Léon
Eugène Frapié est un romancier français né à Paris le 27 janvier
1863, décédé à Paris en 1949. Léon Frapié collabora d'abord à
des revues et à des quotidiens, puis quelques romans. Mais c'est La
Maternelle (prix Goncourt 1904) qui lui valut la notoriété. Ce
roman était une peinture émouvante et désabusée des mœurs
enfantines dans une école des quartiers pauvres. D'une manière
générale, l'œuvre de Léon Frapié se rattache à la tradition du
roman réaliste.
La
narratrice, jeune fille de bonne famille, a fait de très hautes
études (pour l’époque) puisqu’elle est licenciée de
l’université. Le malheur la frappe soudain : s’enchaînent
la disparition de la fortune familiale, la mort de son père et par
voie de conséquence la rupture de ses fiançailles. Réduite à
l'hospitalité mal gracieuse de son oncle, elle est contrainte à se
loger de manière plus que sommaire et à travailler ; mais son
trop haut niveau d’études ne lui permet pas de postuler à un
emploi d’institutrice. C’est donc en cachant ses diplômes
qu’elle se fait embaucher comme femme de service dans une école
maternelle du quartier des plâtriers dans la Zone qui n’est déjà
plus Paris
et pas encore la banlieue-Est : Ménilmontant.
Le
titre ne révèle pas la noirceur de cette description d'une école
enfantine des quartiers pauvres de Paris, au début du vingtième
siècle.
L' écriture est moderne, directe, et le propos ne s' embarrasse pas d'enjolivures...
L' écriture est moderne, directe, et le propos ne s' embarrasse pas d'enjolivures...
‘’Je
fus fiancée à vingt-trois ans. Il était temps. Par une grâce,
dit-on, assez rare, le surmenage des études classiques n’avait
rien détraqué en moi, la longue attente virginale n’avait pas
perverti mon imagination. Élevée sans mère depuis l’âge de
douze ans, j’étais très simple, très saine, très « nature » ;
de visage coloré, de caractère gai, de gestes vifs. Mais, enfin, il
était temps que la certitude d’un prochain mariage vint secourir
la belle patience de mon tempérament. Mon fiancé avait le profil
chevaleresque d’un Louis XIII adouci, et sa conversation mettait en
poésie les plus ordinaires circonstances de la vie. J’éprouvais
auprès de lui une exaltation heureuse, tout en pensée. Après son
départ, je me sentais alourdie, comme si mon corps même portait
aussi une rêverie à bientôt exhaler. Or mon père mourut
subitement de l’issue désastreuse d’une affaire d’argent. Je
me trouvai, du jour au lendemain, orpheline, pauvre, délaissée, car
la poésie de mon fiancé ne survécut pas à la perte de ma dot. Et
je ne pus empêcher ma douleur d’amante d’envahir ma douleur
filiale.’’
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