mardi 22 janvier 2019

Les poisons de la couronne - 3ème partie - ch 7 Je place l'Artois sous ma main




VII
« JE PLACE L’ARTOIS SOUS MA MAIN ! »
  Le lendemain, Philippe de Poitiers fit visite à sa belle-mère afin de lui annoncer son proche départ. Mahaut d’Artois résidait alors en son château neuf de Conflans, ainsi nommé parce que situé exactement au confluent de la Seine et de la Marne, à Charenton ; les aménagements et la décoration n’en étaient pas terminés. Béatrice d’Hirson assistait à l’entretien. Lorsque le comte de Poitiers raconta l’interrogatoire du Templier, la même pensée vint aux deux femmes ; elles échangèrent un bref regard. Le personnage employé par le cardinal Caëtani offrait de bien frappantes similitudes avec le faux fabricant de cierges qui les avait aidées, deux ans plus tôt, à empoisonner Guillaume de Nogaret. « Il serait bien étonnant qu’il y eût deux anciens Templiers du même nom, et tous deux versés en sorcellerie. La mort de Nogaret lui était une bonne introduction auprès du neveu de Boniface. Il est allé se faire payer de ce côté-là ! Oh ! méchante affaire…» se disait Mahaut. 
  - Comment s’est-il présenté, cet Evrard… pour la figure ? demanda-t-elle à Philippe. 
  - Maigre, noir, l’air un peu fou, et un pied boiteux.     
  Mahaut observait Béatrice ; celle-ci fit un signe affirmatif, avec les paupières. La comtesse d’Artois sentit le malheur la saisir aux épaules. On allait certainement questionner davantage Evrard, avec de bons instruments à explorer la mémoire. Et si jamais il parlait… Non qu’on regrettât beaucoup Nogaret dans l’entourage de Louis X ; mais on serait trop content de se servir de ce meurtre pour lui intenter procès, à  elle. Quel parti Robert en saurait tirer ! Or il y avait tout à craindre qu’Evrard parlât, si même ce n’était déjà fait… Mahaut échafaudait des plans. « Faire occire un prisonnier dans le fond d’une prison royale n’est pas chose aisée… Qui va m’aider là-dedans, s’il est encore temps ? Philippe, il n’y a que Philippe ; il faut que je lui avoue. Mais comment va-t-il prendre cela ? Qu’il refuse de me soutenir, et c’est ma fin…» 
  - L’a-t-on tourmenté ? demanda-t-elle. Béatrice, elle aussi, avait la gorge sèche. 
  - On n’a pas eu le temps… répondit Poitiers qui s’était baissé pour remettre en place sa boucle de soulier ; mais… 
  « Dieu soit loué, pensa Mahaut, rien n’est perdu. Allons, jetons-nous à l’eau ! » 
  - Mon fils… dit-elle. 
  - … mais c’est grand dommage, continua Poitiers toujours penché, car maintenant nous ne saurons rien de plus. Evrard s’est pendu cette nuit dans sa geôle du Petit-Châtelet. La peur, sans doute, d’être de nouveau mis à la gêne. 
  Il entendit deux profonds soupirs ; il se releva, un peu surpris que les deux femmes marquassent tant de compassion pour le sort d’un inconnu, et de si basse espèce. 
  - Vous alliez me dire quelque chose, ma mère, et je vous ai interrompue… 
  Mahaut instinctivement touchait, à travers sa robe, la relique qu’elle portait sur la poitrine. 
  - Je voulais vous dire… Que voulais-je vous dire, au fait ?… Ah ! oui. Je voulais vous parler de ma fille Jeanne. Voyons… l’emmenez-vous en votre voyage ?    
  Elle avait retrouvé ses esprits, et son ton naturel. Mais, Seigneur, quelle alerte ! 
  - Non, ma mère, son état me paraît l’interdire, répondit Philippe, et moi aussi je souhaite vous entretenir d’elle. Elle est à trois mois d’accoucher, et il serait imprudent de l’aventurer sur de mauvaises routes. J’aurai fort à me déplacer…            
  Béatrice d’Hirson, pendant ce temps, voguait dans le monde des souvenirs. Elle revoyait l’arrière-boutique de la rue des Bourdonnais ; elle respirait le parfum de cire, de suif et de chandelle ; elle se rappelait le contact des dures mains d’Evrard sur sa peau, et cette impression étrange qu’elle avait eue de s’unir au diable. Et voilà que le diable s’était pendu… 
  - Pourquoi souriez-vous, Béatrice ? lui demanda le comte de Poitiers. 
  - Pour rien, Monseigneur… sinon parce que j’ai toujours plaisance à vous voir et à vous écouter.
    - En mon absence, ma mère, reprit Philippe, j’aimerais que Jeanne vécût ici, auprès de vous. Vous pourrez l’entourer des soins qu’il faut, et serez mieux à même de la protéger. Pour tout dire, je me méfie assez des entreprises de notre cousin Robert, qui, lorsqu’il ne peut venir à bout des hommes, s’attaque aux femmes. 
  - Ce qui signifie, mon fils, que vous me rangez parmi les hommes. Si c’est un compliment, il ne me déplaît point. 
  - En vérité, c’est un compliment, dit Philippe. ŕ Serez-vous toutefois de retour pour la délivrance de Jeanne ? 
  - Je le souhaite fort, mais ne puis vous l’assurer Ce conclave est si finement embrouillé que je n’en pourrai dénouer les fils sans patience. 
  - Ah ! Il m’inquiète que vous soyez éloigné pour un si long temps, Philippe, car mes ennemis vont sûrement en faire leur profit quant à l’Artois. 
  - Eh bien ! Prétextez de mon absence pour ne céder rien, ce sera le plus sage, dit Philippe en prenant congé. 
  Quelques jours plus tard, le comte de Poitiers partit pour le Midi, et Jeanne vint s’installer à Conflans. Ainsi que Mahaut l’avait prévu, la situation en Artois empira presque aussitôt. Le printemps incitait les alliés à sortir de leurs châteaux Sachant la comtesse isolée et tenue en quasi-disgrâce, ils avaient décidé d’administrer directement la province et le faisaient très mal. Mais l’état d’anarchie leur plaisait assez, et il était à redouter que leur exemple ne fût suivi dans les comtés voisins. 
  Louis X, qui avait regagné le séjour de Vincennes, résolut d’en finir une bonne fois. Il y était encouragé par son trésorier, car les impôts d’Artois ne rentraient plus du tout. Mahaut avait beau jeu de dire qu’on l’avait mise dans l’incapacité de percevoir  les tailles, et les barons opposaient la même réponse C’était le seul point sur lequel les adversaires fussent d’accord. 
  - Je ne veux plus de grands Conseils, ni de tractations par envoyés parlementaires, ou chacun ment à chacun et ou rien n’avance, avait déclaré Louis X. Cette fois, je vais procéder par entretien direct, et amener la comtesse Mahaut à me céder.     
  Le Hutin, durant ces semaines-là, donnait les signes de la meilleure santé. Il n’éprouva que fort peu les malaises, flux de toux et maux de ventre auxquels il était sujet, les jeûnes pieux imposés par Clémence lui avaient certainement été salutaires. Il en conclut que l’envoûtement pratiqué contre lui était resté inopérant. Néanmoins, par précaution, il communiait plusieurs fois la semaine. Également, il entourait la grossesse de la reine non seulement des sages-femmes les plus réputées du royaume, mais aussi des saints les plus compétents du paradis : saint Léon, saint Norbert, sainte Colette, sainte Julienne, saint Druon, sainte Marguerite et sainte Félicité, cette dernière parce qu’elle n’eut que des enfants mâles. Chaque jour arrivaient de nouvelles reliques, tibias et prémolaires s’accumulaient dans la chapelle royale. La perspective d’une progéniture dont il était certain qu’elle fût sienne avait parachevé la transformation du roi, et fait de lui un homme moyen, presque normal. 
  Il était apparemment calme, courtois, détendu, le jour où il convoqua la comtesse Mahaut. De Charenton à Vincennes, la distance était courte. Pour conférer à l’entretien un caractère d’intimité familiale, Louis reçut Mahaut dans l’appartement de Clémence. Celle-ci brodait. Louis parla d’un ton conciliant. 
  - Scellez pour la forme l’arbitrage que j’ai rendu, ma cousine, puisqu’il semble que nous ne puissions obtenir la paix qu’à ce prix. Et puis nous verrons ! Ces coutumes de Saint Louis, après tout, ne sont pas si bien définies, et vous aurez toujours moyen de reprendre d’une main ce que vous aurez feint de donner de l’autre. Imitez ce que j’ai fait moi-même avec les Champenois, quand le comte de Champagne et le sire de Saint-Phalle sont venus me réclamer leur charte. J’ai fait ajouter : « fors les cas qui d’ancienne coutume appartiennent au souverain prince et à nul autre ». Aussi, maintenant, quand un cas apparaît comme litigieux, il relève toujours de la souveraineté royale. 
  En même temps, il poussait vers la comtesse, d’un geste amical, la coupe où, tout en parlant, il puisait des dragées. Mahaut s’abstint de rappeler que l’ingénieuse formule dont Louis à présent s’enorgueillissait était due à Enguerrand de Marigny. 
  - Voyez-vous, Sire mon cousin, le fait ne se présente pas de même pour moi, répondit-elle, car je ne suis point souverain prince. 
  - Qu’importe, puisque j’exerce la souveraineté au-dessus de vous ! S’il y a différend, il sera porté devant moi, et je le trancherai en votre faveur.          
  Mahaut prit une poignée de dragées dans la coupe. 
  - Fort bonnes, fort bonnes… dit-elle la bouche pleine, s’efforçant de gagner du temps. Je ne suis pas bien gourmande de sucreries, mais je dois dire qu’elles sont fort bonnes. 
  - Ma bien-aimée Clémence sait que j’aime en grignoter à toute heure, et elle veille à ce que sa chambre en soit pourvue, dit Louis en se tournant vers la reine de l’air d’un époux qui veut marquer qu’il est comblé. 
  Clémence leva les yeux de dessus son métier à broder, et rendit à Louis son sourire. 
  - Alors, ma cousine, reprit-il, vous allez sceller ?      
  Mahaut acheva de broyer une amande enrobée de sucre. 
  - Eh bien ! non, Sire mon cousin, je ne puis sceller. Car aujourd’hui nous avons en vous un fort bon roi et je ne doute pas que vous agissiez selon les sentiments que vous me dites. Mais vous ne durerez pas toujours, et moi moins longtemps encore. Il peut venir après vous… le plus tard possible, Dieu le veuille !… des rois qui ne jugeront pas la même équité. Je suis forcée de penser à mes héritiers et ne puis les mettre à discrétion du pouvoir royal pour plus que nous ne lui devons. 
  Si nuancée qu’en fût la forme, le refus n’était pas moins catégorique. Louis, qui avait affirmé qu’il viendrait à bout de la comtesse par sa diplomatie personnelle bien mieux que par grandes audiences publiques, perdit rapidement patience ; sa vanité était en jeu. Il commença d’arpenter la chambre, éleva le ton, frappa sur un meuble ; mais, rencontrant le regard de Clémence, il s’arrêta, rougit, et s’efforça de reprendre un maintien royal. Au jeu des arguments, Mahaut était plus forte que lui. 
  - Mettez-vous à ma place, mon cousin, disait-elle. Vous allez avoir un héritier ; supporteriez-vous de lui transmettre un pouvoir diminué ? 
  - Eh bien ! justement, Madame, je ne lui laisserai pas un pouvoir diminué, ni le souvenir qu’il eut un père faible. À la parfin, c’est trop me tenir tête. Et puisque vous vous obstinez à m’affronter, je place l’Artois sous ma main. C’est dit. Et vous pouvez retrousser vos manches de robe, vous ne me faites point peur. Désormais, votre comté sera gouverné en mon nom, par un de mes seigneurs que je vais y nommer. Quant à vous, vous n’aurez plus droit de vous écarter que de deux lieues des séjours que je vous ai assignés. Et ne vous présentez plus devant moi, car je n’aurai point plaisir à vous voir. 
  Le coup était de taille et Mahaut ne s’y attendait pas. Décidément, le Hutin avait bien changé. Les malheurs surviennent en série. Si brusquement congédiée, Mahaut, sortant de l’appartement de la reine, tenait encore une dragée. Elle la mit machinalement en bouche et y mordit avec tant de violence qu’elle se fendit une dent. Pendant une semaine, Mahaut fut à Conflans comme un tigre en cage. De son grand pas masculin, elle allait des appartements d’habitation, qui dominaient la Seine, à la cour principale, entourée de galeries d’où, par-dessus les frondaisons du bois de Vincennes, on pouvait apercevoir les étendards du manoir royal. 
  Sa rage ne connut plus de bornes lorsque, le 15 mai, Louis X, mettant à exécution ses projets, nomma gouverneur de l’Artois le maréchal de Champagne, Hugues de Conflans. Mahaut vit, dans le choix de ce gouverneur, une volonté de dérision et comme un suprême outrage. 
  - Conflans ! Conflans ! répétait-elle, on m’enferme à Conflans, et l’on nomme Conflans pour me voler mon bien. 
  En même temps, sa dent cassée la faisait cruellement souffrir ; un abcès s’était formé. Sans cesse, Mahaut tordait la langue, ne pouvant se retenir d’aviver le mal. Elle déchargeait sa colère sur son entourage ; elle avait giflé, pendant un office, maître Renier, chantre de sa chapelle, pour une défaillance de voix. Jeannot le Follet, son nain, se cachait dans les encoignures du plus loin qu’il l’apercevait. Elle s’emportait contre Thierry d’Hirson qu’elle accusait, lui et son abusive famille, d’être la cause de tous les ennuis ; elle reprochait même à sa fille Jeanne de n’avoir pas su retenir son mari de courir au conclave. 
  - Que nous importe un pape, criait-elle, lorsqu’on est en train de nous dépouiller ! Ce n’est pas le pape qui nous rendra l’Artois. 
  Un matin elle apostropha Béatrice. 
  - Et toi, tu ne peux rien faire, non ? N’es-tu donc bonne qu’à me prendre mon argent, t’affubler de robes et tourner de la croupe devant le premier chien coiffé ? As-tu décidé de ne m’être d’aucune ressource ? 
  - Comment, Madame… Les clous de girofle que je vous ai portés ne vous ont-ils point apaisé la douleur ? 
  - Il s’agit bien de ma dent ! J’en ai une plus grosse à arracher, et tu en sais le nom. Ah ! quand il est question de philtres d’amour, tu t’agites, tu te donnes de la peine, tu découvres des magiciennes ! Mais s’il me faut un vrai service… 
  - Vous oubliez, Madame… Vous oubliez bien vite comment j’ai fait enfumer messire de Nogaret… et ce que j’ai risqué pour vous. 
  - Je n’oublie pas, je n’oublie pas. Mais Nogaret aujourd’hui me semble petit gibier… 
  Si Mahaut ne reculait guère devant l’idée du crime, il lui déplaisait d’avoir à l’exprimer précisément. Béatrice, qui la connaissait bien, mettait quelque perfidie à l’y obliger. La regardant à travers ses longs cils noirs, la demoiselle de parage de sa voix lente, vaguement ironique, et qui traînait sur la fin des mots, répondit : 
  - Vraiment, Madame ?… Est-ce si haute mort que vous souhaitez ? 
  - Et à quoi crois-tu donc que je pense depuis une semaine, double sotte ? Que veux-tu qu’il me reste à faire, sinon que de prier Dieu, de l’aube au soir et du soir au matin, pour que Louis se rompe le col en tombant de cheval ou qu’il s’étouffe la gorge avec une noix sèche ? 
  - Il est peut-être de plus rapides moyens, Madame… 
  - Va donc me les trouver, tu seras bien habile ! Oh ! de toute manière, ce roi n’est pas destiné à faire de vieux os ; il n’est que de l’entendre tousser pour s’en convaincre. Mais c’est maintenant qu’il me conviendrait qu’il crevât… Je ne serai en paix que lorsque je l’aurai conduit à Saint-Denis. 
  - Car ainsi, Monseigneur de Poitiers deviendrait peut-être régent du royaume… et il vous rendrait l’Artois… 
  - Et voilà ! Ma petite Béatrice, tu me comprends à merveille ; mais tu comprends aussi que ce n’est point une entreprise aisée. Ah ! celui qui me fournirait une bonne recette de délivrance, je ne lui marchanderais pas l’or, je te l’assure. 
  - La dame de Fériennes connaît de ces recettes… 
  - Par magie, cire fondue et formules de conjuration ? Louis a été envoûté déjà, à ce qu’il paraît, et regarde-le ! Il ne s’est jamais mieux porté que ce printemps. À croire qu’il a partie liée avec le diable. 
  - S’il a partie liée avec le diable, il n’y a peut-être pas grand péché à l’envoyer en enfer… par nourriture convenablement préparée. 
  - Et comment t’y prendras-tu ? Tu vas aller lui dire : « Voici une belle tarte aux groseilles que votre cousine Mahaut, qui vous aime tant, vous envoie. » Et il va y mordre les yeux fermés… Sache que depuis cet hiver, par quelque soudaine peur qu’il a prise, il fait goûter trois fois les mets qui lui sont servis, et que deux écuyers en armes accompagnent son plat depuis le four jusqu’à la table. Ah ! c’est qu’il est craintif autant que méchant. 
  Béatrice regardait en l’air, et se caressait le cou, du bout des doigts. 
  - Il communie souvent, m’a-t-on dit… et l’hostie s’avale de confiance…  
  - C’est chose qui vient trop facilement à l’esprit pour qu’on ne s’en défie pas. Le chapelain lui-même est surveillé ; Mathieu de Trye garde constamment sur lui la clef du tabernacle, dans son aumônière. Est-ce là que tu l’iras prendre ? 
  - Bah ! on ne sait, dit Béatrice en souriant. L’aumônière se porte sous la ceinture… Mais c’est quand même un moyen hasardeux. 
  - Si nous frappons, mon enfant, ce doit être à coup sûr, et sans que nul puisse jamais savoir d’où il vient… 
  Elles demeurèrent un moment silencieuses. 
  - Vous vous êtes plainte, l’autre jour, dit Béatrice, de ce que les cerfs infestaient vos bois, et mangeaient vos jeunes arbres… Je ne verrais point de mal à demander à la Fériennes quelque bon poison où tremper des flèches, pour tirer les cerfs… Le roi est assez friand de venaison. 
  - Bien sûr, et toute la cour en crèvera ! Oh ! pour ma part, je ne risque rien, je ne suis plus conviée. Mais je te le répète, tous les plats sont essayés sur des valets avant d’être présentés, et de plus ils sont touchés à la licorne. On découvrirait vite de quelle forêt provient le cerf… Enfin… avoir le poison est une chose, le placer en est une autre. Fais-le préparer dès à présent ; et qu’il soit d’action brève et ne laisse point de trace… Béatrice, ce manteau de marbré, que j’avais mis pour voyager, en allant au sacre, il te plaisait fort, je crois ? Eh bien ! il est à toi. 
  - Oh ! Madame, Madame… Quelle bonne âme vous avez… 
  Et Béatrice embrassa Mahaut. 
  - Aïe ! ma dent ! s’écria la comtesse en portant la main à la joue. Et dire que je l’ai brisée sur une dragée que Louis m’a offerte… 
  Elle s’arrêta net, et son œil gris se mit à luire sous le sourcil.  
  - Les dragées… murmura-t-elle. Eh bien, c’est cela, Béatrice ; procure-toi ce poison, en disant bien qu’il est destiné à mes cerfs. Je pense qu’il nous sera utile. 
Demain 3ème partie ch 8 En l'absence du roi 

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