Colin
terminait sa toilette. Il s’était enveloppé, au sortir du bain,
d’une ample serviette de tissu bouclé dont seuls ses jambes et son
torse dépassaient. Il prit à l’étagère de verre, le
vaporisateur et pulvérisa l’huile fluide et odorante sur ses
cheveux clairs. Son peigne d’ambre divisa la masse soyeuse en longs
filets orange pareils aux sillons que le gai laboureur trace à
l’aide d’une fourchette dans de la confiture d’abricots. Colin
reposa le peigne et, s’armant du coupe-ongles, tailla en biseau les
coins de ses paupières mates, pour donner du mystère à son regard.
Il devait recommencer souvent, car elles repoussaient vite. Il alluma
la petite lampe du miroir grossissant et s’en approcha pour
vérifier l’état de son épiderme. Quelques comédons saillaient
aux alentours des ailes du nez. En se voyant si laids dans le miroir
grossissant, ils rentrèrent prestement sous la peau et, satisfait,
Colin éteignit la lampe. Il détacha la serviette qui lui ceignait
les reins et passa l’un des coins entre ses doigts de pied pour
absorber les dernières traces d’humidité. Dans la glace, on
pouvait voir à qui il ressemblait, le blond qui joue le rôle de
Slim dans Hollywood Canteen. Sa tête était ronde, ses
oreilles petites, son nez droit, son teint doré. Il souriait souvent
d’un sourire de bébé, et, à force, cela lui avait fait venir une
fossette au menton. Il était assez grand, mince avec de longues
jambes, et très gentil. Le nom de Colin lui convenait à peu près.
Il parlait doucement aux filles et joyeusement aux garçons. Il était
presque toujours de bonne humeur, le reste du temps il dormait.
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