Verdi
– Aïda – Marche triomphale
vendredi 31 août 2018
Les Rois maudits - La reine étrangléeb- Prologue
PROLOGUE
Le
29 novembre 1314, deux heures après vêpres, vingt-quatre
chevaucheurs sous la livrée de France sortaient au galop du château
de Fontainebleau. La neige blanchissait les chemins de la forêt ; le
ciel était plus sombre que la terre ; il faisait déjà nuit, ou
plutôt, par suite d’une éclipse de soleil, il n’avait pas cessé
de faire nuit depuis la veille. Les vingt-quatre chevaucheurs ne
prendraient pas de repos avant le matin, et ils galoperaient encore
tout le lendemain et les journées suivantes, qui vers la Flandre,
qui vers l’Angoumois et la Guyenne, qui vers Dole en Comté, qui
vers Rennes et Nantes, qui vers Toulouse, vers Lyon, Aigues-Mortes,
réveillant sur leurs routes baillis et sénéchaux, prévôts,
échevins, capitaines, pour annoncer à chaque ville ou bourgade du
royaume que le roi Philippe IV le Bel était mort. Dans chaque
clocher, le glas se mettrait à retentir ; une grande onde sonore,
sinistre, irait s’élargissant jusqu’à ce qu’elle ait atteint
toutes les frontières. Après vingt-neuf années d’un gouvernement
sans faiblesse, le Roi de fer venait de trépasser, frappé au
cerveau. Il avait quarante-six ans. Sa mort suivait, à moins de six
mois, celle du garde des Sceaux Guillaume de Nogaret, et, à sept
mois, celle du pape Clément V. Ainsi semblait se vérifier la
malédiction lancée le 18 mars, du haut du bûcher, par le
grand-maître des Templiers, et qui les citait tous trois à
comparaître au tribunal de Dieu avant qu’un an soit écoulé.
Souverain tenace, hautain, intelligent et secret, le roi Philippe
avait si bien empli son règne et dominé son temps qu’on eut
l’impression, ce soir-là, que le cœur du royaume s’était
arrêté de battre. Mais les nations ne meurent jamais de la mort des
hommes, si grands qu’ils aient été ; leur naissance et leur fin
obéissent à d’autres raisons. Le nom de Philippe le Bel ne serait
guère éclairé dans la nuit des siècles que par les flammes des
brasiers où ce monarque jetait ses ennemis, et par le scintillement
des pièces d’or qu’il faisait rogner. On oublierait vite qu’il
avait muselé les puissants, maintenu la paix autant qu’il était
possible, réformé les lois, bâti des forteresses afin qu’on pût
semer à l’abri, unifié les provinces, convié les bourgeois à
s’assembler, veillé en toutes choses à l’indépendance de la
France. À peine sa main refroidie, à peine éteinte cette grande
volonté, les intérêts privés, les ambitions déçues, les
rancunes, les appétits d’honneurs, d’importance, de richesse,
longtemps bridés ou contrariés, n’allaient pas manquer de se
déchaîner. Deux groupes s’apprêtaient à se combattre sans merci
pour la possession du pouvoir : d’un côté, le clan de la réaction
baronniale conduit par Charles de Valois, frère de Philippe le Bel ;
de l’autre le parti de la haute administration dirigé par
Enguerrand de Marigny, coadjuteur du roi défunt. Pour éviter le
conflit qui couvait depuis des mois, ou pour l’arbitrer, il eût
fallu un souverain fort. Or le prince de vingt-cinq ans qui accédait
au trône, Louis de Navarre, paraissait aussi mal doué pour régner
que mal servi par la fortune. Il arrivait précédé d’une
réputation de mari trompé et du triste surnom de Hutin. La vie de
son épouse, Marguerite de Bourgogne, emprisonnée pour adultère,
allait servir d’enjeu aux deux factions rivales. Mais les frais de
la lutte seraient également supportés par ceux qui ne possédaient
rien, étaient sans action sur les événements, et n’avaient même
pas de rêves à faire… De plus, cet hiver de 1314-1315 s’annonçait
comme un hiver de famine.
Mes cent (autres) films - 199 - La femme du boulanger
La
femme du boulanger ( 1938) Marcel Pagnol
Raimu,
Ginette Leclerc,
Le
boulanger n'aime que faire son pain et regarder sa jolie femme. Le
jour ou celle-ci s'enfuit avec un berger des environs, il n'a plus la
force de faire son pain. Alors tout le village se mobilise pour
retrouver la femme du boulanger.
"Ah
te voila, toi ? Regarde la voila, la Pomponnette...Garce, salope,
ordure, c'est maintenant que tu reviens ? Et le pauvre Pompon, dis,
qui s'est fait du mauvais sang pendant trois jours!"…
Cette
réplique
mythique de l’éblouissant
Raimu qui s'adresse à son chat, pour faire des reproches à Ginette
Leclerc, outrageusement maquillée,
boudeuse, qui a fugué
quelques jours, est ancrée
dans l'histoire du cinéma! Adaptation très libre de l'oeuvre de
Jean Giono, "Jean le bleu", "La femme du boulanger"
connut en 1938 un succès égal à celui de la trilogie! Tout le
petit monde de Marcel Pagnol est rassemblé
là: commerçant au verbe haut, soiffards
impénitents,
vieilles filles acariâtres,
maître d’école
en conflit permanent avec le curé.
Ses comédiens
habituels (Raimu, Charpin, Robert Vattier...) donnent vie à une
galerie de personnages à la fois drôles
et émouvants !
Ce chef d'oeuvre de générosité
accompagne avec une
verve truculente le drame du pauvre boulanger, cocu magnifique
tiraillé entre
l’égoïsme et
la générosité,
la balourdise et l’abnégation!
Un must...
jeudi 30 août 2018
Les Rois maudits le retour
A
partir de demain le retour des ‘’Rois maudits’’ avec le tome
2 de la saga: ‘' La Reine étranglée’’.
Dans ce tome, le temps se couvre pour Marguerite de Bourgogne dans sa cellule du Château-Gaillard. Elle refuse de signer l’acte de reconnaissance de sa vie
adultère permettant ainsi l'annulation du mariage avec celui qui est devenu roi de France. Louis X veut se remarier. Il faut un pape pour casser le mariage; mais de pape il n'y en a pas... Le destin de Marguerite est scellé.
La situation ne s’améliore guère pour Robert d’Artois malgré les bénéfices de la mort de Philippe le Bel. Sa lutte avec sa cousine Mahaut sera féroce.
Au sommet de l'état, avec un roi faible et velléitaire, deux hommes s'affrontent pour la possession du pouvoir, Charles de Valois et Enguerrand de Marigny, au détriment du bien du royaume.
Le crime demeure au cœur de l’intrigue. La malédiction du Grand Maitre de l'Ordre du Temple continue de planer sur le trône de France.
Pendant ce temps le gentil et charmant Guccio va se trouver mêlé à toutes ces intrigues. De Naples, où il sera de l'ambassade auprès de la future reine de France, à Avignon où il assistera au plus près à l'élection du nouveau pape, délaissant malgré lui la douce Marie qui se languit dans son château de Cressay. Mais là aussi l'Histoire, la grande, viendra briser des destins...
La situation ne s’améliore guère pour Robert d’Artois malgré les bénéfices de la mort de Philippe le Bel. Sa lutte avec sa cousine Mahaut sera féroce.
Au sommet de l'état, avec un roi faible et velléitaire, deux hommes s'affrontent pour la possession du pouvoir, Charles de Valois et Enguerrand de Marigny, au détriment du bien du royaume.
Le crime demeure au cœur de l’intrigue. La malédiction du Grand Maitre de l'Ordre du Temple continue de planer sur le trône de France.
Pendant ce temps le gentil et charmant Guccio va se trouver mêlé à toutes ces intrigues. De Naples, où il sera de l'ambassade auprès de la future reine de France, à Avignon où il assistera au plus près à l'élection du nouveau pape, délaissant malgré lui la douce Marie qui se languit dans son château de Cressay. Mais là aussi l'Histoire, la grande, viendra briser des destins...
Mes cent (autres) films - 198 - Les valseuses
Les
Valseuses (1974) Bertrand Blier
G.
Depardieu, P. Dewaere, Miou-Miou
Liés
par une forte amitié, deux revoltés en cavale veulent vivre à fond
leurs aventures. Cette fuite sera ponctuée de provocations et
d'agressions mais également de rencontres, tendres instants de
bonheur éphémères.
Bertrand
Blier a son meilleur.
"On n'est pas bien là ? Paisibles, à la fraîche,
décontractants
du gland, et on bandera quand on aura envie de bander..." Ce
chef d'oeuvre, à la fois tonique et
douloureux, fit l'effet d'une véritable
bombe lors de sa sortie en salles. "Les valseuses" est une
oeuvre provocante. Le
trio d'acteur, Gérard
Depadieu, Patrick Dewaere, Miou-Miou est tout simplement mythique.
Trois comédiens
époustouflants
qui portent le film d’un bout à l’autre, sans interruption dans
le rythme, sans ennui. Et quels
seconds rôles... Isabelle Huppert, Brigitte Fossey ou Jeanne
Moreau! Et quelques scènes
inoubliables...Cultissime !!!
mercredi 29 août 2018
La Fausta IV - Fausta
En
revenant dans le logis d’Antonetta, Maddalena fut transportée aux
antipodes de la chambre de la comtessa. La différence lui sauta aux
yeux et aux nez. Ici pas d’effluves délicates de chèvrefeuille,
mais l’odeur forte, âcre de la maladie et de la misère. Pas de
lit moelleux et d’édredon de plume, mais un vilain galetas et une
vilaine paillasse, éclairée par deux bougies, sur laquelle
Antonetta délirait les yeux révulsés. Le docteur s’approcha
d’elle. Il posa sa main sur son front, releva une paupière sans
rien voir d’autre que le blanc de l’œil. Il palpa délicatement
son ventre et remarqua sur le matelas des traces fraîches de sang.
La moue qu’il fît était explicite. Se retournant vers Madalena il
lui dit :
‘’Pas
bon tout ça ! Va faire chercher don Ciccio. Dans l’état où elle
est, elle aura autant besoin de lui que de moi ce soir.’’
‘’Va
à la cure chercher le padre, dit Maddalena à une des deux femmes en
noir prostrées apeurées sur une chaise près de la cheminée. Et
ramène le ici. Vite, vite !’’
La
femme se leva, ouvrit la porte et se mit à descendre la ruelle en
courant. On aurait dit un corbeau de mauvais augure prenant son
envol.
Le
docteur posa sa trousse sur la table et l’ouvrit. Il en sortit un
flacon.
‘’Ton
lait de pavot ne suffira pas à apaiser les souffrances qu’elle va
avoir à subir’’.
Puis
il aligna côte à côte quelques instruments de chirurgie en acier
qui luisaient sous la lumière faible des bougies et du feu qui
brûlait dans la cheminée. Deux scalpels, une paire de ciseaux, des
aiguilles de taille différentes et du fil noir.
‘’Dans
son état, elle ne pourra pas accompagner le travail. L’enfant ne
sortira pas seul. Il faudra aller le chercher’’. Essaye de
trouver du linge propre, peut-être une éponge et tiens l’eau à
température’’.
‘’Sais-tu
si Antonetta a encore du linge propre ici ?’’ demanda Maddalena à
la deuxième femme en noir.
‘’Non
tout est en sang. Mais j’en ai chez moi. Et une éponge aussi. Je
vais les chercher’’.
Maddalena
était à chaque fois surprise de ce que ces pauvres gens qui
ignoraient ce qu’était le superflu, étaient prêts à partager
leur strict nécessaire.
Elle
entendit Antonetta s’agiter sur son lit. Le docteur se précipita.
‘’Maddalena
apporte moi un verre d’eau avec 10 gouttes de laudanum. La fiole
sur la table. Cette petite souffre !’’
Il
essaya de la faire boire en lui soulevant doucement la tête. Elle
avait du mal à avaler et la moitié du liquide coula sur sa joue.
Mais au bout d’une minute la potion fit son effet et le corps
d’Antonetta s’apaisa, le souffle devint plus régulier. Maddalena
approcha une chaise et s’assit près du lit. Elle posa ses mains
sur le ventre gonflé d’Antonetta à la fois pour la rassurer,
transmettre un peu de sa chaleur et de sa force à ce corps épuisé
et calmer l’enfant à venir. Elle resta ainsi une dizaine de
minutes. Puis la porte s’ouvrit doucement. Don Ciccio fit son
entrée suivit des deux femmes en noir dont l’une tenait dans ses
mains un grand drap blanc et une éponge. Don Ciccio était en tenue
de ‘’travail’’. Barette sur la tête, étole noire brodée de
fils d’argent autour du cou et dans les mains un ciboire devant
contenir le nécessaire pour administrer le sacrement des mourants.
Don Ciccio connaissait Antonetta et son mari Pietro, mais ne les
avait pas vus souvent à la messe du dimanche. D’un coup d’œil
circulaire il inspecta la petite pièce. Il aperçut un crucifix avec
son rameau d’olivier au-dessus du lit. Rassuré il fit deux pas en
avant posa sa barette et le ciboire sur la table. Il eut un petit
mouvement de recul quand il vit les instruments de chirurgie. Puis il
alla saluer le docteur et Maddalena.
‘’Don
Ciccio, merci d’être venu si vite. Antonetta va avoir autant
besoin de moi que de vous. C’est très mal engagé. Nous aurons de
la chance si nous sauvons l’enfant’’
‘’Désirez-vous
que je lui administre les saintes huiles maintenant ?’’
‘’Faîtes,
don Cicccio ! Pendant ce temps-là Madalena et moi allons nous
préparer.’’
Don
Ciccio remit sa barette et le vase aux saintes huiles dans les mains
se rapprocha du lit et commença son office. De son côté le docteur
alignait ses instruments et découpa en large bandes le drap blanc.
Devant le regard désespéré de la femme en noir il lui dit :
‘’Ne
t’inquiète pas ! Demain je te donnerai deux draps de lin pour
celui-là.’’
Le
docteur entendit s’agiter derrière lui. C’était la voix apeurée
de don Ciccio.
‘’Docteur,
venez vite !’’
Le
docteur se précipita.
‘‘Poussez-vous
don Ciccio. C’est à nous maintenant. Et priez pour elle !’’
Don
Ciccio se recula vers l’âtre, prit une chaise et s’assit le dos
au lit. Il ne voulait ni voir ni savoir ce qui allait se passer. Il
entendit les cris de douleur monter du lit et les paroles échangées
entre le docteur et Maddalena. Mais il ne voulait rien entendre non
plus. Il ferma les yeux à s’en faire mal et se mit à prier très
fort pour essayer de s’extraire de cette pièce. Les deux femmes en
noir, affolées, se mirent à genoux à droite et à gauche de leur
padre.
Combien
de temps cela dura-t-il ? Don Ciccio ne le savait pas ! Ce qui
l’avait sorti de son état second c’était le brusque silence qui
s’était abattu dans la pièce. Un silence de vingt secondes, puis
un bruit comme une petite claque. Et un son, pas un vagissement, pas
un cri, une note. Un mi-bémol se dit don Ciccio qui était aussi
organiste. Une note inouïe, cristalline, un pur moment de beauté
après l’enfer. Il se retourna. Il vit le docteur les manches
retroussées, les avants bras ensanglantés et Maddalena tenir
devant elle un petit corps tout taché de sang.
‘’C’est
une fille’’ dit Maddalena en riant. La vie plus forte que la
mort.
‘’Je
n’ai rien pu faire pour Antonetta. Vous pourrez dire la prière des
morts après que je l’aie rendue présentable’’ dit le docteur.
Maddalena
de son ôté s’était approchée de l’évier en pierre pour laver
l’enfant. Elle la nettoya avec l'éponge plongée dans une eau
tiède, faisant apparaitre une petite chevelure d'un roux flamboyant,
de petites taches de rousseur sur l'arête et les ailes du nez un peu
retroussé. elle ouvrit les yeux et Maddalena vit deux grands yeux
verts. Du même vert que sa mère. L'iris semblait manger tout le
blanc de l'œil. Maddalena, qui n'avait pas d'enfant sentit monter
une boule d'amour dans sa gorge. '' Il faut sortir cette enfant de ce
taudis. Lui donner une chance que n'a pas eu sa mère.''
pensa-t-elle. Une idée germa dans sa tète...
Une
heure après tout semblait à peu près en ordre. Antonetta reposait
sur son lit enfin apaisée, même si le docteur n’avait pu
complètement effacer les traces de la douleur sur son visage. Don
Ciccio avait rempli son office et le docteur avait promis cent sous à
chacune des femmes en noir pour veiller la morte jusqu’à l’arrivée
du ‘’beccamorto’’ le lendemain matin. Et l’enfant , propre,
dormait, enroulée dans le châle de Maddalena.
‘’Comment
va-t-on l’appeler ?’’ demanda-t-elle. ‘’Antonetta n’avait
rien dit. Quel est le saint du jour padre ?’’
‘’Le
18 septembre dans notre région c’est la fête de la bienheureuse
Fausta’’
‘’Je
te baptise Fausta ma petite avant que don Ciccio le fasse dans son
église.’’
Et
le docteur de reprendre : ‘’Don Cicccio vous noterez dans vos
registres que le 18 septembre 1830, en votre présence et celle du
docteur Mancini, est née à Bergame–le-Bas de Pietro et
Antonetta….(vous rajouterez le nom de famille) tous deux décédés,
dont la mère ce même jour, un enfant de sexe féminin prénommée
Fausta. Voilà c’est fait. Cette enfant a une identité. ‘’
Il
se retourna vers Maddalena. Elle n’avait pas dit un mot depuis un
bon moment et elle regardait fixement l’enfant.
‘’A
quoi pensez-vous ? Bougez-vous un peu et aller demander au père
Grandini de tirer du lait de sa chèvre. Il faut lui donner à manger
à cette enfant maintenant qu’elle est là’’.
Le
visage de Maddalena se ferma.
‘’
Fausta
ne boira pas du lait de chèvre. Laissez-moi, je sais ce que je fais.
Je connais là-haut une nourrice qui a les mamelles assez lourdes et
assez pleines de lait pour nourrir deux bébés.’’
Et
avant que quiconque ait pu réagir elle prit l’enfant dans ses bras
et sortit. Une fois dehors elle regarda la colline vers Bergame le
haut. La nuit avait été longue, le ciel s’était dégagé et on
voyait les premières lueurs du jour poindre à l’est.
Maddalena
se mit en route d’un pas décidé vers l’hôtel du comte et de la
comtesse di Marzi. Elle serrait sur son cœur, comme si c’était
son enfant, Fausta, la Fausta ! Elle l’emmenait vers un destin que,
même dans ses rêves les plus fous, elle n’aurait pu imaginer.
… L’
histoire de La Fausta de Bergame à la Fenice reste à écrire… un
jour peut-être...
Mes cent (autres) films - 197 - Ivanhoé
Ivanhoé
(1953) Richard Thorpe
R.
Taylor, E. Taylor, J. Fontaine, G. Sanders
Parti
combattre en Terre Sainte, le roi d'Angleterre, Richard Cœur de
Lion, disparaît mystérieusement. Son fidèle chevalier, Ivanhoé,
part alors à sa recherche et retrouve sa trace en Autriche où le
souverain est retenu captif par le redoutable duc Léopold. Aidé par
son allié, Robin des Bois, le courageux cavalier va tout mettre en
œuvre pour libérer son roi.
Sans
aucun doute l'un des plus beaux films de chevalerie! Le mythe de
Richard Coeur de Lion suscita un grand nombre de films de pure
aventure médiévale et légendaire dont "Ivanhoé" de
Richard Thorpe, illuminé par une intrigue flamboyante et des
costumes somptueux! Une osmose totale entre le cinéaste et Robert
Taylor qui interprète le rôle titre avec beaucoup de panache! Deux
magnifiques rôles féminins, Liz Taylor et Joan Fontaine, et notre
‘’méchant’’ préféré George Sanders ! serait de la
distribution! En plus de l'action, de la romance et du suspense, le
film plaide pour la tolérance religieuse! La scène du tournoi est
aussi inoubliable que l'attaque du château de Torquilstone ou le
combat final entre Ivanhoé et Bois-Guilbert. Une grande aventure de
cape et d’épée médiévale du cinéma hollywoodien des années
50...
mardi 28 août 2018
La Fausta III - Les Marzi
Sur
la Piazza Vecchia, face à l’église Santa Maria Maggiore,
Maddalena frappa à l’huis de l’hôtel particulier des Marzi. Au
bout d’une trentaine de secondes le concierge vint lui ouvrir. Elle
pénétra dans un hall d’entrée où un valet était en train
d’allumer les bougies d’un grand lustre en verre filé de Murano
et de différents candélabres posés sur les guéridons. Au mur de
grands miroirs démultipliaient la lumière des chandelles. A droite
et à gauche, deux hautes portes desservaient le grand salon et la
salle à manger. Au fond, un escalier en marbre amenait aux pièces
du premier étage.
‘’Monsieur
le comte est en haut dans le petit salon. Le docteur est déjà
auprès de madame la comtesse. Ils vous attendent.’’
Maddalena
monta rapidement la volée de marches et prit le couloir qui
s’ouvrait devant elle. Dans la première pièce à gauche elle vit
le comte di Marzi assis dans un fauteuil qui fumait nerveusement un
cigare. C’était un homme d’une cinquantaine d’années
légèrement empâté par l’âge. Mais on voyait encore qu’il
avait été un bel homme. Son port de tête gardait de la noblesse.
Sa chevelure grisonnante était abondante et bouclée. Sous des
sourcils marqués, le regard noir et intense avait dû brûler le
cœur de bien des femmes. Sous un nez légèrement aquilin, la
moustache cachait le haut de la bouche mais laissait à découvert
une lèvre inférieure que l’on devinait gourmande et sensuelle.
Lorenzo di Marzi avait déjà été marié. Mais sa femme était
morte il y a cinq ans le laissant veuf et sans enfant. Sa nature
profonde, son besoin d’avoir une femme près de lui et dans son
lit, la nécessité d’avoir un héritier lui firent chercher une
seconde épouse. Il la trouva en la personne d’Isabella Caccavelli
fille d’un roturier mais richissime propriétaire terrien à qui il
ne manquait qu’un titre nobiliaire dans sa famille pour être
totalement heureux. En échange de ce titre, sa fille apportait en
dot un nombre conséquent d’hectares de bonne terre dans la vallée
du Pô, une petite fortune en pièces d’or et une ravissante villa
palladienne à Vincenza. Malgré tout cela le mariage semblait
heureux et devait connaître son aboutissement dans la naissance de
l’héritier tant souhaité par le comte.
‘’Ah
! Maddalena vous êtes là ! Le docteur est en face dans la chambre
de la comtesse. Rejoignez le vite et venez me prévenir aussitôt que
cela sera fait.’’
Traversant
le couloir, Maddalena frappa doucement à la porte de la chambre.
Paulina vint lui ouvrir. Elle vit le docteur penché sur le lit de la
comtesse. Il se releva en l’entendant entrer.
‘’Tu
arrives à temps Maddalena. La comtesse vient de perdre les eaux. Ca
ne devrait plus tarder. Tout devrait bien se passer. J’ai demandé
à Paulina du linge propre et de faire chauffer de l’eau. Tu étais
chez Antonetta ? Comment va-t-elle ?’’
‘’
Pas
bien du tout. Je suis inquiète. On va avoir besoin de vous en bas.
Prenez vos outils. L’enfant se présente par le siège. Il ne
passera pas sans qu’on l’aide.’’
Le
docteur hocha la tête douloureusement. Maddalena regarda autour
d’elle. On était à mille lieues de la misérable chambre
d’Antonetta. Elle était vaste, richement meublée. Un brûle-parfum
en bronze dispensait une délicate odeur de chèvrefeuille. La
comtesse reposait dans un grand lit à baldaquin sous un édredon de
plumes, sa tête soutenue par deux oreillers de duvet de canard. Elle
était belle, mais d’une beauté un peu fade, sans beaucoup
d’expression. Les émotions devaient glisser sur son visage comme
l’eau sur le duvet du canard de ses oreillers. Même au moment des
douleurs des contractions, les crispations de son visage auraient pu
passer pour des rides de contrariété. ‘’La douleur est injuste.
Elle ne frappe pas équitablement’’ se dit Maddalena. La comtesse
était ronde, potelée. Mais l’œil exercé de Maddalena se rendit
compte que ce n’était pas uniquement dû aux kilos de la
grossesse. C’était sa nature profonde. ’’Elle aura beaucoup de
mal à les perdre. Beaucoup.’’
‘’C’est
pour maintenant, s’écria le docteur. Viens vite Maddalena. Paulina
les linges, l’eau chaude vite.’’
Dans
le petit salon le comte di Marzi entendit le vagissement de l’enfant
et immédiatement un cri de femme. Il bondit sur ses pieds mais n’osa
pas franchir le couloir et entrer dans la chambre. C’est Paulina
qui vint le prévenir.
‘’Mes
félicitations, monsieur le comte. C’est un garçon’’.
Le
comte se signa rapidement.
‘’C’est
ma femme que j’ai entendu crier ?’’
‘’
Oui.’’
‘’Que
s’est-il passé ?’’
‘’Tout
va bien monsieur le comte. On lave l’enfant et je viens vous
chercher’’, dit Paulina en retournant dans la chambre.
Le
comte se rassit dans son fauteuil et se mit à triturer sa moustache
en l’enroulant autour de son index. Quelques minutes plus tard,
Paulina revint le chercher. La première chose qu’il vit en entrant
ce fut sa femme en larmes au fond de son lit. Il s’approcha d’elle.
‘’Que
se passe-t-il ma chérie ?’’
Incapable
de parler, elle ne put que fondre à nouveau en larmes. Le comte
regarda autour de lui. Tout le monde était silencieux et gardait les
yeux baissés.
‘’Où
est mon fils. Montrez le moi !’’
Paulina
s’approcha tenant l’enfant enroulé dans une fine couverture.
Elle le tendit au comte qui le prit dans ses bras. Comme pour
s’assurer qu’il s’agissait bien d’un garçon il le posa sur
le lit et écarta la couverture. L’enfant qui gesticulait de ses
quatre membres était bien un garçon. Mais ce que vit le père le
figea sur place. Cet enfant, SON fils avait un bec-de-lièvre et un
pied bot. Il se tourna vers sa femme qui s’était arrêtée de
pleurer guettant sa réaction. Ils échangèrent un long regard. La
comtesse plongea sa main sous son oreiller, récupéra son mouchoir
de fine batiste, l’écrasa de ses deux poings sur sa bouche et son
nez et se remit à sangloter. Un soupçon d’irritation passa dans
le regard du comte. Paulina reprit l’enfant et voulut le poser sur
la poitrine de la comtesse.
‘’Il
doit avoir faim, madame.’’
La
comtesse eut un brusque recul.
‘’
Non
! Non ! Je ne pourrai pas l’allaiter. Pas avec cette… ce… Je ne
pourrai pas. Paulina tu devais être sa nourrice. Alors un peu plus
tôt, un peu plus tard… emporte le.’’
Maddalena
qui était à côté du comte le vit serrer les poings jusqu’ à en
blanchir les jointures. Paulina se recula, l’enfant dans les bras.
En passant près du comte il lui reprit son enfant. Il le posa
doucement dans le creux de son bras gauche et avec sa main droite
écarta la petite couverture. C’est alors qu’il remarqua que son
enfant était beau. Il avait une peau douce et blanche comme le lait.
Ses cheveux noirs comme l’ébène avaient des reflets bleus. Et son
regard ! Sombre comme le sien à lui avec des paupières déjà
ourlées de cils. Il caressa la joue de son fils du revers de son
index. L’enfant lui sourit en le regardant et le père vit avec
fierté qu’une petite dent perçait sous la gencive. Il approcha
au plus près son visage de celui de son fils et lui murmura afin que
nul n’entende :
‘’
Fabrizio,
mon fils ! Ce sera plus dur pour toi, mais tu n’en monteras que
plus haut ! Je te le promets’’
Et
il le rendit à Paulina.
‘’Tu
m’en réponds sur ta vie !’’
Après
avoir remercié le docteur et Maddalena et embrassé sa femme sur le
front, il tourna les talons et sortit.
Ce
fut au tour du docteur de s’approcher du lit.
‘’Je
suis triste pour vous et monsieur le comte. Mais c’est la volonté
divine et il faut s’y soumettre. Don Ciccio saura trouver les mots
lors de votre confession de samedi’’.
La
main de la comtesse replongea sous l’oreiller pour y remettre le
mouchoir de batiste et récupérer un petit chapelet de buis.
‘’Je
reviendrai demain. Votre femme de chambre sait ce qu’il faut faire
et a tout ce qu’il faut pour vous soulager. Mais pour l’instant
je dois aller avec Maddalena retrouver Antonetta qui doit accoucher
cette nuit aussi.’’
‘’La
pauvre petite. Comment va-t-elle faire sans mari. Il faut que je
pense à lui envoyer une ou deux pièces demain. Demandez à Giuseppe
de vous atteler la carriole pour vous descendre.’’
Un
quart d’heure après ils étaient en route.
‘’Quelle
soirée’’ dit le docteur.
Je
crains que le pire soit à venir’’ soupira Maddalena.
Mes cent (autres) films - 196 - Les aventures de Robin des Bois
Les
aventures de Robin des Bois (1936) M. Curtiss
E.
Flynn, O. de Haviland, B. Rathbone
Parti
pour les croisades, le roi Richard Coeur-de-Lion est fait prisonnier
par Léopold d'Autriche qui demande une rançon. Plutôt que de payer,
le Prince Jean, frère du roi, s'installe sur le trône d'Angleterre.
Robin de Locksley, archer de grande valeur, refuse de reconnaître
l'usurpateur et organise dans la forêt la résistance pour sauver
son roi.
Un
chef d'oeuvre fabuleux et le nec plus ultra du film d'aventures
d'antan! Budget colossal, technicolor merveilleux, photographie à
tomber, distribution exceptionnelle, mise en scène magistrale, tout
concorde à faire de "The Adventures of Robin Hood" un
monument du 7ème art qui conserve encore 80 ans après toute sa
magie! Pour beaucoup, cet immense classique représente la meilleure
version jamais tournée de « Robin des bois » et surtout la
quintessence du cinéma américain des annèes 30! Scenario simpliste
mais diablement efficace et spectaculaire avec des morceaux de
bravoure inoubliables: l'apparition insolente de Robin au château de
Nottingham, son duel amical sur la rivière avec Petit-Jean,
l'attaque du convoi de Sir Guy, le tournoi de la Flèche d'or, la
bataille finale et le duel mythique entre Flynn et Rathbone! Tous
sont d'admirables et fracassants moments de cinéma! De plus, c'est
un classique qui fit entrer Errol Flynn dans la postérité avec un
panache et une allure inégalables! Film de pure aventure peut-être
considéré comme un joyau éternel du cinèma! Pour mesurer les
qualités de cette version de 1938 la comparer aux versions
ultérieures...
lundi 27 août 2018
Prenons le temps de Trenet - Un rien me fair chanter
Lundi,
un coup de mou !!! Un Trenet et ça repart
Un rien me fait chanter
''La romance de Paris'' 1941
''La romance de Paris'' 1941
La Fausta II - Maddalena
…Maddalena
serra son foulard sur sa tête. Le temps se gâtait. L’air avait
une couleur. Une couleur de nuit en plein jour. Un violet sombre,
presque noir. Des nuages roulaient d’un bout à l’autre de
l’horizon bousculés par un vent violent qui descendait de la
montagne. On sentait l’orage proche. Déjà des éclairs blancs
éclataient dans la masse nuageuse l’éclairant de l’intérieur
comme en ombre chinoise. Les nuages prenaient alors une profondeur
inquiétante comme s’ils avaient recouvert la terre entière. Le
fracas du tonnerre arrivait encore assourdi, mais on l’entendait
qui peu à peu se rapprochait. Sous cet éclairage et dans cette
atmosphère, accroché au sommet de la colline, le haut Bergame avait
des allures de burg germanique. Maddalena s’enroula dans son châle
et pressa le pas. Il fallait qu’elle arrive avant que l’orage
éclate. A peine avait-elle pensé cela, qu’un éclair blanc,
métallique relia un dixième de seconde la terre aux nues. Dans le
même moment un fracas brutal, propre, net, sans bavure sembla crever
les nuages libérant un véritable déluge. En trente secondes la
ruelle que Maddalena gravissait fut transformée en ruisseau puis en
torrent. Elle était heureusement arrivée. Elle monta deux petites
marches en pierre et frappa à une porte basse. La vieille femme en
noir qui lui ouvrit s’effaça pour la laisser entrer. Maddalena dût
se baisser pour franchir le seuil du logis. Le logis était en fait
une salle commune d’une quinzaine de mètres carrés avec à main
droite un petit évier en pierre, un renfoncement dans le mur avec
deux étagères où étaient rangés quelques bols et assiettes en
terre cuite et une cheminée dans laquelle on avait mis à chauffer
un chaudron plein d’eau. Au centre de la pièce une table et trois
chaises en bois. Et à main gauche un lit et une malle ! Une petite
fenêtre donnait sur la ruelle et une meurtrière derrière sur les
champs.
Dès
son entrée Maddalena avait été saisie par l’odeur qui régnait
dans la pièce. Une odeur qu’elle connaissait bien, mêlée de
transpiration, de sang, de souffrance. Une odeur qu’elle ne voulait
pas nommer. Par superstition. Maddalena faisait office de sage-femme
et avait été appelée au chevet d’Antonetta. Elle la connaissait
bien l’Antonetta. Une belle et brave fille, travailleuse,
courageuse. Sa seule famille c’était son mari Pietro. Mais Pietro
était mort le printemps dernier de cette saleté de malaria attrapée
en travaillant sur les champs du comte di Marzi du côté de Piacenza
dans la plaine du Pô. Et même enceinte, Antonetta avait continué à
travailler, presque deux fois plus. Malgré les avertissements de
Maddalena. Et voilà le résultat, se disait-elle. Antonetta était
là, couchée sur ce lit. Presque maigre malgré son gros ventre.
Exsangue à cause d’une hémorragie qu’on avait eu du mal à
stopper. Des cernes noirs sous ses paupières fermées cachant des
yeux verts qui avaient été lumineux. Des cheveux blond-roux sales
de transpiration collés sur son front et sur l’oreiller.
Il
y a trois jours Antonetta était venue la voir. Elle avait senti son
enfant bouger, beaucoup. Maddalena avait palpé son ventre et avait
fait une grimace ! L’enfant semblait s’être retourné. Elle
avait ordonné à Antonetta de rentrer chez elle se coucher et de ne
plus bouger avant l’accouchement. Ses deux voisines s’étaient
proposées pour la veiller. Aujourd’hui la situation ne s’était
pas améliorée. Une petite hémorragie avait pu être maitrisée par
le docteur appelé en urgence. Mais la pauvre en était sortie encore
plus affaiblie. Maddalena aurait bien aimé que le docteur soit là
avec elle. Mais il était là-haut, dans l’hôtel particulier du
comte di Marzi où la comtesse attendait aussi d’être délivrée
d’une grossesse qui, elle, ne posait aucun problème. Maddalena
devait d’ailleurs monter les rejoindre en sortant d’ici. Elle se
résolut à confier Antonetta aux deux petites vieilles avec deux ou
trois conseils.
‘’
Mettez
lui régulièrement des compresses d’eau fraîche sur le front’’.
Elle
sortit de son cabas une petite fiole.
‘’Donnez-lui
toutes les deux heures un peu de tisane avec quatre gouttes de cette
potion. C’est du lait de pavot. Mais pas plus. Ca va calmer un peu
la douleur, mais elle doit rester consciente. Et si il y a quoique ce
soit envoyez vite le petit Nicolo me prévenir. Mais je pense que je
serai de retour avant que le travail commence. La nuit va être
longue pour cette pauvre petite’’.
Elle
retira son châle de devant l’âtre où elle l’avait mis à
sécher et elle l’enroula autour de ses épaules. Elle revint vers
le lit. Elle prit la main d’Antonetta dans la sienne.
‘’Je
vais revenir bientôt avec le docteur. Ne crains rien tout va bien se
passer. Essaye de dormir un peu.’’
Elle
se pencha vers elle et déposa un baiser sur un front brûlant. Puis
elle se dirigea vers la porte et sortit dans la ruelle. L’orage
s’était calmé mais une pluie fine et drue continuait à tomber.
Elle leva les yeux vers la ville là-haut, au sommet de la colline.
Il lui faudrait une bonne demi-heure pour y arriver. Elle prit une
grande inspiration et se mit en route.
A
suivre demain
Mes cent (autres) films - 195 - Lola Montes
Lola
Montès (1955) Max Ophüls
Martine
Carol, Peter Ustinov
Anoblie
par le roi de Bavière, Lola Montès était l'une des courtisanes les
plus en vue de son époque. Dans ce cirque de New Orleans, sa
déchéance ne lui permet d'être qu'une artiste de second plan.
Si
ce très grand film baroque à l’esthétique foisonnante appartient
à la légende du cinéma, c'est aussi parce qu'il se livre à une
critique visionnaire du monde du spectacle! Car à travers l'histoire
de Lola Montès, courtisane déchue transformée en femme objet,
c'est une société voyeuriste assoiffée de scandales que dénonce
déjà Max Ophüls! Totalement ‘’déglamourisée’’, mise à
nu, Martine Carol, idole des années 50, s'y révèle bouleversante.
Les scènes du cirque, magnifique Peter Ustinov en Mr Loyal, avec
leur foisonnement et leur entassement plastique presque morbide sur
fond de gouffre et de coulisses obscures, constituent le meilleur de
"Lola Montès"! Une oeuvre poétique aux somptueuses
couleurs.
dimanche 26 août 2018
René Gruau - Ca c'est Paris...
René
Gruau (1909-2004) est un illustrateur, affichiste, peintre
franco-italien célébré pour ses dessins et peintures dans les
domaine de la mode et de la publicité. A quinze ans il publie
ses premiers dessins de mode pour un magazine italien, Il
travaillera pour des magazines allemands et anglais.
A
cette époque les magazines privilégient les dessins aux
photographies.
En
1930 il réalise sa première illustration pour Balmain. Il
travaillera ensuite pour les plus grands noms de la couture: Balmain,
Balenciaga Fath, Rochas, Givenchy, Grès, Patou… et Dior bien sûr.
Ils se sont connus en 1930, jeunes
illustrateurs, au Figaro. Ils ne se quitteront plus . Outre les
dessins de mode, la lingerie, les gants Dior, Gruau signera toutes
les publicités des parfums Dior de Miss
Dior en 1947 à Jules dans les années 80.
Il
reste de Gruau des dessins d’une beauté et d’une grâce
infinies, l’image d’un parisianisme mondain détaché et isolent.
Avec ses trois couleurs fétiches le rouge, le noir et le blanc il a
contribué à la représentation et à la renommée la Parisienne
‘’chic’’.
Florilège
La Fausta - I - La Fenice
L’événement
était d’importance et mettait la Sérénissime en émoi. Fausta
Cavalieri, La Fausta, reprenait ce soir à la Fenice le rôle qu’elle
avait marqué de son empreinte, celui de Floria Tosca. Puccini
semblait l’avoir écrit pour elle. Elle était dans la vie cette
diva d’opéra belle, talentueuse, capricieuse jusqu’à
l’extravagance, amoureuse passionnée et possessive, excessive,
jalouse prête à tout pour celui qu’elle aimait mais séductrice
cruelle et sans pitié lorsqu’elle n’aimait plus. Les directeurs
des plus grandes scènes lyriques lui avaient offert des ponts d’or
pour qu’elle chante chez eux : la Scala, la Fenice, San Siro,
l’opéra Garnier, le Bolchoï, le théâtre Marinsky, Covent
Garden, le Licéò, le Met, le théâtre Colòn… et ce magnifique
écrin perdu au fond de la jungle amazonienne, dont les
administrateurs, ses admirateurs, lui avaient envoyé un somptueux
bateau à roues pour lui faire remonter le fleuve jusqu’à Manaus.
Partout
où elle passait, elle déchaînait la passion et les passions. Et
pourtant elle ne possédait pas une de ces grandes voix à l’égal
de la Melba, de la Patti, de la Malibran et de sa sœur Pauline
Viardot. Cependant la couleur de sa voix lui avait permis de
s’affirmer dans ses trois rôles fétiches Norma, Traviata et
Tosca. Mais ce qui, chez elle, emportait tout c’était son
tempérament, son engagement scénique, ses talents de comédienne
qui faisaient qu’elle habitait ces personnages d’amoureuses
tragiques et passionnées. Et sa beauté hors du commun rendait ces
incarnations crédibles. On comprenait la passion qu’elle pouvait
inspirer à Pollione, Alfredo, Mario ou Scarpia et celle
qu’éprouvaient à son égard rois, princes, grands ducs banquiers
ou chevaliers d’industrie. Grande, mince, un port de reine bien
loin des canons de beauté des divas de son époque. Dans l’ovale
de son visage on remarquait avant tout de grands yeux d’un vert
profond, puis ses pommettes légèrement saillantes, son nez droit
terminé par une petite boule qui lui donnait un petit air
‘’coquin’’. Sa bouche enfin, large épaisse avec une lèvre
inférieure légèrement plus forte que la supérieure, était comme
une invitation au plaisir et au péché. Le cou était un peu court,
taille des cordes vocales oblige, mais ouvrait sur un décolleté
somptueux fait pour les parures et les rivières de diamants et l’on
voyait bien que la poitrine, fièrement portée en avant ne devait
rien aux artifices des costumiers. Certains privilégiés avaient pu
entr’apercevoir ses jambes longues et finement galbées dans une
reprise ‘’unique’’, dans tous les sens du terme, de ‘’la
Belle Hélène’’.
Mais
Fausta Cavalieri c’était avant tout une invraisemblable chevelure
rousse, une cascade de mèches flamboyantes. Elle en avait fait sa
marque distinctive et refusait par contrat de porter une perruque en
scène. Cette chevelure, indomptable comme elle, agissait sur les
hommes à la manière d’’un aphrodisiaque. Et Fausta savait en
user, en abuser même. Elle connaissait les hommes et leurs
faiblesses et avait décidé de les utiliser à son profit. Dans son
sillage les frasques succédaient aux scandales. Tel banquier qui
s’était battu en duel pour elle portait sa blessure et son bras en
écharpe comme la plus belle des décorations. Le duc de M… avait
quitté pour elle femme et enfants, avait été exclu du Jockey Club
à la suite du scandale, ruiné on l’avait retrouvé pendu sous un
pont de la Seine. Le tout en moins d’un an ! Un soir au théâtre
Marinsky à Saint Petersbourg, le grand-duc Wladimir, cousin du tsar,
jeta sur scène à la fin de la représentation un collier de
diamant. Lancé un peu fort et mal dirigé le collier érafla
l’épaule de la diva faisant une égratignure d’où perla une
goutte de sang. Elle ramassa le collier et le jeta dans la fosse
d’orchestre et lança d’une voix de poitrine :’’ Specie di
stronzo ! Non voglio d’un collana macchiato del rosso di mio
sangue’’. Le scandale fut énorme. D’un, jamais on n’avait
traité un grand-duc de ‘’stronzo’’ en public. Et de deux le
collier avait appartenu à la grande Catherine. Le lendemain le
grand-duc fut expédié en Sibérie Orientale commander une escouade
de cosaques. Entre temps Fausta avait quand même envoyé sa femme de
chambre récupérer le collier auprès du chef d'orchestre! Le
lendemain, bonne fille, elle restituait le collier à l'émissaire du
tsar contre deux fois sa valeur en francs-or...
A
l'époque, les gazettes firent leurs choux gras de la rencontre
explosive de Fausta Cavalieri et de Caroline Otéro dans la grande
salle du casino de Monte Carlo. Assises face à face à la table de
la roulette leurs amants se tenaient derrière elles : don Luis Peña,
roi brésilien du café, pour Fausta et le prince Ottavio Orsini,
play-boy et dilettante, pour Caroline. L’ambiance était
électrique. Pas un mot ne fut échangé entre elles mais les regards
étaient lourds de sous-entendus. Nul ne sait qui, la première, jeta
une poignée de jetons au visage de l’autre. Mais brusquement les
deux tigresses en vinrent aux mains et roulèrent par terre. Les
inspecteurs des jeux eurent toutes les peines du monde à les séparer
tandis que leurs chevaliers servants s’échangeaient soufflets et
cartes de visite. Le duel eut lieu le lendemain matin dans le jardin
exotique du Rocher. Pendant ce temps les deux femmes, qui avaient
renvoyé leurs amants, prenaient un chocolat au restaurant de l’hôtel
de Paris où elles logeaient. Certain groom aurait même affirmé
qu’elles avaient terminé la nuit ensemble. Peut-être
s’étaient-elles reconnues sur leur commun mépris des hommes.
Fausta s’était retrouvée une fois sous la domination et l’emprise
d’un homme et s’était juré de ne plus connaître cela. Jamais!
Malgré
sa notoriété, les origines de Fausta restaient mystérieuses. On ne
savait rien de sa naissance, de ses parents. La seule détentrice de
tous les secrets était sa camériste Maddalena. Elle seule avait
suivi Fausta Cavalieri de sa naissance à Bergame à cette soirée à
la Fenice.
A suivre demain
A suivre demain
Mes cent (autres) films - 194 - Ouragan sur le Caine
Ouragan
sur le Caine (1954) Edward Dmytrick
H.
Bogart, Van Johnson, F. McMurray
Le
lieutenant-commandant Queeg est le capitaine du dragueur de mine "Le
Caine". Il est relevé de son commandement contre son gré
durant un violent typhon. Il décide alors de faire juger ses
officiers pour mutinerie...
Avant
d'être un classique du cinèma, "The Caine Mutiny" est un
roman à succès d'Herman Wouk! Publié en 1951, il est couronné du
prestigieux Prix Pulitzer! Pour s'assurer de la réussite de
l'entreprise, le producteur Stanley Kramer s'adjoint les services
d'un homme de confiance, Edward Dmytryk, avec qui il a déjà
travaillé, et qu'il impose dès l'origine du projet! Kramer convoque
également un casting de prestige! Rapidement, il obtient l'accord de
Van Johnson, Fred MacMurray, José Ferrer, distribués dans les trois
seconds rôles du film! A ses yeux, un seul comédien était capable
de tenir le rôle du capitaine Queeg: Humphrey Bogart, arrogant et
pitoyable, qui montre l’étendue de son talent dans une prestation
complexe et inattendue ! Réalisé avec une certaine habileté, ce
classique des années 50 vaut avant tout pour son interprétation
splendide de Bogart, qui confère au personnage hanté, obsédé,
tyrannique du capitaine Queeg toute la profondeur de sa vie ingrate!
samedi 25 août 2018
Mes cent (autres) films - 193 - La mariée était en noir
La
mariée était en noir (1968) François Truffaut
Jeanne
Moreau, Michel Bouquet
Le
jour de son mariage, alors qu'elle sort à peine de l'église, Julie
voit son mari assassiné sous ses yeux... Personne ne sait pourquoi
l'homme était la cible de cette balle. La veuve va alors
entreprendre un voyage pour se venger de ceux qui ont tué son mari.
Elle tient une liste des cinq responsables et elle compte les
éliminer un par un.
Véritable
hommage au « maître du suspens », sir Alfred , François Truffaut
nous offre ici un très beau polar qui, même s’il n’arrive pas à
la cheville d’Hitchcock, aura le mérite de nous avoir offert un
très beau film noir, avec pour thème principal : la vengeance,
celle d’une femme qui, le jour de ses noces, voit son mari se faire
abattre. Mise en scène relativement calme pour un film de ce genre,
avec une élégante distribution (Jeanne Moreau, Michel Bouquet,
Jean-Claude Brialy, Michael Lonsdale et Claude Rich) et un twist
ending brillant ! On savait que Quentin Tarantino vouait une
admiration pour Truffaut, on s’en rend compte rapidement quand on
sait que son diptyque Kill Bill 1 & 2 possède la même trame
scénaristique que ce film là !
vendredi 24 août 2018
Mes cent (autres) films - 192 - Docteur Folamour
Docteur
Folamour (1964) Stanley Kubrick
P.
Sellers, G. C. Scott, S. Hayden
Le
général Jack Ripper, convaincu que les Russes ont décidé
d'empoisonner l'eau potable des États-Unis, lance sur l'URSS une
offensive de bombardiers B-52 en ayant pris soin d'isoler la base
aérienne de Burpelson du reste du monde. Pendant ce temps, Muffley,
le Président des Etats-Unis, convoque l'état-major militaire dans
la salle d'opérations du Pentagone et tente de rétablir la
situation.
Avec
"Dr. Strangelove or: How I Learned to Stop Worrying and Love the
Bomb", Stanley Kubrick réalise
un chef d'oeuvre d'humour noir sur la bombe atomique où Peter
Sellers, qui ne peut s'empêcher de faire le salut hitlérien
et qui interprète plusieurs rôles, donne libre cours à une
fantaisie ravageuse et lègendaire! Kubrick fait de ce film délirant
une comédie
noire aux dialogues tordants sur le sujet le plus tragique qui soit:
la fin du monde! Quelques séquences
sont inoubliables comme ce gag d'anthologie, le plus noir que la
comédie
nous ait offerte au cinéma
où l'on voit le pilote d'un avion, à califourchon sur une bombe
atomique, tombant sur l'U.R.S.S dans une sorte de frénésie
joyeuse! "Dr. Folamour"
fût mal accueilli au moment de la sortie car il ridiculisait le
président
des Etats-Unis et se moquait des moyens mis en oeuvre pour empêcher
une catastrophe nucléaire!
Une oeuvre unique
et des comédiens
en ètat de grâce (Peter Sellers, George C.Scott, Sterling
Hayden)...
jeudi 23 août 2018
Tango mon amour -Balada para mi muerte
Balada
para mi muerte - Astor Piazzola
Chanté
par la grandissime Susana Rinaldi
Carlos
où que tu sois je ne t’oublierai jamais, pas plus que je
n’oublierai cette soirée au Théâtre de la Ville où tu m’as
fait découvrir Susana Rinaldi.
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