien. Elle avait entrouvert les lèvres, et ses yeux étaient clos. Guccio se pencha vers cette bouche, vers ce beau fruit qu’il convoitait tant. Et ils restèrent ainsi de longues secondes, parmi le pépiement des oiseaux, les lointains aboiements des chiens, et toute la grande respiration de la nature qui semblait soulever la terre sous leurs pieds. Quand leurs lèvres se furent séparées, Guccio remarqua le tronc verdâtre et tordu d’un gros pommier qui croissait là, et cet arbre lui parut étonnamment beau et vivant, comme il n’en avait jamais vu de pareil jusqu’à ce jour. Une pie sautillait dans le seigle nouveau ; et le garçon des villes demeurait tout surpris de
ce baiser en plein champ. 
  — Vous êtes venu ; vous êtes enfin venu, murmura Marie.   
On eût dit qu’elle l’attendait depuis le fond des âges, depuis le fond des nuits. Elle ne le quittait plus du regard. Il voulut reprendre sa bouche, mais cette fois elle refusa.  
  — Non, il faut retourner, dit-elle. 
  Elle avait la certitude que l’amour était apparu dans sa vie, et pour l’instant elle était comblée. Elle ne souhaitait rien de plus. Quand elle fut de nouveau assise sur le cheval, derrière Guccio, elle passa les bras autour de la poitrine du jeune Siennois, posa la tête contre son épaule, et se laissa aller ainsi, au rythme de la monture, liée à l’homme que Dieu lui avait envoyé. Elle avait le goût du miracle et le sens de l’absolu. Pas un instant elle n’imagina que Guccio pût être dans une disposition d’âme différente de la sienne, ni que le baiser qu’ils avaient échangé pût avoir pour lui une signification moins grave que celle qu’elle y attachait. 
  Elle ne se redressa, et ne reprit le maintien qui convenait, que lorsque les toits de Cressay apparurent dans le val. Les deux frères étaient rentrés de la chasse. Dame Eliabel vit sans plaisir Marie revenir en compagnie de Guccio. Quoi qu’ils fissent pour ne rien laisser paraître, les jeunes gens avaient un air de bonheur qui donna du dépit à la grasse châtelaine et lui inspira des pensées de sévérité envers sa fille. Mais elle n’osa aucune remarque en présence du jeune banquier. 
  — J’ai fait rencontre de damoiselle Marie, et lui ai demandé de me montrer les alentours de votre domaine, dit Guccio. C’est belle terre que vous possédez. 
  Puis il ajouta : 
  — J’ai ordonné qu’on reporte votre créance à l’an prochain ; mon oncle, j’espère, m’approuvera. Peut-on rien refuser à si noble dame ! 
  Alors dame Eliabel gloussa et prit un air de discret triomphe. On fit à Guccio force remerciements ; pourtant, quand il annonça qu’il allait repartir, on n’insista pas trop pour le garder. Il était bien charmant cavalier, ce jeune Lombard, et il avait rendu grand service… mais on ne le connaissait guère, après tout. La créance était prolongée, c’était l’essentiel. Dame Eliabel n’aurait pas de mal à se persuader que ses charmes y avaient aidé. La seule personne qui désirait vraiment que Guccio restât ne pouvait ni n’osait rien dire. Pour dissiper la vague gêne qui s’installait, on força Guccio d’emporter un quartier du chevreuil que les frères avaient tué, et on lui fit promettre de revenir. Il promit, en regardant Marie.
  — Pour les intérêts de la créance, je reviendrai, soyez certains, dit-il d’un ton jovial qui voulait donner le change.   
  Son bagage bouclé, il se remit en selle. Le voyant s’éloigner en descendant vers la Mauldre, madame de Cressay eut un fort soupir et déclara à ses fils, moins pour eux que pour donner du fil à ses illusions : 
  — Mes enfants, votre mère sait encore parler aux damoiseaux. J’ai fait bonne manœuvre avec celui-là, et vous l’eussiez trouvé plus âpre si je ne l’avais point pris à part. De peur de se trahir, Marie était déjà rentrée dans la maison. 
  Sur la route de Paris, Guccio, galopant, se considérait comme un séducteur irrésistible qui n’avait qu’à paraître dans les châteaux pour y moissonner les cœurs. L’image de Marie dans le clos des pommiers, auprès de la rivière, ne le quittait pas. Et il se promettait de revenir à Neauphle, très vite, dans quelques jours peut-être… 
  Il arriva pour le souper rue des Lombards et, jusqu’à une heure avancée, s’entretint avec son oncle Tolomei. Celui-ci accepta sans peine les explications que Guccio lui donna au sujet de la créance ; il avait d’autres soucis en tête. Mais il parut s’intéresser spécialement aux agissements du prévôt Portefruit. Toute la nuit, Guccio eut l’impression que Marie habitait son sommeil. Le lendemain il y pensait déjà un peu moins. Il connaissait, à Paris, deux femmes de marchands, jolies bourgeoises de vingt ans, qui ne lui étaient pas cruelles. Au bout de quelques jours, il avait oublié sa conquête de Neauphle. Mais les destins se forment lentement et nul ne sait, parmi tous nos actes semés au hasard, lesquels germeront pour s’épanouir, comme des arbres. Nul ne pouvait imaginer que le baiser échangé au bord de la Mauldre conduirait la belle Marie jusqu’au berceau d’un roi. À Cressay, Marie commençait d’attendre.

Demain 2ème partie chapitre VI La porte de Clermont 

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