lundi 21 janvier 2019

Les poisons de la couronne - 3ème partie - ch 6 - La cardinal envoute le roi




VI
LE CARDINAL ENVOÛTE LE ROI
  L’homme n’était pas gardé par des sergents ou des archers, ainsi qu’un prévenu ordinaire, mais encadré par deux jeunes gentilshommes au service du comte de Poitiers. Il portait un froc trop court qui laissait voir un pied tordu. Louis X lui porta à peine attention. Il salua de la tête ses frères, son oncle Valois, et messire Miles de Noyers, qui s’étaient levés à son entrée. 
  - De quoi s’agit-il ? demanda-t-il en prenant place au milieu d’eux et en faisant signe qu’on se rassît. 
  - D’une sombre et tortueuse affaire de sorcellerie, nous assure-t-on, répondit Charles de Valois avec une nuance d’ironie. 
 - Ne pouvait-on charger le garde des Sceaux de l’instruire lui-même, sans me déranger dans mes soucis 
  - C’est tout juste ce que je faisais observer à votre frère Philippe, dit Valois. 
  Le comte de Poitiers croisa les doigts d’un geste tranquille. 
  - Mon frère, dit-il, la chose m’est apparue importante, non point tant pour le fait de sorcellerie, qui est assez commun, mais parce que cette sorcellerie semble s’être accomplie au sein même du conclave, et qu’elle nous ouvre la vue sur les sentiments que certains cardinaux nourrissent à notre endroit. 
  Un an plus tôt, au seul mot de conclave, le Hutin eût montré une vive agitation. Mais depuis qu’en faisant supprimer sa première femme il avait pu convoler, l’élection du pape l’intéressait beaucoup moins. 
  - Cet homme se nomme Evrard, continua le comte de Poitiers. 
  - Evrard… répéta machinalement le roi. 
  - Il est clerc à Bar-sur-Aube ; mais il a appartenu naguère à l’ordre du Temple, où il avait rang de chevalier. 
  - Un Templier, ah oui !… fit le roi. 
  - Il est venu se livrer voici deux semaines à nos gens de Lyon, qui nous l’ont envoyé. 
  - Qui vous l’ont envoyé, Philippe, précisa Charles de Valois. 
  Poitiers feignit d’ignorer la pointe, et poursuivit : 
  - Evrard a dit qu’il avait des révélations à faire, et on lui promit qu’il ne souffrirait aucun mal, à condition qu’il avouât bien le vrai, promesse que nous lui certifions ici. D’après ses déclarations… 
  Le roi avait les yeux fixés sur la porte, guettant l’apparition de son chambellan ; seules le préoccupaient pour l’heure ses chances de paternité. Le plus grand défaut de ce souverain était peut-être d’avoir l’esprit toujours requis par une autre question que celle en débat. Il était incapable de commander à son attention, ce qui constitue la pire inaptitude au pouvoir. Il fut surpris du silence qui s’était établi et sortit de son rêve. Seulement alors il regarda le prévenu, remarqua son visage parcouru de tics, ses longues mâchoires maigres, ses yeux noirs un peu fous, sa bizarre pose déhanchée. Puis, revenant à Philippe de Poitiers : 
  - Eh bien, mon frère… dit-il. 
 - Mon frère, je ne veux point troubler vos pensées. J’attends que vous ayez fini de songer. 
   Le Hutin rougit un peu. 
  - Non, non, je vous écoute bien, continuez. 
  - D’après ses déclarations, Evrard serait venu à Valence pour y trouver la protection d’un cardinal au sujet d’un différend qu’il avait avec son évêque… Il faudra d’ailleurs tirer ce point au clair, ajouta Poitiers en se penchant vers Miles de Noyers, qui conduisait l’interrogatoire. 
  Evrard entendit, mais ne broncha pas, et Poitiers enchaîna : 
  - À Valence, Evrard aurait fait, par hasard prétend-il, connaissance du cardinal Francesco Caëtani… 
  - Le neveu du pape Boniface, dit Louis pour prouver qu’il suivait. 
  - C’est cela même… et il serait entré dans l’intimité de ce cardinal, fort versé en alchimie, puisqu’il a chez lui, toujours au dire d’Evrard, une pièce emplie de fourneaux, de cornues et de poudres diverses. 
  - Tous les cardinaux sont plus ou moins alchimistes ; c’est leur marotte, dit Charles de Valois en haussant les épaules. Monseigneur Duèze a même écrit un traité là-dessus… 
  - C’est exact, mon oncle ; mais la présente affaire ne ressort pas précisément de l’alchimie qui est science fort utile et respectable… Le cardinal Caëtani voulait trouver quelqu’un qui pût évoquer le diable et procéder à des envoûtements. 
  Charles de la Marche, imitant l’attitude ironique de son oncle Valois, dit : 
  - Voilà un cardinal qui sent fort le fagot. 
  - Eh bien, qu’on le brûle, dit avec indifférence le Hutin qui de nouveau regardait la porte. 
  - Qui voulez-vous brûler, mon frère ? Le cardinal ? 
  - Ah ! C’est le cardinal ?… Alors, non, il ne faut pas.     
  Philippe de Poitiers eut un soupir de lassitude avant de reprendre, en appuyant un peu sur les mots : 
  - Evrard répondit au cardinal qu’il connaissait un homme qui fabriquait de l’or au profit du comte de Bar… 
  En entendant ce nom, Valois se leva, indigné, et s’écria : 
  - En vérité, mon neveu, on nous fait perdre notre temps ! Nous connaissons assez notre parent le comte de Bar pour savoir qu’il ne donne point dans de telles sottises, si même, dans l’heure présente, il n’est pas trop notre ami. Nous sommes devant une fausse dénonciation de diablerie, comme il s’en fait vingt chaque jour, et qui ne mérite pas d’y ouvrir les oreilles. 
  Si calme qu’il s’imposât d’être, Philippe finit par perdre patience. 
  - Vous avez bien, mon oncle, ouvert vos oreilles aux dénonciations de sorcellerie quand elles atteignaient Marigny ; veuillez au moins accorder l’ouïe à celle-ci. D’abord, il ne s’agit pas du comte de Bar, ainsi que vous l’allez voir. Car Evrard n’alla pas chercher l’homme qu’il avait dit, mais présenta au cardinal un certain Jean du Pré, autre ancien Templier, qui se 164 trouvait lui aussi à Valence, par hasard… C’est bien cela, Evrard ?
  L’interrogé approuva silencieusement, inclinant la tête si bas qu’il montra sa tonsure. 
  - Ne vous semble-t-il pas, mon oncle, reprit Poitiers, que voici bien des hasards ensemble, et beaucoup de Templiers du côté du conclave, à rôder autour du neveu de Boniface ? 
  - En effet, en effet… murmura Valois. 
  Revenant à Evrard, Poitiers lui demanda brusquement : 
  - Connais-tu messire Jean de Longwy ? 
  Evrard serra ses longs doigts plats sur la cordelière de son froc, et son visage osseux fut secoué d’un tic plus violent. Mais il répondit sans trouble : 
  -  Non, Monseigneur, je ne le connais pas autrement que de nom. Je sais seulement qu’il est le neveu de feu notre grand maître. -
   Feu… l’expression est bonne ! fit remarquer Valois en sourdine. 
  - Tu es bien certain de n’avoir jamais eu rapport avec lui ? insista Poitiers. Ni d’avoir reçu, par d’anciens frères à toi, aucun avis de sa part ? 
  - J’ai oui dire que messire de Longwy cherchait à garder lien avec d’aucuns d’entre nous ; mais rien de plus. 
  - Et tu n’aurais pas appris, de ce Jean du Pré par exemple, le nom du Templier qui vint à l’ost de Flandre délivrer des messages au sire de Longwy et emporter les siens ? 
  Charles de Valois haussa les sourcils. Son neveu Philippe, décidément, en savait long sur bien des choses ; mais pourquoi gardait-il toujours ses renseignements pour lui ? Evrard s’était mis à trembler. Philippe de Poitiers ne le quittait pas des yeux. L’homme correspondait bien à la description qu’on lui en avait faite. 
  - As-tu été tourmenté autrefois ? 
  - Ma jambe, Monseigneur, ma jambe répond pour moi ! s’écria Evrard. 
  Le Hutin pensait « C’est trop de temps que prennent ces physiciens. Clémence n’est pas grosse, et nul n’ose venir m’en avertir. » Il fut rappelé à la réalité immédiate par Evrard qui s’était jeté à ses genoux et suppliait. 
  - Sire ! Sire de grâce, ne me faites point tourmenter à nouveau ! Je jure Dieu que je veux confesser le vrai. 
  - Il ne faut point jurer, c’est péché, dit le roi. 
  Les deux bacheliers obligèrent Evrard à se relever. 
  - Il conviendrait d’éclaircir aussi ce point de l’ost, dit Poitiers. Continuons l’interrogation. 
  Miles de Noyers demanda. 
  - Alors, Evrard, que vous a déclaré le cardinal?       
   L’ancien Templier, mal revenu de sa panique, répondit d’une voix précipitée. 
  - Le cardinal nous a déclaré, à Jean du Pré et à moi, qu’il voulait venger la mémoire de son oncle et devenir pape, et que pour cela il lui fallait détruire les ennemis qui lui faisaient obstacle ; et il nous promit trois cents livres si nous pouvions l’y aider. Et les deux premiers ennemis qu’il nous désigna…        
  Evrard hésita, leva les yeux vers le roi, les baissa.   - Allons, poursuivez. 
  - Il nous désigna le roi de France et le comte de Poitiers, en nous disant qu’il serait bien aise de les voir passer les pieds outre. 
  Le Hutin, machinalement, contempla ses propres souliers quelques secondes, puis sursautant, il s’écria : 
  - Les pieds outre ? Mais c’est tout juste ma mort que complote ce méchant cardinal ! 
  - Tout juste, mon frère, dit Poitiers en souriant ; et la mienne aussi. 
  - Et vous, le boiteux, ne saviez-vous pas que pour un tel forfait vous seriez brûlé dans ce monde et damné dans l’autre ? continua le Hutin. 
  - Sire, le cardinal Caëtani nous avait assuré que lorsqu’il serait pape il nous ferait absoudre de tout.    
  Le buste penché, les mains aux genoux, Louis dévisageait avec stupeur l’ancien Templier En même temps les avertissements de maître Martin lui revenaient à l’esprit. 
  - Me déteste-t-on si fort que l’on désire me tuer ? dit-il Et de quelle façon le cardinal voulait-il m’expédier les pieds outre ?  -
   Il nous dit que vous étiez trop bien gardé, Sire, pour qu’on pût vous atteindre par le fer ou par le poison, et qu’il fallait procéder par envoûtement. À cette fin, il nous fit bailler une livre de cire vierge, que nous mîmes à mollir en un bassin d’eau chaude, dans la chambre aux fourneaux. Puis frère Jean du Pré fabriqua bien habilement une image d’homme, avec une couronne dessus. 
   Louis X fit un rapide signe de croix  et ensuite une autre plus petite, avec une plus petite couronne.         
  Pendant notre travail, le cardinal vint nous visiter, il sembla tout joyeux, et il se prit même à rire en regardant la première image et il nous dit « Il a moult grand membre ». 
  - Et après ? demanda le Hutin nerveusement. Qu’avez-vous fait de ces images ? 
  - Nous y avons mis les papiers. 
  - Quels papiers ? 
  - Les papiers qu’il faut placer dans l’image avec le nom de celui qu’elle figure, et les mots de la conjuration. Mais je vous jure, Sire, s’écria Evrard, que nous n’avons pas écrit votre nom, ni celui de Monseigneur de Poitiers ! Au dernier moment, nous avons pris peur, et nous avons inscrit les noms de Jacques et Pierre de la Colonne. 
  - Les deux cardinaux Colonna, précisa Philippe de Poitiers, parce que le cardinal nous les avait cités aussi comme ses ennemis. Je jure, je jure que c’est ainsi ! 
  Louis X se tourna vers son cadet comme s’il cherchait avis et appui. 
  - Croyez-vous, Philippe, que cet homme dise là le vrai ? Il faut le faire bien travailler par les tourmenteurs. 
  Au mot de « tourmenteur », Evrard tomba une seconde fois à genoux, et se traîna vers le roi, les mains jointes, en rappelant qu’on lui avait promis de ne pas le torturer s’il faisait des aveux complets. Un peu d’écume blanche lui moussait au coin des lèvres, et la peur lui donnait un regard de dément. 
  - Arrêtez-le ! Empêchez qu’il ne me touche ! cria Louis X Cet homme est possédé. 
  Et l’on n’aurait pu dire lequel, du roi ou de l’envoûteur, était le plus effrayé par l’autre. 
  - Les tourments ne servent de rien, hurlait l’ancien Templier. C’est à cause des tourments que j’ai renié Dieu. 
  Miles de Noyers prit note de cet aveu spontané. 
  - À présent, c’est le repentir qui me conduit, continua Evrard toujours à genoux. Je vais tout confesser. Nous n’avions pas de chrême pour baptiser les images. Nous en avertîmes le cardinal qui se trouvait en consistoire dans la grande église, et qui nous fit répondre tout bas par son secrétaire Andrieu de nous adresser au prêtre Pierre en l’église derrière la boucherie, en feignant que ce chrême fût destiné à un malade. 
  Il n’était plus besoin de poser de questions. Evrard, de lui-même, fournissait des détails, livrait les noms des gens au service du cardinal. 
  - Puis nous prîmes les deux images et deux chandelles bénites, et encore un pot d’eau bénite en cachant le tout sous nos frocs, et le frère Bost nous conduisit chez l’orfèvre du cardinal, nommé Baudon, qui avait fort avenante jeune femme. Il fut le parrain et sa femme la marraine. Nous avons baptisé les images dans un plat à barbier. Après quoi, nous les avons rapportées au cardinal, qui nous en fit grand merci, et y planta lui-même de longues épingles à l’emplacement du cœur et des parties vitales. 
  La porte s’entrouvrit et Mathieu de Trye montra la tête. Mais le roi, de la main, lui fit signe de se retirer. 
  - Ensuite ? demanda Miles de Noyers. 
  - Ensuite le cardinal nous demanda de procéder à d’autres envoûtements, répondit Evrard. Mais alors je m’inquiétai parce que trop de gens commençaient d’être dans le secret, et je suis parti pour Lyon, où je me suis remis aux gens du roi, qui m’ont envoyé ici. 
  - Avez-vous touché les trois cents livres ? 
  - Oui, messire. 
  - Peste ! dit Charles de la Marche Que peut un clerc avoir besoin de trois cents livres ? 
  Evrard baissa le front. 
  - Les filles, Monseigneur, répondit-il assez bas. 
  - Ou bien le Temple… prononça, comme pour lui-même, le comte de Poitiers. 
  Le roi ne disait rien, abîmé en de secrètes angoisses. 
  - Au Petit-Châtelet ! dit Poitiers à ses deux bacheliers en désignant Evrard. 
  Celui-ci se laissa emmener sans réagir. Il paraissait brusquement à bout de forces. 
  - Ces anciens Templiers semblent former un beau vivier de sorciers, reprit Poitiers. 
  - Notre père aurait dû ne point brûler le grand-maître, murmura Louis X. 
  - Ah ! L’avais-je assez dit ! s’écria Valois. J’ai tout fait pour m’opposer à cette sentence funeste. 
  - Certes mon oncle, vous l’aviez dit, répliqua Poitiers. Mais ce n’est plus de cela qu’il s’agit. Il saute au regard que les rescapés du Temple restent associés, et qu’ils sont prêts à tout pour le service de nos ennemis. Cet Evrard n’a pas avoué la moitié de ce qu’il sait. Son conte était préparé, vous pensez bien ; mais tout n’en peut être inventé. Il en ressort que ce conclave qui se traîne de ville en ville depuis deux ans déshonore la chrétienté autant qu’il nuit au royaume, et que des cardinaux s’y conduisent, par âpreté de la tiare, tout juste de manière à mériter l’excommunication. 
  - Ne serait-ce pas le cardinal Duèze, dit Miles de Noyers, qui nous aurait expédié cet homme afin de nuire à Caëtani ? 
  - La chose n’est pas impossible, dit Poitiers. Cet Evrard doit se nourrir à toutes les mangeoires, pourvu que le fourrage y soit un peu pourri. 
  Il fut interrompu par Monseigneur de Valois dont le visage avait pris un grand air de sérieux et de réflexion. 
  - Ne serait-il pas souhaitable, Philippe, que vous fissiez un tour vous-même du côté du conclave, dont vous montrez que vous connaissez si bien les affaires ? Vous seul, à mon jugement, êtes apte à débrouiller cet écheveau d’intrigues, faire la lumière sur ces manœuvres criminelles, et aussi hâter une nécessaire élection. 
  Philippe eut un léger sourire. « Notre oncle se croit bien habile, en ce moment, pensa-t-il. Il a découvert enfin le moyen de m’écarter de Paris, et de m’envoyer dans un bon guêpier…» 
  - Ah ! Le sage conseil que vous nous portez là, mon oncle ! s’écria Louis X. Certes, il faut que Philippe nous rende ce service. Mon frère, je vous saurais bien gré d’accepter… et de vous enquérir par vous-même de ces images baptisées qui nous représentaient. Ah oui ! Il le faut au plus tôt ; vous y êtes aussi intéressé que moi. Savez-vous par quel moyen de religion on peut se défendre des envoûtements ? Tout de même, Dieu est plus fort que le Diable… 
  Il ne donnait pas l’impression d’en être absolument sûr. 
  Le comte de Poitiers réfléchissait. La proposition, d’une certaine façon, le tentait. Quitter pour quelques semaines la cour, où il était impuissant à empêcher les erreurs, et où il se trouvait constamment en opposition avec Valois et Mornay… Aller accomplir enfin une œuvre utile. Emmener avec lui ses amis et soutiens fidèles, le connétable Gaucher, le légiste Raoul de Presles, Miles de Noyers… un homme de guerre, un homme de loi et un homme de guerre et de loi, puisque Miles était conseiller au Parlement après avoir été maréchal de l’ost. Et puis, qui sait ? Celui qui fait un pape se trouve en bonne position pour recevoir une couronne. Le trône de l’empire d’Allemagne, auquel son père avait déjà songé pour lui, et qu’il était en droit de briguer comme comte palatin, pouvait un jour redevenir libre… 
  - Eh bien ! soit, mon frère, j’accepte, pour vous servir. 
  - Ah ! le bon frère que voilà ! s’écria Louis X. 
  Il se leva pour embrasser le comte de Poitiers, et s’arrêta dans son geste en poussant un hurlement. 
  - Ma jambe ! Ma jambe ! La voilà toute froide et parcourue de frémissements ; je ne sens plus le sol en dessous. 
  On eût cru, parce qu’il le croyait, que le démon, déjà, le tenait par le mollet. 
  - Eh quoi ! mon frère, dit Philippe, vous avez des fourmis dans le pied, voilà tout. Frottez-vous un peu.   
  - Ah !… vous pensez ?… 
  Et le Hutin sortit en boitillant, comme Evrard. En rentrant dans ses appartements, il apprit que les physiciens s’étaient prononcés affirmativement, et qu’il serait père, avec l’aide de Dieu, vers le mois de novembre. Ses familiers s’étonnèrent de ne pas le voir, sur l’instant, témoigner pleinement sa joie.

Demain 3ème partie ch 7 Je place l'Artois sous ma main 

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