mercredi 30 novembre 2016
Les belles histoires de tonton Charlus - Kirk LeMoyne Billings ‘’Lem’’ ou l’homme qui aimait JFK
Lem
et Jack se sont rencontrés en 1933. Lem, 16 ans, était étudiant en
3ème année, Jack, 15 ans, en seconde année au très sélect
collège de Choate, où ils partageaient la même chambre. Ils
avaient en commun une éducation dans des milieux aisés, très aisé
pour Jack, un même sens de l’humour et de la fête, le goût du
sport, Lem était la vedette de l’équipe de rugby, et le même
rejet de l’environnement strict et étouffant de leur collège.
Dès
le début de leur amitié, Jack a invité Lem chez ses parents dans
leur résidence de Palm Beach. Il est vite devenu un familier des
lieux, se joignant aux Kennedy pour les vacances ou les évènements
familiaux. Ted Kennedy a même révélé que ce n’est qu’à 5 ans
qu’il s’est aperçu que Lem n’était pas un de ses frères
ainés.
La
crise avait ruiné la famille de Lem qui n’a pu rester au collège
de Choate que grâce à une bourse. Lem ayant redoublé sa dernière
année Jack et lui furent diplômés ensemble en 1935.
A
l’été 1937 ils font un voyage de 3 mois en Europe. A Paris ils
achètent 5$ un teckel ‘’Offie’’ qu’ils devront abandonner
à leur retour à cause des allergies de Jack !
Mais
Lem, homosexuel refoulé, succomba au charisme de Jack. Il lui
écrivit une lettre lui avouant son attirance. Mais la réponse de
Jack, déjà grand collectionneur de flirts, fut sans ambiguïté.
‘’Désolé, je ne suis pas ce genre de garçon’’. Mais cela
ne changera rien à l’amitié qu’il gardera pour Lem jusqu’à
la fin de sa vie. Truman Capote, qui a connu l'un et l'autre, a un avis totalement différent... Mais c'est Truman Capote...
En
1941, réformé, il pourra néanmoins intégrer l’armée grâce à
une intervention de Joseph Kennedy Sr.
En
1946 il participera très activement à la première élection de
Jack à la Chambre des représentants. En 1953 il est témoin au
mariage de Jack et de Jackie Bouvier. En 1960 il abandonne son poste
dans une grosse agence de publicité de Manhattan pour se consacrer à
la campagne présidentielle de son ami.
Une
fois élu, l’amitié du Président ne se dément pas. Il lui
propose la présidence du Corps de la Paix, puis la direction d’une
agence gouvernementale de promotion du tourisme… Lem refuse :’’J’ai
réalisé que je ne voulais pas travailler pour le président parce
que je sentais que cela pouvait changer notre relation’’.
Certains pensent que Lem a voulu éviter une enquête sur son compte…
A
toute fonction officielle, Lem préférait le statut de ‘’premier
ami’’… Il avait une chambre en permanence à la Maison
Blanche. A un maître d’hôtel lui parlant de la chambre de Lem au
3ème étage, la Première dame lui aurait répondu :’’ Il est
mon hôte depuis que je suis mariée…’’
Frank Saunders, le chauffeur de Rose Kennedy, a écrit:'' Un jour j'ai demandé à Dora Lawrence, la femme de ménage, qui était ce Lem Billings? Oh lui, m'a-t-elle répondu, il est toujours là. Je pense que Jack dort avec lui plus souvent qu'avec Jackie''
Lorsque la Première
dame est absente c’est Lem qui organise les dîners privés du
président. Quand le président est en déplacement, c’est lui qui
tient compagnie à la First Lady. Certains finissent par croire qu’il
fait partie des services secrets… L’historien S. B Smith l’a
comparé à Zelig, le personnage du film de Woody Allen qui est
toujours derrière les protagonistes des évènements majeurs.
Les
collaborateurs de Kennedy n’étaient pas tendres avec lui. Ted
Sorensen : ‘’un admirateur servile’’. Arthur Schlessinger :
‘’Il cherchait à éblouir les autres par sa proximité avec le
président’’. ‘’Un vieux meuble pratique’’. Ben Bradley ,
un journaliste ami de Kennedy :’’ Il était d’une jalousie
féroce. Il ne voulait pas partager son amitié.’’ Gore Vidal qui
a été banni de la Maison Blanche après une altercation avec Lem
:’’ Un esclave à vie, le pédé de la cour…’’
Mais
beaucoup reconnaissent que Lem a joué un rôle important quand le
président était malade et qu’il souffrait. Il avait besoin de Lem
pour se déplacer et il faisait ça mieux qu’une infirmière…
Rose Kennedy pensait que Lem n’était pas grand-chose mais qu’il
était pratique et que son fils avait besoin de lui.
Les
relations se sont un peu distendues à l’automne 1963. IL
semblerait que Jackie ait essayé de prendre un peu de distance avec
lui. En octobre 1963 il n’a passé qu’un WE à la Maison Blanche
et la dernière fois qu’il a vu le président c’est le 13
novembre 1963 à l’occasion d’un dîner avec Greta Garbo.
Lem
est mort d'une crise cardiaque à l'âge de 65 ans (1981), et est
enterré dans le cimetière Allegheny dans sa ville natale de
Pittsburgh, en Pennsylvanie. C’était une cohorte de jeunes Kennedy
qui portaient le cercueil de Lem à sa dernière demeure.
À Lem un gars propre et un gentleman gonflé. Vous êtes un as avec moi. Bonne chance maintenant et toujours le cul de votre cheval. Jack, Choate, vers 1933.
mardi 29 novembre 2016
Alison Jackson - Ou le faux plus vrai que le vrai
Ces photos sont évidemment des faux pris avec des sosies mais en disent plus long sur la vérité des personnalités que les cliché officiels...
Poète vos papiers - Jean Cocteau - Plain chant
Je
n'aime pas dormir quand ta figure habite,
La nuit, contre mon cou ;
Car je pense à la mort laquelle vient trop vite,
Nous endormir beaucoup.
La nuit, contre mon cou ;
Car je pense à la mort laquelle vient trop vite,
Nous endormir beaucoup.
Je
mourrai, tu vivras et c'est ce qui m'éveille!
Est-il une autre peur?
Un jour ne plus entendre auprès de mon oreille
Ton haleine et ton coeur.
Est-il une autre peur?
Un jour ne plus entendre auprès de mon oreille
Ton haleine et ton coeur.
Quoi,
ce timide oiseau replié par le songe
Déserterait son nid !
Son nid d'où notre corps à deux têtes s'allonge
Par quatre pieds fini.
Déserterait son nid !
Son nid d'où notre corps à deux têtes s'allonge
Par quatre pieds fini.
Puisse
durer toujours une si grande joie
Qui cesse le matin,
Et dont l'ange chargé de construire ma voie
Allège mon destin.
Qui cesse le matin,
Et dont l'ange chargé de construire ma voie
Allège mon destin.
Léger,
je suis léger sous cette tête lourde
Qui semble de mon bloc,
Et reste en mon abri, muette, aveugle, sourde,
Malgré le chant du coq.
Qui semble de mon bloc,
Et reste en mon abri, muette, aveugle, sourde,
Malgré le chant du coq.
Cette
tête coupée, allée en d'autres mondes,
Où règne une autre loi,
Plongeant dans le sommeil des racines profondes,
Loin de moi, près de moi.
Où règne une autre loi,
Plongeant dans le sommeil des racines profondes,
Loin de moi, près de moi.
Ah
! je voudrais, gardant ton profil sur ma gorge,
Par ta bouche qui dort
Entendre de tes seins la délicate forge
Souffler jusqu'à ma mort.
Extrait de "Plain-Chant",
Par ta bouche qui dort
Entendre de tes seins la délicate forge
Souffler jusqu'à ma mort.
Extrait de "Plain-Chant",
lundi 28 novembre 2016
Incipit n°14 - Michel Tournier - Le roi des aulnes
8
Janvier 1938. Tu es un ogre, me disait parfois Rachel. Un Ogre?
C'est-à-dire un monstre féerique, émergeant de la nuit des temps?
Je crois, oui, à ma nature féerique, je veux dire à cette
connivence secrète qui mêle en profondeur mon aventure personnelle
au cours des choses, et lui permet de l'incliner dans son sens.
Je crois aussi que je suis issu de la nuit des temps. J'ai toujours été scandalisé de la légèreté des hommes qui s'inquiètent passionnément de ce qui les attend après leur mort, et se soucient comme d'une guigne de ce qu'il en était d'eux avant leur naissance. L'en deçà vaut bien l'au-delà, d'autant plus qu'il en détient probablement la clé. Or moi, j'étais là déjà, il y a mille ans, il y a cent mille ans. Quand la terre n'était encore qu'une boule de feu tournoyant dans un ciel d'hélium, l'âme qui la faisait flamber, qui la faisait tourner, c'était la mienne. Et d'ailleurs l'antiquité vertigineuse de mes origines suffit à expliquer mon pouvoir surnaturel: l'être et moi, nous cheminons depuis si longtemps côte à côte, nous sommes de si anciens compagnons que, sans nous affectionner particulièrement, mais en vertu d'une accoutumance réciproque aussi vieille que le monde, nous nous comprenons, nous n'avons rien à nous refuser.
Quant à la monstruosité ...
Et d'abord qu'est-ce qu'un monstre? L'étymologie réserve déjà une surprise un peu effrayante: monstre vient de montrer.
Je crois aussi que je suis issu de la nuit des temps. J'ai toujours été scandalisé de la légèreté des hommes qui s'inquiètent passionnément de ce qui les attend après leur mort, et se soucient comme d'une guigne de ce qu'il en était d'eux avant leur naissance. L'en deçà vaut bien l'au-delà, d'autant plus qu'il en détient probablement la clé. Or moi, j'étais là déjà, il y a mille ans, il y a cent mille ans. Quand la terre n'était encore qu'une boule de feu tournoyant dans un ciel d'hélium, l'âme qui la faisait flamber, qui la faisait tourner, c'était la mienne. Et d'ailleurs l'antiquité vertigineuse de mes origines suffit à expliquer mon pouvoir surnaturel: l'être et moi, nous cheminons depuis si longtemps côte à côte, nous sommes de si anciens compagnons que, sans nous affectionner particulièrement, mais en vertu d'une accoutumance réciproque aussi vieille que le monde, nous nous comprenons, nous n'avons rien à nous refuser.
Quant à la monstruosité ...
Et d'abord qu'est-ce qu'un monstre? L'étymologie réserve déjà une surprise un peu effrayante: monstre vient de montrer.
Les petites recettes (faciles) de tatie Chouchoune - Mon boeuf bourguignon de 7 heures...
La cuisine est affaire de lenteur pour
ceux qui ont le temps… Mettez vous aux fourneaux 3 jours avant de passer à table...
Voici
donc mon ‘’bourguignon’’ pour 5 personnes :
-
1,2 kg de noix de joue de bœuf
-
1 boite de tomates séchées
-
1 bonne poignée de champignons séchés
-
2 champignons de Paris
-
1 oignon
-
100g de lardons fumés
-
Laurier, thym, 4 clous de girofle, un chouia de muscade
-
4 c. à s. d’huile d’olive
-
farine, sel, poivre
-
1 à 2 l de bourgogne c’est selon (prévoyez 1 ou 2 kirs pour
vous…)
Emincez
l’oignon et les champignons de Paris.
Coupez
la viande en morceaux et passez-les dans la farine.
Faites
chauffer l’huile dans une grande cocotte et faites revenir les
morceaux de viande pendant une dizaine de minutes. Puis réservez.
Faites
revenir dans la cocotte l’oignon, les lardons, les champignons de
Paris, les épices et les herbes pendant 3 minutes.
Ajoutez
la viande, les champignons séchés et les tomates. Salez et poivrez
modérément. Versez le vin jusqu’à ce les morceaux soient presque
entièrement recouverts. Portez à ébullition. Couvrez et laissez
cuire à frémissements pendant 2h30. Retirez le couvercle et laissez
cuire 30’ de plus pour que la sauce épaississe.
Laissez
refroidir et conserver au frais une nuit. Le lendemain faites
mitonner à feu très doux deux heures. Recommencez l’opération le
surlendemain deux heures avant de passer à table.
Et
SVP pas de carottes...
Moi je le sers avec des pâtes fraîches…
Si
tout se passe bien, et il n’y a aucune raison que ça se passe mal,
vous servirez à la tablée admirative une sorte de compote de bœuf
aussi délicieuse qu’informe…
Rossignol de mes amours - Yvonne Printemps - 2
J'ai
eu comme une sorte de faiblesse il y a deux soirs. Aujourd'hui vous
diriez un malaise vagal. Est-ce dû à tous ces souvenirs que j'ai
évoqués. Je ne sais! J'ai quand même 77 ans et j'ai beau être
encore assez fringant...Nous sommes restés ce soir à la maison;
nous dînons de moins en moins en ville. Je suis dans notre chambre.
Notre chambre? Enfin c'est plutôt celle d'Yvonne. On la dirait
sortie d'un film des années 30. Tout y est blanc avec des touches
pastel, un tapis de haute laine, des murs laqués, des voilages, des
tentures, un lustre en cristal de Bohème, des miroirs biseautés,
des appliques murales en verre soufflé à Murano, son portrait peint
par Van Dongen, de la soie, du satin, des broderies et un
lit...grand! Un vrai décor de théâtre. Et c'en était un!
Certaines nuits je l'ai entendue pousser de superbes vocalises et le
plus souvent il fallait que nous bissions, voire trissions la
représentation. Ma chambre est juste à côté et sans ressembler à
la cellule monacale de Monsieur Vincent elle est un peu moins... un
peu plus... austère. Mais notre baiser du soir se donne toujours
chez elle.
Je
l'entends dans la salle de bains se préparer pour sa nuit. Je pose
sur l'électrophone le disque d'Yvonne que vient de rééditer ''la
Voix de son maître'' sur lequel on trouve entre autres le pot-pourri
d'Alain Gerbault. Sa voix s'élève et le charme opère
immédiatement. Elle a toujours eu quelque chose de miraculeux. Moi,
si j'apprécie, je n'y connais rien techniquement mais à en croire
Reynaldo Hahn (quel délicieux ami) ''elle gâche le métier:
personne ne pourra jamais reprendre les rôles qu'elle a créés''.
Il se demandait ce qu'il devait le plus admirer : cette articulation
exemplaire, la transparence de son timbre, l'émission souvent
''baillée'' mais toujours soutenue, son legato, sa science
extraordinaire de la respiration. De ses défauts même elle faisait
des qualités. Elle avait paraît-il un goût prononcé pour les
notes tenues un peu trop longtemps, pour le ''portamento''. Mais
réécoutez-la dans ''Plaisir d'amour'' ou dans l'air de la lettre de
''Mozart''; elle nous offre des performances peu ordinaires. Elle
semble ne jamais respirer...On dit même qu'un soir elle a épuisé
le souffle d'un clarinettiste en tenant une note si longtemps...Noël
Coward qui écrivit pour elle ''Conversation Piece'' raconte que
lorsqu'il la vit au premier acte de ''l'Amour masqué'' assise dans
son lit chanter ''j'ai deux amants'' elle avait annihilé en lui
toute faculté critique.
De
1919 à 1932 elle fut monopolisée par Sacha Guitry. Elle fut de
toutes ses pièces et de ses opérettes. Jusqu'à 3 spectacles par
an. En vrac : Faisons un rêve, Mon Père avait raison, l'Amour
masqué, Mozart, Désiré, Mariette...Paris leur était une fête.
Leurs relations étaient riches, leurs amis spirituels, leurs villas
sur la Côte d'Azur ou à Biarritz, leur hôtel particulier dans le
parc Monceau, leurs voitures pleines de cylindrées, leurs voyages
dans la Cie Int. des Wagons-lits ou en 1ère classe ''luxe'' sur le
Normandie, leurs tableaux de Corot et Renoir, leurs engueulades
homériques...
Ils étaient formidablement complémentaires et je
pense qu'Yvonne a été celle qui a le mieux ''servi'' Sacha. Je ne
crois pas que le fameux mot sur leurs supposées froideur et raideur
soit authentique. Il me semble de trop mauvais goût pour être de
Sacha. Mais je reconnais Yvonne sous certaines de ses ''piques'' :
-
Son inconduite ne laissait rien à désirer; elle donnait tout.
-
Il faut s'amuser à mentir aux femmes, on a l'impression qu'on se
rembourse!
Et
ces deux-là qui sont tellement ''elle''.
-
Chéri, est ce que tu savais qu'oroscope, idrogène, ipocrite et
arpie ne sont pas dans le dictionnaire?
-
J'avais trouvé excellente l'idée qui t'était venue d'apprendre
l'anglais - mais j'aurais bien aimé aussi te voir apprendre le
français.
C'est
en 1931 que Sacha Guitry me propose de jouer dans sa pièce ''Franz
Hals''. Autour d'Yvonne je joue le mari cocu et lui l'amant.
Prémonition? Il me fait payer une faute que je n'ai pas encore
commise.
Je
sors de la Comédie Française, je commence à me faire un nom au
théâtre où je crée ''Marius '' de Pagnol. La version
cinématographique me propulse au rang de vedette de l'écran. Je
sais que je plais aux femmes, elles devinent que je les aime.
Beaucoup. Le coup de foudre fût immédiat et l'on ne pût garder
notre liaison secrète très longtemps. Le mot discrétion ne
figurait pas non plus dans le dictionnaire d'Yvonne. Ce ne fut pas
facile entre Yvonne et Sacha. Bien qu'elle n'en fut pas à son coup
d'essai si je puis dire, et que Sacha eut l'esprit, relativement
large, il acceptait difficilement d'être cocu, mais ne supportait
pas d'être trompé. Et là manifestement Yvonne sortait de sa zone
d'influence et semblait ne plus avoir besoin de lui
professionnellement. S'ils tombèrent assez rapidement d'accord sur
la nécessité de la séparation les négociations furent âpres sur
les conditions de cette séparation. C'était du style: ''Tout est à
toi! Donc j'ai droit à la moitié plus 15% parce que tu es un galant
homme''.
Tout finit par se régler dans les prétoires. Mais le fait
que Sacha eut rencontré une délicieuse jeune comédienne, brune aux
grands yeux bleus, au petit visage de chat, élégantissime, facilitât
grandement les choses. De mon côté, Berthe Bovy, ma femme, qui
avait l'âge d'être ma grande sœur fit ce qu'elle put pour retarder
l'échéance, mais elle s'aperçut vite qu'elle n'était pas de
taille. Nos divorces furent prononcés en 34.
A suivre...
dimanche 27 novembre 2016
Les belles, et chaotiques, histoires de tonton Charlus - Busby Berkeley
Busby
Berkeley a été le maître incontesté, le numéro un, le génie de la
comédie musicale hollywoodienne. Il a cassé les règles qui jusque-là
contraignaient le genre. Par son imagination délirante il a sorti la
comédie musicale du cadre strict de la scène. Ses numéros ont fait
exploser le temps et l’espace, il en a fait des fantasmes musicaux
surréalistes, voyeuristes, érotiques. Il a élevé la chorégraphie
géométrique des girls au niveau d’un art et a sauvé la Warner Bros de la
faillite, au cours de la Grande Dépression, grâce à ses mises en scène
somptueuses…
Busby,
cinéaste de la beauté et du bonheur, était aussi un fils à maman, un
alcoolique névrosé qui a causé trois morts dans un accident de voiture
et s’est tranché la gorge et les poignets dans une tentative de suicide
sanglant…
Bien
que marié cinq fois, la grande femme de sa vie a été sa mère Gertrude.
Actrice, elle était apparue dans de nombreuses pièces et films en
particulier avec sa très proche amie, la légendaire lesbienne Alia
Nazimova, star du muet. C’est d’ailleurs avec elle et sa mère qu’il fait
ses débuts sur scène dans La maison de poupée. En 1914 il est
diplômé de l’Agence militaire et après l’entrée des EU en guerre, il
dirige des exercices de parades militaires en France. On retrouvera
cette influence dans ses futures chorégraphies.
En
1923 Busby Berkeley connait son premier succès sur scène dans le rôle
de Madame Lucy, un créateur de mode efféminé, dans la comédie musicale Irene
avec Irene Dunne. Dans les années 20 il devient un des plus grands
metteurs en scène de Broadway sans avoir jamais pris un cours de danse…
En 1930 il est appelé à Hollywood par Samuel Goldwyn pour régler les numéros musicaux de Whopee
avec Eddie Cantor, une production de Florenz Ziegfield. Busby qui avait
l’œil pour dénicher les talents féminins donna leur premier rôle à
Betty Grable, Paulette Godard, Veronica Lake, Lucile Ball. Lorsque
Darryl Zanuck demande à Busby de réaliser les séquences musicales de
42nd street, le studio était dans le rouge. Le film connut un tel
triomphe qu’il sauva le studio de la faillite. Pour Busby ce fut la
gloire et il enchaîna film sur film. Même s’il ne dirigea complètement
sa première comédie musicale qu’en 1935 avec Gold Diggers 1935, il fut incontestablement l’’auteur’’ de toutes celles dont il signa les chorégraphies.
Pendant
toutes ces années sa mère fut on mentor et son réconfort. Il l’installa
dans un somptueux manoir de Beverly Hills où elle put se livrer à sa
manie de collectionner les antiquités.
Mais
au plus fort de son succès, la violence et la tragédie apparaissent
dans sa vie. Le 8 septembre 1935 il assiste à une réception chez William
Koenig, directeur de production à la Warner. Au moment de quitter la
soirée il a manifestement trop bu. De plus il est épuisé nerveusement et
physiquement. Cette année il a travaillé sur cinq films en même temps
et les frères Warner ne sont pas des tendres et savent mettre la
pression sur leurs équipes. Quoiqu’il en soit sur l’autoroute Pacific
Coast en direction de Santa Monica, il perd le contrôle de son roadster
blanc et se retrouve sur l’autre voie, à contre-sens. Il heurte une
voiture dont trois des occupants sont tués. Lui-même est gravement
blessé. Busby est accusé de meurtre au second degré. Mais pour la Warner
c’est secondaire. L’important est que leur réalisateur vedette est
engagé dans un calendrier infernal, trois films à réaliser dont deux
dans leur intégralité.
Durant
le procès, Busby se présente le matin à 9h sur un brancard, à la suite
de ses blessures à la tête et aux jambes, mais le studio change les
horaires afin que
les films puissent être tournés la nuit… Et au diable la santé physique et mentale de Busby Berkeley.
les films puissent être tournés la nuit… Et au diable la santé physique et mentale de Busby Berkeley.
C’est
Jerry Geiler, l’avocat des stars, qui le défendra. Il réussit à
convaincre le jury que c’est l’explosion d’un pneu qui est la cause de
l’accident. Plusieurs vedettes présentes à la soirée, et toutes sous
contrat à la Warner, jurèrent que ce soir-là Busby n’était pas ivre…
mais au bout du compte les jurés n’arrivent pas à se mettre d’accord. Un
second procès par un vote de 7 contre et de 5 pour l’acquittement. Pas
suffisant. Il faudra un troisième procès en septembre 1936 pour que
Jerry Geissler obtienne l’acquittement. Il n’en fallait pas plus pour
qu’il sombre dans une dépression nerveuse.
Busby
a été ensuite au cœur d’un scandale sur ses supposées ‘’relations’’
avec la blonde et sexy Carole Landis. Ils s’étaient rencontrés lors
d’une audition dans les studios de la Warner. Il lui avait donné, comme à
tant d’autres, son premier petit rôle. Puis il a essayé de lui obtenir
un contrat… En 1938, le conjoint de Carole Landis lui réclame un quart
de million de $ prétendant qu’il avait attiré Carole Landis dans son
lit… La plainte fut rejetée par la Cour qui s’était aperçue que la belle
Carole n’était pas difficile à séduire. N’était-elle pas surnommé ‘’la
P… des studios’’ ? Et elle était une habituée de l’arrière-salle du
bureau de Darryl Zanuck, qui avait besoin d’une fille docile tous les
jours ouvrables à 16 heures…
En
juin 1946 sa mère meurt d’un cancer laissant Busby désespéré, avec un
grave problème d’alcool, une carrière en ruines et un nouveau divorce…
Il n’a pas réalisé de film depuis plus de deux ans, depuis le délirant
‘’The gang’s all here’’ avec Carmen Miranda.
Il accepte de mettre en scène une comédie musicale à Broadway ‘’Happy to see you’’
avec Lupe Velez. Mais le spectacle n’arrivera jamais à Broadway. A
cause de mauvaises critiques, il s’arrêtera à Philadelphie.
A
bout, Busby se tranche la gorge et les poignets. Il est retrouvé dans
une mare de sang par son boy japonais Frankie Honda. Sur son lit
d’hôpital il déclara :’’ Je suis un has-been et je le sais. Je n’arrive
pas à remonter la pente, chaque fois que je me marie c’est un échec, je
suis ruiné. Quand ma mère est morte, tout a semblé partir avec elle…’’
Admis
à l’hôpital psychiatrique de LA, il y passera 6 semaines. ‘’ C’était un
cauchemar. J’ai été jeté avec des créatures sales, hirsutes,
débraillées. Par manque de place mon lit avait été placé dans le couloir
où ces horribles créatures me côtoyaient jour et nuit. Si je n’avais
pas déjà été fou, je le serais devenu…’’
Pour l’aider son ancien patron lui demande de superviser les numéros de Doris Day dans ‘’Romance on the High Seas’’. En 1949 il convainc Arthur Freed de le laisser diriger un film pour la MGM. Ce sera le délicieux ‘’Take me out of the ball of game’’
avec Frank Sinatra et Gene Kelly. Busby n’a rien perdu de ses talents
de réalisateur. Ce sera pourtant son dernier film en tant que metteur en
scène. Il travaillera sur les numéros musicaux de huit autres films où
il réalisera quelques-unes de ses meilleures séquences… les ballets
nautiques de ‘’Million dollars mermaid’’’ et ‘’easy to love’’, ‘’Rose-Marie’’ et le ballet aérien de ‘’Jumbo’’ son dernier film en 1962.
Mais
il ne sombra pas dans l’oubli. De grandes rétrospectives lui furent
consacrées par la Cinémathèque de Paris et le New York Cultural Center.
Plusieurs
livres furent publiés sur son œuvre, il accorda de nombreuses
interviews et fit des conférences dans des universités… et une nouvelle
génération fit connaissance avec ses œuvres grâce à la télévision.
En
1970 des producteurs l’engagent pour superviser une reprise de No No
Nanette avec Ruby Keller, la star de ses plus grands succès dans les
années 30. A 75 ans il remonte sur scène pour auditionner comme au bon
vieux temps, 350 paires de ‘’gambettes’’ , pour retenir une ‘’chorus
line’ de 20 girls… La première eut lieu le 19 janvier 1971 fut un
triomphe. Le dernier pour Busby…
Il est mort le 14 mars 1976 à Palm Springs.
Il semblerait qu'un biopic sur la vie de Busby Berkeley soit en préparation...Avec Ryan Gosling dans le rôle titre...Hummm!!!
vendredi 25 novembre 2016
Flashmob ou comment redonner le sourire aux gens
La musique, même classique, est le meilleur moyen de redonner le sourire aux gens et de les rendre heureux. La preuve...
La dynastie Bugatti - 2 - Rembrandt Bugatti
Il
est le plus jeune fils du décorateur et architecte Carlo Bugatti et le
frère du constructeur automobile Ettore Bugatti.
En
1903, âgé de 19 ans, Rembrandt s'installe à Paris. Il s'associe à
l'éditeur et fondeur d'art Adrien-Aurélien Hébrard. Il dirige une
fonderie d'art et une galerie rue Royale à Paris. Il
va signer avec lui un contrat d'exclusivité.
Fasciné
par le monde animal, il va vivre entre le zoo d'Anvers, considéré
comme le plus beau zoo du monde, et la ménagerie du Jardin des
Plantes pour étudier leurs comportements, leurs morphologies, leurs
attitudes.
De
1907 à 1914, Rembrandt Bugatti va modeler une œuvre complète de
faune animale avec un immense talent et un grand succès.
En
1914, tous les animaux du zoo d'Anvers sont tués. Rembrandt
s'engage alors dans la Croix pour soutenir les blessés et devient
tuberculeux. Pour venir en aide à sa famille il part à Milan et
décide de s'engager dans l'armée italienne en août 1915. À Paris,
les commandes et ventes de sculptures s'effondrent, la Galerie
Hébrard est fermée. Rembrandt Bugatti, réformé, revient à Paris
en décembre 1915. Il ne peut plus accepter l'aide financière de son
frère Ettore, en difficulté lui aussi. Rembrandt se suicide dans
son atelier de Mont parnasse le 8 janvier 1916, à l'âge de 31 ans.
jeudi 24 novembre 2016
Grands affichistes de cinéma - Boris Grinsson
C'était l'époque où les affiches de cinéma étaient des oeuvres d'art réalisées par des peintres et non des photos montages. Boris Grinsson a été un de ces artistes. Ses affiches donnaient souvent envie de pousser les portes des salles obscures.Tout amoureux du cinéma a forcément en mémoire ces images...
Né à Pskov, en Russie, en 1907, Grinsson a traversé un siècle d'histoire et de cinéma. Fuyant la révolution bolchevique, sa famille erre entre la Finlande et les pays Baltes avant de se fixer en Estonie. C'est là que Boris entre à l'Ecole des beaux-arts de Tartu. Faute de débouchés, il part, en 1929, pour Berlin, «où l'art graphique était en pleine explosion», et se perfectionne à l'Ecole des arts appliqués. L'Allemagne prénazie est en pleine crise économique, et le jeune dessinateur doit se débrouiller avec des petits boulots, dont celui de figurant dans les studios de l'UFA à Babelsberg. Grinsson ne fera jamais la carrière d'acteur à laquelle il avait songé, mais le cinéma lui donnera du travail pendant plus de quarante ans. En devenant d'abord l'assistant d'un affichiste d'origine lettone, puis dans les compagnies américaines MGM, Paramount ou Universal.
Les maquettes
étaient dessinées à partir de photos du film ou de l'affiche
originale. «Nous n'assistions à la projection du film que si nous
en avions le temps, se souvient Grinsson, car les délais étaient
très courts.» En pleine campagne électorale de 1932, il réalise
sur commande une affiche antinazie: «Inspiré par le peintre Reitel,
j'avais dessiné la mort avec les traits d'Hitler, la croix gammée
en guise de faux.» Arrivés au pouvoir, les nazis font rechercher
l'auteur de cette virulente caricature, et Grinsson doit fuir
l'Allemagne. Il débarque à Paris avec sa femme allemande en juin
1933. «Heureusement, j'avais emporté quelques maquettes et je
pouvais me présenter aux compagnies pour lesquelles j'avais déjà
travaillé à Berlin.» Grinsson repart donc d'un bon pied, après
s'être familiarisé avec la lithographie, technique alors employée
en France pour la fabrication des affiches (elle le sera jusqu'au
début des années 60), alors qu'en Allemagne on utilisait déjà
l'offset, plus commode mais moins noble aux yeux des puristes.
Pendant quarante ans, l'artiste, définitivement installé en France,
va produire des affiches pour presque tous les grands distributeurs
américains (Universal, MGM, Paramount, Columbia, RKO, Warner, Fox)
et européens (Pathé, Gaumont ou ACE, filiale de l'UFA). Une seule
parenthèse: la guerre l'oblige à se cacher à Châteauroux, où il
gagne sa vie en peignant des décors de dancings, de restaurants et
des portraits.
Grinsson fait partie de cette génération de graphistes qui, comme Roger Soubie, Constantin Belinsky ou Jean Mascii, ont su séduire le public par des affiches multicolores, parfois naïves et faciles d'accès. Il leur fallait aussi un talent de portraitiste pour restituer les traits des acteurs. L'utilisation de plus en plus fréquente des montages photo marquera d'une certaine manière le déclin de cette génération. Les affiches de Grinsson et de ses congénères constituent aujourd'hui une oeuvre «cinégraphique», patrimoine indissociable des films pour lesquelles elles ont été créées, sorte de mémoire bis du cinéma de papa.
Né à Pskov, en Russie, en 1907, Grinsson a traversé un siècle d'histoire et de cinéma. Fuyant la révolution bolchevique, sa famille erre entre la Finlande et les pays Baltes avant de se fixer en Estonie. C'est là que Boris entre à l'Ecole des beaux-arts de Tartu. Faute de débouchés, il part, en 1929, pour Berlin, «où l'art graphique était en pleine explosion», et se perfectionne à l'Ecole des arts appliqués. L'Allemagne prénazie est en pleine crise économique, et le jeune dessinateur doit se débrouiller avec des petits boulots, dont celui de figurant dans les studios de l'UFA à Babelsberg. Grinsson ne fera jamais la carrière d'acteur à laquelle il avait songé, mais le cinéma lui donnera du travail pendant plus de quarante ans. En devenant d'abord l'assistant d'un affichiste d'origine lettone, puis dans les compagnies américaines MGM, Paramount ou Universal.
Grinsson fait partie de cette génération de graphistes qui, comme Roger Soubie, Constantin Belinsky ou Jean Mascii, ont su séduire le public par des affiches multicolores, parfois naïves et faciles d'accès. Il leur fallait aussi un talent de portraitiste pour restituer les traits des acteurs. L'utilisation de plus en plus fréquente des montages photo marquera d'une certaine manière le déclin de cette génération. Les affiches de Grinsson et de ses congénères constituent aujourd'hui une oeuvre «cinégraphique», patrimoine indissociable des films pour lesquelles elles ont été créées, sorte de mémoire bis du cinéma de papa.
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