La
différence, la très grande différence entre les gays
et
toutes les autres minorités, c’est qu’ils sont
minoritaires
partout. Les Noirs sont majoritaires sur
tout
un continent. Les Arabes sont majoritaires et même
presque
seuls dans les pays arabes. Les Juifs sont
majoritaires
en Israël. Etc. Mais les gays ! Nous avons un
sentiment
d’isolement dans toute société que nous seuls
éprouvons.
Un Indien à Londres est minoritaire et
éventuellement
méprisé, mais il se sait originaire d’un
pays
d’un milliard d’habitants, d’une vieille histoire, et ce
petit
pays de soixante millions de personnes ne va pas
l’intimider.
Il a un refuge dans l’espace, un refuge dans
l’histoire.
Le poème « Afro-American Fragment » de
Langston
Hughes commence : « So long, / So far away /
Is
Africa. » L’Afrique est loin, mais il y a une Afrique.
Nous
n’avons pas de terre originelle. Nous n’avons pas de
passé.
Nous sommes les seuls. Et nous ne nous en créons
pas
un. Tout passé se crée ; par des récits parfois fixés
en
monuments. Nous ne recensons pas nos histoires, ne
rappelons
pas au monde quels héros ont été de chez nous,
nous
n’érigeons pas de monument à nos morts, et
pourtant
nous en avons, des persécutés, nous
construisons
encore moins un monument aux vivants avec
ceux
d’entre nous qui ont été heureux (autant qu’on peut
l’être).
La frivolité est une très mauvaise défense. L’oubli
des
malheurs par la plaisanterie arrange les autres. Ne
parlez
pas de droit des gays, c’est un droit de l’homme.
Toute
persécution d’une partie de l’humanité est une
dégradation
de l’ensemble. Autre type unique de rejet
des
gays, les gestes. On n’en attribue pas de spécifiques
aux
Juifs, aux Noirs, aux Arabes. Il y en a cent, pour
nous
désigner au mépris, autant que de noms.
Charles Dantzig - Traité des gestes
coucou cher baron !!
RépondreSupprimer"Nous n’avons pas de passé. Nous sommes les seuls. Et nous ne nous en créons pas un. Tout passé se crée ; par des récits parfois fixés en monuments. Nous ne recensons pas nos histoires, ne rappelons pas au monde quels héros ont été de chez nous, nous n’érigeons pas de monument à nos morts, et pourtant nous en avons, des persécutés, nous construisons encore moins un monument aux vivants avec ceux d’entre nous qui ont été heureux (autant qu’on peut l’être)."
Ce texte n'est plus d'actualité, car "roijoyeux" est arrivé !!
long life to the king...
RépondreSupprimer