mercredi 28 février 2018

Incipit 49 - Caroline chérie - Cecil Saint Laurent



L’emménagement

Que regardes-tu ? demanda Henri qui venait d’entrer

dans la chambre.

Rien, une vieille bonne femme.

Caroline ajouta :

Tu ne trouves pas que l’odeur qui traîne dans cette

maison est vraiment infecte ?

Le jeune garçon huma autour de lui en renifl ant avec

affectation.

Tu as peut-être raison, mais cette odeur ne me

déplaît pas. Elle me rappelle celle de nos

champignonnières.

Il s’interrompit :

Mais regarde-la donc cette gourde ! Elle n’est pas

partie. Elle tourne comme un ours devant la maison.

Il ouvrit la fenêtre. Dans la demi-obscurité de la rue, la

vieille femme, appuyée sur deux bâtons, s’agitait et

grommelait. Elle dut l’apercevoir, car elle lui fi t signe

avec l’un de ses bâtons.

Elle a l’air de me menacer ! dit Henri.

Mais non, idiot ! C’est une folle, ou bien peut-être

connaissait-elle les domestiques de M. de Foissy et

ignore-t-elle que nous avons emménagé aujourd’hui à sa

place. Je la trouve drôle, moi. Elle ressemble à un

faucheux.

Mais, pour le jeune garçon, tout événement insolite était

une aubaine, aussi, malgré sa sœur, se précipita-t-il dans

l’escalier pour tirer au clair l’incident qui l’intriguait.

Caroline, après avoir hésité, se décida à le suivre parce

que, après tout, dans l’ennui de ces obscurs

appartements, encombrés de meubles hostiles, un petit

tour dans la rue ne constituait pas une distraction

négligeable.

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