lundi 14 novembre 2016

Incipit n° 11 - Guillaume Apollinaire - Les onze mille verges

Premiers mots d'un manuscrit, d'un ouvrage. d'un roman.
Si ces incipit vous rappellent des souvenirs, vous donnent envie d'y retourner ou d'aller plus loin c'est parfait.
Incipit n°11
Guillaume Apollinaire - Les onze mille verges
Bucarest est une belle ville où il semble que viennent se mêler l'Orient et l'Occident, On est encore en Europe si l'on prend garde seulement à la situation géographique ; mais on est déjà en Asie si l'on s'en rapporte à certaines mœurs du pays, aux Turcs, aux Serbes et autres races macédoniennes dont on aperçoit dans les rues de pittoresques spécimens. Pourtant c'est un pays latin, les soldats romains qui colonisèrent le pays avaient sans doute kla pensée constamment tournée vers Rome, alors capitale du monde et chef lieu de toutes les élégances. Cette nostalgie occidentale s'est transmise à leurs descendants : les Roumains pensent sans cesse à une ville où le luxe est naturel, où la vie est joyeuse. Mais Rome est déchue de sa splendeur, la reine des cités a cédé sa couronne à Paris et quoi d'étonnant que, par un phénomène atavique, la pensée des Roumains soit toujours tournée vers Paris, qui a si bien remplacé Rome à la tête de l'univers.
De même que les autres Roumains, le beau prince Vibescu songeait à Paris, la Ville-Lumière, où les femmes, toutes belles, ont aussi la cuisse légère. Lorsqu'il était encore au collège de Bucarest, il lui suffisait de penser à une Parisienne, à la Parisienne, pour bander et être obligé de se branler lentement, avec béatitude. Plus tard il avait déchargé dans maints cons et culs de délicieuses Roumaines. Mais il le sentait bien , il lui fallait une Parisienne.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire