Si ces incipit vous
rappellent des souvenirs, vous donnent envie d'y retourner ou d'aller plus loin
c'est parfait.
C'est fini. La plage de Big
Sur est vide, et je demeure couché sur le sable, à l'endroit même où je suis tombé. La
brume marine adoucit les choses; à l'horizon, pas un mât; sur un rocher, devant moi, des
milliers d'oiseaux; sur un autre, une
famille de phoques; le père
émerge inlassablement des flots, un
poisson dans la gueule, luisant et
dévoué. Les hirondelles de mer
atterrissent parfois si près, que je retiens mon souffle et que
mon vieux besoin s'éveille et remue en moi: encore un peu, et elles vont se poser
sur mon visage, se blottir dans mon
cou et dans mes bras, me recouvrir tout entier… A quarante-quatre ans, j'en suis encore à rêver de quelque tendresse essentielle. Il y a si longtemps que je
suis étendu sans bouger sur la plage que les pélicans et les cormorans ont fini par
former un cercle autour de moi et, tout à l'heure, un phoque s'est laissé porter
par les vagues jusqu'à mes pieds. Il est resté là, un long moment, à me regarder, dressé sur ses nageoires, et puis il est retourné à l'Océan. Je lui ai souri, mais il
est resté là, grave et un peu triste, comme s'il savait.
J'ai vu le film de Jules Dassin, adolescent. Je n'en garde aucun souvenir. Mais je me rappelle que le film m'a immédiatement donné envie de découvrir le livre. En Folio, il y avait Melina avec un chapeau à fleurs. Le livre m'a scotché.
RépondreSupprimerJe relis ce livre après des années... toujours la même émotion
RépondreSupprimerJe viens de relire aussi Lady L! Savoureux et délicieux.
Découvert ''la nuit sera calme''. Parfois un peu énervant de contentement de soi mais terriblement intelligent et à bien des égards prophétique