Et
des choses plus étranges encore peuplent les songes
noirs
du Grand Hypnotiseur…
Ce
matin, à l’angle de Friedrichstrasse et de
Jägerstrasse,
je vis deux hommes, deux SA qui
démontaient
une des vitrines rouges où est affiché
chaque
nouveau numéro du Stürmer. Der Stürmer est le
journal
dirigé par Julius Streicher, le propagandiste
antisémite
le plus virulent du Reich. Ces vitrines où
s’étalent
les dessins à moitié pornographiques de jeunes
aryennes
soumises à l’étreinte de satyres au nez
crochu
sont destinées à attirer et à titiller les esprits
faibles.
Les gens convenables n’ont rien à faire de
ça.
Les deux SA déposèrent le panneau dans leur camion
déjà
à demi rempli de vitrines identiques. Ils
opéraient
sans ménagement, car deux ou trois vitres
étaient
brisées.
Une
heure plus tard, je revis les deux mêmes SA en train
d’emporter
une autre vitrine installée à un
arrêt
de tramway devant l’hôtel de ville. Cette fois, je
m’approchai
pour leur demander ce qu’ils faisaient.
—
C’est
pour les Olympiades, m’informa l’un d’eux. On
nous
a ordonné de les faire disparaître pour ne pas
choquer
les étrangers qui viendront assister aux Jeux.
À
ma connaissance, c’était la première fois que les
autorités
faisaient montre de tels égards.
Je
rentrai chez moi dans ma vieille Hanomag noire et mis
mon
dernier costume présentable en flanelle
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