De
Trenet, qu’il célèbre dès 1937 dans un de ses Articles de Paris
publiés dans Ce Soir (« Tout finit sur des chansons »), Cocteau
dira vingt ans plus tard : « Le parolier idéal est pour moi Charles
Trenet. Il fait descendre la chanson dans la rue sans qu’elle se
casse la figure en se jetant du troisième étage ». Il a noué avec
lui des liens d’amitié qui l’ont conduit à préfacer La Bonne
Planète (1949). Il y écrit :
«Charles
Trenet a créé tout un univers d'objets légers, d'objets dans un
courant d'air, d'objets sur lesquels on souffle, d'objets qui
deviennent des mains, des mains qui deviennent des objets, d'amoureux
qui s'envolent par les fenêtres, de pendus gais qui deviennent des
fantômes gais, des facteurs bleus qui voyagent plus vite que le
télégraphe.
Il
chante. Il chante dans son lit. Il chante dans son cabinet de
toilette. Il chante en voiture. Il chante au téléphone. Il chante
au théâtre. Il chante sur l'aile des ondes. Et s'il ne chante pas,
d'autres chantent ce qu'il chantait la veille.»
Il
illustrera le programme de son récital au Théâtre de l’Étoile
en 1961.
<<Ce
sera ma prochaine affiche, dit Charles Trenet. Mon affiche actuelle
ressemble à une réclame de cirages… Je l’aurais voulue plus
franchement laide, plus chromo, avec ce fond de paysage printanier de
calendrier des postes… L’affiche de Cocteau, c’est un poème…
Avec ce chapeau sur la tête et ces ailes dans le dos, j’ai l’air
d’un ange endimanché, comme les anges naïfs vus par les nègres
de Harlem, dans le film « Verts pâturages »… Cela ne fait rien,
j’aime cette affiche : elle pousse comme la sève dans les branches
; elle éclate d’oxygène. Elle est à la fois agressive et
attendrissante de naïveté>>
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