Episode 1
lundi 31 juillet 2017
''Busby's Follies'' Gold diggers 1933
1933 - En pleine période de
récession Busby chorégraphie un numéro dégoulinant de dollars ‘’ We ‘re in the
money’’. Avec Ginger Rogers.
Anagrammes ou le sens caché du monde 3
Les mots se joueraient-ils de nous ?
La madeleine de Proust
Et je me pris soudain à rêver à certaines
odeurs et saveurs qui, frêles mais vivaces, demeurent en nous, à attendre, à
espérer la « gorgée de thé mêlée des miettes d’un petit morceau de madeleine »
qui les fera revivre. Qui sait si ces souvenirs remonteront jamais de leur nuit
? Qui sait de quel breuvage « pris contre notre habitude » sortira
la ronde ailée du
temps.
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La vitesse de la
lumière
La vitesse d’une particule dans le vide
est toujours comprise entre zéro – la particule est alors immobile – et 299 792
458 m/s, la vitesse de la lumière, qui ne saurait être dépassée sans que cela
contredise formellement les équations d’Einstein. Cette constante universelle
de la physique
limite les rêves
au-delà.
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Miguel de Cervantès
Saavedra
« Et Sancho allait cheminant et mangeant
derrière son maître don Quichotte, très confortablement, et de temps à autre il
levait sa gourde avec tant de plaisir que le plus raffiné des gargotiers de
Málaga aurait pu l’envier. Et du moment qu’il allait ainsi multipliant les gorgées,
il considérait comme de tout repos d’aller à la recherche des aventures, si
dangereuses soient-elles », et
de cavaler au vent des
mirages.
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Le mouvement perpétuel
L’utopie d’un mouvement qui se
poursuivrait indéfiniment, sans histoire. D’une mobilité hiératique où la
mobilité même serait abolie, équivalent cinématique d’un
temple où rêve un
temple.
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Les paradoxes du chat
beurré
Étant donné qu’un chat retombe toujours
sur ses pattes et qu’une tartine beurrée s’écrase systématiquement sur le côté
beurré, que se passerait-il si on laissait tomber un chat sur le dos duquel on
aurait préalablement fixé une tartine beurrée ? Certains spécialistes pensent
que le félin lévitera pour éviter de prendre parti ; d’autres parient que le
souple quadrupède finira par imposer la loi de sa chute ; d’autres encore
clament que la tartine ne saurait enfreindre la loi de l’emmerdement maximum
qui lui colle à la peau ; enfin, il y a ceux qui expliquent que le comportement
du chat et celui de la tartine sont si fondamentalement contradictoires que,
associés l’un à l’autre, ils engendrent un certain nombre de paradoxes. Et,
pour peu que l’alcool s’en mêle, leur résolution, toujours hasardeuse, devient
vite un
aléa chaud d’experts
bourrés.
dimanche 30 juillet 2017
Incipit 39 - Maurice Druon - Les rois maudits - Le Roi de fer
Au début du quatorzième siècle, Philippe IV, roi d’une beauté légendaire, régnait sur la France en maître absolu. Il avait vaincu l’orgueil guerrier des grands barons, vaincu les Flamands révoltés, vaincu l’Anglais en Aquitaine, vaincu même la Papauté qu’il avait installée de force en Avignon. Les Parlements étaient à ses ordres et les conciles à sa solde.
Trois fils majeurs assuraient sa descendance. Sa fille était mariée au roi Edouard II d’Angleterre. Il comptait six autres rois parmi ses vassaux, et le réseau de ses alliances s’étendait jusqu’à la Russie.
Aucune richesse n’échappait à sa main. Il avait tour à tour taxé les biens de l’Église, spolié les Juifs, frappé les compagnies de banquiers lombards. Pour faire face aux besoins du Trésor, il pratiquait l’altération des monnaies. Du jour au lendemain, l’or pesait moins lourd et valait plus cher. Les impôts étaient écrasants ; la police foisonnait. Les crises économiques engendraient ruines et pénuries qui, elles-mêmes, engendraient des émeutes étouffées dans le sang. Les révoltes s’achevaient aux fourches des gibets. Tout devait s’incliner, plier ou rompre devant l’autorité royale.
Mais l’idée nationale logeait dans la tête de ce prince calme et cruel pour qui la raison d’État dominait toutes les autres. Sous son règne, la France était grande et les Français malheureux.
Un seul pouvoir avait osé lui tenir tête : l’Ordre souverain des chevaliers du Temple. Cette colossale organisation, à la fois militaire, religieuse et financière, devait aux croisades, dont elle était issue, sa gloire et sa richesse.
L’indépendance des Templiers inquiétait Philippe le Bel, en même temps que leurs biens immenses excitaient sa convoitise. Il monta contre eux le plus vaste procès dont l’Histoire ait gardé le souvenir, puisque ce procès pesa sur près de quinze mille inculpés. Toutes les infamies y furent perpétrées, et il dura sept ans.
C’est au terme de cette septième année que commence notre récit.
Un tronc entier, couché sur un lit de braises incandescentes, flambait dans la cheminée. Les vitraux verdâtres, cloisonnés de plomb, filtraient un jour de mars avare en lumière.
Trois fils majeurs assuraient sa descendance. Sa fille était mariée au roi Edouard II d’Angleterre. Il comptait six autres rois parmi ses vassaux, et le réseau de ses alliances s’étendait jusqu’à la Russie.
Aucune richesse n’échappait à sa main. Il avait tour à tour taxé les biens de l’Église, spolié les Juifs, frappé les compagnies de banquiers lombards. Pour faire face aux besoins du Trésor, il pratiquait l’altération des monnaies. Du jour au lendemain, l’or pesait moins lourd et valait plus cher. Les impôts étaient écrasants ; la police foisonnait. Les crises économiques engendraient ruines et pénuries qui, elles-mêmes, engendraient des émeutes étouffées dans le sang. Les révoltes s’achevaient aux fourches des gibets. Tout devait s’incliner, plier ou rompre devant l’autorité royale.
Mais l’idée nationale logeait dans la tête de ce prince calme et cruel pour qui la raison d’État dominait toutes les autres. Sous son règne, la France était grande et les Français malheureux.
Un seul pouvoir avait osé lui tenir tête : l’Ordre souverain des chevaliers du Temple. Cette colossale organisation, à la fois militaire, religieuse et financière, devait aux croisades, dont elle était issue, sa gloire et sa richesse.
L’indépendance des Templiers inquiétait Philippe le Bel, en même temps que leurs biens immenses excitaient sa convoitise. Il monta contre eux le plus vaste procès dont l’Histoire ait gardé le souvenir, puisque ce procès pesa sur près de quinze mille inculpés. Toutes les infamies y furent perpétrées, et il dura sept ans.
C’est au terme de cette septième année que commence notre récit.
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La malédiction
La reine sans amour
Un tronc entier, couché sur un lit de braises incandescentes, flambait dans la cheminée. Les vitraux verdâtres, cloisonnés de plomb, filtraient un jour de mars avare en lumière.
Assise dans un haut siège de
chêne au dossier surmonté des trois lions d’Angleterre, la reine Isabelle, le
menton sur la paume, contemplait vaguement les lueurs du foyer.
Elle avait vingt-deux ans.
Ses cheveux d’or, tordus en longues tresses relevées, formaient comme deux
anses d’amphore.
Elle écoutait une de ses
dames françaises lui lire un poème du duc Guillaume d’Aquitaine.
— D’amour ne dois plus dire
bien
Car je n’en ai ni peu ni
rien,
Car plus n’en ai qui me
convient…
La voix chantante de la dame
de parage se perdait dans cette salle trop grande pour que des femmes y
puissent vivre heureuses.
— Il m’a toujours été
ainsi.
De ce que j’aime n’ai pas
joui,
Ne le ferai ni ne le fis…
NB. Que ceux qui n'ont pas lu cette série (6 volumes) se précipitent. Oubliez les adaptations télé... surtout la deuxième. Rien ne vaut un fauteuil confortable et un bon bouquin. Et celui-là est sacrément bon. ''On peut violer l'histoire à condition de lui faire un bel enfant'' disait A. Dumas; et ici l'enfant est magnifique et les petites histoires sont à la hauteur de la grande...
"Pape Clément ! Guillaume de Nogaret, Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits !''... Et c'est parti
NB 2 les 6 volumes sont téléchargeables cadeau ICI
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