Edgar
Allan Poe
Double
assassinat dans la rue Morgue
Les
facultés de l’esprit qu’on définit par le terme analytiques
sont en elles-mêmes fort peu susceptibles d’analyse. Nous ne les
apprécions que par leurs résultats. Ce que nous en savons, entre
autre choses, c’est qu’elles sont pour celui qui les possède à
un degré extraordinaire une source de jouissances des plus vives. De
même que l’homme fort se réjouit dans son aptitude physique, se
complaît dans les exercices qui provoquent les muscles à l’action,
de même l’analyse prend sa gloire dans cette activité spirituelle
dont la fonction est de débrouiller. Il tire du plaisir même des
plus triviales occasions qui mettent ses talents en jeu. Il raffole
des énigmes, des rébus, des hiéroglyphes ; il déploie dans
chacune des solutions une puissance de perspicacité qui, dans
l’opinion vulgaire, prend un caractère surnaturel. Les résultats,
habilement déduits par l’âme même et l’essence de sa méthode,
ont réellement tout l’air d’une intuition. Cette faculté de
résolution tire peut-être une grande force de l’étude des
mathématiques, et particulièrement de la très haute branche de
cette science, qui, fort improprement et simplement en raison de ses
opérations rétrogrades, a été nommée l’analyse, comme si elle
était l’analyse par excellence. Car, en somme, tout calcul n’est
pas en soi une analyse. Un joueur d’échecs, par exemple, fait fort
bien l’un sans l’autre. Il suit de là que le jeu d’échecs,
dans ses effets sur la nature spirituelle, est fort mal apprécié.
Je ne veux pas écrire ici un traité de l’analyse, mais simplement
mettre en tête d’un récit passablement singulier quelques
observations jetées tout à fait à l’abandon et qui lui serviront
de préface.
un livre que j'ai étudié au collège en classe de 4è !!
RépondreSupprimerE.A Poe est un écrivain formidable. Adolescent sensible j'avais été terrifié par ''Les aventures d'Arthur Gordon Pym''
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