Je
sortais de la lecture bouleversante des ‘’Mémoires
d’Hadrien’’
et emporté par mon émotion j’ai voulu faire
mon
petit Yourcenar. Prétentieux et inconscient...
Au
départ ce devait être la
confession d’un romain qui,
arrivé
au soir de sa vie, raconte à son fils adoptif son
histoire
sous 5 empereurs d’Auguste à Néron. Mais la
velléité,
l’inconstance, la paresse qui me caractérisent et
un
projet trop ambitieux pour moi m’ont rapidement fait
lâcher
prise. Il ne me reste que ces quelques pages. Cela
devait
s’appeler ‘’L’exilé d’Ischia’’ en
référence à ‘’L’exilé
de
Capri’’ de Roger Peyrefitte.
Après l'incipit d'hier les quelques pages qui suivent...
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Jeune,
je n'ai pas aimé la jeunesse, le goût ne m'en est
venu
que plus tard. Et je n'ai pas aimé ma jeunesse sous
la
férule d'un père aussi puissant qu'autoritaire, pater
familias
d'une des plus vieilles familles patriciennes. Il
était
une des voix très écoutée du Sénat. Il possédait de
vastes
propriétés en Ombrie et une fortune tout aussi
considérable.
En tant que fils unique il m'a donné
l'éducation
qu'il croyait nécessaire pour faire de moi son
digne
héritier. Mes premières leçons me furent données
dans
notre villa ombrienne par un précepteur grec aidé
par
un esclave instruit, mon pédagogue. Je m'attachais
très
vite à ce pédagogue. Il devait avoir 25 ans, était
doux,
patient et pétri de culture grecque. Je n'ai jamais
connu
son nom, on ne l'appelait que Servus.
A
12 ans mon père m'envoya dans le meilleur lyceum
de
Rome
pour parfaire mon éducation, J'y développai mon
amour
de la Grèce. Alexandre et Alcibiade plus que César
et
Marc Antoine, plus Socrate que Cicéron, plus Homère
que
Virgile et ce au détriment des exercices physiques et
instruction
militaire, Je rentrai tous les étés dans notre
villa
d'Ombrie . L'été de mes quinze ans je fus,
probablement
sur l'ordre de mon père, déniaisé par une
servante
de ma mère. Je n'en ressentis qu'un plaisir
médiocre
et mon père en éprouva plus de fierté que moi.
Mais
je retrouvais avec plaisir mon pedagogue
Servus. Et
les
plaisirs qu'il me fit découvrir dans la piscine de nos
thermes
au retour d'une longue promenade me
comblèrent
tout autrement. Je ne sais comment mon
père
fut mis au courant. Que j'eusse pris du plaisir dans
les
bras d'un homme était accessoire que ce le fut dans
ceux
d'un esclave ne l'était pas. La sanction fut
immédiate.
Dix coups de férule pour moi ! Mais mon
Servus
y perdit la vie. De ce jour date mon aversion pour
toute
forme de rejet, d'exclusion, d'ostracisme pour
toute
différence. Et la disparition de toute affection
pour
mon père.
Mon
destin bascula grâce à l'empereur Auguste.
Mon
père était déjà sénateur sous Jules César, Je ne
sais
pas et ne veut pas savoir le rôle qu'il a eu dans
l'assassinat
de César ni celui qu'il a joué dans la pris de
pouvoir
d'Octave et sa lutte contre Marc Antoine. Le
fait
est que devenu empereur sous le nom d'Auguste ses
liens
ne se sont pas distendus avec notre famille, Cet été
là
il vint voir mon père dans notre villa d'Ombrie. Il
voulait
prendre le frais sur nos collines boisées et lui
parler
du voyage qu'il projetait de faire en Grèce.
Apprenant
mon amour pour ce pays et le fait que je
parlais
couramment cette langue, il proposa à mon père
de
me prendre avec lui pour ce voyage et de parfaire mon
éducation
dans un gymnase d’Athènes. Une telle
proposition
ne pouvait pas se refuser. Je quittai donc ma
campagne
pour la cour d'Auguste
Le
confort que j'avais pu connaître dans notre villa
romaine
ou dans celle des bords du lac Trasimène n'avait
rien
à voir avec les fastes du palais impérial, la Domus
Augustana,
sur le mont Palatin. Cette demeure voulue par
Auguste
devint celle de ses successeurs qui chacun à leur
tour
l'agrandirent et l'embellirent. Et c'est de l'un de
ses
balcons que Néron assista à l'incendie de Rome...
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