Les mots se joueraient-ils de nous ?
Les anagrammes de renversantes peuvent devenir tout
simplement époustouflantes:
La madeleine de Proust
Et je me pris soudain à rêver à certaines
odeurs et saveurs qui, frêles mais vivaces, demeurent en nous, à attendre, à
espérer la « gorgée de thé mêlée des miettes d’un petit morceau de madeleine »
qui les fera revivre. Qui sait si ces souvenirs remonteront jamais de leur nuit
? Qui sait de quel breuvage « pris contre notre habitude » sortira
la ronde ailée du
temps.
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La vitesse de la
lumière
La vitesse d’une particule dans le vide
est toujours comprise entre zéro – la particule est alors immobile – et 299 792
458 m/s, la vitesse de la lumière, qui ne saurait être dépassée sans que cela
contredise formellement les équations d’Einstein. Cette constante universelle
de la physique
limite les rêves
au-delà.
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Miguel de Cervantès
Saavedra
« Et Sancho allait cheminant et mangeant
derrière son maître don Quichotte, très confortablement, et de temps à autre il
levait sa gourde avec tant de plaisir que le plus raffiné des gargotiers de
Málaga aurait pu l’envier. Et du moment qu’il allait ainsi multipliant les gorgées,
il considérait comme de tout repos d’aller à la recherche des aventures, si
dangereuses soient-elles », et
de cavaler au vent des
mirages.
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Le mouvement perpétuel
L’utopie d’un mouvement qui se
poursuivrait indéfiniment, sans histoire. D’une mobilité hiératique où la
mobilité même serait abolie, équivalent cinématique d’un
temple où rêve un
temple.
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Les paradoxes du chat
beurré
Étant donné qu’un chat retombe toujours
sur ses pattes et qu’une tartine beurrée s’écrase systématiquement sur le côté
beurré, que se passerait-il si on laissait tomber un chat sur le dos duquel on
aurait préalablement fixé une tartine beurrée ? Certains spécialistes pensent
que le félin lévitera pour éviter de prendre parti ; d’autres parient que le
souple quadrupède finira par imposer la loi de sa chute ; d’autres encore
clament que la tartine ne saurait enfreindre la loi de l’emmerdement maximum
qui lui colle à la peau ; enfin, il y a ceux qui expliquent que le comportement
du chat et celui de la tartine sont si fondamentalement contradictoires que,
associés l’un à l’autre, ils engendrent un certain nombre de paradoxes. Et,
pour peu que l’alcool s’en mêle, leur résolution, toujours hasardeuse, devient
vite un
aléa chaud d’experts
bourrés.