Les
bibliothèques et les greniers des résidences secondaires à la
campagne sont un peu les maisons de retraite des livres. On y
rapatrie tout ce que l’on ne peut plus stocker dans les
appartements, devenus trop petits, des villes. Quand trois ou quatre
générations y entassent ses lectures, il finit par y en avoir
partout. Dans le salon, les couloirs, les chambres, les WC, la
cuisine, où voisinent un peu graisseux, l’incontournable Ginette
Mathiot, Françoise Bernard et le grand Larousse illustré de la
cuisine…
Voyager
dans ces rayonnages c’est un peu comme plonger une carotte dans la
calotte glacière. Les vieilles bibliothèques sont un peu des
univers dont nous sommes les explorateurs. On remonte des vestiges,
des comportements, des habitudes de lecture que l’on croyait
oubliés. C’est plein de livres, de titres disparus des librairies
et des ‘’espaces culturels’’ des grandes surfaces. Si on les
trouve encore ce doit être dans les vide-greniers de village ou chez
Emmaüs. Et on va de surprises en surprises.
J’étais
dans une de ces maisons de campagne il y a quelques mois, et dans ma
chambre, une bibliothèque couvrait une bonne partie du mur sur la
droite de mon lit. En lisant, au risque d’un tortis colis, les
titres sur les dos des livres, je me souvenais de ma propre petite
bibliothèque, que décidément je ne me console pas d’avoir
dispersée lors de mon dernier déménagement. On s’ était mis à
trois pour la remplir. Ma mère, ma sœur et moi et la troisième
génération commençait à y mettre son grain de sel.
Et
dans cette chambre à la campagne je retrouvais des livres qui se
trouvaient ou auraient pu se trouver dans la mienne.
En
vrac ! Les gros best-sellers de l’été, lus avec le même plaisir
un peu trouble que celui éprouvé devant une émission de
télé-réalité. Piaf, Papillon, Le Grec… Les essais
politico-économiques dont le succès nous faisait croire qu’il
fallait les lire : ‘’Quand la Chine s’éveillera’’, ‘’Le
noir et le rouge’’’ de Catherine Nay, Raymond Tournoux ‘’La
tragédie du Général’’. Quelques polars un peu dépassés : un
Paul Kenny, deux OSS 117, Trois SAS, quatre San Antonio. Agatha Christie se fait une place entre Arsène Lupin et Sherlock Holmes. Côte à
côte : ‘’Naufragé volontaire’’ d’Alain Bombard et
‘’L’expédition du Kon Tiki’’. Des raretés…Un Quid, Le
journal de l’année 1978, une méthode Assimil d’allemand, une
demi-douzaine de ‘’Sélection du Reader Digest’’… Côté
théâtre, Marcel Achard et André Roussin, voisinent avec Marcel
Pagnol. ‘’Dieu existe je l’ai rencontré’’ semble écrasé
entre ‘’Cette nuit la liberté’’ et ‘’Le jour le plus
long’’. Trois volumes d’Angélique Marquise des Anges. Dans le
troisième ‘’Angélique et le Roy’’ un vieux ticket de
métro-marque-page signale la fin de l’ambition de lire l’intégrale
de la série. ''Les Rois maudits''.Si dans la famille on peut deviner qui a lu ‘’Tendre
et violente Elizabeth’’ ou ‘’Le palanquin des larmes’’,
qui a lu ‘’La rage de vivre’’ de Mezz Mezzrow, ‘’Bienvenue
à l’Armée Rouge ou le premier guide pratique du collabo’’ ou
‘’Les Mémoires de guerre’’… Et deux livres qui m’avaient
enchanté : ‘’Les carnets du Major Thompson’’, et ‘’Les
silences du colonel Bramble’’, ‘’Le naïf aux quarante
enfants’’. En prenant pour le feuilleter j’ai trouvé caché
derrière, comme honteusement, ‘’La foire aux cancres’’. Ce
qui nous fait rire aujourd’hui a bien changé… Un Modiano, un
Colette, deux Sagan. Et renvoyées dos à dos ‘’Nicole Nobody’’
de la duchesse de Bedford et ‘’La baronne rentre à cinq heures’’
de Nadine de Rotschild… Et sur le premier rayonnage tout en bas Spirou et Fantasio, Tintin, Tif et Tondu, Buck Danny, Gaston Lagaffe.....
J’ai
l’habitude de lire un peu avant de m’endormir. Ce soir-là j’ai
choisi un livre de mots croisés de Max Favalelli… et j’ai veillé
un peu plus qu’escompté !
J'ai lu tout ce merveilleux bric à brac mals je n'ai jamais compris Max. arghh!
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