Ch,
1
On
ne s’évade pas de la Tour de Londres -2
Mortimer
le Jeune revint au soupirail, glissa une main entre les barreaux et
la posa, comme morte, sur la poussière.
« L’oncle, maintenant, va
somnoler jusqu’au soir, pensait-il. Et puis il se décidera à la
dernière minute. De fait, ce ne sera point aisé avec lui ; et ne
va-t-il pas tout faire échouer ?… Ah ! Voilà Édouard. »
L’oiseau s’était arrêté à peu de distance de la main inerte,
et essuyait son gros bec noir contre sa patte. « Si je l’étrangle,
mon évasion réussira. Si je le manque, je ne m’échapperai pas. »
Ce n’était plus un jeu, mais un pari avec le destin. Pour occuper
son attente, tromper son anxiété, le prisonnier avait besoin de se
fabriquer des présages, et il guettait, d’un œil de chasseur,
l’énorme corbeau. Mais celui-ci, comme s’il avait discerné la
menace, s’écarta.
Les soldats sortaient du réfectoire, le visage
tout illuminé. Ils se répartirent en petits groupes, à travers la
cour, pour les jeux, les courses et luttes qui étaient tradition de
fête. Pendant deux heures, le torse nu, ils suèrent sous le soleil,
rivalisant de force pour se plaquer au sol, ou d’adresse pour
lancer des masses contre un piquet de bois. On entendait le constable
crier :
— Le prix du roi ! Qui le gagnera ? Un shilling!
Puis,
quand le jour commença de baisser, les hommes allèrent se laver aux
citernes et, plus bruyants que le matin, commentant leurs exploits ou
leurs défaites, ils regagnèrent le réfectoire pour manger et boire
encore. Qui n’était pas ivre le soir de la Saint-Pierre-ès-Liens
méritait le mépris de ses compagnons ! Le prisonnier les entendait
se ruer au vin.
L’ombre descendait sur la cour, l’ombre bleue des
soirs d’été, et l’odeur de vase, venant des douves et du
fleuve, se faisait plus pénétrante. Soudain un croassement furieux,
rauque, prolongé, un de ces cris d’animaux qui donnent un malaise
aux hommes, déchira l’air devant le soupirail.
— Qu’est-ce là
? demanda le vieux Lord de Chirk dans le fond de la cellule.
— Je
l’ai manqué, dit son neveu. Je lui ai saisi l’aile au lieu du
col.
Il conservait aux doigts quelques plumes noires qu’il
contemplait tristement dans l’incertaine lumière du crépuscule.
Le corbeau avait disparu et, cette fois, ne reviendrait plus.
«
C’est sottise d’enfant que d’y attacher importance, se disait
Mortimer le Jeune. Allons, l’heure approche. »
Mais il était
obsédé d’un mauvais pressentiment. Il en fut distrait par
l’étrange silence qui depuis quelques instants venait de s’établir
dans la Tour. Aucun bruit ne s’élevait plus du réfectoire ; les
voix des buveurs s’étaient éteintes ; le choc des plats et des
pichets avait cessé. On n’entendait rien qu’un aboiement quelque
part dans les jardins, et le cri lointain d’un marinier sur la
Tamise…
Le complot d’Alspaye avait-il été éventé, et ce
silence de la forteresse était-il dû à la stupeur qui suit la
découverte des grandes trahisons ? Le front collé aux grilles du
soupirail, le prisonnier, retenant son souffle, épiait l’ombre et
les moindres sons. Un archer traversa la cour en titubant, alla vomir
contre un mur, puis s’affala sur le sol et ne bougea plus. Mortimer
distinguait sa forme immobile dans l’herbe. Déjà les premières
étoiles apparaissaient au ciel. La nuit serait claire. Deux soldats
encore sortirent du réfectoire en se tenant le ventre, et vinrent
s’écrouler au pied d’un arbre. Ce n’était pas une ivresse
coutumière que celle-ci, qui assommait les hommes comme d’un coup
de bâton.
Mortimer de Wigmore chercha ses bottes à tâtons, dans un
coin du cachot, et les enfila ; elles glissaient facilement car ses
jambes avaient maigri. — Que fais-tu, Roger ? demanda Mortimer de
Chirk. — Je me prépare, mon oncle ; le moment approche. Notre ami
Alspaye paraît avoir bien fait les choses ; on dirait tout juste que
la Tour est morte.
— Il est vrai qu’on ne nous a point porté
notre second repas, remarqua le vieux Lord avec un accent
d’inquiétude.
Roger Mortimer remettait sa chemise dans ses braies,
bouclait sa ceinture autour de sa cotte de guerre. Ses vêtements
étaient usés, fripés, car on refusait depuis dix-huit mois de lui
en fournir d’autres, et il vivait dans son habillement de bataille,
tel qu’on l’avait dégagé de son armure faussée, la lèvre
inférieure blessée par le choc de la mentonnière.
— Si tu
réussis, je vais rester seul, et toutes les vengeances retomberont
sur moi, dit encore le Lord de Chirk.
Il y avait une grande part
d’égoïsme dans la vaine obstination du vieil homme à détourner
son neveu de s’évader.
— Entendez donc, mon oncle, voici qu’on
vient. Cette fois, levez-vous.
Des pas résonnaient sur les dalles de
pierre, approchaient de la porte. Une voix appela :
— My Lord !
—
Est-ce toi, Alspaye ?
— Oui, my Lord, mais je n’ai pas la clef.
Votre geôlier, dans son ivresse, a égaré le trousseau ; et
maintenant, en l’état où il est, on ne peut rien en tirer. J’ai
cherché partout.
Du bat-flanc où reposait le Lord de Chirk partit
un petit ricanement. Mortimer le Jeune eut un juron de dépit.
Alspaye mentait-il, ayant pris peur à la dernière minute ? Mais
dans ce cas, pourquoi était-il venu ? Ou bien était-ce le hasard
absurde, ce hasard que le prisonnier avait tenté d’imaginer toute
la journée, et qui se présentait sous cette forme ? — Tout est
prêt, my Lord, je vous assure, continuait Alspaye. La poudre de
l’évêque, qu’on a mêlée au vin, a fait merveille. Ils étaient
déjà bien saouls et ne se sont aperçus de rien. À présent, ils
sont tous engourdis, comme morts. Les cordes sont préparées, la
barque vous attend. Mais je n’ai pas la clef.
— De combien de
temps pouvons-nous profiter ?
— Les sentinelles ne devraient point
s’inquiéter avant une grande demi-heure. Elles ont festoyé, elles
aussi, avant leur garde.
— Qui t’accompagne ?
— Ogle.
—
Envoie-le prendre une masse, un coin, un levier, et faites sauter la
pierre.
— Je vais avec lui, et m’en retourne aussitôt.
Les deux
hommes s’éloignèrent. Roger Mortimer mesurait le temps aux
battements de son cœur. Pour une clef égarée !… Et il suffisait
maintenant qu’une sentinelle, sous un prétexte quelconque,
abandonnât sa veille pour que tout échouât… Le vieux Lord
lui-même se taisait et l’on entendait sa respiration oppressée
dans le fond du cachot. Bientôt un rai de lumière filtra sous la
porte. Alspaye revenait, avec le barbier qui portait chandelle et
outils. Ils s’attaquèrent à la pierre du mur dans laquelle le
pêne enfonçait de deux pouces. Ils s’efforçaient d’assourdir
leurs coups ; mais même ainsi, ils avaient l’impression que l’écho
s’en devait répercuter dans toute la Tour. Des éclats de pierre
tombaient sur le sol. Enfin, le bloc s’écroula et la porte
s’ouvrit.
— Faites vite, my Lord, dit Alspaye.
Sa face rose,
éclairée par la chandelle, était couverte de sueur, et ses mains
tremblaient. Roger Mortimer de Wigmore s’approcha de son oncle, se
pencha vers lui.
— Non, va seul, mon garçon, dit Mortimer de Chirk
; il faut que tu t’échappes. Que Dieu te protège. Et ne m’en
veuille pas d’être vieux.
Il attira son neveu par la manche, lui
traça du pouce un signe de croix au front.
— Venge-nous, Roger,
murmura-t-il encore.
Et Roger Mortimer de Wigmore, se courbant,
sortit de la cellule.
— Par où passerons-nous ? demanda-t-il.
—
Par les cuisines, répondit Alspaye.
Le lieutenant, le barbier et le
prisonnier gravirent quelques marches, suivirent un corridor,
franchirent plusieurs pièces obscures.
— Tu es armé, Alspaye ?
chuchota soudain Mortimer.
— J’ai ma miséricorde.
— Il y a un
homme, là !
Une forme se tenait contre le mur, que Mortimer avait
devinée le premier. Le barbier cacha sous sa paume la faible flamme
de la chandelle ; le lieutenant dégagea sa dague ; ils avancèrent
plus lentement. L’homme, dans l’ombre, ne bougeait pas. Les
épaules et les bras collés à la muraille, les jambes écartées,
il paraissait avoir peine à se soutenir.
— C’est Seagrave, dit
le lieutenant.
Le constable borgne, comprenant qu’on l’avait
drogué en même temps que ses hommes, était parvenu à marcher
jusque-là et luttait contre une invincible torpeur. Il voyait son
prisonnier s’évader ; il voyait son lieutenant qui l’avait trahi
; mais sa bouche ne formait aucun son, ses membres lui refusaient
tout mouvement, et, dans son œil unique, sous une paupière qui
s’appesantissait, on pouvait lire l’angoisse de la mort. Le
lieutenant lui lança le poing en plein visage ; la tête du
constable cogna contre la pierre, et son corps s’affaissa.
Les
trois hommes passèrent devant la porte du grand réfectoire où les
torches fumaient ; toute la garnison s’y trouvait, endormie.
Affalés sur les tables, écroulés sur les bancs, étendus à même
le sol, les archers ronflaient, gueules ouvertes, dans des postures
grotesques, comme si un magicien les eût plongés dans un sommeil de
cent ans. Même spectacle aux cuisines éclairées par les braises
rougeoyant sous les chaudrons, et où stagnait une épaisse odeur de
graillon. Les vivandiers avaient tâté, eux aussi, du vin
d’Aquitaine dans lequel le barbier Ogle avait versé la drogue ; et
ils gisaient, qui sous l’étal, qui près de la panetière, qui
parmi les brocs, la panse en l’air et les bras écartés. Seul
bougeait un chat, gorgé de viande crue, et cheminant d’une patte
prudente à travers les tables. — Ici, my Lord, dit le lieutenant
en guidant le prisonnier vers un réduit utilisé à la fois comme
latrines et comme déversoir aux eaux grasses.
Une lucarne était
ménagée dans ce réduit, seule ouverture sur ce côté des murs qui
pût livrer passage à un homme. Ogle apporta une échelle de
corde qu’il avait cachée dans un coffre, et approcha une
escabelle. L’échelle fut fixée au rebord de la lucarne ; le
lieutenant passa le premier, puis Roger Mortimer, puis le barbier. Et
bientôt ils furent tous les trois accrochés à l’échelle,
glissant le long de la muraille, à trente pieds audessus de l’eau
miroitante des douves.
La lune n’était pas encore levée. « En
effet, mon oncle n’aurait jamais pu s’enfuir de la sorte »,
pensa Mortimer. Une masse noire bougea à côté de lui, avec un
froissement de plumes. C’était un gros corbeau, niché dans une
meurtrière et dérangé dans son sommeil. Mortimer, instinctivement,
étendit la main, fouilla dans un plumage chaud, trouva le cou de
l’oiseau qui eut un long cri douloureux, presque humain ; le
fugitif serra de toutes ses forces en tournant le poignet jusqu’à
ce qu’il sentît le craquement des os sous ses doigts. Le corps de
l’animal tomba dans l’eau avec un bruit claquant.
— Who goes
there? cria aussitôt une sentinelle.
Et un casque se pencha
hors d’un créneau, au sommet de la tour de la Cloche. Les trois
fugitifs, agrippés à l’échelle de corde, se tassaient contre la
muraille. « Pourquoi ai-je fait cela ? pensait Mortimer. Quelle
sotte tentation m’a poussé ? Il y avait assez de risques ;
pourquoi en inventer ? » Mais la sentinelle, rassurée par le
silence, reprit sa ronde, et l’on entendit son pas décroître dans
la nuit. La descente continua.
L’eau, en cette saison, était peu
profonde dans les douves. Les trois hommes s’y laissèrent couler,
disparaissant jusqu’aux épaules, et longèrent l’assise de la
forteresse. S’appuyant de la main aux pierres du mur romain, ils
contournèrent la tour de la Cloche, et puis traversèrent le fossé
en amortissant le plus possible le bruit de leurs gestes. Le talus
était vaseux et glissant. Les fugitifs s’y hissèrent sur le
ventre, s’aidant l’un l’autre, puis coururent, courbés,
jusqu’à la berge du fleuve.
Là, une barque attendait, cachée
dans les herbes. Deux rameurs se tenaient aux avirons ; un homme,
enveloppé dans une grande chape sombre et la tête couverte d’un
chaperon à oreillettes, était assis à l’arrière ; il émit un
sifflement léger, à trois reprises. Les fugitifs sautèrent dans la
barque.
— My Lord Mortimer, dit l’homme à la chape en tendant
les mains.
— My Lord Bishop, répondit l’évadé en faisant le
même geste.
Ses doigts rencontrèrent le cabochon d’une bague vers
laquelle il pencha les lèvres.
— Go ahead, quickly, commanda
le prélat aux rameurs.
Et les avirons entrèrent dans l’eau. Adam
Orleton, évêque de Hereford, nommé à son siège par le pape,
contre la volonté du roi, et chef de l’opposition du clergé,
venait de faire évader le plus important seigneur du royaume.
C’était Orleton qui avait tout organisé, tout préparé,
circonvenu Alspaye en l’assurant qu’il allait gagner à la fois
sa fortune et le paradis, fourni le narcotique qui avait plongé dans
l’hébétude la tour de Londres.
— Tout s’est bien passé,
Alspaye ? demanda-t-il.
— Aussi bien que possible, my Lord,
répondit le lieutenant. Combien de temps vont-ils dormir ?
— Deux
bonnes journées, sans doute… J’ai là ce qui était promis à
chacun, dit l’évêque en découvrant une lourde bourse qu’il
tenait sous sa chape. Et pour vous aussi, my Lord, j’ai le
nécessaire à votre dépense, pour quelques semaines tout au moins.
À ce moment on entendit une sentinelle crier :
— Sound the alarm !
Mais la barque était déjà fort engagée sur le fleuve, et tous les
cris des sentinelles ne parviendraient pas à réveiller la Tour.
—
Je vous dois tout, et d’abord la vie, dit Mortimer à l’évêque.
— Attendez d’être en France, répondit celui-ci, et seulement
alors vous pourrez me remercier. Des chevaux nous attendent sur
l’autre rive, à Bermondsey. Une nef est frétée, auprès de
Douvres, prête à appareiller.
— Partez-vous avec moi ?
— Non,
my Lord, je n’ai aucune raison de fuir. Dès que je vous aurai
embarqué, je rentre en mon diocèse.
— Ne craignez-vous donc pas
pour vous-même, après ce que vous venez de faire ?…
— Je suis
homme d’Église, répondit l’évêque avec une pointe d’ironie.
Le roi me hait mais n’osera pas me toucher.
Ce prélat à la voix
tranquille, qui bavardait au milieu de la Tamise, aussi calme que
s’il eût été dans son palais épiscopal, possédait un singulier
courage, et Mortimer l’admira sincèrement. Les rameurs étaient au
centre de la barque ; Alspaye et le barbier s’étaient installés à
l’avant.
— Et la reine ? demanda Mortimer. L’avez-vous
approchée récemment ? La tourmente-t-on toujours autant ?
— La
reine, pour le moment, est dans le Yorkshire, où le roi voyage, ce
qui a d’ailleurs bien facilité notre entreprise. Votre épouse…
L’évêque insista légèrement sur ce dernier mot.
— … votre
épouse m’en a fait tenir des nouvelles l’autre jour.
Mortimer se
sentit rougir et rendit grâces à l’ombre qui cachait son trouble.
Il s’était inquiété de la reine avant même de s’être enquis
des siens et de sa propre femme. N’avait-il donc, durant ses
dix-huit mois de détention, pensé qu’à la reine Isabelle ?
—
La reine vous veut grand bien, reprit l’évêque. C’est elle qui
a fourni de sa cassette, de la maigre cassette que nos bons amis
Despensers consentent à lui laisser, ce que je vais vous remettre
pour que vous puissiez vivre en France. Pour tout le reste, pour
Alspaye, le barbier, les chevaux, la nef qui vous attend, mon diocèse
en a fait les frais.
Il avait posé la main sur le bras de l’évadé.
— Mais vous êtes trempé ! ajouta-t-il.
— Bah ! fit Mortimer,
l’air de la liberté me séchera vite.
Il se leva, dépouilla sa
cotte et sa chemise, et se tint debout, torse nu, au milieu de la
barque. Il avait un beau corps solide, aux épaules puissantes, au
dos long et musclé ; la captivité l’avait amaigri, mais sans
diminuer l’impression de force que donnait sa personne. La lune qui
venait de surgir l’éclairait d’une lueur dorée et dessinait les
reliefs de sa poitrine.
— Propice aux amoureux, funeste aux
fugitifs, dit l’évêque en montrant la lune. C’était juste la
bonne heure.
Roger Mortimer, sur sa peau et dans ses cheveux
mouillés, sentait glisser l’air de la nuit, chargé d’odeurs
d’herbes et d’eau. La Tamise, plate et noire, fuyait le long de
la barque et les avirons soulevaient des paillettes d’or. La berge
opposée approchait. Le grand baron se retourna pour regarder une
dernière fois la Tour, haute, immense, épaulée sur ses
fortifications, ses remparts, ses remblais. « On ne s’évade pas
de la Tour… » Il était le premier prisonnier, depuis des siècles,
à s’en être échappé ; il mesurait l’importance de son acte,
et le défi qu’il lançait à la puissance des rois.
En arrière,
la ville endormie se profilait dans la nuit. Sur les deux rives, et
jusqu’au pont gardé par ses hautes tours, oscillaient lentement
les mâts pressés, nombreux, des navires de la Hanse de Londres, de
la Hanse Teutonique, de la Hanse parisienne des marchands d’eau, de
l’Europe entière, qui apportaient les draps de Bruges, le cuivre,
le goudron, la poix, les couteaux, les vins de la Saintonge et de
l’Aquitaine, le poisson séché, et chargeaient pour la Flandre,
pour Rouen, pour Bordeaux, pour Lisbonne, le blé, le cuir, l’étain,
les fromages, et surtout la laine, la meilleure qui soit au monde,
des moutons anglais. On reconnaissait à leur forme et à leurs
dorures les grosses galères vénitiennes.
Mais déjà, Roger
Mortimer de Wigmore pensait à la France. Il irait d’abord demander
asile en Artois, à son cousin Jean de Fiennes… Il étendit les
bras largement, d’un geste d’homme libre. Et l’évêque
d’Orleton, qui regrettait de n’être né ni beau ni grand
seigneur, contemplait avec un sorte d’envie ce corps assuré, prêt
à bondir en selle, ce haut torse sculpté, ce menton fier, ces rudes
cheveux bouclés, qui allaient emporter dans l’exil le destin de
l’Angleterre.
Demain "La louve de France" - Ch. 2 - "La reine blessée".
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