jeudi 3 novembre 2016

Hammams


Bouche d’ombre, puits de lumière. Chaleur et moiteur. Corps offert à la vapeur émolliente qui libère le corps des scories de la ville et récompense de la calebasse d’eau fraîche puisée dans la vasque en pierre creusée. Sous les voûtes se mêlent les sons. L’eau qui coule. Quelque part la mélodie d’une chanson d’Oum Khaltoum. Parfois le claquement sec d’une main sur un dos soumis au plaisir trouble du rite du massage. Purification des peaux. Abandon des corps, alanguissement des âmes. Semi endormissement au bord d’un bassin avec juste sur le ventre une serviette que l’on enlèvera pour plonger et laver le corps de tout ce que les pores de la peau auront exsudé. Mais l’engourdissement du corps n’empêche pas que l’esprit reste en éveil. Attentif aux bruits furtifs qui l’entourent. Glissement des pieds sur le carrelage. Casserole que l’on plonge dans la fontaine et bruit de l’eau qui tombe en cascade sur le sol. Grognement au plaisir du corps surpris par le froid. Conversations à voix basse soudainement interrompues. Le thé partagé. Dans l’obscurité des salles voisines on devine des regards qui observent. Des corps se déplacent le souffle lourd de poumons écrasés par la touffeur de l’air ; s’assoient, s’allongent près de vous avec cette impudeur équivoque des hommes entre eux.
Ces endroits n’ont rien à voir avec nos saunas occidentaux ou les spas des hôtels 5 étoiles.
Ce sont les derniers hammams du Caire où les cairotes perpétuent leur tradition plus que millénaire. Leur temps est compté. Peu à peu la lèpre ronge sur les murs, éparpillées, les anciennes splendeurs des zelliges.

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