Bouche
d’ombre, puits de lumière. Chaleur et moiteur. Corps offert à la
vapeur émolliente qui libère le corps des scories de la ville et
récompense de la calebasse d’eau fraîche puisée dans la vasque
en pierre creusée. Sous les voûtes se mêlent les sons. L’eau qui
coule. Quelque part la mélodie d’une chanson d’Oum Khaltoum.
Parfois le claquement sec d’une main sur un dos soumis au plaisir
trouble du rite du massage. Purification des peaux. Abandon des
corps, alanguissement des âmes. Semi endormissement au bord d’un
bassin avec juste sur le ventre une serviette que l’on enlèvera
pour plonger et laver le corps de tout ce que les pores de la peau
auront exsudé. Mais l’engourdissement du corps n’empêche pas
que l’esprit reste en éveil. Attentif aux bruits furtifs qui
l’entourent. Glissement des pieds sur le carrelage. Casserole que
l’on plonge dans la fontaine et bruit de l’eau qui tombe en
cascade sur le sol. Grognement au plaisir du corps surpris par le
froid. Conversations à voix basse soudainement interrompues. Le thé
partagé. Dans l’obscurité des salles voisines on devine des
regards qui observent. Des corps se déplacent le souffle lourd de
poumons écrasés par la touffeur de l’air ; s’assoient,
s’allongent près de vous avec cette impudeur équivoque des hommes
entre eux.
Ces
endroits n’ont rien à voir avec nos saunas occidentaux ou les spas
des hôtels 5 étoiles.
Ce
sont les derniers hammams du Caire où les cairotes perpétuent leur
tradition plus que millénaire. Leur temps est compté. Peu à peu
la lèpre ronge sur les murs, éparpillées, les anciennes splendeurs
des zelliges.
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