David
O. Selznick, en vrai producteur omnipotent et omniprésent, inondait ses collaborateurs de mémos où il s'occupait du moindre détail. En 1935 il produit pour sa société Le Jardin d'Allah avec Marlène
Dietrich et Charles Boyer.
Deux mémos savoureux.
27 août 1935
Deux mémos savoureux.
27 août 1935
A Gregory Ratoff (ami de Marlène Dietrich)
Cher Gregory,
...Pour
ce qui est de Marlène, je suis ravi qu'elle veuille travailler avec moi
mais, si vous voulez aller au fond des choses, et je sais que vous
le ferez, ne serait-ce que pour ma satisfaction (sic), il vous faudra
convaincre Marlène de certains faits dont je crains
qu'elle ne se rende pas compte à présent. N'importe quel directeur
artistique vous dira , et le lui dira s'il est franc, qu'on lui a
tellement nui qu'elle n'est plus une vedette cotée au box
office. Personne n'est assez important pour pouvoir survivre à la
série absolument épouvantable des films que Marlène a tournés. Il faut
donc qu 'elle comprenne les choses
suivantes:
1-
L'engager pour un seul film serait folie de ma part, car, si je
réussissais à
lui faire faire un bon film, je paierais les pots cassés pour ceux
qu'elle a tournés ces deux dernières années, et le bénéfice de ce bon
film irait aux producteurs du film qu'elle tournerait
après et non à moi. L'engager pour un seul film ne m'intéresse donc
pas.
2-Elle
n'est pas en mesure d'exiger un salaire fabuleux – du moins de l'exiger
de moi...Je veux bien lui donner un pourcentage si elle estime
qu'elle vaut plus que je ne crois.. Cela lui donnera ce à quoi elle
pense peut-être avoir droit et, de plus tout l'argent qu'elle
peut vouloir si elle redevient, et quand elle le redeviendra, la
star qu'elle était après Morocco....
Cordialement à vous.
17 juin 1936
A Richard Boleslawski (réalisateur du Jardin d'Allah)
Cher Boley
… Voudriez vous, je vous prie,dire à Marlène qu'elle prête tant d'attention à ses cheveux et qu'elle est si bien coiffée, que certaines scènes en perdent toute réalité. Ses cheveux sont toujours si bien en place (quand le vent souffle ou quand elle est sur un balcon ou quand elle marche dans les rues) qu'ils demeurent parfaitement lisses. En fait, sa coiffure est tellement impeccable qu'on dirait qu'elle porte une perruque.
Le comble du ridicule est atteint dans la scène du lit. Aucune femme au monde n'a jamais été coiffée comme l'est Marlène dans cette scène. La dite scène devient pratiquement inutilisable car, comme elle n'a pas un cheveu qui dépasse l'autre, on ne peut croire qu'il s'agit d'une femme tourmentée et inquiète.
Aujourd'hui
même sur le plateau, il était d'une absurdité absolue que le
coiffeur se précipite entre les prises pour remettre en place la
plus petite mèche de ses cheveux, alors qu'on voit dans le fond les
palmiers secoués par le vent.
Un peu de réalisme ne nuirait
certainement pas à une grande beauté...
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