lundi 7 novembre 2016

Incipit n° 8 - Christopher Isherwood - Adieu à Berlin

Automne 1930
Du haut de ma fenêtre, la rue en profondeur, solennelle et massive. Boutiques en sous-sol, où les lampes brûlent tout le jour, dans l’ombre des façades à balcons trop lourdement ornées, enjolivées de bas-reliefs en plâtre sale, avec leurs volutes et leurs médaillons héraldiques. Tout le quartier est ainsi : d’une rue à l’autre, ce ne sont qu’alignements de maisons pareilles à de vieux coffres-forts monumentaux pleins à craquer de valeurs jaunies et du bric-à-brac de la classe moyenne en déconfiture.
Je suis une caméra braquée, absolument passive, qui enregistre et ne pense pas. Qui enregistre l’homme en train de se raser à la fenêtre d’en face et la femme en kimono qui se lave les cheveux. Un jour, il faudra développer tout cela, l’imprimer avec soin, le fixer.

2 commentaires:

  1. Sans mentir, je l'ai lu au moins quinze fois. Ce qui est suffisant pour comprendre que le chapitre consacrée à Sally Bowles a beaucoup inspiré Truman Capote pour l'écriture de Breakfast Tiffany.

    Je passe parfois dans la Nollendorfstrasse. Il y une plaque sur l'immeuble où il habitait. Au 17 ? OUi, je crois.

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  2. je na l'ai lu que 2 fois, mais l'envie m'en a repris ces derniers jours... Mais ma bibliothèque, lors de mon départ, a été ''dynamitée, dispersée, ventilée, éparpillée par petits bouts façon puzzle...'' et j'ai du mal à m'en remettre... Découvert après Cabaret, je me suis plongé dans ''Adieu à Berlin'', ''Mr Norris change de train'', Christopher et son monde'', ''Un homme au singulier''... Anyway...
    J'ai pensé à toi en postant cet incipit. J'attendais une réaction...

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