Tout
le monde, ou presque, connaît l’argument du film, le meilleur, de
Jean Cocteau.
En pleine mode réaliste, La Belle et la Bête crée la surprise et remporte un immense succès. Jean Cocteau, qui signe ici son film le plus populaire, le définissait lui-même comme "un rêve dormi debout".
En pleine mode réaliste, La Belle et la Bête crée la surprise et remporte un immense succès. Jean Cocteau, qui signe ici son film le plus populaire, le définissait lui-même comme "un rêve dormi debout".
Le
film se tourna dans l'après-guerre, où les conditions de travail
n'étaient pas des plus confortables. L'équipe connut notamment des
difficultés à trouver de la pellicule et souffrit de la restriction
d'électricité, des pannes de courant ou encore de l'absence de
lumière de studio. Elle dépendait le plus souvent de la lumière du
jour. Jean Cocteau insistait d'ailleurs pour filmer sous toutes les
conditions dans le but d'"évoquer la beauté qui vient par
hasard". Lorsque la scène nécessitait plus d'éclairage,
on utilisait des torches et des arcs de magnésium.
Le
monde de Belle n'est pas photographié de la même façon que celui
de la Bête. Les extérieurs du premier sont largement éclairés car
réels. Et ses intérieurs sont influencés par les peintures des
maîtres flamands et hollandais, surtout celles de Vermeer. Le monde
de la Bête, sombre et mystérieux, se réfère quant à lui aux
gravures de Gustave Doré, qui illustra notamment les contes de
Perrault. "Je faisais mon film sous son signe",
déclara Jean Cocteau.
Les
scènes de la maison de Belle furent tournées au Manoir de
Rochecorbon en Indre-et-Loire, et les extérieurs du château de la
Bête au Château de Raray près de Senlis.
Jean
Marais était mobilisé à l'époque mais Jean Cocteau obtint du
général Leclerc une permission spéciale pour que l'acteur puisse
tourner. Jean Marais devait en contrepartie signer toutes les
semaines une feuille de présence aux Invalides à Paris. Il
rejoignit sa division en Allemagne à la fin du tournage.
Jean
Marais imaginait au départ une Bête à tête de cerf mais Christian
Bérard, le chef décorateur, lui démontra que la Bête devait
effrayer, et ne pouvait être en conséquence un herbivore mais un
carnivore. Le masque a été confectionné par un perruquier. Chaque
poil était monté sur une toile de tulle divisée en trois parties
que l'on collait sur le visage du comédien. Le maquillage, très
pénible, prenait cinq heures chaque jour : trois heures pour le
visage et une heure pour chaque main. Certaines dents furent
recouvertes de vernis noir pour leur donner un aspect pointu, et les
canines pourvues de crocs tenus par des crochets en or. Ainsi
déguisé, Jean Marais put seulement se nourrir de purées et de
compotes durant le tournage.
Jean
Cocteau souffrait depuis plusieurs mois de graves affections de la
peau qui ne s'arrangèrent pas sur le tournage. La lumière des
projecteurs le blessait et il travaillait avec un chapeau sur lequel
on fixait un linge noir percé de deux trous pour les yeux. Un
médecin exigea qu'on l'hospitalise au plus vite à Pasteur car il
pouvait mourir sous quarante-huit heures d'un empoisonnement du sang.
Jean Cocteau accepta et fut sauvé par une injection de pénicilline.
Elle avait spécialement été importée de New York car il n'y en
avait pas en France à cette époque. Cocteau a dit qu’il avait été
puni par Dieu pour ce qu’il avait fait supporter à Jean Marais en
lui faisant porter ce masque.
Avant
d'être mondialement reconnu et d'avoir créé un véritable empire
de la mode sous son nom, le couturier Pierre Cardin a fait ses
preuves sur le tournage de La Belle et la Bête sous
la houlette du chef costumier Christian Bérard et a réalisé pour
le film de nombreux costumes et masques.
Dans la vidéo suivante l'accent est mis sur la Bête avec quelques scènes significatives. On remarquera le fort impact physique, voir sexuel, de la Bête comparé à la ''fadeur'' du prince charmant...
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