Tout
le monde dans sa vie a acheté, ou lu, au moins un livre de poche.
Créée en 1953 cette collection a été une véritable révolution
commerciale et intellectuelle.
A
la sortie de la guerre, à la fin des années 40, le livre est un
produit cher. Et on assiste à une forte demande populaire et
estudiantine d'un livre bon marché. En 1949 le prix du papier
explose. Henri Filipacchi, alors secrétaire général de la
librairie Hachette, flaire le bon coup. Il réussit à convaincre ses
amis éditeurs Albin-Michel, Calmann-Levy, Grasset et Gallimard de
devenir les pères fondateurs du ’’Livre de Poche’’.
Grâce
à un papier en bobines peu coûteux, à une nouvelle machine, le
perfect binder, qui fabrique un
brochage résistant avec le dos du volume collé et non plus cousu,
et à une couverture recouverte d'un vernis transparent qui la rend
résistante, un livre désacralisé donc, présenté sous des
couvertures attractives, rappelant les affiches de cinéma, mais
néanmoins véhicule d'une littérature de qualité.
Avec
toutes ces modifications en 1953, Le Livre de poche est six fois
moins cher qu'un ouvrage grand format.
C’est
en février 1953 que paraissent les premiers « Livre de Poche »,
Koenigsmark de Pierre Benoit (le n°1), L’Ingénue
libertine de Colette, Les Clefs du royaume d’A.J.
Cronin, Pour qui sonne le glas d’Hemingway… Ils valent
alors deux francs, soit à peine plus que le prix d’un quotidien,
un peu moins que celui d’un magazine. Les débuts de cette nouvelle
collection – qui deviendra une nouvelle manière de lire,
démocratique et décontractée – sont modestes, et l’accueil du
public, réticent : ne « braderait »-on pas la littérature ?
Les
réactions négatives ne manquent pas ; à commencer par les
libraires qui voient d’un mauvais œil ces livres en tourniquet en
libre service à l’entrée de leur magasin… Des intellectuels,
certains , s’en mêlent. Ils y voient une sous-culture, parlent
d’une ‘’culture de poche’’, d’une ‘’entreprise
mystificatrice puisqu'elle revient à placer entre toutes les mains
les substituts symboliques de privilèges éducatifs et culturels’’…
Même
J.P. Sartre s’interroge
«Les livres de poche sont-ils de vrais livres ? Leurs lecteurs
sont-ils de vrais lecteurs?».
Autant
en emporte le vent, le succès est là !
Les
chiffres s’emballent :
-
Plus
de 8 000 titres au catalogue ( avec les déclinaisons des différentes
collections)
-
400 nouveautés par an
-
1 000 titres réimprimés chaque année
-
Plus de 15 millions d’exemplaires vendus chaque année aujourd’hui
-
Plus d’un milliard de volumes vendus depuis 1953.
L’ouvrage
le plus vendu est Le Grand Meaulnes d’Alain-Fournier (5 millions
d’exemplaires) suivi de Vipère au poing (plus de 4 millions).
L’auteur
le plus vendu est Agatha Christie (40 millions de volumes) suivie
d’Emile Zola (22 millions). Et l’on dit que les français ne
lisent plus… Alors qu’on nous laisse tranquille avec la
simplification de l’orthographe et l’écriture inclusive.
Je
me suis amusé à regarder ce que cache, ou révèle cette
institution. Je me suis limité aux 1000 premiers numéros. Du n°1 Koenigsmark au n°1000 Le Grand Meaulnes.
L’étude n’est pas universitaire. C’est juste le
plaisir de fouiller dans mes chers livres.
Donc
à demain : Le livre de poche du N°1 au N° 1000
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