vendredi 4 mai 2018

Une histoire inachevée... L'exilé d'Ischia


 
Je sortais de la lecture bouleversante des ‘’Mémoires

d’Hadrien’’ et emporté par mon émotion j’ai voulu faire

mon petit Yourcenar. Prétentieux et inconscient...

Au départ ce devait être la confession d’un romain qui,

arrivé au soir de sa vie, raconte à son fils adoptif son

histoire sous 5 empereurs d’Auguste à Néron. Mais la

velléité, l’inconstance, la paresse qui me caractérisent et

un projet trop ambitieux pour moi m’ont rapidement fait

lâcher prise. Il ne me reste que ces quelques pages. Cela

devait s’appeler ‘’L’exilé d’Ischia’’ en référence à ‘’L’exilé

de Capri’’ de Roger Peyrefitte.

Après l'incipit d'hier les quelques pages qui suivent...

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Jeune, je n'ai pas aimé la jeunesse, le goût ne m'en est
venu que plus tard. Et je n'ai pas aimé ma jeunesse sous
la férule d'un père aussi puissant qu'autoritaire, pater
familias d'une des plus vieilles familles patriciennes. Il
était une des voix très écoutée du Sénat. Il possédait de
vastes propriétés en Ombrie et une fortune tout aussi
considérable. En tant que fils unique il m'a donné
l'éducation qu'il croyait nécessaire pour faire de moi son
digne héritier. Mes premières leçons me furent données
dans notre villa ombrienne par un précepteur grec aidé
par un esclave instruit, mon pédagogue. Je m'attachais
très vite à ce pédagogue. Il devait avoir 25 ans, était
doux, patient et pétri de culture grecque. Je n'ai jamais
connu son nom, on ne l'appelait que Servus.


A 12 ans mon père m'envoya dans le meilleur lyceum de
Rome pour parfaire mon éducation, J'y développai mon
amour de la Grèce. Alexandre et Alcibiade plus que César
et Marc Antoine, plus Socrate que Cicéron, plus Homère
que Virgile et ce au détriment des exercices physiques et
instruction militaire, Je rentrai tous les étés dans notre
villa d'Ombrie . L'été de mes quinze ans je fus,
probablement sur l'ordre de mon père, déniaisé par une
servante de ma mère. Je n'en ressentis qu'un plaisir
médiocre et mon père en éprouva plus de fierté que moi.
Mais je retrouvais avec plaisir mon pedagogue Servus. Et
les plaisirs qu'il me fit découvrir dans la piscine de nos
thermes au retour d'une longue promenade me
comblèrent tout autrement. Je ne sais comment mon
père fut mis au courant. Que j'eusse pris du plaisir dans
les bras d'un homme était accessoire que ce le fut dans
ceux d'un esclave ne l'était pas. La sanction fut
immédiate. Dix coups de férule pour moi ! Mais mon
Servus y perdit la vie. De ce jour date mon aversion pour
toute forme de rejet, d'exclusion, d'ostracisme pour
toute différence. Et la disparition de toute affection
pour mon père.
Mon destin bascula grâce à l'empereur Auguste.
Mon père était déjà sénateur sous Jules César, Je ne
sais pas et ne veut pas savoir le rôle qu'il a eu dans
l'assassinat de César ni celui qu'il a joué dans la pris de
pouvoir d'Octave et sa lutte contre Marc Antoine. Le
fait est que devenu empereur sous le nom d'Auguste ses
liens ne se sont pas distendus avec notre famille, Cet été
là il vint voir mon père dans notre villa d'Ombrie. Il
voulait prendre le frais sur nos collines boisées et lui
parler du voyage qu'il projetait de faire en Grèce.
Apprenant mon amour pour ce pays et le fait que je
parlais couramment cette langue, il proposa à mon père
de me prendre avec lui pour ce voyage et de parfaire mon
éducation dans un gymnase d’Athènes. Une telle
proposition ne pouvait pas se refuser. Je quittai donc ma
campagne pour la cour d'Auguste
Le confort que j'avais pu connaître dans notre villa
romaine ou dans celle des bords du lac Trasimène n'avait
rien à voir avec les fastes du palais impérial, la Domus
Augustana, sur le mont Palatin. Cette demeure voulue par
Auguste devint celle de ses successeurs qui chacun à leur
tour l'agrandirent et l'embellirent. Et c'est de l'un de
ses balcons que Néron assista à l'incendie de Rome...

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