Honte
à moi, je n'avais pas encore lu ce livre. J'avais essayé il y a
bien longtemps, j'en avais gardé le souvenir d'un profond ennui.
Mais il en va peut-être des livres comme des grandes rencontres
humaines, il faut se trouver au bon endroit au bon moment.
Peut-être
a-t-il fallu que j'atteigne l'âge d'Hadrien pour entrer dans ce
roman, car c'en est bien un, cette longue lettre-testament adressée
par l'empereur vieillissant à son petit-fils adoptif et futur
successeur Marc Aurèle.
Mais
quel plaisir d'entre dans l'intimité du célèbre César ; son
enfance, sa carrière auprès de Trajan, son avènement à la
magistrature suprême, ses réformes, ses voyages, son approche de la
mort, son amour pour Antinoüs.
Le
second plaisir a été la découverte de Marguerite Yourcenar. Pour
moi illustre et inconnue. Son style froid, méthodique, sans emphase
donne néanmoins chair et chaleur au personnage d'Hadrien et rend
vivant et crédible ce monde du 2ème siècle. Marguerite Yourcenar a
dit que c'était une phrase de Flaubert qui lui avait donné envie
d'écrire ce livre : ''Les dieux n'étant plus et le Christ
n'étant pas encore, il y a eu, de Cicéron à Marc Aurèle, un
moment unique où seul l'homme a été''.
Avec
ce livre écrit à la première personne, Marguerite Yourcenar se
glisse avec une incroyable vérité dans l'esprit et le cœur
d'Hadrien. Et sans aucun doute c'est lui qu'on entend se dévoiler
sans fards, sans retenue, sans volonté de plaidoyer pro domo pour
l'histoire. Un homme qui a régné pendant 20 ans sur l'empire
romain, qui voyant sa mort prochaine se livre tel qu'il est... un
homme.
C'est
un livre à conserver près de soi pour pouvoir en relire quelques
pages de temps en temps.
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