Je
gardais de ce film, un souvenir doux,
mélancolique, un peu triste. Je l'ai revu ces jours-ci et il tient
le coup, son charme s'est à peine évaporé.
Cela
tient à son histoire, qui comme dans notre théâtre classique
respecte la règle des trois unités de lieu, de temps et d'action.,
ce qui renforce le drame.
Dans
une station balnéaire du sud de l'Angleterre, quelques pensionnaires
ont élu résidence dans une pension de famille qui l'espace d'une
journée va devenir un huis-clos étouffant de non-dits et de
frustrations.
En
effet ce film sent son théâtre à plein nez. Son auteur, Terence
Rattigan, a été considéré comme un des auteurs dramatiques
britannique le plus important du XXème siécle et a été un temps
le scénariste le mieux payé d'Hollywood. Burt Lancaster, qui avait
racheté les droits de la piéce lui a d'ailleurs demandé d'écrire
le scénario.
Au
départ le film devait être réalisé par Laurence Olivier, Burt
Lancaster jouant le rôle du major anglais et Vivien Leigh celui de
la vieille fille frustrée. A la suite de brouilles multiples les
cartes sont redistribuées. Delbert Mann réalisera et les rôles
principaux seront tenus par un carré d'as somptueux David Niven,
Deborah Kerr, Burt Lancaster et Rita Hayworth.
David
Niven gagnera un oscar, impeccable en vieux major retraité,
probablement puceau, dont les mensonges et la révélation des
attouchements sexuels pitoyables dans les cinémas vont faire voler
en éclats une assurance un peu vaine.
Au
grand dam de Sybil, une jeune fille timide, vierge absolument vierge,
frustrée et dominée par une mère castratrice, désespérément
amoureuse du major et détruite par la révélation du scandale.
En
face d'eux, le couple Burt Lancaster - Rita Hayworth.
Burt
Lancaster, écrivain à la dérive, s'est réfugié dans cette maison
de famille pour oublier ses souvenirs dans l'alcool et au près de la
maîtresse de maison, mais son passé va resurgir avec l'apparition
son ex femme, qui effrayée par la solitude, la fuite du temps,
l'approche de la vieillesse, vient tenter de retrouver l'amour de son
mari. Sublime Rita Hayworth. Courageuse et terrible mise en abîme
pour celle qui voit venir le déclin de sa carrière et les premières
attaques de la maladie d'Alzheimer.
Le
film se termine par une très belle scène au petit déjeuner dans la
salle à manger où chacun à sa table séparée et où peu à peu
les tabous tombent, les mots impossibles à évoquer se libèrent.
Tout a peut-être une chance de prendre un cours normal. Et Rita
Hayworth repartira seule vers son destin londonien...
Si
vous avez l'occasion de voir ou revoir ce film n'hésitez pas une
seconde...
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