samedi 23 avril 2016

Puzzle Roi joyeux en a marre de Versailles...



Et se cherche une résidence secondaire... Sir Alfred s'est largement inspiré de cette maison de l'architecte Frank LLoyd Wright dans une séquence célèbre de ''La mort aux trousses'' Cette photo est un montage à partir de la James Bond island en Thaîlande

vendredi 15 avril 2016

Le Mans - La chapelle de la Visitation


Réaliser que mon style et mon rythme de vie allaient changer en passant de mes grands parents maternels à Paris à mes grands parents paternels au Mans fut rapidement pour moi une évidence.
Ma mère était fille unique, mon père avait douze frères et soeurs. A Paris j'étais petit fils unique, au Mans nous étions déjà plus d'une vingtaine. Tous ne vivaient pas dans la grande maison de la rue Albert M., mais certains au Mans même, d'autres dans les environs ou à Paris; mais les nombreuses fêtes, mariages , enterrements, grandes vacances étaient l'occasion de grands rassemblements. Mais il y avait presque toujours 5 ou 6 gamins dans cet hôtel particulier de deux étages au milieu d'un grand jardin. Je ne fus pas moins aimé par Guyonne et Joseph que par Félicie et Charles. L'amour de Guyonne et Joseph était comme le soleil, chaque enfant en recevait la totalité de la chaleur. Mais le temps à consacrer aux uns et aux autres n'était pas extensible à l'infini. Compte tenu de l'éloignement de mes parents, toujours au Tchad, j'étais là à demeure et je bénéficiais à ce titre d'un petit traitement de faveur.
Mais la règle commune s'appliquait à moi comme aux autres.
En tout premier lieu, la pratique religieuse! A Paris elle se résumait à la messe le dimanche à l'église des Abbesse ou à Saint Pierre de Montmartre et à la prière du soir. Au Mans on allait passer à la vitesse supérieure. Guyonne et Joseph étaient très croyants et très pratiquants!!
Tout d'abord ce fut l'entrée dans un cours privé religieux, puis la première communion , puis la solennelle, les louveteaux puis les scouts marins! Le dimanche, la messe c'était celle de 10h, la grand'messe, la plus longue, celle qui n'en finissait pas. On allait à la Cathédrale St Julien, à N.D. De la Couture ou Sainte Croix. Je me souviens des départs pour la messe. Il y avait dans le vestibule un grand bahut breton qui était en fait un lit clos. En bas on trouvait à peu près tout et n'importe quoi. Mais en haut on rangeait les missels. Des missels il y en avait des dizaines! Chacun avait le sien, voire les siens. Dorés sur tranche, remplis d'images pieuses de première communion, de communion solennelle, de deuils, récents ou très anciens, de prières miraculeuses, d'images sulpiciennes de Christ rayonnants, de Vierges extatiques...
Au déjeuner et au dîner, c'était le benedicite. Le soir c'était la prière commune vers 21h dans le petit salon. Mon grand'père seul assis derrière son bureau, tous les autres à genoux sur le tapis, chapelet en mains, un pater et dix je vous salue Marie et la litanie des St X... priez pour nous, St Y et  Z. aussi!!!
Il y avait toujours une raison d'aller dans les églises. Pendant la Semaine Sainte pour vérifier que les cloches étaient bien parties et prier devant des statues voilées de crêpe violet. A Noël pour voir les crèches et les petits anges incliner doucement leur tête quand on glissait une pièce dans leur tronc. En revanche on cachait des oeufs à Pâques dans le jardin et à Noël, après la messe de minuit on se réunissait dans le petit salon. Bon papa ouvrait la porte donnant sur le grand salon où trônait le sapin et les jouets!!!
C'est à cette époque que j'ai été confronté à mon premier mystère, non de la foi, mais de la religion. A cette époque, peut être encore maintenant d'ailleurs, dans toute grande et nombreuse famille bretonne Dieu appelait pour le servir un fils ou une fille. Chez nous ce fût un fils. C'est mon oncle Henri qui s'y est collé. Avant de finir curé de la cathédrale, il a officié dans des paroisses autour du Mans. Il venait souvent dîner chez ses parents le dimanche soir et il restait coucher à la maison. Le lundi matin, à huit heures, il disait sa messe. Une petite messe basse d'une vingtaine de minutes, vite fait bien fait. Il avait donc besoin d'un enfant de choeur. J'ai donc repris la suite de cousins plus âgés. ''Demain, Renaud, tu serviras la messe d'Oncle Henri''.
Il y avait juste en face de la maison une petite église, la chapelle de la Visitation. Je m'y sentais un peu chez moi. N'y avait-il pas sur les prie-dieu du premier rang des plaques de cuivre gravées à mon nom. ''Famille du C.''
Je servais donc la messe de mon oncle. Il y avait une petite dizaine de personnes. A l'époque la messe était dite en latin, le dos aux fidèles. On a connu meilleur enfant de choeur que moi. Je revois encore mon oncle me faire un signe du menton voulant dire ''Renaud, les burettes,,'' ou un geste de la main ''Renaud, les clochettes''....
Mais ce qui me fascinait c'était sur la gauche de l'autel une grande grille noire; derrière cette grille un grand voile noir également et derrière ce voile des ombres, des frôlements, des chuchotements, des répons en latin. C'était les petites soeurs de la Visitation, les Visitandines, des soeurs cloitrées. J'ai fini par trouver dans cet endroit une forme de sérénité telle qu'on peut la ressentir à 7 ans!
Mais ces braves soeurs n'ont jamais su que le clocher de leur couvent a souvent calmé mes angoisses nocturnes.
La prière du soir dite, je montais me coucher. Ma chambre était au deuxième étage et souvent je dormais seul à cet étage. J'étais pas trop courageux à cette époque. J'ai essayé de dire une fois que j'avais peur la nuit. La réponse a été gentille mais ferme ''tu es un grand garçon maintenant, tu n'as aucune raison d'avoir peur''. Je m'endormais assez facilement. Mais quand je me réveillais la nuit l'angoisse me prenait. Aucun bruit sinon les mystérieux et terrifiants craquements d'une grande maison. J'aurais donné beaucoup pour me retrouver rue Lepic sous les yeux du terrible moine.
C'est alors que je me raccrochais au clocher de la Visitation. Il sonnait un coup pour le quart, deux coups pour la demie, trois pour les trois quarts, quatre pour l'heure et le nombre de coup selon l'heure qu'il était...
C'était le seul bruit identifiable de la nuit. Cela me rassurait, la vie continuait au delà des murs de ma chambre. C'était comme le veilleur du guet qui autrefois arpentait les rues en criant :''Dormez braves gens. Tout va bien. Je veille pour vous.''...
Aujourd'hui les soeurs ont disparu, le couvent a été transformé en centre de conférences. Les enfants ont toujours peur la nuit, mais le carillon continue-t-il à sonner tous les quart d'heure?

mardi 12 avril 2016

Femmes


Delphine Seyrig
L'année dernière à Marienbad (1961)
Alain Resnais

dimanche 10 avril 2016

Ecole Maupertuis - Je rentre avec les rangs...


J’avais passé près de huit mois à Paris chez Charles et Féli, papy et mamy, mes grand'parents maternels. (Rue Lepic 1 , Rue Lepic 2) Mes parents, toujours au Tchad, avaient souhaité que je passe quelques mois chez mes grand’ parents paternels jusqu’à leur retour. C’est ainsi qu’en janvier 51, Félicie vint au Mans confier son trésor sacré à bonne maman, Guyonne, et bon papa, Joseph.
Félicie avait, certes, commencé à me dégrossir un peu l’esprit en m’apprenant à lire, à écrire et à compter. Mais dès mon arrivée au Mans les choses plus sérieuses allaient débuter ! A bientôt sept ans, il devenait plus que temps que j’aille à l’école. Dans ma famille paternelle la scolarité était une chose assez simple. Pour les filles, le primaire c’était l’institution St Julien et le secondaire N.D. de Sion. Pour les garçons on démarrait par l’école Maupertuis et pour l’entrée en 6ème on passait au collège Ste Croix.
Je fis donc mon entrée à Maupertuis à la reprise des cours en janvier. (Cette mauvaise habitude de commencer mon année scolaire au milieu de celle des autres m’a poursuivi pratiquement toute ma scolarité…). Je me revois très bien arriver, accompagné du directeur Mr Demoy, dans une salle où trônait un gros poêle à charbon. Une vingtaine d’écoliers en blouse grise s’étaient levés dès notre entrée.
‘’Asseyez-vous mes enfants. Je vous présente un nouveau petit camarade. Il est un peu dépaysé, il arrive d’Afrique’’.
Le brouhaha fut immédiat. Le claquement sec d’une règle sur un bureau sur l’estrade le fit cesser.
‘’Soyez gentils avec lui. Il s’appelle Renaud.’’
Et j’entends très distinctement une voix aigrelette fuser du fond de la salle :’’ Quat’ chevaux’’. Rires, raclements de pieds, quat’ chevaux, quat’ chevaux… Nouveau claquement de règle, nouveau silence. En partant il me confie à mon instituteur, Monsieur Xavier. Le premier homme, en dehors de ma famille, que j’ai aimé. Nous devons être de dizaines, des centaines à lui devoir beaucoup. Je me suis bien adapté à ce nouveau milieu. Je n’avais jamais eu autant d’amis. On a continué un moment à m’appeler ‘’quat’ chevaux’’ et puis on est passé à autre chose.
Il y avait chaque matin un rituel dont le souvenir me fait monter l’émotion aux yeux. Bonne maman avait fait avec moi trois ou quatre fois le chemin de la maison à l’école pour que je puisse y aller seul. Sans grand danger, sauf devant la maison il n’y avait pas de rue à traverser. Ainsi donc tous les matins à 9h moins 10 je tirais le lourd portail qui donnait sur la rue. Ma grand’ mère qui avait ouvert la fenêtre du petit salon, regardait avec moi à droite et à gauche, et me disait : ‘’ Tu peux y aller mon petit Renaud’’. Je traversais en courant pour me retrouver sur le trottoir d’en face, devant la petite église de la Visitation. Je remontais sur 20 mètres la rue Maignan en me retournant deux fois pour dire au revoir à ma grand’ mère. Et puis juste avant de tourner à gauche dans la rue Ste Croix je me retournais une dernière fois et je criais : ‘’BONNE MAMAN ! JE RENTRE AVEC LES RANGS !’’ Elle me faisait un signe de la main pour me faire comprendre qu’elle avait entendu. Content de l’avoir rassurée je descendais la rue Ste Croix jusqu’à l’avenue Léon Bollée. Là, à gauche puis encore à gauche pour entrer dans l’impasse Maupertuis.
A midi, sous la surveillance de trois instituteurs, des rangs se formaient pour aller déposer au plus près de chez eux les enfants. Le même rituel se reproduisait l’après-midi. C'était le ramassage scolaire avant la lettre.
Jamais ma grand’ mère ne m’a fait défaut pour un de mes départs pour l’école. Elle devait vouloir être sûre que je rentrais bien avec les rangs.
J’étais à Maupertuis depuis trois semaines. Un matin ma grand’ mère me dit : ‘’ Ce soir, Renaud, tu ne rentres pas avec les rangs. Je viendrai te chercher à l’école.’’ A sept ans, on n’aime pas beaucoup qu’on change ses habitudes. Et c’est un peu bête que je me retrouvais au coin de la rue Ste Croix. Je me retournais une dernière fois vers ma grand’ mère à sa fenêtre et, ne sachant que dire, je haussais les épaules en écartant légèrement les bras. Le soir à cinq heures et demi, les rangs étaient partis et j’étais assis dans le couloir en face du bureau du directeur avec qui ma grand’ mère avait rendez-vous. Ce n’est que des années plus tard qu’elle m’a raconté, avec un grand sourire, cet entretien.
‘’ Alors, monsieur, comment se comporte notre petit Renaud ?’’
‘’ Bien, madame, bien. Il est très sage. Un peu rêveur parfois, on peut le comprendre. Mais il s’adapte bien à son nouvel environnement et à ses petits camarades.’’
‘’ Et pour ce qui est de son travail ?’’
‘’Oh ! bien sûr il a un peu de retard. Mais il est intelligent, il est assez mûr pour son âge, il comprend vite. Il le rattrapera son retard.’’
‘’ Donc, vous êtes satisfait de lui ?’’
‘’ Mais tout à fait ! ‘’
‘’Alors comment se fait-il que depuis un mois il n’ait pas eu une médaille, ni même une image pour le récompenser et l’encourager ? ‘’
‘’En effet ! Je me demande comment cela a pu nous échapper’’ Il avait légèrement rougi. Mais je peux vous assurer que samedi prochain il aura sa médaille, peut-être pas la médaille d’honneur pour la première fois, et ses images.’’
C’est ainsi que le dimanche suivant j’allais à la grand’ messe de la cathédrale, encadré à main gauche par bonne-maman et à main droite par bon-papa, en arborant sur ma poitrine une médaille avec son ruban bleu que j’aurai le droit de porter pendant une semaine.

vendredi 8 avril 2016

Le petit prince - A. de St Exupéry - Dessine moi un mouton

Un peu de lecture ça peut pas faire de mal
Le petit prince
Antoine de Saint Exupéry
Lu par Bernard Giraudeau