vendredi 21 octobre 2016

Poetes vos papiers - La mort à Venise

Du fond de ma nuit grise
Je repense à Venise
A cette ombre marchant le long du grand Canal
Travestie et masquée. Un soir de carnaval.
Je suivais à deux pas
De calle en piazza
Elle dansait en marchant
Entraînant son amant
Dans une tarentelle
Légère et sensuelle
Le jeu lui plaisait bien et j'étais consentant.

Elle se réfugia au fond d'une encoignure
Tandis que j'approchais elle se colla à moi
et me dit d'une voix trop grave''embrasse moi''
Je baisais cette bouche rouge comme une blessure
Dans un accès de fièvre
J'ai eu le sentiment en embrassant ces lèvres
De baiser celles
De tous ceux, toutes celles
Que je n'ai jamais eus
Et que je n'aurais plus
Colombine masculine
Arlequin féminin
Marquise ou bien marquis
Peu m'importe qui est qui
''Mon masque tient
Garde le tien
Car j'aimerais demain ne pas te reconnaître
Dans Venise ce soir seul l'amour règne en maître
Alors qui que tu sois
Aime moi''
Un sombre spadassin une dague à la main
Sorti de nulle part lui transperça le cœur
''Non ! Tu n'aimeras plus ni ce soir ni demain''
Et partit en courant en criant sa douleur.
Elle se détacha tout doucement de moi
Et tomba sur le sol dans un froissement de soie...

Immobile
En haut du Campanile
La lune s'est noyée dans ce sang qui se fige
Au bord du grand Canal je fus pris d'un vertige
Une ombre me saisit par la main
''Non pas ce soir
Viens chanter aimer et boire
Tu pleureras demain''
Et j'entrais dans la farandole
Au loin une gondole
Glissait dans la nuit noire de Venise la folle.

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