Il
y a quelques années dans le cadre de mes activités
professionnelles, j'ai organisé plusieurs années de suite, à
Cologne, une participation d'industriels français dans un salon
professionnel. Parmi eux un industriel, mélomane et organiste. Il
tenait, et encore aujourd'hui je pense, les grandes orgues de
l'église abbatiale St Etienne de Caen. Il profitait de ses tournées
auprès de ses clients allemands pour donner des concerts. Une
impresario s'occupait de lui trouver quelques dates.
On
avait souvent parlé de musique ensemble. Un jour il me dit:''
Renaud, ce soir je vais à la cathédrale de Bonn répéter le
concert que je donne la semaine prochaine. Ca vous amuserait de venir
avec moi?'' Tu parles Charles!!
C'est
ainsi que je me retrouve en fin d'après midi, assis seul dans la
grande nef de la cathédrale de Bonn. Alain B., mon
industriel-organiste, est derrière moi a près de 10 mètres de
hauteur, assis devant le pupitre de l'orgue. Quelques gammes,
quelques jeux d'orgue, un tutti. L'air tremble autour de moi. Je le
ressens physiquement. Puis le concert commence. Bach et César
Franck, qu'il m'avait dit aimer particulièrement. Je m'installe
aussi confortablement que possible. Je n'étais pas ,encore, très
amateur de la musique pour orgue et je ne connaissais rien de César
Franck. Mais je ferme les yeux et je me laisse porter, puis envahir
par la musique. Une bonne heure après, sur un accord qui met bien
une quinzaine de secondes à mourir sous les voûtes de la
cathédrale, j'entends sa voix qui tombe:
''
Ca va Renaud? Vous avez aimé?''
''Magnifique''
''Voulez-vous
entendre quelque chose de particulier?''
''Non,
non! Décidez-vous même!''
''Connaissez-vous
la transposition pour orgue de l'aria de la suite en ré de Bach?''
''Je
connais cette aria, mais pas cette transposition''
Quelques
secondes après s'élève cette musique quasi miraculeuse, extatique,
simple et belle comme l'évidence de la sérénité. Quatre minutes
de bonheur absolu....
Plus
tard dans la voiture, de retour vers Cologne, on parle. Et moi bien
sur je finis par poser la question!!!
''Vous
êtes croyant?''
La
réponse fuse.
''Non
pas du tout. Mais vous savez on peut aimer la musique religieuse et
ne pas croire en Dieu.''
''Mais
par exemple, quand vous jouez cette aria de Bach...''
''Quand
je joue ça...''
Dix
secondes de silence.
''
Je doute...''
ma musique de sérénité quand j'étais petit, "Everything's gonna be alright" de Sweetbox, est une chanson pop basée sur cette air de Bach !
RépondreSupprimerJ'ai écouté mon gay seigneur... En effet ! Cela prouve que les grandes mélodies sont indestructibles...
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