mercredi 15 mai 2019

Les rois maudits - La louve de France - ch.6 - Les bouches à feu 2


VI
LES BOUCHES À FEU - 2


  Le jeune comte de Kent ne put résister à la tentation de l’audace. Après une insomnieuse nuit dont il avait trompé l’attente en jouant au trémerel avec ses écuyers, il manda le sénéchal Basset, lui commanda de faire armer sa chevalerie et, avant l’aube, sans sonner trompe, sortit de la ville, par une poterne basse. Les Français, ronflant dans les vignes, ne s’éveillèrent que lorsque le galop des chevaliers gascons fut sur eux. Ils dressèrent des têtes étonnées pour les rabaisser aussitôt, et voir les sabots de la charge leur passer à ras du front. Edmond de Kent et ses compagnons s’en donnaient à plaisir parmi ces groupes ensommeillés, taillant de l’épée, frappant de leurs masses d’armes, abattant les lourds fléaux plombés sur des jambes nues, des côtes que ne protégeaient ni mailles ni cuirasses. On entendait les os craquer, et un chemin de hurlements s’ouvrait dans le camp français. Les tentes de quelques grands seigneurs s’écroulaient.      
  Mais bientôt une rude voix domina la mêlée, qui criait : « À moi Châtillon ! » Et la bannière du connétable, de gueules à trois pals de vair au chef d’or, un dragon pour cimier, deux lions d’or pour tenir, flotta dans le soleil levant. C’était le vieux Gaucher qui, de son campement sagement établi en retrait, accourait à la rescousse avec ses vassaux. Les appels : « Artois en avant !… À moi Valois ! » répondirent à droite et à gauche. À demi équipés, certains à cheval, d’autres à pied, les chevaliers se ruaient à l’adversaire. Le camp était trop vaste, trop disséminé, et les chevaliers français trop nombreux pour que le comte de Kent pût poursuivre longtemps ses ravages. 
  Déjà les Gascons voyaient s’amorcer devant eux un mouvement de tenailles. Kent n’eut que le temps de faire tourner bride et de regagner au galop les portes de La Réole où il s’engouffra ; et puis, ayant adressé compliment à chacun, et son armure délacée, il s’en alla dormir, l’honneur sauf. 
  La consternation régnait dans le camp français où l’on entendait gémir les blessés. Parmi les morts, dont le nombre s’élevait à près de soixante, se trouvaient Jean des Barres, l’un des maréchaux, et le comte de Boulogne, commandant de l’avant-garde. On déplorait que ces deux seigneurs, vaillants hommes de guerre, eussent rencontré une fin aussi soudaine et absurde. Assommés à leur réveil ! 
  Mais la prouesse de Kent inspira le respect. Charles de Valois lui-même, qui, la veille encore, déclarait qu’il ne ferait qu’une bouchée de ce jeune homme s’il le rencontrait en champ clos, prit un air pénétré, presque glorieux, pour dire : 
  — Eh ! Messeigneurs, il est mon neveu, ne l’omettez point ! 
  Et oubliant du coup ses blessures d’amour-propre, ses malaises et le poids de la saison, il se mit, après que de somptueux honneurs funèbres eurent été rendus au maréchal des Barres, à préparer le siège de la ville. Il y montra autant d’activité que de compétence car, tout gros vaniteux qu’il était, il n’en était pas moins remarquable homme de guerre.           
  Toutes les routes d’accès à La Réole furent coupées, la région surveillée par des postes disposés en profondeur. Des fossés, remblais, et autres ouvrages de terre furent entrepris à petite distance des murs pour y mettre les archers à l’abri. On commença de construire, aux endroits les plus propices, des plates-formes pour y installer les bouches à poudre. En même temps on élevait des échafaudages destinés aux arbalétriers. Monseigneur de Valois était partout sur les chantiers, inspectant, ordonnant, poussant à l’œuvre. En retrait, dans l’amphithéâtre des collines, les chevaliers avaient fait dresser leurs trefs ronds au sommet desquels flottaient les bannières. La tente de Charles de Valois, placée de façon à dominer le camp et la cité assiégée, semblait un vrai château de toile brodée. 
  Le trente août, Valois reçut enfin sa commission tant attendue. Son humeur alors acheva de se transformer et il parut ne plus faire de doute pour lui que la guerre fût comme déjà gagnée. Deux jours plus tard, Mathieu de Trye, le maréchal survivant, Pierre de Cugnières et Alphonse d’Espagne, précédés de busines sonnantes et de la bannière blanche des parlementaires, s’avancèrent jusqu’au pied des murs de La Réole pour faire sommation au comte de Kent, d’ordre du puissant et haut seigneur Charles, comte de Valois, lieutenant du roi de France en Gascogne et Aquitaine, d’avoir à se rendre et remettre en leurs mains tout le duché pour faute de foi et hommage non rendu. À quoi le sénéchal Basset, se hissant sur la pointe des pieds pour apparaître aux créneaux, répondit, d’ordre du haut et puissant seigneur Edmond, comte de Kent, lieutenant du roi d’Angleterre en Aquitaine et Gascogne, que la sommation était irrecevable et que le comte ne quitterait la ville ni ne remettrait le duché, sauf à être délogé par la force. 
  La déclaration de siège ayant été faite dans les règles, chacun retourna à ses tâches. Monseigneur de Valois mit à l’ouvrage les trente mineurs prêtés à lui par l’évêque de Metz. Ces mineurs devaient percer des galeries souterraines jusque sous les murs, puis y placer des barils de poudre auxquels on mettrait le feu. 
  L’ingeniator Hugues, qui appartenait au duc de Lorraine, promettait miracle de cette opération. Le rempart s’ouvrirait comme une fleur au printemps. Mais les assiégés, alertés par les coups sourds, disposèrent des récipients pleins d’eau sur les chemins de ronde. Et là où ils virent à la surface de l’eau se former des rides, ils surent que les Français, en dessous, creusaient une sape. Ils en firent autant de leur côté, travaillant la nuit, alors que les mineurs de Lorraine travaillaient de jour. 
  Un matin, les deux galeries s’étant rejointes, il se passa sous terre, à la lueur des lumignons, une atroce boucherie dont les survivants ressortirent couverts de sueur, de poussière sombre et de sang, le regard affolé comme s’ils remontaient des enfers.   
  Alors, les plates-formes de tir étant prêtes, Monseigneur de Valois décida d’utiliser ses bouches à feu. C’étaient de gros tuyaux de bronze épais, cerclés de fer, et reposant sur des affûts de bois sans roue. Il fallait dix chevaux pour traîner chacun de ses monstres, et vingt hommes pour les pointer, les caler, les charger. On construisait autour une sorte de caisse, faite d’épais madriers, et destinée à protéger les servants dans le cas où l’engin éclaterait. 
  Ces pièces venaient de Pise. Les servants italiens les appelaient bombarda à cause du bruit qu’elles faisaient. Tous les grands seigneurs, tous les chefs de bannières, s’étaient réunis pour voir fonctionner les bombardes. Le connétable Gaucher haussait les épaules et déclarait, l’air bougon, qu’il ne croyait pas aux vertus destructrices de ces machines. Pourquoi toujours faire confiance à des « novelletés », alors qu’on pouvait se servir de bons mangonneaux, trébuchets et perrières qui, depuis des siècles, avaient produit leurs preuves ? Pour réduire les villes qu’il avait prises, lui, Châtillon, avait-il eu besoin des fondeurs de Lombardie ? Les guerres se gagnaient par la vaillance des âmes et la force des bras, et non point par recours à des poudres d’alchimistes qui sentaient un peu trop le soufre de Satan ! 
  Les servants avaient allumé auprès de chaque engin un brasero où rougissait une broche de fer. Puis, ayant introduit la poudre à l’aide de grandes cuillers de fer battu, ils chargèrent chaque bombarde, d’abord d’une bourre d’étoupe, ensuite d’un gros boulet de pierre de près de cent livres, tout cela entonné par la gueule. Un peu de poudre fut déposé dans une gorge ménagée sur le dessus des culasses et qui communiquait par un mince orifice avec la charge intérieure. 
  Tous les assistants furent invités à se retirer de cinquante pas. Les servants des pièces se couchèrent, les mains sur les oreilles ; un seul servant resta debout auprès de chaque bombarde pour mettre le feu à la poudre à l’aide des longues broches de fer rougies au feu. Et aussitôt que cela fut fait, il se jeta au sol et s’aplatit contre la caisse de l’affût. Des flammes rouges jaillirent et la terre trembla. Le bruit roula dans la vallée de la Garonne et s’entendit de Marmande à Langon. L’air était devenu noir autour des pièces, dont l’arrière s’était enfoncé dans le sol meuble par l’effet du recul. Le connétable toussait, crachait et jurait. Quand la poussière fut un peu dissipée, on vit qu’un des boulets était tombé chez les Français ; une toiture, dans la ville, semblait éventrée. « Beaucoup de fracas pour peu de dégâts, dit le connétable. Avec de vieilles balistes à poids et à frondes, tous les boulets seraient arrivés au but sans qu’on soit à s’étouffer pour autant. » 
  Or, à l’intérieur de La Réole, personne n’avait compris tout d’abord pourquoi, du toit de maître Delpuch, notaire, une grande cascade de tuiles était soudain tombée dans la rue. On ne comprit pas non plus d’où venait ce coup de tonnerre, parti dans un ciel sans nuages, et que les oreilles perçurent un instant après. Puis maître Delpuch surgit de chez lui, en hurlant, parce qu’un gros boulet de pierre venait de choir dans sa cuisine. Alors, la population courut aux remparts pour constater qu’il n’y avait dans le camp français aucune de ces hautes machines qui formaient l’équipement habituel des sièges. 
  À la deuxième salve, on fut forcé d’admettre que bruit et projectiles sortaient de ces longs tubes couchés dans la colline, et que surmontait un panache de fumée. Chacun fut saisi d’effroi, et les femmes refluèrent vers les églises pour y prier contre cette invention du démon. Le premier coup de canon des guerres d’Occident venait d’être tiré. 
  Le 22 septembre au matin, le comte de Kent fut prié de recevoir messires Ramon de Labison, Jean de Mirai, Imbert Esclau, les frères Doat et Barsan de Pins, le notaire Hélie de Malenat, tous les six jurats de La Réole, ainsi que plusieurs bourgeois qui les accompagnaient. Les jurats présentèrent au lieutenant du roi d’Angleterre de longues doléances, et sur un ton qui s’écartait de la soumission et du respect. La ville était sans vivres, sans eau et sans toits. On voyait le fond des citernes, on balayait le sol des greniers, et la population n’en pouvait plus de cette pluie de boulets, de quart d’heure en quart d’heure, depuis plus de trois semaines. 
  L’hôtel-Dieu regorgeait de malades et de blessés. On entassait dans les cryptes des églises les corps des gens tués dans les rues, des enfants écrasés dans leur lit. Les cloches de l’église Saint-Pierre s’étaient effondrées dans un vacarme de fin du monde, ce qui prouvait bien que Dieu ne protégeait pas la cause anglaise. En outre, il devenait urgent de vendanger, au moins dans les vignobles que les Français n’avaient pas ravagés, et l’on n’allait pas laisser pourrir sur ceps la récolte. 
  La population, encouragée par les propriétaires et négociants, s’apprêtait à se soulever et à se battre avec les soldats du sénéchal, si de besoin, pour obtenir la reddition. Tandis que les jurats parlaient, un boulet siffla dans l’air et l’on entendit un écroulement de charpente. Le lévrier du comte de Kent se mit à hurler. Son maître le fit taire d’un mouvement de lassitude excédée. Depuis plusieurs jours déjà, Edmond de Kent savait qu’il aurait à se rendre. Il s’obstinait à la résistance, sans aucun motif raisonnable. Ses maigres troupes, déprimées par le siège, étaient hors d’état de soutenir un assaut. Tenter une nouvelle sortie contre un adversaire maintenant solidement retranché n’eût été qu’une folie. Et voici que les habitants de La Réole menaçaient de se révolter. Kent se tourna vers le sénéchal Basset. 
  — Les renforts de Bordeaux, messire Ralph, y croyez-vous encore ? demanda-t-il. 
  Le sénéchal ne croyait plus à rien. Au bout de ses forces, il n’hésitait pas à accuser le roi Édouard d’avoir laissé les défenseurs de La Réole dans un abandon qui ressemblait assez à une trahison. Les sires de Bergerac, de Budos et de Montpezat ne montraient pas de plus joyeuses mines. Personne ne se souciait de mourir pour un roi qui témoignait si peu de soin à ses meilleurs serviteurs. La fidélité était par trop mal payée. 
  — Avez-vous une bannière blanche, messire sénéchal ? dit le comte de Kent. Alors, faites-la hisser au sommet du château. 
  Quelques minutes plus tard, les bombardes se turent, et sur le camp français tomba ce grand silence surpris qui accueille les événements longtemps espérés. Des parlementaires sortirent de La Réole et furent conduits à la tente du maréchal de Trye, lequel leur communiqua les conditions générales de la reddition. La ville serait livrée, naturellement ; mais également le comte de Kent devrait signer et proclamer la remise de tout le duché entre les mains du lieutenant du roi de France. Il n’y aurait ni pillage, ni prisonniers, mais seulement des otages, et une indemnité de guerre à fixer. En outre, le comte de Valois priait le comte de Kent à dîner. Un grand festin fut apprêté dans le tref de toile brodée des lis de France où Monseigneur Charles vivait depuis près d’un mois. 
  Le comte de Kent arriva sous ses plus belles armes, mais pâle et s’efforçant de contenir, sous un masque de dignité, son humiliation et son désespoir. Il était escorté du sénéchal Basset et de plusieurs seigneurs gascons. Les deux lieutenants royaux, le vainqueur et le vaincu, se parlèrent avec quelque froideur, s’appelant néanmoins « Monseigneur mon neveu », « Monseigneur mon oncle », ainsi que gens entre qui la guerre ne rompt point les liens de famille. 
  À table, Monseigneur de Valois fit asseoir le comte de Kent en face de lui. Les chevaliers gascons commencèrent de s’empiffrer comme ils n’en avaient point eu l’occasion depuis des semaines. On s’efforçait à la courtoisie, et de complimenter l’adversaire sur sa vaillance. Le comte de Kent fut félicité de sa sortie fougueuse qui avait coûté un maréchal aux Français. Kent répondit en marquant beaucoup de considération à son oncle pour ses dispositifs de siège et l’emploi de l’artillerie à feu.     
  — Entendez-vous, messire connétable, et vous tous, Messeigneurs, s’écria Valois, ce que déclare mon noble neveu… que sans nos bombardes à boulets, la ville aurait pu tenir quatre mois ? Qu’on en garde souvenir ! 
  Par-dessus les plats, les coupes et les brocs, Kent et Mortimer s’observaient. Aussitôt le banquet achevé, les principaux chefs s’enfermèrent pour la rédaction de l’acte de trêve dont les articles étaient nombreux. Kent, à vrai dire, était prêt à céder sur tout, sauf sur certaines formules qui contestaient la légitimité des pouvoirs du roi d’Angleterre, et sur l’inscription des sires Basset et Montpezat en tête de la liste des otages. Car ces derniers ayant séquestré et pendu des officiers du roi de France, leur sort n’eût été que trop certain. Or Valois exigeait qu’on lui remît le sénéchal et le responsable de la révolte de Saint-Sardos. 
  Lord Mortimer participait aux négociations. Il suggéra d’avoir un entretien particulier avec le comte de Kent. Le connétable Gaucher s’y déclara opposé ; on ne laissait pas discuter d’une trêve par un transfuge du camp adverse ! Mais Robert d’Artois et Charles de Valois faisaient confiance à Mortimer. Les deux Anglais s’isolèrent donc dans un coin du tref. 
  — Avez-vous grande inclination, my Lord, à vous en retourner si tôt en Angleterre ?… demanda Mortimer. 
  Kent ne répondit pas. 
  — Pour y affronter le roi Édouard votre frère, dont vous connaissez assez l’injustice et qui vous fera grief d’une défaite que les Despensers vous ont ménagée ? Car vous avez été trahi, my Lord, vous ne pouvez l’ignorer. Nous savions que des renforts vous étaient promis qui ne sont jamais partis d’Angleterre. Et l’ordre au sénéchal de Bordeaux de n’aller point à votre aide avant l’arrivée de ces renforts, n’est-ce pas là trahison ? Ne vous surprenez pas de me voir si bien informé ; je n’en suis redevable qu’aux banquiers lombards… Mais vous êtes-vous demandé la cause d’une si félonne négligence à votre endroit ? N’en voyez-vous pas le but ? 
  Kent se taisait toujours, la tête un peu inclinée, et contemplait ses doigts. 
  — Vainqueur ici, vous deveniez redoutable pour les Despensers, my Lord, reprit Mortimer, et preniez trop d’importance dans le royaume. Ils ont bien préféré vous faire subir le discrédit d’une reddition, fût-ce au prix de l’Aquitaine dont peu se soucient des hommes attentifs seulement à voler, l’une après l’autre, les baronnies des Marches. Comprenez-vous qu’il m’ait fallu, voici trois ans, me rebeller pour l’Angleterre contre son roi, ou pour le roi contre lui-même ? Qui vous assure qu’aussitôt rentré vous ne serez pas à votre tour accusé de forfaiture et jeté en geôle ? Vous êtes jeune encore, my Lord, et ne connaissez point ce dont ces mauvaises gens sont capables. 
  Kent repoussa ses rouleaux blonds derrière son oreille, et répondit enfin : 
  — Je commence, my Lord, à le connaître à mes dépens. 
  — Vous répugnerait-il de vous offrir pour premier otage, sous la garantie, bien sûr, que vous aurez traitement de prince ? À présent que l’Aquitaine est perdue, et à jamais, je le crains, ce qu’il nous faut sauver, c’est le royaume lui-même, et c’est d’ici que nous le pouvons mieux faire. 
  Le jeune homme leva vers Mortimer un regard surpris. 
  — Voici deux heures, dit-il, j’étais encore lieutenant du roi mon frère, et déjà vous m’invitez à entrer en révolte ? 
  — Sans qu’il y paraisse, my Lord, sans qu’il y paraisse… Les grandes actions se décident en peu de temps. 
   — Combien m’en accordez-vous ? 
  — Il n’en est besoin, my Lord, puisque vous avez déjà décidé. 
  Ce ne fut pas un mince succès pour Roger Mortimer lorsque le jeune comte Edmond de Kent, revenant s’asseoir à la table de la trêve, annonça qu’il s’offrait pour premier otage. Mortimer, se penchant vers son épaule, lui dit : 
  — À présent, il nous faut œuvrer pour sauver votre belle-sœur et cousine, la reine. Elle mérite notre amour, et nous peut être du plus grand appui. 

Demain "La louve de France" 2ème partie "Isabelle aux amours" ch. 1 "La table du pape Jean" 

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