mercredi 8 mai 2019

Les rois maudits - La Louve de France - ch.1 - On ne s'évade pas de la Tour de Londres - 2


Ch, 1
On ne s’évade pas de la Tour de Londres -2



  Mortimer le Jeune revint au soupirail, glissa une main entre les barreaux et la posa, comme morte, sur la poussière. 
« L’oncle, maintenant, va somnoler jusqu’au soir, pensait-il. Et puis il se décidera à la dernière minute. De fait, ce ne sera point aisé avec lui ; et ne va-t-il pas tout faire échouer ?… Ah ! Voilà Édouard. » 
  L’oiseau s’était arrêté à peu de distance de la main inerte, et essuyait son gros bec noir contre sa patte. « Si je l’étrangle, mon évasion réussira. Si je le manque, je ne m’échapperai pas. » Ce n’était plus un jeu, mais un pari avec le destin. Pour occuper son attente, tromper son anxiété, le prisonnier avait besoin de se fabriquer des présages, et il guettait, d’un œil de chasseur, l’énorme corbeau. Mais celui-ci, comme s’il avait discerné la menace, s’écarta. 
  Les soldats sortaient du réfectoire, le visage tout illuminé. Ils se répartirent en petits groupes, à travers la cour, pour les jeux, les courses et luttes qui étaient tradition de fête. Pendant deux heures, le torse nu, ils suèrent sous le soleil, rivalisant de force pour se plaquer au sol, ou d’adresse pour lancer des masses contre un piquet de bois. On entendait le constable crier : 
— Le prix du roi ! Qui le gagnera ? Un shilling! 
  Puis, quand le jour commença de baisser, les hommes allèrent se laver aux citernes et, plus bruyants que le matin, commentant leurs exploits ou leurs défaites, ils regagnèrent le réfectoire pour manger et boire encore. Qui n’était pas ivre le soir de la Saint-Pierre-ès-Liens méritait le mépris de ses compagnons ! Le prisonnier les entendait se ruer au vin. 
  L’ombre descendait sur la cour, l’ombre bleue des soirs d’été, et l’odeur de vase, venant des douves et du fleuve, se faisait plus pénétrante. Soudain un croassement furieux, rauque, prolongé, un de ces cris d’animaux qui donnent un malaise aux hommes, déchira l’air devant le soupirail. 
— Qu’est-ce là ? demanda le vieux Lord de Chirk dans le fond de la cellule. 
— Je l’ai manqué, dit son neveu. Je lui ai saisi l’aile au lieu du col. 
  Il conservait aux doigts quelques plumes noires qu’il contemplait tristement dans l’incertaine lumière du crépuscule. Le corbeau avait disparu et, cette fois, ne reviendrait plus. 
« C’est sottise d’enfant que d’y attacher importance, se disait Mortimer le Jeune. Allons, l’heure approche. » 
  Mais il était obsédé d’un mauvais pressentiment. Il en fut distrait par l’étrange silence qui depuis quelques instants venait de s’établir dans la Tour. Aucun bruit ne s’élevait plus du réfectoire ; les voix des buveurs s’étaient éteintes ; le choc des plats et des pichets avait cessé. On n’entendait rien qu’un aboiement quelque part dans les jardins, et le cri lointain d’un marinier sur la Tamise… 
  Le complot d’Alspaye avait-il été éventé, et ce silence de la forteresse était-il dû à la stupeur qui suit la découverte des grandes trahisons ? Le front collé aux grilles du soupirail, le prisonnier, retenant son souffle, épiait l’ombre et les moindres sons. Un archer traversa la cour en titubant, alla vomir contre un mur, puis s’affala sur le sol et ne bougea plus. Mortimer distinguait sa forme immobile dans l’herbe. Déjà les premières étoiles apparaissaient au ciel. La nuit serait claire. Deux soldats encore sortirent du réfectoire en se tenant le ventre, et vinrent s’écrouler au pied d’un arbre. Ce n’était pas une ivresse coutumière que celle-ci, qui assommait les hommes comme d’un coup de bâton. 
  Mortimer de Wigmore chercha ses bottes à tâtons, dans un coin du cachot, et les enfila ; elles glissaient facilement car ses jambes avaient maigri. — Que fais-tu, Roger ? demanda Mortimer de Chirk. — Je me prépare, mon oncle ; le moment approche. Notre ami Alspaye paraît avoir bien fait les choses ; on dirait tout juste que la Tour est morte. 
— Il est vrai qu’on ne nous a point porté notre second repas, remarqua le vieux Lord avec un accent d’inquiétude. 
  Roger Mortimer remettait sa chemise dans ses braies, bouclait sa ceinture autour de sa cotte de guerre. Ses vêtements étaient usés, fripés, car on refusait depuis dix-huit mois de lui en fournir d’autres, et il vivait dans son habillement de bataille, tel qu’on l’avait dégagé de son armure faussée, la lèvre inférieure blessée par le choc de la mentonnière. 
— Si tu réussis, je vais rester seul, et toutes les vengeances retomberont sur moi, dit encore le Lord de Chirk. 
  Il y avait une grande part d’égoïsme dans la vaine obstination du vieil homme à détourner son neveu de s’évader. 
— Entendez donc, mon oncle, voici qu’on vient. Cette fois, levez-vous. 
  Des pas résonnaient sur les dalles de pierre, approchaient de la porte. Une voix appela :  
— My Lord ! 
— Est-ce toi, Alspaye ? 
— Oui, my Lord, mais je n’ai pas la clef. Votre geôlier, dans son ivresse, a égaré le trousseau ; et maintenant, en l’état où il est, on ne peut rien en tirer. J’ai cherché partout. 
  Du bat-flanc où reposait le Lord de Chirk partit un petit ricanement. Mortimer le Jeune eut un juron de dépit. Alspaye mentait-il, ayant pris peur à la dernière minute ? Mais dans ce cas, pourquoi était-il venu ? Ou bien était-ce le hasard absurde, ce hasard que le prisonnier avait tenté d’imaginer toute la journée, et qui se présentait sous cette forme ? — Tout est prêt, my Lord, je vous assure, continuait Alspaye. La poudre de l’évêque, qu’on a mêlée au vin, a fait merveille. Ils étaient déjà bien saouls et ne se sont aperçus de rien. À présent, ils sont tous engourdis, comme morts. Les cordes sont préparées, la barque vous attend. Mais je n’ai pas la clef. 
— De combien de temps pouvons-nous profiter ? 
— Les sentinelles ne devraient point s’inquiéter avant une grande demi-heure. Elles ont festoyé, elles aussi, avant leur garde. 
— Qui t’accompagne ? 
— Ogle. 
— Envoie-le prendre une masse, un coin, un levier, et faites sauter la pierre. 
— Je vais avec lui, et m’en retourne aussitôt. 
  Les deux hommes s’éloignèrent. Roger Mortimer mesurait le temps aux battements de son cœur. Pour une clef égarée !… Et il suffisait maintenant qu’une sentinelle, sous un prétexte quelconque, abandonnât sa veille pour que tout échouât… Le vieux Lord lui-même se taisait et l’on entendait sa respiration oppressée dans le fond du cachot. Bientôt un rai de lumière filtra sous la porte. Alspaye revenait, avec le barbier qui portait chandelle et outils. Ils s’attaquèrent à la pierre du mur dans laquelle le pêne enfonçait de deux pouces. Ils s’efforçaient d’assourdir leurs coups ; mais même ainsi, ils avaient l’impression que l’écho s’en devait répercuter dans toute la Tour. Des éclats de pierre tombaient sur le sol. Enfin, le bloc s’écroula et la porte s’ouvrit. 
— Faites vite, my Lord, dit Alspaye. 
  Sa face rose, éclairée par la chandelle, était couverte de sueur, et ses mains tremblaient. Roger Mortimer de Wigmore s’approcha de son oncle, se pencha vers lui. 
— Non, va seul, mon garçon, dit Mortimer de Chirk ; il faut que tu t’échappes. Que Dieu te protège. Et ne m’en veuille pas d’être vieux. 
  Il attira son neveu par la manche, lui traça du pouce un signe de croix au front. 
— Venge-nous, Roger, murmura-t-il encore. 
  Et Roger Mortimer de Wigmore, se courbant, sortit de la cellule. 
— Par où passerons-nous ? demanda-t-il. 
— Par les cuisines, répondit Alspaye. 
  Le lieutenant, le barbier et le prisonnier gravirent quelques marches, suivirent un corridor, franchirent plusieurs pièces obscures. 
— Tu es armé, Alspaye ? chuchota soudain Mortimer. 
— J’ai ma miséricorde. 
— Il y a un homme, là ! 
  Une forme se tenait contre le mur, que Mortimer avait devinée le premier. Le barbier cacha sous sa paume la faible flamme de la chandelle ; le lieutenant dégagea sa dague ; ils avancèrent plus lentement. L’homme, dans l’ombre, ne bougeait pas. Les épaules et les bras collés à la muraille, les jambes écartées, il paraissait avoir peine à se soutenir. 
— C’est Seagrave, dit le lieutenant. 
  Le constable borgne, comprenant qu’on l’avait drogué en même temps que ses hommes, était parvenu à marcher jusque-là et luttait contre une invincible torpeur. Il voyait son prisonnier s’évader ; il voyait son lieutenant qui l’avait trahi ; mais sa bouche ne formait aucun son, ses membres lui refusaient tout mouvement, et, dans son œil unique, sous une paupière qui s’appesantissait, on pouvait lire l’angoisse de la mort. Le lieutenant lui lança le poing en plein visage ; la tête du constable cogna contre la pierre, et son corps s’affaissa. 
  Les trois hommes passèrent devant la porte du grand réfectoire où les torches fumaient ; toute la garnison s’y trouvait, endormie. Affalés sur les tables, écroulés sur les bancs, étendus à même le sol, les archers ronflaient, gueules ouvertes, dans des postures grotesques, comme si un magicien les eût plongés dans un sommeil de cent ans. Même spectacle aux cuisines éclairées par les braises rougeoyant sous les chaudrons, et où stagnait une épaisse odeur de graillon. Les vivandiers avaient tâté, eux aussi, du vin d’Aquitaine dans lequel le barbier Ogle avait versé la drogue ; et ils gisaient, qui sous l’étal, qui près de la panetière, qui parmi les brocs, la panse en l’air et les bras écartés. Seul bougeait un chat, gorgé de viande crue, et cheminant d’une patte prudente à travers les tables. — Ici, my Lord, dit le lieutenant en guidant le prisonnier vers un réduit utilisé à la fois comme latrines et comme déversoir aux eaux grasses. 
  Une lucarne était ménagée dans ce réduit, seule ouverture sur ce côté des murs qui pût livrer passage à un homme. Ogle apporta une échelle de corde qu’il avait cachée dans un coffre, et approcha une escabelle. L’échelle fut fixée au rebord de la lucarne ; le lieutenant passa le premier, puis Roger Mortimer, puis le barbier. Et bientôt ils furent tous les trois accrochés à l’échelle, glissant le long de la muraille, à trente pieds audessus de l’eau miroitante des douves. 
  La lune n’était pas encore levée. « En effet, mon oncle n’aurait jamais pu s’enfuir de la sorte », pensa Mortimer. Une masse noire bougea à côté de lui, avec un froissement de plumes. C’était un gros corbeau, niché dans une meurtrière et dérangé dans son sommeil. Mortimer, instinctivement, étendit la main, fouilla dans un plumage chaud, trouva le cou de l’oiseau qui eut un long cri douloureux, presque humain ; le fugitif serra de toutes ses forces en tournant le poignet jusqu’à ce qu’il sentît le craquement des os sous ses doigts. Le corps de l’animal tomba dans l’eau avec un bruit claquant. 
— Who goes there? cria aussitôt une sentinelle. 
  Et un casque se pencha hors d’un créneau, au sommet de la tour de la Cloche. Les trois fugitifs, agrippés à l’échelle de corde, se tassaient contre la muraille. « Pourquoi ai-je fait cela ? pensait Mortimer. Quelle sotte tentation m’a poussé ? Il y avait assez de risques ; pourquoi en inventer ? » Mais la sentinelle, rassurée par le silence, reprit sa ronde, et l’on entendit son pas décroître dans la nuit. La descente continua. 
  L’eau, en cette saison, était peu profonde dans les douves. Les trois hommes s’y laissèrent couler, disparaissant jusqu’aux épaules, et longèrent l’assise de la forteresse. S’appuyant de la main aux pierres du mur romain, ils contournèrent la tour de la Cloche, et puis traversèrent le fossé en amortissant le plus possible le bruit de leurs gestes. Le talus était vaseux et glissant. Les fugitifs s’y hissèrent sur le ventre, s’aidant l’un l’autre, puis coururent, courbés, jusqu’à la berge du fleuve. 
  Là, une barque attendait, cachée dans les herbes. Deux rameurs se tenaient aux avirons ; un homme, enveloppé dans une grande chape sombre et la tête couverte d’un chaperon à oreillettes, était assis à l’arrière ; il émit un sifflement léger, à trois reprises. Les fugitifs sautèrent dans la barque. 
— My Lord Mortimer, dit l’homme à la chape en tendant les mains. 
— My Lord Bishop, répondit l’évadé en faisant le même geste. 
  Ses doigts rencontrèrent le cabochon d’une bague vers laquelle il pencha les lèvres. 
— Go ahead, quickly, commanda le prélat aux rameurs. 
  Et les avirons entrèrent dans l’eau. Adam Orleton, évêque de Hereford, nommé à son siège par le pape, contre la volonté du roi, et chef de l’opposition du clergé, venait de faire évader le plus important seigneur du royaume. C’était Orleton qui avait tout organisé, tout préparé, circonvenu Alspaye en l’assurant qu’il allait gagner à la fois sa fortune et le paradis, fourni le narcotique qui avait plongé dans l’hébétude la tour de Londres. 
— Tout s’est bien passé, Alspaye ? demanda-t-il. 
— Aussi bien que possible, my Lord, répondit le lieutenant. Combien de temps vont-ils dormir ? 
— Deux bonnes journées, sans doute… J’ai là ce qui était promis à chacun, dit l’évêque en découvrant une lourde bourse qu’il tenait sous sa chape. Et pour vous aussi, my Lord, j’ai le nécessaire à votre dépense, pour quelques semaines tout au moins. 
  À ce moment on entendit une sentinelle crier : 
— Sound the alarm ! 
  Mais la barque était déjà fort engagée sur le fleuve, et tous les cris des sentinelles ne parviendraient pas à réveiller la Tour. 
— Je vous dois tout, et d’abord la vie, dit Mortimer à l’évêque. 
— Attendez d’être en France, répondit celui-ci, et seulement alors vous pourrez me remercier. Des chevaux nous attendent sur l’autre rive, à Bermondsey. Une nef est frétée, auprès de Douvres, prête à appareiller. 
— Partez-vous avec moi ? 
— Non, my Lord, je n’ai aucune raison de fuir. Dès que je vous aurai embarqué, je rentre en mon diocèse. 
— Ne craignez-vous donc pas pour vous-même, après ce que vous venez de faire ?… 
— Je suis homme d’Église, répondit l’évêque avec une pointe d’ironie. Le roi me hait mais n’osera pas me toucher. 
  Ce prélat à la voix tranquille, qui bavardait au milieu de la Tamise, aussi calme que s’il eût été dans son palais épiscopal, possédait un singulier courage, et Mortimer l’admira sincèrement. Les rameurs étaient au centre de la barque ; Alspaye et le barbier s’étaient installés à l’avant. 
— Et la reine ? demanda Mortimer. L’avez-vous approchée récemment ? La tourmente-t-on toujours autant ? 
— La reine, pour le moment, est dans le Yorkshire, où le roi voyage, ce qui a d’ailleurs bien facilité notre entreprise. Votre épouse… 
  L’évêque insista légèrement sur ce dernier mot. 
— … votre épouse m’en a fait tenir des nouvelles l’autre jour. 
  Mortimer se sentit rougir et rendit grâces à l’ombre qui cachait son trouble. 
  Il s’était inquiété de la reine avant même de s’être enquis des siens et de sa propre femme. N’avait-il donc, durant ses dix-huit mois de détention, pensé qu’à la reine Isabelle ? 
— La reine vous veut grand bien, reprit l’évêque. C’est elle qui a fourni de sa cassette, de la maigre cassette que nos bons amis Despensers consentent à lui laisser, ce que je vais vous remettre pour que vous puissiez vivre en France. Pour tout le reste, pour Alspaye, le barbier, les chevaux, la nef qui vous attend, mon diocèse en a fait les frais. 
  Il avait posé la main sur le bras de l’évadé. 
— Mais vous êtes trempé ! ajouta-t-il. 
— Bah ! fit Mortimer, l’air de la liberté me séchera vite. 
  Il se leva, dépouilla sa cotte et sa chemise, et se tint debout, torse nu, au milieu de la barque. Il avait un beau corps solide, aux épaules puissantes, au dos long et musclé ; la captivité l’avait amaigri, mais sans diminuer l’impression de force que donnait sa personne. La lune qui venait de surgir l’éclairait d’une lueur dorée et dessinait les reliefs de sa poitrine. 
— Propice aux amoureux, funeste aux fugitifs, dit l’évêque en montrant la lune. C’était juste la bonne heure. 
  Roger Mortimer, sur sa peau et dans ses cheveux mouillés, sentait glisser l’air de la nuit, chargé d’odeurs d’herbes et d’eau. La Tamise, plate et noire, fuyait le long de la barque et les avirons soulevaient des paillettes d’or. La berge opposée approchait. Le grand baron se retourna pour regarder une dernière fois la Tour, haute, immense, épaulée sur ses fortifications, ses remparts, ses remblais. « On ne s’évade pas de la Tour… » Il était le premier prisonnier, depuis des siècles, à s’en être échappé ; il mesurait l’importance de son acte, et le défi qu’il lançait à la puissance des rois. 
  En arrière, la ville endormie se profilait dans la nuit. Sur les deux rives, et jusqu’au pont gardé par ses hautes tours, oscillaient lentement les mâts pressés, nombreux, des navires de la Hanse de Londres, de la Hanse Teutonique, de la Hanse parisienne des marchands d’eau, de l’Europe entière, qui apportaient les draps de Bruges, le cuivre, le goudron, la poix, les couteaux, les vins de la Saintonge et de l’Aquitaine, le poisson séché, et chargeaient pour la Flandre, pour Rouen, pour Bordeaux, pour Lisbonne, le blé, le cuir, l’étain, les fromages, et surtout la laine, la meilleure qui soit au monde, des moutons anglais. On reconnaissait à leur forme et à leurs dorures les grosses galères vénitiennes. 
  Mais déjà, Roger Mortimer de Wigmore pensait à la France. Il irait d’abord demander asile en Artois, à son cousin Jean de Fiennes… Il étendit les bras largement, d’un geste d’homme libre. Et l’évêque d’Orleton, qui regrettait de n’être né ni beau ni grand seigneur, contemplait avec un sorte d’envie ce corps assuré, prêt à bondir en selle, ce haut torse sculpté, ce menton fier, ces rudes cheveux bouclés, qui allaient emporter dans l’exil le destin de l’Angleterre. 

Demain "La louve de France" - Ch. 2 - "La reine blessée". 

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