Le 14 décembre, 11 jours
après la disparition, le maître d'hôtel du Swan Hydropathic Hotel de Harrogate,
dans le North Yorkshire, reconnut parmi ses clientes la romancière dont tous
les journaux publiaient la photo.
Prévenus par la police, le
colonel Christie sauta dans le premier train pour Harrogate.
À son arrivée, on lui
apprit que sa femme était là depuis 10 jours, qu'elle avait pris une belle
chambre au premier étage, et qu'elle semblait normale et heureuse. Elle
chantait, dansait, jouait au billard, lisait les journaux qui parlaient de sa
disparition, bavardait avec les autres clients de l'hôtel, faisait des
promenades.
Agatha était en train de
lire un article la concernant lorsque son mari s'approcha d'elle. « On aurait
dit qu'il était pour elle une vague connaissance, dont elle ne savait pas
exactement qui il était », raconta le directeur de l'hôtel. « Elle souffre
d'une perte complète de mémoire, déclara Archibald à la presse, et je crois
qu'elle ne sait pas qui elle est. »
Les médecins confirmèrent
par la suite qu'elle souffrait d'amnésie. Mais pour Ritchie-Calder, son
comportement ne ressemblait guère à celui d'une amnésique : le jour de sa
disparition, elle portait une robe de laine verte, une veste grise et un
chapeau de velours, et elle n'avait que quelques livres sterling dans son sac.
Lorsqu'on la retrouva, elle était élégamment vêtue et elle avait 300 livres sur
elle. Elle s'était inscrite sous le nom de Teresa Neele (le nom de la maîtresse
de son mari), et elle racontait qu'elle venait d'Afrique du Sud.
L'affaire laissa des
traces, certaines déplaisantes, d'autres beaucoup moins. La presse monta en
épingle le coût présumé de l'enquête ; 3000 livres selon elle.
Qui allait les payer ? Les
contribuables du Surrey rendirent Agatha responsable de la forte augmentation
des impôts qu'ils subirent cette année-là.
Son nouveau roman,
"Les Quatre", fut accueilli fraîchement par la critique, mais ne s'en
vendit pas moins à 9000 exemplaires, deux fois plus que "Le meurtre de
Roger Ackroyd".
Et dès lors, les ventes de
ces ouvrages n'allaient cesser d'augmenter.
Dans les années 1950, des
tirages de ses livres excédaient les 50 000 exemplaires ; son ultime roman avec
"Miss Marple", "La Dernière Enigme" (1976), fut tiré
d'emblée à 60 000 exemplaires.
Les Christie divorcèrent
en 1927, Archibald se remaria avec Nancy Neele, Agatha épousa le professeur sir
Max Maalowan en 1930.
Jusqu'à la fin de ses
jours, elle refusera de parler de sa disparition, elle n’accordera des
interviews qu'à la condition que le sujet ne soit pas abordé.
Sa biographe, Janet
Morgan, accepte la thèse d'une dépression nerveuse suivie d'une amnésie. On a
pourtant quelques peines à la croire : d'où venait l'argent qu'elle avait à
Harrogate ?
Pourquoi s'est-elle
inscrite sous le nom de la maîtresse de son mari ? Une personne souffrante
d'une amnésie aussi grave peut-elle avoir un comportement en apparence normal,
lire les articles concernant sa propre disparition, regarder ses propres
photos, sans s'interroger sur son identité ?
Ritchie-Calder, qui l'a
bien connue, reste convaincu que « sa disparition avait été soigneusement
organisée, comme les intrigues de ses romans policiers ». Un téléfilm produit
après sa mort a fait de sa disparition un élément d'un complot visant à
assassiner Nancy Neele.
Une chose reste certaine,
l'affaire de la romancière disparue a largement contribué à faire d'Agatha
Christie l'auteur anglais le plus lu au monde après Shakespeare.
A la fin de sa vie, Agatha
écrivit son autobiographie en indiquant qu’elle ne serait publiée qu’après sa
mort. Décédée en 1976, c’est l’année suivante que le livre fut publié et tous
les amateurs s’attendaient à ce que soit enfin révélé le fameux secret de sa disparition. Grosse déception ! Pas une
ligne pas un mot, rien qui donne la moindre explication. Le mystère restait
entier...
Hi hi j'adore qu'elle se soit inscrite sous le nom de la maîtresse de son (très beau) mari une preuve de son humour (du moins j'espère) en tous cas une de mes romancières préférées quand j'ai découvert "10 petits nègres" pendant des vacances de mon enfance, mon frère l'avait emprunté à la bibliothèque de son collège pour une raison obscure et j'en ai profité !!
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