À
l’affût
Ce
geste, qui me bouleversa, ne parut point émouvoir extrêmement
Rouletabille. Nous nous retrouvâmes dans sa chambre, et, ne me
parlant même point de la scène que nous venions de surprendre, il
me donna ses dernières instructions pour la nuit. Nous allions
d’abord dîner. Après dîner, je devais entrer dans le cabinet
noir et, là, j’attendrais tout le temps qu’il faudrait pour
voir quelque chose .
- Si vous voyez avant moi, m’expliqua
mon ami, il faudra m’avertir. Vous verrez avant moi si l’homme
arrive dans la galerie droite par tout autre chemin que la galerie
tournante, puisque vous découvrez toute la galerie droite et que moi
je ne puis voir que la galerie tournante. Pour m’avertir, vous
n’aurez qu’à dénouer l’embrasse du rideau de la fenêtre de
la galerie droite qui se trouve la plus proche du cabinet noir. Le
rideau tombera de lui-même, voilant la fenêtre et faisant
immédiatement un carré d’ombre là où il y avait un carré de
lumière, puisque la galerie est éclairée. Pour faire ce geste,
vous n’avez qu’à allonger la main hors du cabinet noir. Moi,
dans la galerie tournante qui fait angle droit avec la galerie
droite, j’aperçois, par les fenêtres de la galerie tournante,
tous les carrés de lumière que font les fenêtres de la galerie
droite. Quand le carré lumineux qui nous occupe deviendra obscur, je
saurai ce que cela veut dire.
– Et alors ?
– Alors, vous me
verrez apparaître au coin de la galerie tournante.
– Et qu’est-ce
que je ferai ?
– Vous marcherez aussitôt vers moi,
derrière l’homme, mais je serai déjà sur l’homme et j’aurai
vu si sa figure entre dans mon cercle…
– Celui qui est « tracé
par le bon bout de la raison », terminai-je en esquissant un
sourire.
– Pourquoi souriez-vous ? C’est bien inutile… Enfin,
profitez, pour vous réjouir, des quelques instants qui vous restent,
car je vous jure que tout à l’heure vous n’en aurez plus
l’occasion.
– Et si l’homme échappe ? – Tant mieux ! fit
flegmatiquement Rouletabille. Je ne tiens pas à le prendre ; il
pourra s’échapper en dégringolant l’escalier et par le
vestibule du rez-de-chaussée… et cela avant que vous n’ayez
atteint le palier, puisque vous êtes au fond de la galerie. Moi, je
le laisserai partir après avoir vu sa figure. C’est tout ce qu’il
me faut : voir sa figure. Je saurai bien m’arranger ensuite pour
qu’il soit mort pour Mlle Stangerson, même s’il reste vivant. Si
je le prends vivant, Mlle Stangerson et M. Robert Darzac ne me le
pardonneront peut-être jamais ! Et je tiens à leur estime ; ce sont
de braves gens. Quand je vois Mlle Stangerson verser un narcotique
dans le verre de son père, pour que son père, cette nuit, ne soit
pas réveillé par la conversation qu’elle doit avoir avec son
assassin, vous devez comprendre que sa reconnaissance pour moi aurait
des limites si j’amenais à son père, les poings liés et la
bouche ouverte, l’homme de la «Chambre Jaune» et de la « galerie
inexplicable » ! C’est peut-être un grand bonheur que, la nuit de
la «galerie inexplicable», l’homme se soit évanoui comme par
enchantement ! Je l’ai compris cette nuit-là à la physionomie
soudain rayonnante de Mlle Stangerson quand elle eut appris qu’il
avait échappé. Et j’ai compris que, pour sauver la malheureuse,
il fallait moins prendre l’homme que le rendre muet, de quelque
façon que ce fut. Mais tuer un homme ! tuer un homme ! ce n’est
pas une petite affaire. Et puis, ça ne me regarde pas… à moins
qu’il ne m’en donne l’occasion ! … D’un autre côté, le rendre muet sans que la dame me fasse de confidences… c’est
une besogne qui consiste d’abord à deviner tout avec rien ! …
Heureusement, mon ami, j’ai deviné… ou plutôt non, j’ai
raisonné… et je ne demande à l’homme de ce soir de ne
m’apporter que la figure sensible qui doit entrer…
– Dans le
cercle…
– Parfaitement. et sa figure ne me surprendra pas ! …
–
Mais je croyais que vous aviez déjà vu sa figure, le soir où vous
avez sauté dans la chambre…
– Mal… la bougie était par terre…
et puis, toute cette barbe…
– Ce soir, il n’en aura donc plus ?
– Je crois pouvoir affirmer qu’il en aura… Mais la galerie est
claire, et puis, maintenant, je sais… ou du moins mon cerveau sait…
alors mes yeux verront…
– S’il ne s’agit que de le voir et de
le laisser échapper… pourquoi nous être armés ?
– Parce que,
mon cher, si l’homme de la «Chambre Jaune» et de la «galerie
inexplicable» sait que je sais, il est capable de tout ! Alors, il
faudra nous défendre.
– Et vous êtes sûr qu’il viendra ce soir
? …
– Aussi sûr que vous êtes là ! … Mlle Stangerson, à dix
heures et demie, ce matin, le plus habilement du monde, s’est
arrangée pour être sans gardes-malades cette nuit ; elle leur a
donné congé pour vingt-quatre heures, sous des prétextes
plausibles, et n’a voulu, pour veiller auprès d’elle, pendant
leur absence, que son cher père, qui couchera dans le boudoir de sa
fille et qui accepte cette nouvelle fonction avec une joie
reconnaissante. La coïncidence du départ de M. Darzac (après les
paroles qu’il m’a dites) et des précautions exceptionnelles de
Mlle Stangerson, pour faire autour d’elle de la solitude, ne permet
aucun doute. La venue de l’assassin, que Darzac redoute, Mlle
Stangerson la prépare !
– C’est effroyable !
– Oui.
– Et le
geste que nous lui avons vu faire, c’est le geste qui va endormir
son père ?
– Oui.
– En somme, pour l’affaire de cette nuit,
nous ne sommes que deux ?
– Quatre ; le concierge et sa femme
veillent à tout hasard… Je crois leur veille inutile, « avant »…
Mais le concierge pourra m’être utile « après, si on tue » !
–
Vous croyez donc qu’on va tuer ?
– On tuera s’il le veut !
–
Pourquoi n’avoir pas averti le père Jacques ? Vous ne vous servez
plus de lui, aujourd’hui ?
– Non, me répondit Rouletabille
d’un ton brusque.
Je gardai quelque temps le silence ; puis,
désireux de connaître le fond de la pensée de Rouletabille, je lui
demandai à brûle-pourpoint :
- Pourquoi ne pas avertir
Arthur Rance ? Il pourrait nous être d’un grand secours…
– Ah
ça ! fit Rouletabille avec méchante humeur… Vous voulez donc
mettre tout le monde dans les secrets de Mlle Stangerson ! … Allons
dîner… c’est l’heure… Ce soir nous dînons chez Frédéric
Larsan… à moins qu’il ne soit encore pendu aux trousses de
Robert Darzac… Il ne le lâche pas d’une semelle. Mais, bah !
s’il n’est pas là en ce moment, je suis bien sûr qu’il sera
là cette nuit ! … En voilà un que je vais rouler !
À ce
moment, nous entendîmes du bruit dans la chambre à côté.
- Ce
doit être lui, dit Rouletabille.
– J’oubliais de vous demander,
fis-je : quand nous serons devant le policier, pas une allusion à
l’expédition de cette nuit, n’est-ce pas ?
– Évidemment ;
nous opérons seuls, pour notre compte personnel.
– Et toute la
gloire sera pour nous ?
Rouletabille, ricanant, ajouta :
- Tu
l’as dit, bouffi !
Nous dînâmes avec Frédéric Larsan, dans
sa chambre. Nous le trouvâmes chez lui… Il nous dit qu’il venait
d’arriver et nous invita à nous mettre à table. Le dîner se
passa dans la meilleure humeur du monde, et je n’eus point de peine
à comprendre qu’il fallait l’attribuer à la quasi-certitude où
Rouletabille et Frédéric Larsan, l’un et l’autre, et chacun de
son côté, étaient de tenir enfin la vérité. Rouletabille confia
au grand Fred que j’étais venu le voir de mon propre
mouvement et qu’il m’avait retenu pour que je l’aidasse dans un
grand travail qu’il devait livrer, cette nuit même, à L’Époque.
Je devais repartir, dit-il, pour Paris, par le train d’onze heures,
emportant sa « copie », qui était une sorte de feuilleton où le
jeune reporter retraçait les principaux épisodes des mystères du
Glandier.
Larsan sourit à cette explication comme un homme qui n’en
est point dupe, mais qui se garde, par politesse, d’émettre la
moindre réflexion sur des choses qui ne le regardent pas. Avec mille
précautions dans le langage et jusque dans les intonations, Larsan
et Rouletabille s’entretinrent assez longtemps de la présence au
château de M. Arthur-W. Rance, de son passé en Amérique qu’ils
eussent voulu connaître mieux, du moins quant aux relations qu’il
avait eues avec les Stangerson. À un moment, Larsan, qui me parut
soudain souffrant, dit avec effort :
- Je crois, monsieur
Rouletabille, que nous n’avons plus grand’chose à faire au
Glandier, et m’est avis que nous n’y coucherons plus de nombreux
soirs.
– C’est aussi mon avis, monsieur Fred.
– Vous croyez
donc, mon ami, que l’affaire est finie ?
– Je crois, en effet,
qu’elle est finie et qu’elle n’a plus rien à nous apprendre,
répliqua Rouletabille.
– Avez-vous un coupable ? demanda Larsan.
–
Et vous ?
– Oui.
– Moi aussi, dit Rouletabille.
– Serait-ce le
même ?
– Je ne crois pas, si vous n’avez pas changé
d’idée , dit le jeune reporter.
Et il ajouta avec force :
- M.
Darzac est un honnête homme !
– Vous en êtes sûr ? demanda
Larsan. Eh bien, moi, je suis sûr du contraire… C’est donc la
bataille ?
– Oui, la bataille. Et je vous battrai, monsieur
Frédéric Larsan.
– La jeunesse ne doute de rien , termina le
grand Fred en riant et en me serrant la main.
Rouletabille répondit
comme un écho :
- De rien !
Mais soudain, Larsan, qui s’était
levé pour nous souhaiter le bonsoir, porta les deux mains à sa
poitrine et trébucha. Il dut s’appuyer à Rouletabille pour ne pas
tomber. Il était devenu extrêmement pâle.
- Oh ! oh ! fit-il,
qu’est-ce que j’ai là ? Est-ce que je serais empoisonné ?
Et
il nous regardait d’un œil hagard… En vain, nous l’interrogions,
il ne nous répondait plus… Il s’était affaissé dans un
fauteuil et nous ne pûmes en tirer un mot. Nous étions extrêmement
inquiets, et pour lui, et pour nous, car nous avions mangé de tous
les plats auxquels avait touché Frédéric Larsan. Nous nous
empressions autour de lui. Maintenant, il ne semblait plus souffrir,
mais sa tête lourde avait roulé sur son épaule et ses paupières appesanties nous cachaient son regard. Rouletabille se
pencha sur sa poitrine et ausculta son cœur… Quand il se releva,
mon ami avait une figure aussi calme que je la lui avais vue tout à
l’heure bouleversée. Il me dit :
- Il dort !
Et il m’entraîna
dans sa chambre, après avoir refermé la porte de la chambre de
Larsan.
- Le narcotique ? demandai-je… Mlle Stangerson veut donc
endormir tout le monde, ce soir ? …
– Peut-être… me répondit
Rouletabille en songeant à autre chose.
– Mais nous ! … nous !
exclamai-je. Qui me dit que nous n’avons pas avalé un pareil
narcotique ?
– Vous sentez-vous indisposé ? me demanda
Rouletabille avec sang-froid.
– Non, aucunement !
– Avez-vous
envie de dormir ?
– En aucune façon…
– Eh bien, mon ami, fumez
cet excellent cigare.
Et il me passa un havane de premier choix
que M. Darzac lui avait offert ; quant à lui, il alluma sa
bouffarde, son éternelle bouffarde. Nous restâmes ainsi
dans cette chambre jusqu’à dix heures, sans qu’un mot fût
prononcé. Plongé dans un fauteuil, Rouletabille fumait sans
discontinuer, le front soucieux et le regard lointain. À dix heures,
il se déchaussa, me fit un signe et je compris que je devais, comme
lui, retirer mes chaussures. Quand nous fûmes sur nos chaussettes,
Rouletabille dit, si bas que je devinai plutôt le mot que je ne
l’entendis :
- Revolver !
Je sortis mon revolver de la poche de
mon veston.
- Armez ! fit-il encore.
J’armai. Alors il se dirigea
vers la porte de sa chambre, l’ouvrit avec des précautions
infinies ; la porte ne cria pas. Nous fûmes dans la galerie
tournante. Rouletabille me fit un nouveau signe. Je compris que je
devais prendre mon poste dans le cabinet noir. Comme je m’éloignais
déjà de lui, Rouletabille me rejoignit « et m’embrassa », et
puis je vis qu’avec les mêmes précautions il retournait dans sa
chambre. Étonné de ce baiser et un peu inquiet, j’arrivai dans la
galerie droite que je longeai sans encombre ; je traversai le palier
et continuai mon chemin dans la galerie, aile gauche, jusqu’au
cabinet noir. Avant d’entrer dans le cabinet noir, je regardai de
près l’embrasse du rideau de la fenêtre… Je n’avais, en
effet, qu’à la toucher du doigt pour que le lourd rideau retombât
d’un seul coup, « cachant à Rouletabille le carré de lumière »
: signal convenu.
Le bruit d’un pas m’arrêta devant la porte
d’Arthur Rance. Il n’était donc pas encore couché ! Mais
comment était-il encore au château, n’ayant pas dîné avec M.
Stangerson et sa fille ? Du moins, je ne l’avais pas vu à table,
dans le moment que nous avions saisi le geste de Mlle Stangerson. Je me retirai dans mon cabinet noir. Je m’y trouvais
parfaitement. Je voyais toute la galerie en enfilade, galerie
éclairée comme en plein jour. Évidemment, rien de ce qui allait
s’y passer ne pouvait m’échapper. Mais qu’est-ce qui allait
s’y passer ? Peut-être quelque chose de très grave. Nouveau
souvenir inquiétant du baiser de Rouletabille. On n’embrasse ainsi
ses amis que dans les grandes occasions ou quand ils vont courir un
danger ! Je courais donc un danger ? Mon poing se crispa sur la
crosse de mon revolver, et j’attendis. Je ne suis pas un héros,
mais je ne suis pas un lâche.
J’attendis une heure environ ;
pendant cette heure je ne remarquai rien d’anormal. Dehors, la
pluie, qui s’était mise à tomber violemment vers neuf heures du
soir, avait cessé. Mon ami m’avait dit que rien ne se passerait
probablement avant minuit ou une heure du matin. Cependant il n’était
pas plus d’onze heures et demie quand la porte de la chambre
d’Arthur Rance s’ouvrit. J’en entendis le faible grincement sur
ses gonds. On eût dit qu’elle était poussée de l’intérieur
avec la plus grande précaution. La porte resta ouverte un instant
qui me parut très long. Comme cette porte était ouverte, dans la
galerie, c’est-à-dire poussée hors la chambre, je ne pus voir, ni
ce qui se passait dans la chambre, ni ce qui se passait derrière la
porte. À ce moment, je remarquai un bruit bizarre qui se répétait
pour la troisième fois, qui venait du parc, et auquel je n’avais
pas attaché plus d’importance qu’on n’a coutume d’en
attacher au miaulement des chats qui errent, la nuit, sur les
gouttières. Mais, cette troisième fois, le miaulement était si pur
et si « spécial » que je me rappelai ce que j’avais entendu
raconter du cri de la « Bête du Bon Dieu ». Comme ce cri avait
accompagné, jusqu’à ce jour, tous les drames qui s’étaient
déroulés au Glandier, je ne pus m’empêcher, à cette réflexion,
d’avoir un frisson.
Aussitôt je vis apparaître, au delà de la
porte, et refermant la porte, un homme. Je ne pus d’abord le
reconnaître, car il me tournait le dos et il était penché sur un
ballot assez volumineux. L’homme, ayant refermé la porte, et
portant le ballot, se retourna vers le cabinet noir, et alors je vis qui il était. Celui qui sortait, à cette heure, de la
chambre d’Arthur Rance était le garde. C’était « l’homme
vert ». Il avait ce costume que je lui avais vu sur la route, en
face de l’auberge du « Donjon », le premier jour où j’étais
venu au Glandier, et qu’il portait encore le matin même quand,
sortant du château, nous l’avions rencontré, Rouletabille et moi.
Aucun doute, c’était le garde. Je le vis fort distinctement. Il
avait une figure qui me parut exprimer une certaine anxiété. Comme
le cri de la « Bête du Bon Dieu » retentissait au dehors pour la
quatrième fois, il déposa son ballot dans la galerie et s’approcha
de la seconde fenêtre, en comptant les fenêtres à partir du
cabinet noir. Je ne risquai aucun mouvement, car je craignais de
trahir ma présence.
Quand il fut à cette fenêtre, il colla son
front contre les vitraux dépolis, et regarda la nuit du parc. Il
resta là une demi-minute. La nuit était claire, par intermittences,
illuminée par une lune éclatante qui, soudain, disparaissait sous
un gros nuage. « L’homme vert » leva le bras à deux reprises,
fit des signes que je ne comprenais point ; puis, s’éloignant de
la fenêtre, reprit son ballot et se dirigea, suivant la galerie,
vers le palier. Rouletabille m’avait dit : « Quand vous verrez
quelque chose, dénouez l’embrasse. » Je voyais quelque chose.
Était-ce cette chose que Rouletabille attendait ? Ceci n’était
point mon affaire et je n’avais qu’à exécuter la consigne qui
m’avait été donnée. Je dénouai l’embrasse. Mon cœur battait
à se rompre. L’homme atteignit le palier, mais à ma grande
stupéfaction, comme je m’attendais à le voir continuer son chemin
dans la galerie, aile droite, je l’aperçus qui descendait
l’escalier conduisant au vestibule. Que faire ? Stupidement, je
regardais le lourd rideau qui était retombé sur la fenêtre. Le
signal avait été donné, et je ne voyais pas apparaître
Rouletabille au coin de la galerie tournante. Rien ne vint ; personne
n’apparut. J’étais perplexe. Une demi-heure s’écoula qui me
parut un siècle. « Que faire maintenant, même si je voyais autre
chose ? » Le signal avait été donné, je ne pouvais le donner une
seconde fois… D’un autre côté, m’aventurer dans la galerie en ce moment pouvait déranger tous les plans de
Rouletabille. Après tout, je n’avais rien à me reprocher, et,
s’il s’était passé quelque chose que n’attendait point mon
ami, celui-ci n’avait qu’à s’en prendre à lui-même. Ne
pouvant plus être d’aucun réel secours d’avertissement pour
lui, je risquai le tout pour le tout : je sortis du cabinet, et,
toujours sur mes chaussettes, mesurant mes pas et écoutant le
silence, je m’en fus vers la galerie tournante. Personne dans la
galerie tournante. J’allai à la porte de la chambre de
Rouletabille. J’écoutai. Rien. Je frappai bien doucement. Rien. Je
tournai le bouton, la porte s’ouvrit. J’étais dans la chambre.
Rouletabille était étendu, tout de son long, sur le parquet.
Demain
ch. 22 ‘’le cadavre incroyable’’.
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