mardi 29 septembre 2015

Ca peut pas faire de mal... Proust - La madeleine



II y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n'était pas le théâtre et le drame de mon coucher, n'existait plus pour moi, quand un jour d'hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j'avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d'abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés petites madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d'une coquille de saint Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d'un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine. Mais à l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. II m'avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu'opère l'amour, en me remplissant d'une essence précieuse : ou plutôt cette essence n'était pas en moi, elle était moi. J'avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D'où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu'elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu'elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D'où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l'appréhender ? Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m'apporte un peu moins que la seconde. II est temps que je m'arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n'est pas en lui, mais en moi. [...] Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit. C'est à lui de trouver la vérité. Mais comment ? Grave incertitude, toutes les fois que l'esprit se sent dépassé par lui-même ; quand lui, le chercheur, est tout ensemble le pays obscur où il doit chercher et où tout son bagage ne lui sera de rien. Chercher ? pas seulement : créer. II est en face de quelque chose qui n'est pas encore et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans sa lumière. Et je recommence à me demander quel pouvait être cet état inconnu, qui n'apportait aucune preuve logique, mais l'évidence, de sa félicité, de sa réalité devant laquelle les autres s'évanouissaient. Je veux essayer de le faire réapparaître. Je rétrograde par la pensée au moment où je pris la première cuillerée de thé. Je retrouve le même état, sans une clarté nouvelle. Je demande à mon esprit un effort de plus, de ramener encore une fois la sensation qui s'enfuit. Et, pour que rien ne brise l'élan dont il va tâcher de la ressaisir, j'écarte tout obstacle, toute idée étrangère, j'abrite mes oreilles et mon attention contre les bruits de la chambre voisine. Mais sentant mon esprit qui se fatigue sans réussir, je le force au contraire à prendre cette distraction que je lui refusais, à penser à autre chose, à se refaire avant une tentative suprême. Puis une deuxième fois, je fais le vide devant lui, je remets en face de lui la saveur encore récente de cette première gorgée et je sens tressaillir en moi quelque chose qui se déplace, voudrait s'élever, quelque chose qu'on aurait désancré, à une grande profondeur ; je ne sais ce que c'est, mais cela monte lentement ; j'éprouve la résistance et j'entends la rumeur des distances traversées. Certes, ce qui palpite ainsi au fond de moi, ce doit être l'image, le souvenir visuel, qui, lié à cette saveur, tente de la suivre jusqu'à moi. Mais il se débat trop loin, trop confusément ; à peine si je perçois le reflet neutre où se confond l'insaisissable tourbillon des couleurs remuées ; mais je ne peux distinguer la forme, lui demander, comme au seul interprète possible, de me traduire le témoignage de sa contemporaine, de son inséparable compagne, la saveur, lui demander de m'apprendre de quelle circonstance particulière, de quelle époque du passé il s'agit. Arrivera-t-il jusqu'à la surface de ma claire conscience, ce souvenir, l'instant ancien que l'attraction d'un instant identique est venue de si loin solliciter, émouvoir, soulever tout au fond de moi ? Je ne sais. Maintenant je ne sens plus rien, il est arrêté, redescendu peut-être ; qui sait s'il remontera jamais de sa nuit ? Dix fois il me faut recommencer, me pencher vers lui. Et chaque fois la lâcheté qui nous détourne de toute tâche difficile, de toute oeuvre importante, m'a conseillé de laisser cela, de boire mon thé en pensant simplement à mes ennuis d'aujourd'hui, à mes désirs de demain qui se laissent remâcher sans peine. Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût, c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d'autres plus récents ; peut-être parce que, de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s'était désagrégé ; les formes - et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel sous son plissage sévère et dévot - s'étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d'expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir.

Et dès que j’eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (quoique je ne susse pas encore et dusse remettre à bien plus tard de découvrir pourquoi ce souvenir me rendait si heureux), aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s’appliquer au petit pavillon, donnant sur le jardin, qu’on avait construit pour mes parents sur ses derrières (ce pan tronqué que seul j’avais revu jusque-là); et avec la maison, la ville, la Place où on m’envoyait avant déjeuner, les rues où j’allais faire des courses depuis le matin jusqu’au soir et par tous les temps, les chemins qu’on prenait si le temps était beau. Et comme dans ce jeu où les Japonais s’amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d’eau, de petits morceaux de papier jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés s’étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et reconnaissables, de même maintenant toutes les fleurs de notre jardin et celles du parc de M. Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l’église et tout Combray et ses environs, tout cela que prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé.

lundi 28 septembre 2015

Le "musical" du lundi - Gold Diggers 1935


Gold Diggers 1935
Peut-être le plus beau numéro de Busby Berkeley...
le plus structuré, le plus ''architecturé''.
Très marqué, je trouve, par le ''Bauhaus'' allemand des années 20 et 30.


mardi 22 septembre 2015

Maldoror



Maldoror
Mal d'horreur
Mâle odeur
Mâle ardeur
Vertige de l'horreur à travers les catacombes obscures de la vie
Gentleman vampirique,
Ténébreux hystérique
Aux yeux spleenetiques
Géant des tempêtes des océans hideux, grand voyant de l'abîme
Verge vipérine, poule de Cochinchine
Chauve-souris, araignée, sangsue, le poulpe et le pou
Ecriture de larme et de sang
Beau comme la rencontre fortuite d'un parapluie et d'une machine à coudre sur une table de dissection
Debout! Qui êtes-vous Ducasse Isidore
Caché sous ce faux nez, ce nom de Maldoror!


 
Je suis sale. Les poux me rongent. Les pourceaux, quand ils me regardent, vomissent. Les croûtes et les escarres de la lèpre ont écaillé ma peau, couverte de pus jaunâtre. Je ne connais pas l’eau des fleuves, ni la rosée des nuages. Sur ma nuque, comme sur un fumier, pousse un énorme champignon, aux pédoncules ombellifères. Assis sur un meuble informe, je n’ai pas bougé mes membres depuis quatre siècles. Mes pieds ont pris racine dans le sol et composent, jusqu’à mon ventre, une sorte de végétation vivace, remplie d’ignobles parasites, qui ne dérive pas encore de la plante, et qui n’est plus de la chair. Cependant mon cœur bat. Mais comment battrait-il, si la pourriture et les exhalaisons de mon cadavre (je n’ose pas dire corps) ne le nourrissaient abondamment ? Sous mon aisselle gauche, une famille de crapauds a pris résidence, et, quand l’un d’eux remue, il me fait des chatouilles. Prenez garde qu’il ne s’en échappe un, et ne vienne gratter, avec sa langue, le dedans de votre oreille : il serait ensuite capable d’entrer dans votre cerveau. Sous mon aisselle droite, il y a un caméléon qui leur fait une chasse perpétuelle, afin de ne pas mourir de faim : il faut que chacun vive. Mais, quand un parti déjoue complètement les ruses de l’autre, ils ne trouvent rien de mieux que de ne pas se gêner, et sucent la graisse délicate qui recouvre mes côtes : j’y suis habitué. Une vipère méchante a dévoré ma verge et a pris sa place : elle m’a rendu eunuque, cette infâme. Oh ! si j’avais pu me défendre avec mes deux bras paralysés ; mais, je crois plutôt qu’ils se sont changés en bûches. Quoi qu’il en soit, il importe de constater que le sang ne vient plus y promener sa rougeur. Deux petits hérissons, qui ne croissent plus, ont jeté à un chien, qui n’a pas refusé, l’intérieur de mes testicules : l’épiderme soigneusement lavé, ils ont logé dedans. L’anus a été intercepté par un crabe ; encouragé par mon inertie, il garde l’entrée avec ses pinces, et me fait beaucoup de mal ! Deux méduses ont franchi les mers, immédiatement alléchées par un espoir qui ne fut pas trompé. Elles ont regardé avec attention les deux parties charnues qui forment le derrière humain, et, se cramponnant à leur galbe convexe, elles les ont tellement écrasées par une pression constante, que les deux morceaux de chair ont disparu, tandis qu’il est resté deux monstres, sortis du royaume de la viscosité, égaux par la couleur, la forme et la férocité. Ne parlez pas de ma colonne vertébrale, puisque c’est un glaive.

lundi 21 septembre 2015

Le ''musical'' du lundi Le chant du Missouri

En souvenir de mes séances cinéma du jeudi après-midi et du goût immodéré des comédies musicales que j'y ai acquis!

Et comme il s'agit de Judy Garland on en remet une couche...
The trolley song



samedi 19 septembre 2015

Abédédaire - D comme désordre...


… comme désordre. A, B…D. Et pourquoi pas un désordre alphabétique si le C ne veut rien savoir, si le C ne me dit rien. On ne va pas se laisser embêter, dominer par un ordre établi. Il faut bousculer les ‘’Joconde’’.
Vous voulez savoir ce qu’est réellement une personne ? Regardez son désordre. Il vous en apprendra beaucoup sur elle. Son désordre fera apparaître ses qualités, ses défauts, ses goûts, ses vices cachés, sa fantaisie. Si tout est en ordre autour d’elle, méfiez-vous ! Cela dissimule quelque chose ! Et l’ennui vous guettera vite.
Depuis toujours le spirituel et le temporel se partagent le pouvoir sur notre dos et nous imposent leur ordre ; mais depuis tout aussi longtemps tout ce qui s’est fait de grand et d’important s’est fait par et dans le désordre. A l’ordre moral, je préfère le désordre amoureux. Quoi de plus beau qu’un lit défait, en désordre. Là aussi la vie nait du désordre. Un lit en ordre, non froissé est un lit d'ennui. On a tout le temps de se retrouver allongé sous un drap impeccablement tiré, un suaire !
L’ennui naquit de l’uniformité, mais la vie du Chaos !! Sans désordre pas plus de hasard que de nécessité. Et même dans le domaine scientifique où il devrait être hors de question que 1+1 ne fasse pas 2, le désordre est partout ! Avec le doute ! Qu’on découvre qu’une particule va plus vite que la lumière et des tas de théories très importantes se cassent la gueule… Et dans notre merveilleux cosmos, cette magnifique géométrie spatiale… et bien tout paraît en équilibre. Mais c’est un équilibre presque parfait. Y a une nouille dans le potage, un grain de sable dans la chaussure, un π de 3,14 et des poussières qui ne tombe pas et ne tombera jamais juste et qu’on retrouve pourtant partout dans les calculs… Le bordel je vous dis ! Alors vous pensez si je vais me gêner, dans mon abécédaire, pour faire passe D avant C…

jeudi 17 septembre 2015

Dix photos qui auraient dû changer le monde...


... et qui ne l'ont pas fait
J'aurais pu en choisir 10, 20 autres. Chacun pourrait faire sa liste selon sa sensibilité, son appartenance politique ou religieuse, ses convictions... Le choix est tellement vaste ! Napoléon disait qu'un petit croquis valait mieux qu'un long discours. Il en va de même avec les photos. Mais le choc aussi violent soit-il au départ s'atténue de plus en plus rapidement. Il y a comme une forme de mithridatisation de nos consciences et de la société.
La mithridatisation consiste à ingérer des doses croissantes d’un produit toxique afin d’acquérir une insensibilité ou une résistance vis-à-vis de celui-ci.
Les photos qui suivent datent toutes du XXème siècle. Aussi dures soient-elles elles prouvent qu'elles n'ont rien changé. Il suffit de regarder les informations pour s'en convaincre. Quant au XXIème siècle il a déjà son lot d'horreurs, jusqu'à cette photo de cet enfant syrien trouvé mort noyé sur une plage de Turquie Bouleversant !!! Jusqu'à quand ? Jusqu'à la prochaine photo qui ne saurait tarder...
Lynchage - EU 1930 
Test pour vérifier l'aryanité de la race Allemagne 1940
Une des 9 premières étudiantes noires à intégrer la public school de Little Rock Arkansas 1957
Minamata - Japon. Pollution au mercure de la chaîne alimentaire
Munich - Village olympique 1972
Vietnam 1972
Ouganda 1980
Marée noire Exxon Valdez 1989
Place Tienanmen 1989
Massacre de Benthala - Algérie 1997






lundi 14 septembre 2015

jeudi 10 septembre 2015

Petite liste de villes que je ne connaîtrai jamais

L’enfance est un pays merveilleux, un territoire dont nous sommes exilés et dont l'accès nous est à jamais fermé à l'âge adulte. Enfant, nous nous enfoncions sous les draps de notre lit à la recherche d'un passage secret pour découvrir à travers nos rêves et nos lectures le reflet magique d’un monde, encore à nous, inconnu.
Pour certains, devenus adultes, l'imagination n'a pas déserté notre âme. L’autre côté du miroir nous attire toujours et nous cherchons désespérément à retrouver les parfums et les échos de ce paradis perdu qui résonnent encore en nous.
Ainsi pour moi, lointaines, fantasmatiques, légendaires, rêvées, ces villes qui ont nourri mon imagination et que je ne connaitrai jamais.
« Il se leva et dans la lumière d'un jour d'été s'approcha du tableau. Et c'est sans étonnement qu'il vit le papillon s'envoler à l'intérieur de la toile, volant, volant vers le lagon d'émeraude, vers la ville écroulée, vers les jardins aériens et les mille coupoles éventrées de Mayapura. John prit appui sur ses deux mains, monta sur la commode puis à son tour passa dans le tableau... »

Juste ce qu’il faut pour enflammer l’imagination d’un adolescent attardé au début des années 70. Je garde de ce livre, plus de 40 ans après, le souvenir d’une sorte de voyage initiatique tel qu’aurait pu l’écrire un écrivain anglo-saxon du 19ème siècle mais surtout la magie, le mystère d’un nom. Mayapura. Cette ville existe-t-elle ? Je l’ignore ! Je suis allé faire un tour sur Wikipedia. Je suis tombé sur l’avatar d’une secte de Krishna. Je ne suis pas allé plus loin. Il ne faut pas toucher aux rêves. Se trouve-t-elle en Inde ? En Malaisie ? Dans les iles de la Sonde ? Ou mieux encore n’existe-t-elle que pour ceux qui l’ont rêvée ?
Alexandre ne fut vaincu que par les cuisses d’Hephaistion. Renseignements pris, je me suis engagé dans l’armée du conquérant et de son amant pour les suivre jusqu’à Samarcande

J’y retrouverai plus tard Gengis Khan et Tamerlan, Marco Polo et ses aventures sur la route de la soie.
Un samedi de 1956 à Kati, poste militaire à 30 kms de Bamako dans ce qui était encore le Soudan français. Comme tous les WE, cinéma en plein air sur la place d’armes. Face à un grand mur peint à la chaux, on s’installait sur des pliants, des chaises longues et on sortait les fauteuils des 2CV. Au programme, deux films. Le premier, un film ‘’ancien’’ en général d’avant-guerre et en noir et blanc. Le deuxième plus récent. Ce samedi-là en première partie, un film de Frank Capra, ‘’Horizons perdus’’. Survolant les montagnes du Tibet et pris dans une tempête, un avion s’écrase dans une mystérieuse vallée protégée du froid, du vent, de la neige, Shangri-La
 Un endroit hors du temps où règnent l’harmonie, la paix, la douceur de vivre sans économie, sans police, sans lien avec l’extérieur. Venus d’un monde qui les a rendus mauvais, les intrus vont changer au contact des habitants de Shangri-La ! Mais ils seront rattrapés par la réalité ! Shangri-La, rêve utopique, paradis perdu à jamais!
Dans mon jardin, des roses de Picardie, mais je ne respirerai jamais le parfum des roses d’Hispahan dans leur gaine de mousse :

Oh ! Que ton jeune amour, ce papillon léger,
Revienne vers mon cœur d'une aile prompte et douce,
Et qu'il parfume encore les fleurs de l'oranger,
Les roses d'Ispahan dans leur gaine de mousse !

Ni ne m’enivrerait des senteurs des jardins de Babylone que Nabuchodonosor fit construire pour son épouse la belle Amytis ! On n’aime plus comme ça aujourd’hui.
 Je donnerai tous les souks du monde pour ceux de la Bagdad de Schéhérazade, d’Aladin et de Sinbad qui ont enchanté mes nuits.

 Et le Livre de la jungle de Rudyard Kipling, pour sa Kandahar et son Iskander de ‘’L’homme qui voulut être roi’’.


Toutes ces villes … et Syracuse, pour m’en souvenir à Paris.

mardi 8 septembre 2015

Bande annonce - Les Orgueilleux

Un film injustement un peu oublié aujourd'hui. Et pourtant, un beau couple de cinéma 2 ans avant, dans un tout autre registre, ''Les grandes manœuvres'', quelques scènes cultes : G. Philipe ivre mort dansant pour un verre de téquila, M. Morgan à moitié nue sur un lit se rafraîchissant avec un ventilateur et une musique de P. Misraki...



Et en prime la magnifique valse des Orgueilleux chantée par la magnifique Lucienne Delyle


samedi 5 septembre 2015

Abécédaire - M comme Mort



… comme Mort ! Cet évènement, le plus banal, le plus inévitable, le mieux partagé du monde, le plus universel, le plus égalitaire ou égalitariste est certainement celui dont nous savons le moins de chose. A vrai dire, dont nous ne savons rien ! Cessation des activités vitales. Au-delà, rien ! L’au-delà ! C’est bien la question.
Globalement, le monde se partage en deux. Ceux qui croient, dur comme fer, qu’il y a une vie après la mort et ceux qui croient tout aussi fermement le contraire. Il est paradoxal que ces personnes qui doutent de la fidélité de leur conjoint, de la fiabilité des prévisions météorologiques, de la parole de leurs hommes politiques, du sérieux de leur garagiste, de la sécurité de leur emploi, de la qualité de ce qu’ils mangent, boivent, respirent n’ont absolument aucun doute sur ce qui les attends ou ne les attends pas après leur mort et dont ils ne savent strictement rien. Dieu merci (sic) certains doutent de cela aussi. Et dans ce domaine, comme dans d’autres, le doute me semble être la seule posture raisonnable et responsable.
Qu’est-ce que je crois ? Je ne sais pas ! Qu’aimerais-je croire ? Peut-être que la mort ne serait que le réveil après un beau rêve qu’aurait été la vie. Et il me vient parfois des envies de me mettre à croire à la métempsycose. Je n’ai pas vraiment peur de la mort. Pour l’instant. Mais ce que je ne supporte pas c’est de ne plus vivre. Pire encore, que les autres continuent à vivre sans moi !
Nous ne devrions pas craindre la mort.(Je ne parle pas de disparition, qui est une question trop sérieuse pour être abordée ici.) Nous devrions y être habitués. Sans que cela ait une réelle importance, nous passons notre vie à mourir, de tout et de rien. De peur, de rire, de froid et de chaud, de faim et de soif, de fatigue, d’inquiétude, d’impatience, de curiosité, de sommeil, d’amour, de plaisir. De toutes ces morts, c’est cette dernière que je préfère. Celle que les italiens appelaient la petite mort. Celle qui par des glissements progressifs nous amène à ce point ultime du plaisir où toutes les fonctions vitales s’arrêtent. Pour 1/10 de seconde. Une éternité. Et qui nous laisse rompus, épuisés, comme morts. En ai-je redemandé de ces petites morts… Et aujourd’hui encore… Mais la date de péremption approche et la limite au-delà de laquelle…
Il me plairait bien que la Mort, la dernière, la vraie, soit un grand, un énorme orgasme cosmique ! S’il n’y a rien après, tout aura été dit. Et si des anges nous accueillent, profitons en bien ici-bas. Ils n’ont parait-il pas de sexe !
Pour paraphraser Voltaire, je mourrai avec une immense curiosité. Mais je ne suis pas pressé !

jeudi 3 septembre 2015

The men I loved

Dans ma jeunesse cinéphilique , j'avais un cœur d'artichaut. Je suis souvent tombé amoureux... Mais un nouvel amour ne m'a jamais empêché de continuer à aimer le précédent...
Je me souviens...